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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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18 décembre 2005 7 18 /12 /décembre /2005 00:42
Qui suis-je pour parler d'influences?

Un petit thésard. Un scientifique. Je ne veux pas ici évoquer des personnalités scientifiques qui m'ont influencé. Hormis le fait qu'il n'y en a probablement pas à l'heure actuelle (plutôt des gens dont j'admire le génie scientifique), ça ne ferait pas un sujet de chronique très bandant.

Je voudrais écrire quelques mots sur mes influences artistiques. Le terme "influence" est sans doute mal choisi, puisque je ne suis ni écrivain, ni musicien, ni plus généralement artiste . Au sens propre du terme, ils ne m'ont donc pas influencé. Alors disons plutôt qu'ils ont provoqué en moi des émotions. Fortes.

Dans le domaine littéraire (je commence par là puisque, pour ceux qui ont la comprenette difficile malgré ce que montre ce blog, je suis un écrivain raté, ou un non-écrivain frustré, à votre convenance), mon hugophilie est très connue au sein de mon cercle d'amis. Sans parler de l'homme, si contrasté, l'écrivain Hugo est à mon sens le plus grand. The greatest, si ce surnom n'était pas déjà attribué à Mohammed Ali dans un tout autre domaine. Son talent de plume est inégalé. Hugo manie tellement bien la phrase dans son ensemble (sa longueur, son champ lexical, sa musicalité) qu'une argumentation hugolienne est toujours irréprochable et incontestable, quand bien même on ne partage pas son opinion. Ses affirmations apparaissent à la fois péremptoires et en même temps inattaquables. C'est très fort.
Sa faculté à provoquer l'émotion chez le lecteur est également phénoménale (amours impossibles, dévouement sublime...).
500.000 personnes se sont massées à son enterrement au Panthéon, en 1885. Autant que sur les Champs-Elysées en 1998 quand la France a gagné la Coupe du Monde. C'est dire si Hugo n'était pas n'importe qui, puisqu'il fut à un siècle décart l'égal de 22 footballeurs.

Toujours dans le romantisme français, j'ai une grande affection pour Alexandre Dumas père. "Je viole peut-être l'Histoire, mais je lui fais de si beaux enfants", aurait-il dit. Il n'y a rien à ajouter. Je passerai sans polémiquer sur ses "nègres" (perfidement, je soulignerais juste que Maquet, le plus célèbre d'entre eux, commença une carrière solo après leur séparation, pour sombrer illico dans les oubliettes de la littérature, tandis que Dumas restait à son sommet). Dumas écrit sans doute moins bien que Hugo, et que la plupart des écrivains de l'époque (Stendhal, Balzac, Flaubert), d'un strict point de vue technique. Mais son génie de conteur d'histoires n'a jamais été surpassé. Dumas et ses ficelles pas toujours très fines (suspense de bas de page, histoires à rallonges, de l'action à tout va, du sexe, de la mort) sait appâter le lecteur comme pas deux et provoquer un engouement, une quasi-dépendance. Je ne connais personne qui n'ait fini "le Comte de Monte Cristo" et ses 2000 pages en moins d'un mois, même chez des lecteurs rien moins qu'invétérés.

Dans la littérature contemporaine, Haruki Murakami a écrit les plus beaux romans d'amour qu'il m'ait été donné de lire. "La ballade de l'impossible" et surtout  "Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil", sont des chefs-d'oeuvre. Peut-être parce que j'y ai trouvé une métaphore de ma propre histoire, peut-être parce que je trouvais là superbement couché sur le papier des sentiments ressentis que je n'avais jamais su exprimer, moi, par écrit? Quoiqu'il en soit, le texte est poétique, éthéré, beau tout simplement. Sa deuxième facette, plus orientée vers un fantastique teinté d'absurde, m'est moins familière.

