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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 08:49
Ouais, c'est comme ça que je suis moi. Sans concessions. Alors dans le rapport que j'ai du torcher, pardon, écrire après 3 ans de monitorats (pour les non-initiés, ça veut à peu près dire chargé de TDs -ou de TPs, ça augmente de 20% mon salaire, pour 64 heures d'enseignements à Jussieu), j'ai balancé.
Morceaux choisis.

J’ai eu l’opportunité, grâce à (ou à cause d’) un parcours de moniteur que je pourrais qualifier de « chaotique », d’effectuer un grand nombre d’enseignements, aussi divers que variés.

Pour avoir discuté avec un certain nombre de moniteurs au cours des diverses formations, ce parcours me semble assez atypique, la plupart restant cantonnée au même enseignement durant trois ans, souvent en L1 (1ère année de fac, NdMix). J’en tire à la fois des points positifs, et d’autres négatifs. Avoir à enseigner des matières très différentes et à des niveaux également différents m’a permis de « tester » ma « flexibilité », avec des résultats plus ou moins heureux :

- Dans le cas de mes enseignements de Thermodynamique, par exemple, cela m’a obligé à me replonger dans des cours qui m’avaient semblé assez « rébarbatifs » à l’époque de mes humanités (classes préparatoires et premières années d’école), m’a ouvert les yeux, grâce au recul scientifique que j’ai acquis avec le temps, sur certains points qui m’étaient toujours restés obscurs parce que je n’avais pas ressenti le besoin de les comprendre réellement (quand on est étudiant, valider l’examen suffit généralement au bonheur, mais ne signifie pas nécessairement qu’on a compris grand-chose), et m’a poussé à essayer d’enseigner de façon un peu plus agréable (appel au sens physique plus qu’aux grosses équations, à la façon dont la plupart des professeurs essaient d’enseigner à l’ESPCI) que ce que j’avais connu cette matière (sans grand succès, je le crains, cette matière n’ayant définitivement pas plus la côte aujourd’hui chez les étudiants qu’à l’époque où j’étais à leur place). Cela m’a également été profitable dans le cadre de la thèse, et m’a permis de mieux appréhender la lecture de certaines publications, voire l’analyse de certaines de mes expériences.

- Dans le cas de mes enseignements actuels, au contraire, je trouve dommageable d’avoir été prévenu de ma réorientation quelques semaines seulement avant le début des enseignements, me laissant peu de temps pour me remettre à niveau dans ces matières assez loin de mes préoccupations scientifiques, sachant de plus que je suis en fin de thèse et que la recherche me demande de plus en plus de temps pour boucler ce qui doit l’être dans les temps (sans parler de la recherche d’un post-doctorat qui n’est pas non plus une sinécure).

 

J’en viens maintenant à l’analyse de ma « collaboration » avec mes tuteurs et les équipes pédagogiques. Autant l’avouer franchement « collaboration » est un terme ici assez inapproprié. Etant donné que personne ne m’a jamais communiqué le moindre nom ni mis en rapport avec qui que ce soit (ni d’ailleurs expliqué en détails quel était le rôle d’un tuteur). Ainsi, mon tuteur pédagogique officiel, responsable de l'enseignement de Thermodynamique, l'a été tout simplement parce qu’elle est la première personne à qui j’ai eu affaire et que les services administratifs avaient besoin d’un nom sur le dossier.

Mes rapports avec cette personne, quoique cordiaux, ont été limités au strict minimum : communication des sujets et corrigés ainsi que des notes, explications des expériences de TPs, et c’est à peu près tout.

Puis j'ai changé d'enseignements, donc d'interlocuteurs privilégiés, mais les rapports sont restés les mêmes, minimaux. Ce n’est pas la une critique mais un simple constat.

Je vois à cela plusieurs raisons : le fait de changer d’enseignement tous les deux semestres n’a pas aidé. Le fait également de ne pas être doctorant sur le campus Jussieu est également un facteur limitant : la plupart des réunions pédagogiques se décidant le jour même ou la veille pour le lendemain, j’en ai raté un certain nombre car j’avais d’autres choses de prévues (par exemple, des expériences de thèse réservées depuis plusieurs semaines dans un planning ultra-serré) et je ne pouvais pas me libérer une demi-journée pour aller à Jussieu au pied levé.

Quoi qu’il en soit, partout où j’ai enseigné, les sujets étaient le fait des enseignants-chercheurs et on ne demandait pas trop leur avis aux moniteurs (ce que je peux comprendre, même si, il me semble, nous pouvons parfois avoir de bonnes idées et une vision de l’enseignement plus proche des élèves, ne serait-ce que temporellement parlant).

