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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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9 décembre 2012 7 09 /12 /décembre /2012 13:02

Un article intéressant de Tom Roud sur le temps passé par un enseignant-chercheur à faire de la recherche me donne envie de tenter le meme.

 

Je ne suis pas sûr de respecter exactement la même organisation, mais on va voir qu'il y a quelques différences entre un enseignant-chercheur "lambda" physicien plutôt théoricien ayant dérivé vers la biophysique modèle nord-américain (lui, Assistant Professeur dans une grande université canadienne) et un autre enseignant-chercheur, plutôt physico-chimiste expérimentateur effectuant son enseignement dans un établissement un peu spécial, et sa recherche dans un labo de grande école assez loin de ses thématiques originelles, en France (moi).

 

Le problème (voire la limite) de l'exercice est de décorréler des activités qui pour beaucoup sont faites un peu toutes en même temps ou s'interpénètrent même...

 

Temps de travail global: difficile à estimer, mais je passe environ 45-50h au labo (ou en salle de cours) par semaine, auxquelles il faut retrancher 30minutes/1h par jour pour déjeuner et pauses diverses (je ne suis pas du genre à trainer 2h par jour en salle café, mais je peux glander devant Internet...). Je bosse rarement chez moi le soir et week-end, sauf pour lire/envoyer des mails (voir plus bas) ou lire/relire des papiers... 

Je prends, depuis que je suis rentré en France, 6 ou 7 semaines de congés (3-4 en été, 1-2 à Noël, et 1-2 vers Paques), pendant lesquels je me tiens généralement à jour en ce qui concerne l'intendance, mais n'accomplis pas d'autres tâches  (je fais plaisir à Tom en commençant par parler des vacances).

 

 

- Enseignement

Assez d'accord avec Tom, c'est probablement le plus facile à évaluer. J'effectue environ 200HED d'enseignement annuelles, dont environ 120 "face à élèves". 

Ces 120 heures devant élèves comptent environ 1 mois, voire 6 semaines, à temps plein (hors préparation: comme le dit Tom et comme je l'ai déjà dit aussi, une journée à 3 heures de cours magistral enchaîné à 4 heures de TPs est simplement "physiquement" impossible à répéter sur une semaine complète, pour les tenants du "ouais ben les profs y z'ont ka bosser 35 heures devant des élèves*).

Le reste consiste à organiser des stages (notamment en formation continue, ce qui prend beaucoup de temps et est comptabilisé dans la charge annuelle) et diverses activités (tutorat, jurys, soutenances, etc): 1 mois aussi.

J'ai la chance de ne pas trop changer d'enseignements d'une année sur l'autre (l'inconvénient est une certaine routine, et peu de possibilités de recrutements d'étudiants pour la recherche...), et je suis après 2 années de tatonnement, relativement satisfait de la majorité de mes cours (et raisonnablement à l'aise devant une classe), donc mon temps de préparation a beaucoup réduit, même si je passe on va dire 2h avant chaque cours histoire de changer quelques trucs, relire un passage un peu oublié. Ce qui doit faire dans les 2 semaines sur l'année.

A cela, il faut rajouter les corrections de copie (généralement peu time consuming là où j'enseigne), préparation d'examens, etc.

On arrive donc aussi à 3 ou 4 mois (plutôt 3 cette année, probablement 4 voire 5 l'an dernier où mes cours étaient moins rodés et où j'avais hérité d'une cinquantaine d'heures sup).

 

- Mails (plus généralement intendance: téléphone, recherche de signature ou de personnel compétent etc)

Cette catégorie est différente de celles de Tom et n'est peut-être pas légitime tant elle regroupe des choses différentes: commandes ou devis, organisation de réunions recherche ou pédagogique, emmerdes diverses avec l'administration, parfois même discussions "scientifiques" avec étudiants ou collègues, échanges avec élèves, commentaires sur des papiers etc...