Enfin, j'apprécie grandement David Lodge, auteur britannique. David Lodge, à l'instar d'Umberto Eco, a d'abord été universitaire (prof de littérature anglaise, spécialiste de Joyce et Austen) avant de se lancer lui-même dans l'écriture. Avec une grande réussite. Les histoires (qui ne sont souvent, je le subodorre, que des prétextes) ne sont guère plus que du vaudeville. Tout est dans le traitement: Lodge, grâce à sa grande culture, développe dans chaque roman un thème philosophique (souvent théologique) qui ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe (et n'est pas là que pour impressionner le lecteur, chose que j'aurais par exemple tendance à reprocher à Eco) mais vient subtilement donner plus d'intérêt à l'histoire. D'autre part, une grosse dose d'humour british, fait d'ironie, de petites méchancetés et d'une grosse dose d'auto-dérision, me correspond assez bien. Je me soupçonne d'aimer Lodge car il me montre, en quelque sorte, ce à quoi ressembleraient sans doute mes romans si j'étais capable d'en écrire.
J'apprécie plus généralement tous les romans de ce que j'appellerais les affiliés de David Lodge (qui commence à se faire vieux), les petits jeunes british qui montent: Hornby, Baddiel, Coe, Fielding, Mc Cauley (lui, il est de Boston).

En BD, je rendrai hommage à Greg et son Achille Talon, qui m'ont fait aimer la langue française et donné le plaisir d'enrichir mon vocabulaire à un âge ou ce n'est pas forcément la préoccupation première. Goscinny pour sa faculté à jouer avec les mots (que ce soit dans Lucky Luke, Astérix, avec Gotlib, etc) a toujours beaucoup compté.

Pour conclure sur le chapitre littéraire, je me dois de coucher ici le nom de Pierre Desproges, que j'ai déjà cité dans un autre article, qui alliait de grandes qualités d'écrivain et un humour dévastateur sorti droit d'un esprit férocement misanthrope. Coluche, quoique touchant un public plus populaire, était beaucoup plus subtil qu'on ne le présente souvent.

Musicalement, ce sera plus court: il y a un groupe qui a fait de moi l'amateur de musique que je suis devenu. Iron Maiden. Eh oui, ce n'est pas récent. De plus, la baffe qui m'a conduit au métal est venue d'une écoute, à la Fnac, de l'intro de "Sign of the cross" dans l'album X-Factor (alors que j'avais 14 ans) , album qui est sans doute (et sans doute à raison)  l'un des moins aimés du groupe. Je ne classerai pas ici les trois chanteurs de Maiden, puisque je les apprécie tous, et que selon moi la force du groupe vient plutôt des compos de Steve Harris, le bassiste. Maiden, certes, finit par tourner un peu en rond, mais a eu le mérite d'inventer ou de populariser les duels de guitare, et la basse type cheval au galop, deux éléments qui sont désormais quasiment des définitions du heavy métal.
J'ai toujours voulu jouer de la guitare comme dans Iron Maiden et quand je m'y suis mis, j'étais convaincu de devenir une rock star (comme tout le monde lorsqu'il commence la guitare). Malheureusement, mon manque de volonté patent m'a plutôt conduit à faire dans le Hughes Aufray: vous savez, le pote qui ramène sa gratte à toutes les soirées au coin du feu et qui vous fait chanter les grands classiques de U2 ou de Téléphone. Je suis sûr que vous en avez un comme ça dans votre entourage.

Enfin voilà, je ne suis pas devenu un guitar hero permanenté vêtu d'un collant moule-burnes et alignant les soli à 3000 à l'heure, mais Maiden m'a fait aimer le métal et découvrir une foultitude de groupes que j'écoute toujours aujourd'hui (WASP, Megadeth, Manowar, Metallica, Helloween, etc...), même si je suis maintenant un petit vieux (qui plus est, qui vit en couple. Et Manowar ne renforce bizarrement pas le couple) qui s'est mis aux Cranberries et à Ben Harper.

Je m'intéresserai au cinéma dans une chronique prochaine, car, voyez-vous, il est tard. En vous souhaitant, amis lecteurs, une bonne nuit, je m'éclipse.
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