Je m’aperçois que je n’ai pas encore parlé des contacts avec les élèves, qui furent très enrichissants : peut-être est-ce parce que j’étais à leur place il y a à peine deux ou trois ans, mais certaines situations m’ont rappelé bien des souvenirs, et c’est une sensation intéressante d’être « de l’autre côté de la barrière ». On s’aperçoit que l’on était bien naïf et que le professeur est rarement dupe de l’élève (je repense à certaines excuses ou justifications…). J’ai également pu constater une très grande disparité des niveaux au sein des étudiants et un niveau moyen que j’ai trouvé relativement inquiétant. Je reprocherai aux enseignements universitaires (du moins ceux que j’ai effectués) d’être très orientés vers le calcul ou l’application « bête et méchante » de formules et pas assez sur la compréhension « avec les mains » de la physique des phénomènes (je l’ai déjà souligné plus haut). Autre problème, à mon sens : les élèves n’ont aucune idée des notions d’homogénéité ni d’ordres de grandeurs. Ne pourrait-il pas y avoir un module obligatoire en L1 pour leur faire comprendre ces notions (qui sont, me semble-t-il des bases même pour le travail de recherche : qui ne s’est jamais servi de notions d’homogénéité pour retrouver une formule oubliée ou pour s’assurer de sa validité)?

Il m’a semblé que Paris 6 était une machine sans doute trop importante et que du coup les échanges entre enseignants de différentes UE se faisaient peu voire pas du tout, surtout en ces temps où le programme change continûment. La réforme LMD (la réforme pour uniformiser l'enseignement universitaire avec le reste de l'UE et dont la mise en place est un peu "laborieuse", NdMix) n’a également pas simplifié les choses, en multipliant les enseignements possibles et en offrant aux élèves un choix innombrable sans que ceux-ci ne leur soient expliqués en détails: il me semble qu’une bonne idée (sans doute compliquée à mettre en place) serait de préciser, pour chaque cours, les cours que l’élève doit avoir validé les années précédentes pour suivre celui-ci. 

Le LMD a aussi crée des situations problématiques du fait de cette multiplication de cours et d’options pour les élèves : lorsque le nombre d’élèves inscrit est insuffisant, le cours n’ouvre pas. Cela, malheureusement, on ne le sait que très peu de temps avant le début du semestre, et il faut en conséquence modifier tous les services des enseignants qui étaient supposés enseigner dans cette matière. D’où des situations ubuesques, ou kafkaïennes, pour que chaque enseignant-chercheur accomplisse son quota de 192h. Autant dire que dans ces cas-là, dans l’urgence, le service de répartition ne s’occupe pas en priorité des moniteurs (c’est ce qui m’est arrivé en ce début de semestre : j’ai du passer un certain temps à me chercher des heures quelque part, alors que ce n’était clairement pas ma priorité du moment).

C’était donc une expérience captivante, comme toute première expérience, une découverte de l’enseignement supérieur et de l’enseignement tout court (premier face-à-face avec les élèves, maîtrise du stress, peur de la question qui va vous coincer, envie de faire passer un message…), et enfin une occasion de réfléchir sur le monde de l’Université et ses problèmes (que je connaissais peu, étant un produit des classes préparatoires et grandes écoles).

 

J’ai été déçu par les formations obligatoires de première année de monitorats, qui consistaient en une évaluation avec les autres moniteurs de notre capacité à construire et donner un TD. Je reproche à cette formation son caractère bancal : la formation se veut un reflet de la « réalité », mais le public constitué de moniteurs est par trop éloigné de cette « réalité » des élèves de L1 ou L2 et me donnait l’impression de voir une pièce de théâtre.

Ainsi, une formation qui était censée nous juger sur la forme (est-ce que nous nous exprimons bien devant un public, est-ce que nous sommes clairs, est-ce que notre polycopié est lisible…) virait trop souvent à une évaluation (que j’ai trouvée irritante autant qu’inutile) sur le fond. J’ai senti chez certains moniteurs (Danielle L., si un jour tu me lis, sache que dès le premier regard tu m'as semblé une grosse conne, et ça c'est confirmé à chaque fois que tu as ouvert la bouche. Bisous.) une attitude à la limite de l’agressivité (ou de la condescendance) qui consistait à vérifier (et juger) que le moniteur en situation connaissait par exemple parfaitement son cours de chimie organique deuxième année en lui posant les questions les plus pointues possibles. Certes, il est important de savoir ce que l’on raconte, mais la plupart d’entre nous, plus intéressé à ce moment là par apprendre des techniques de forme plutôt qu’à vérifier nos aptitudes sur le fond, n’avait pas « travaillé » son TD comme il l’aurait fait pour un TD réel. D’autres part, cette formation arrive un peu tard dans l’année puisque certains avaient déjà accomplis tout ou partie de leur service.