Tout ça est très vague, mais je passe en fait à peu près selon mes estimations 1 ou 2h par jour à lire/envoyer des mails (liés au boulot), sans compter le soir... et les coups de fils ou rendez-vous administratifs divers.

Ce qui fait, eh ouais, environ 2 ou 3 mois sur une année.

La première fois où j'ai passé une journée entière de 8h à envoyer/lire des mails urgents sans avoir le temps de rien faire d'autre, j'ai compris que j'avais un boulot de merde le job était finalement assez éloigné de mes aspirations initiales...

Certaines choses seraient indispensables (demander des devis pour certains moyens expérimentaux complexes, échanges de mails collaboratifs avec les collègues etc), mais je pense qu'avec un secrétariat efficace, une direction au taquet et un système administratif dont le but ne serait pas de faire chier ceux qui essaient de se bouger, je pourrais gagner au moins 1 mois, peut-être pas loin de 2... oui, passés à réagir à des conneries.

 

- Réunions

La aussi, c'est une catégorie vague qui va des réunions collaboratives plus ou moins pertinentes aux meetings pédagogiques en passant par les trucs débiles où on te présente le nouveau logiciel dématérialisé mis en place par la fac qui va te pourrir la vie pour les 3 prochaines années. 

Mais cela correspond environ à 2 semaines à 1 mois par an (2 à 4h par semaine, typiquement). Une bonne moitié me semble globalement inutile.

 

- Encadrement d'étudiants

Sachant que la partie "manipes" est comptée en dessous, il s'agit ici de discussions, voire d'écriture/relecture de rapport pour les "jeunes" (DUT, M2 etc). 

Je passe probablement 2h par semaine à discuter avec chacun de mes 2 étudiants. Pas de rapports prévus cette année mais ça rajoute vite pas mal de boulot.

Entre 2 semaines et 1 mois

 

- Manipes

En tant qu'expérimentateur, j'essaye de faire quelques manipes moi-même ou au moins de former mes étudiants. L'an dernier, et j'espère recommencer cette année, j'ai manipé à peu près 1 mois.

 

- Confs

2 par an est ce vers quoi j'essaye de tendre. Soit 2 semaines par an.

 

- Reviewing et lecture biblio

Je n'accepte jamais plus d'un papier à la fois, mais je refuse rarement si je n'en ai pas à reviewer. Disons que j'en fais une dizaine par an. Je ne passe pas comme Tom deux jours dessus, mais malgré tout quelque chose comme 6h, soit pas loin d'1 journée par papier.

A peu près idem pour la biblio: je lis de plus en plus rarement les articles en entier (c'est mal), sauf quand j'écris un article, mais je suis régulièrement les flux RSS des 4-5 journaux que je suis (c'est bien), et dispatche à mes étudiants ou collègues quand un abstract me semble important.

Cela fait donc entre 2 et 4 semaines par an.

 

- Ecriture d'article

Cela rentre un peu dans les mails surtout pour les "coécritures" (qu'elles soient "lointaines" quand vous êtes 5ème auteur, ou beaucoup plus poussées quand c'est le papier de votre post-doc et que vous êtes reprint author). Pour le papier que je suis en train d'écrire "vraiment" (qui sera vraisemblablement le seul de l'année), l'estimation de Tom à 1 mois semble raisonnable (surtout quand on passe beaucoup de temps à collecter/mettre en forme des données dispersées sur plusieurs mois/années et expérimentateurs, et à boucher les trous). 

 

- Recherche de budget

Un certain nombre d'activités correspondant à cela est pris dans la partie "réunions" ou "mails". Reste le temps de l'écriture. Cette année j'ai un fonds propre (valable 4 ans) donc cela a été moins la lutte, mais je participe quand même à des demandes de financements d'équipe ou du labo. Cela dit, je ne suis pas "coordinateur" cette année donc la rédaction a été minime et peut passer probablement dans les catégories ci-dessus également.

Quand on dépose une ANR et 1 autre projet et qu'on est largement impliqué, 2 semaines "d'écriture" semble raisonnable, plus 2 semaines de  réunions/mails. On arrive donc vite aux 1 mois.

