Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
  • Contact

Profil

  • mixlamalice
  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

Recherche

22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 17:13

Les Etats-Unis sont une Terre de paradoxes.

Un qui me frappe tout particulierement est celui de la production artistique.
Les Etats-Unis sont le symbole de la "culture de masse" dans tout ce qu'elle a de plus abrutissant. Les films formatés tous pareils (quatre sous-genres différents quand meme, il en faut pour tout le monde: le film d'action qui pète, la comédie grasse qui tache, la comédie romantique qui colle, et le dessin animé qui brille), les chansons que tu as l'impression d'entendre la même en boucle dès que tu allumes la radio (la encore, de la chanteuse à guitare au groupe de rock de gosses de riches en passant par le punk aseptisé, il y a quelques sous-catégories), les bouquins policiers avec toujours la même histoire (Mary Higgins Clark est un excellent exemple), j'en passe et des pires.

Oui, mais voila. Les Etats-Unis, c'est aussi l'idée de la société de consommation poussée à l'extrême. En conséquence, dès qu'il y a trois clients potentiels, il y a toujours des entrepreneurs (ici, le mot veut bien dire ce qu'il veut dire) prêts à prendre des risques. Ainsi tout courant, meme ultra-minoritaire, mais susceptible de rapporter du pognon, ne fut-ce qu'un chouia, sera représenté. Réflechissons-y, ce n'est pas si con: un album de low-fi enregistré dans le garage du producteur rapportera probablement moins de blé que le dernier Britney Spears, mais il coutera aussi beaucoup moins cher à produire, et le risque de faire un four moins grand. Il est donc tout a fait possible d'être gagnant.
Du coup, les Etats-Unis, parrallèlement à leur lobotomisante culture pop-corn, présentent aussi une scène indé-underground terriblement vivace. Certes, les motivations ayant conduit les grands groupes tels la Fox ou Sony a ouvrir une section "indépendante" ne relèvent probablement pas de la philantropie, mais plutôt du cynisme absolu. Après réflexion, je me dis: et alors?
Ne boudons pas notre plaisir. La culture américaine, dès que l'on sort un peu des sentiers battus, ce qui n'est pas si difficile, est me semble-t-il autrement plus réjouissante que la notre, où, paralysés par la peur de perdre un centime, les décideurs ne font que suivre ce qui se fait ailleurs. Ou promeuvent des collègues membres du microcosme culturellonaniste parisien qui aime à se tripoter la nouille de façon consanguine, qui exhibent plus ou moins métaphoriquement mais toujours fièrement leurs vies de cons et assimilent ça à de l'art. 
Les américains produisent The Fall, à Paris sort Un conte de Noël. Chuck Palahniuck écrit Fight Club, Lolita Pille sort Hell. Beirut se réclame de Brel, Anaïs est visiblement influencée par Helen Fielding...

Attention, il y a quand meme des points noirs, de ceux que Biactol ne peut annihiler. Le principal étant qu'un courant minoritaire et fier de l'être, regorgeant de talents finisse par devenir mainstream, par quelque alchimie inexplicable (je ne crois pas que les maisons de disque puissent planifier ce genre d'évènements, par contre elles s'y adaptent tres vite). C'est ce qui est arrivé au Grunge et a Kurt Cobain, ou alors aux comédies grasses à humour scatologique des freres Farrelly. Vous me direz que ce n'est pas forcément un mal. Malheureusement, si, car le rouleau compresseur se met alors en marche, ce qu'un gars comme Cobain, jeté en plein milieu de cette ambiance schizophrénique ("vas-y Kurt, dis fuck au system dans tes chansons, ça vend a mort et on s'en met plein les fouilles") n'a pas supporté. Tous ceux qui, à défaut d'avoir du talent, sont appatés par le gain, les 15 minutes de gloire reglementaires ou les groupies, s'engouffrent dans la breche: à ce point la, le talent n'a plus aucune importance pour les producteurs du moment qu'on est bien dans le moule.
Il devient alors délicat pour le public de séparer le bon grain de l'ivraie, tout étant mis sur le meme plan (combien de 40 ans toujours puceau pour des Scary Movie 22?). Et puis moi je suis pas n'importe qui et ça me fait chier d'etre un gars mainstream, alors quand le métal devient le genre en vogue, j'éructe de rage. S'il faut se mettre à écouter la has been Whitney Houston pour rester underground, je le ferai. C'est ça etre rebelle. Heureusement, Mariah Carey et Céline Dion continuent a vendre.