Cette formation est néanmoins très importante : je pense qu’il faudrait la rallonger et la rendre plus scolaire (peut-être quelque chose de ressemblant aux oraux de préparation à l’agrégation, car les agrégés ont souvent une aisance pour expliquer les concepts de base, même à brûle-pourpoint, que, en tout cas personnellement, je suis encore loin d’approcher) car c’est la seule qui nous « apprend » un peu à être des enseignants. Les formations Mane Gere, théâtre ou psychologie etc, peuvent donner des conseils précieux mais restent assez loin de la réalité.

J’ai été bien plus convaincu par la formation troisième année (préparation aux entretiens aux postes de maître de conférences ou chargé de recherche). Même si ce côté « théâtral » est toujours un peu présent, les informations sur les méthodes de recrutement et les démarches à accomplir sont relativement pointues et d’un grand intérêt (je fus surpris de voir qu’un nombre non négligeable de moniteurs, en dernière année de thèse, n’avaient absolument aucune idée de comment cela se passait, ni même des questions de salaire ou quoi que ce soit). D’autre part présenter rapidement (10 minutes) ses travaux de recherche ainsi que ses enseignements devant un public scientifique sans être spécialiste oblige à prendre du recul pour essayer d’expliquer intelligiblement sans pour autant trop vulgariser la problématique et les principaux résultats de son travail. Cette formation arrive au bon moment, à l’époque où l’on commence à avoir une idée globale de ce que notre thèse est, où les idées commencent à se mettre en place naturellement, et les oraliser (tout les doctorants n’ont pas la chance d’avoir fait des congrès et/ou des séminaires) peut à mon avis être d’une aide non négligeable pour la rédaction du manuscrit. C’est une formation qui gagnerait à être généralisée à tous les doctorants souhaitant passer les concours de la fonction publique, même ceux n’ayant pas eu la chance d’être moniteurs.


 

En conclusion, d’un point de vue personnel, la recherche est nettement ce que je préfère. J’apprécie également l’enseignement, mais, ayant le choix, le laboratoire et la paillasse seraient mes priorités. J’ai, à certains moments de mon doctorat, trouvé que la charge horaire demandée au moniteur était trop lourde, il y a certaines semaines où j’ai eu l’impression de ne pas pouvoir avancer dans mon doctorat, simplement parce que l’enseignement me prenait trop de temps.

Or, je sais que notre charge horaire correspond à seulement un tiers d’un service complet de maître de conférences. Je sais également qu’entre préparer un TP pour des L2 et un cours de M2, il y a un monde. J’ai pu constater, dans mon laboratoire et dans d’autres, que les jeunes maîtres de conférences peinaient vraiment à avancer leurs recherches pendant les deux ou trois premières années s’ils n’étaient pas bien encadrés ou au sein d’une équipe dynamique et organisée. Je crains de ne pas être le seul à faire ce constat (d’une charge horaire d’enseignement trop lourde pour les maîtres de conférences).

Mon interrogation personnelle est donc la suivante : vais-je présenter les concours de maître de conférence (je suis à peu près sûr de présenter les concours d’entrée au CNRS après un post-doctorat que je compte accomplir aux Etats-Unis) ?

 

Pour moi, l’enseignement est quelque chose que je peux faire sereinement et efficacement lorsqu’il est ponctuel car il représente pour moi plus un loisir agréable qu’un sacerdoce. Lorsqu’il représente plus de la moitié de mon temps, d’un plaisir cela devient une corvée, ce qui n’est bon ni pour les élèves, ni pour moi.

 




Voila. Et quand j'aurai le temps j'étayerai un peu mes dires en révélant les plus belles boulettes que j'ai vues en trois ans de TPs.
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commentaires

P
C'est un peu long, un peu chiant même. Alors que moi je connais tous les termes en plus. Qui plus est tu réutilises le terme "humanités" que tu avais déjà sorti de son ecrin au post précédent. Tout ça pour utiliser un mon que tu n'as jamais casé dans une conversation en 6 ans. (A part pour parler de la mort du communisme...).Faisons bien, faisons bref, tu l'as pas relu avant de le poster celui la ?
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M
On peut pas toujours être au top.Tapis.