Depuis deux semaines, Jussieu (et une trentaine d'autres facultés en France) est en grêve, contre le CPE.
La jeunesse crie son ras-le-bol face à un probleme auquel elle ne comprend visiblement rien (non que moi, je sois capable de leur expliquer, mais il suffit de les voir s'exprimer sur TF1 pour se demander, affligé, si on assiste à une caricature d'Elie Seimoun ou s'ils sont vraiment aussi lobotomisés à force d'écouter Matt Pokora).
Ces petits crétins organisent le contrôle des entrées à la fac, se sentant des hommes en empêchant, parfois relativement violemment, leurs camarades (sans sous-entendu communiste) qui souhaiteraient aller bosser de pénétrer (sans sous-entendu graveleux), et en obligeant les chercheurs, parfois de très loin leurs aînés, à montrer patte blanche pour pouvoir se rendre sur leur lieu de travail. Ironie de la situation, ils s'empressent après leur "prise de pouvoir" de recréer le flicage incessant et nauséabond qu'ils villipendent (ou villepinisent?) si férocement chez Nabozy.
Oui mais voila, 20000 étudiants en sciences à Jussieu, et les AG des petits syndicalistes en herbe (qui a dit "manipulés" par les grands, les anciens frustrés de 68 qui souhaiteraient se sentir jeunes de nouveau, malgré leur évidente surcharge pondérale dûe à l'abus de foie gras?) se tiennent à moins de 1000 personnes. Je ne sais pas si les étudiants sont majoritairements contre la grêve, mais voici quelques petites anecdotes collectées auprès de mes élèves ce vendredi. "Il n'y a pas de blocus aujourd'hui vu que les grêvistes voulaient partir en week-end" (effectivement, le blocus a repris aujourd'hui, lundi). "Ca fait deux semaines qu'on ne fait rien, on est content d'avoir TP" (effectivement, effectif au complet si j'ose dire, ce qui ne m'était pas arrivé si souvent que ça en deux ans d'encadrement) "la semaine dernière, un élève a franchi le mur d'enceinte de 4m de Jussieu pour pouvoir venir en TP" (il s'est fait sermonner, à juste titre, par le technicien: ce n'est pas la peine de risquer la mort pour aller bosser quand même, surtout que le TP, tu ne le feras pas vu que tu es tout seul)...
On mentionnera également, en terme de connerie crasse, l'occupation de la Sorbonne, qui a permis la dégradation de plusieurs objets à valeurs historique et pécuniaire.
Je préfère les jeunes quand ils se rebellent en écoutant Kyo plutôt que quand ils essaient de faire comme leurs ancêtres, des barricades (tiens, c'est marrant, le PDG de Renault est un ancien leader de mai 68). Car il n'y a qu'eux qui ne savent pas encore qu'ils termineront pareillement, carriéristes ou tout petits bourgeois.