Partager cet article
Repost0

commentaires

T
The Fall n'est pas forcément un très bon exemple, il me semble que ce film a une histoire compliquée, avec une première sortie qui a fait un four justement, et une nouvelle sortie pour une raison que j'ai oubliée qui a beaucoup mieux marché.
Répondre
M
<br /> Oui, Fincher et je sais plus qui, après l'avoir vu, ont mis leur nom "en caution" en quelque sorte (Fincher et machin présentent...). Je trouve que ça va plutôt dans mon sens (au niveau de la<br /> "prise de risque"), puisque d'une des producteurs ont accepté de financer ce film assez inclassable, et de deux des réalisateurs connus ont accepté de le "parrainer" alors qu'il avait déjà, comme<br /> tu dis, fait un four.<br /> <br /> <br />
C
En fait ils ont un marché intérieur tellement monstrueux, à la fois en terme de nombre que de diversité culturelle qu'il doit y avoir peu de choses qui ne trouvent pas leur public...Et tiens, je viens de rendre mainstream le fait d'écrire aligné à droite. Tu vas tenter le justifié ?
Répondre
M
<br /> J'ai quand meme l'impression que l'audace des investisseurs est un facteur decisif dans la diversite culturelle, meme si effectivement 300 millions d'habitants dont le spectre va du redneck a<br /> Woody Allen ca doit jouer. Apres tout, chez nous aussi entre le paysan correzien et BHL, il n'y a probablement que peu de recoupements en terme de gouts "artistiques". Et nous sommes 60 millions,<br /> ce qui laisse place a une multitude de gouts differents. Or je trouve notre culture bien sclerosee (ce n'est qu'un avis personnel). Il y avait d'ailleurs eu un article a ce sujet dans le Time il<br /> n'y a pas si longtemps, qui avait fait couler beaucoup d'encre. Pourtant, on ne s'est pas subitement mis a avoir un gout de chiottes puisque nombre d'artistes eclosent chez nous avant de faire<br /> un tabac mondial (Ben Harper, Mika...).   <br /> <br /> <br />
C
Quand je pense que le même mec se fout de la gueule de ceux qui vont regarder les films Ouzbeke sous titrés en Coréen sur la vie d'un cultivateur de betterave avec des plans séquences de 45mn...La mauvaise foi c'est main-stream ou underground ?
Répondre
M
<br /> Justement il y a une différence entre etre underground pour etre underground (il y aurait du avoir un lol a la fin de mon article parce qu'en vrai je m'en fous je continuerai a écouter Manowar<br /> jusqu'a ce que je sois chauve), et aimer un truc qui se trouve etre underground. Le bon undergrounder et le mauvais undergrounder quoi.<br /> Non, plus sérieusement, ce que les américains ont bien compris (des qu'il y a du pognon en jeu, ils pigent tres vite), c'est que "underground" ne doit pas signifier forcément chiant comme la<br /> mort, bref qu'on peut etre en dehors du courant majoritaire et avoir malgré tout une vision artistique populaire (a un autre niveau). Il n'y a qu'a voir ce que le festival de Sundance propose<br /> (meme si Sundance est de moins en moins indé) et le comparer a ce que notre cinéma d'auteur offre. Je prefere aller voir 10 miss sunshine plutot que me farcir 1 Catherine Breillat (ou<br /> meme l'entendre parler). <br /> <br /> <br />