Bref récit d'un déjeuner courant mai au restaurant Epicure, du chef Eric Fréchon, 3 étoiles au Michelin et situé dans l'hôtel de luxe le Bristol à deux pas de l'Elysée (112 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, site web).
De l'extérieur, l'hôtel fait un peu "passe-partout", assez sobre. A l'intérieur, c'est déjà plus bling-bling.
La salle du restaurant, au fond à gauche, est assez chargée dans le genre dorures et gros rideaux de velours.
On regarde brièvement la carte pour se faire envie en sachant déjà qu'on partira sur le menu déjeuner, seule option "abordable" pour nous, à 135€ quand même, un poil plus cher que la "concurrence" parisienne (compter 250€ à la carte environ, 295€ le menu dégustation).
Du coup, on prend une proposition de chaque, histoire de goûter un peu à tout.
Ca commence bien sûr par des amuse-bouches jolis et sympathiques (une crème de petits pois, un bouchée foie gras betterave et un bulot au curry), puis une pré-entrée un peu inutile et trop Top Chef (radis beurre revisité, pas très intéressant gustativement parlant à notre goût).
Concernant les entrées, Priscilla a pris les grenouilles, moi les asperges, et finalement, on a échangé rapidement puisqu'on préférait chacun l'entrée de l'autre.
Les grenouilles, c'est un joli plat, mais que Priscilla a trouvé finalement un peu plan-plan. Certes, on ne se roule pas par terre, mais ça n'est pas si classique que ça et bien équilibiré.
Les asperges, je trouve, étaient un peu effacées derrière les goûts d'amande, noisette et praliné. Mais Priscilla elle, a trouvé le tout très juste et a donc adoré.
On monte indéniablement en puissance pour les plats, que ce soit le pigeon ou le Saint-Pierre. Ici, tout le monde a été pleinement satisfait de son choix.
Dans le Saint-Pierre, on peut noter en accompagnement une assez mythique pomme de terre laquée à l'encre de seiche, un grand souvenir de ce repas. Le pigeon est un plat riche et puissant, mais avec beaucoup de finesse malgré tout.
On note le service à la cloche, je trouve que ça fait toujours son petit effet.
Très joli plateau de fromages pour suivre, un petit "granité acidulé" classique pour se rafraîchir le palais ensuite, et en dessert, un joli et délicieux dessert à base de framboise, très palace dans le dressage et la conception. Le mien, une sorte de blanc-manger, est bon aussi, mais il faut l'avouer un peu moins intéressant.
On a également droit à deux petites bouchées à base de fraises, et puis bien sûr toute une série de mignardises, sur chariot (caramels, macarons etc) pour accompagner le café.
Au bilan, c'est un repas de grande qualité qui a eu le mérite de plutôt monter en puissance au fil du temps. Tous les plats sont superbes, du point de vue du dressage, assez loin des tics habituels (verticalité ou horizontalité...).
Néanmoins, il a manqué je trouve une ou deux fulgurances pour en faire un moment d'exception. Probablement que le côté grand hôtel international "pénalise" un peu de ce point de vue, par rapport à mes précédentes expériences triplement étoilées.
La carte des vins pique aussi les yeux, très palace jusque dans le choix de vins aux verres (une dizaine de choix, de 25 à 50€ grosso modo le verre pas hyper généreusement servi, et avec des coeffs monstrueux, typiquement 8 ou 10... avec quand même des Meursault de Roulot ou des Côte-Rôtie, mais quelques "petits vins" à 15€ le verre seraient aussi le bienvenu, comme on peut en trouver chez Savoy, même si ce sont les mêmes coeffs au final...).
Le service est bien évidemment de qualité, mention spéciale au jeune qui faisait sommellerie, très à l'écoute, qui nous a fait goûter avant, est venu nous demander chaque fois si ça nous allait, etc. Les demoiselles gagneraient en revanche à être un peu plus souriantes, tout ça manque un peu de décontraction: je ne parle pas de claques dans le dos, mais dans les grandes maisons on sait généralement mettre le client à l'aise, quel qu'il soit, et je trouvais que ça manquait un peu ici. Il y avait aussi une grande habituée qui monopolisait un peu trop visiblement l'attention de pas mal de serveurs et maîtres d'hôtel. Quelques petits bémols également sur le rythme du repas, très rapide au départ et avec des temps d'attente un poil longuets sur la fin.
La clientèle est disparate, du touriste chinois au jeune couple en passant par les clients fortunés et quelques nouveaux riches ayant hélas un peu la fâcheuse tendance à rire très fort avec beaucoup de dents.
Quant à l'addition, eh bien avec 2 verres de vin, de l'eau plate et du café outrageusement surpayés, on a dépassé la barre morale et fatidique pour moi des 200€ (210 si je me souviens bien).
En conclusion, il reste d'autres grands restos parisiens à découvrir (Pavillon Ledoyen, le Georges V, voire le Meurice) avant de bisser (j'aimerais bien retourner chez Guy Savoy dans le nouveau cadre), mais même avec de gros moyens je ne retournerai pas à Epicure en tout cas sur un déjeuner (beaucoup de choses à la carte me font largement envie, par contre).