 

 

En fourchette basse, nous sommes donc cette année à 10,5 mois, ce qui me laisse 1,5 mois pour penser. Je crois que c'est sous-estimé, cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu autant de temps pour effectivement penser (ou alors, réfléchir 20 minutes par jour est si différent d'un mois en continu que la comparaison n'a aucun sens).

En fourchette haute, je suis à 12,5 mois de travail annuel (+1,5 de vacances), ça me semble plus raisonnable vu l'état dans lequel je finis un semestre... **

Plus sérieusement, "ma" recherche (ou la collaborative dans laquelle je suis fortement impliqué) passe dans les quelques semaines de manipes que j'ai le temps de faire, dans l'écriture de papier, et dans mes discussions avec les étudiants que j'encadre. En rajoutant les "mails" et "meetings" liés à ça, ça représente environ 3 mois de mon année...

 

Soit "à la louche": enseignement 3,5 mois (rajout des réunions pédagogiques etc), recherche 3 mois, "activités autres" faisant partie du job (conf', reviewing, proposals, meetings utiles) 2,5 mois, bullshit 2 mois (réunions de merde, mails débiles, vidéoprojecteurs en panne, fiches bilan comptable, signatures après lesquelles on court etc).

CUT THE BULLSHIT!!

 

 

 

* J'ai il y a quelques semaines fait 15 heures devant élèves tout en organisant un stage formation continue. La semaine a franchement été éreintante.

 

** Incertitude de 2 mois qui me vaudrait une convocation devant l'administration si elle était "prévisionnelle".

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commentaires

M
<br /> Ce n'est pas compté, mais je subis actuellement une grosse crise de procrastination/flemmardise/descente (après 3 grosses semaines) au moment de me replonger dans le papier abandonné depuis 3<br /> mois... dur.<br />
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M
<br /> Quelques remarques:<br /> <br /> <br /> - je ne dis pas que 7h de cours dans la journée sont infaisables, je dis juste (comme Tom) qu'après une telle journée, et d'ailleurs même après 3 ou 4h de CM, on est cramé: le reste de la journée<br /> est "perdu", ou au mieux passé à gérer le "tout venant". Du coup, je préfère les semaines très chargées en enseignement (+ de 20HED) que les semaines "intermédiaires" (~10): au moins, je sais<br /> d'avance que ma semaine est consacrée à ça uniquement et n'ai pas mauvaise conscience de ne pas réussir à m'y remettre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - On me fait remarquer que les choses sont corrélées; effectivement je le signale en début d'article. Cela dit, dans mon cas, enseignement et recherche sont réellement disjoints, ce qui n'est pas<br /> le cas de tout le monde: je n'enseigne pas en M2, et les enseignements que je fais, même en M1, sont plutôt orientés "techniques" ("pro") que recherche. L'enseignement me permet de "rafraîchir"<br /> ma culture générale (ou de base de mon domaine), mais je ne peux pas m'en servir comme veille biblio etc, choses que certains copains enseignant en M2 recherche peuvent faire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - Je me rends compte que finalement, l'approximation 1/3 recherche 1/3 enseignement 1/3 administratif marche assez bien dans mon cas. Sur le 1/3 d'administratif, je pense qu'1/3 à 50% ne devrait<br /> pas être fait par moi (il y a l'admin lié à l'ESR, chiant mais légitime, et l'admin purement admin, juste chiant voire parfois stupide et vraiment pénible).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - Dans certaines GE, mes collègues sont plutôt à ~20% enseignement et 20% admin. Ce qui laisse 60% recherche (et une dotation annuelle pas dégueu qui permet de se concentrer sur les gros appels à<br /> projets et d'envoyer péter les petits trucs). En rajoutant les bons étudiants à disposition assez aisément, on voit bien qu'à "capacités initiales" assez similaires, les CVs divergent vite:<br /> l'excellence "individuelle" n'a pas forcément grand chose à voir là-dedans.<br />
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