Année scolaire même pas finie que commencent déjà les tractations pour les ouvertures (ou plutôt fermetures) d'UE, de formations etc pour l'an prochain.
Chaque année, le même cirque, toutes les structures, toutes les strates, nous envoient des tableaux excel imbittables, complètement faux, desquels ils tirent des conclusions définitives sous couvert de "la discussion est ouverte, expliquez-nous pourquoi il faut continuer à dispenser cet enseignement" (sachant que la décision de fermer est à 99% déjà prise).
Au bout du 10ème mail en 2 semaines, demandant de réagir sous 1h30 (pour une fois, je n'exagère même pas: reçu à 10h40, réponse attendue "fin de matinée"), j'ai craqué.
Voici donc ce que j'ai envoyé avec en copie pas mal de monde (j'enlève les détails trop personnalisants et peu intéressants).
"Bonjour,
J'espère m'exprimer au nom de mes collègues de l'équipe pédagogique
1. Ce qui est écrit concernant ces UE ne correspond en rien à ce qui d'une part ressortait des multiples tableaux précédents ni d'autre part à ce qui avait été discuté et quasiment conclu de visu.
2. Ces UE font partie du cursus proposé et défini par les instances nationales. Elles doivent donc être validées pour obtenir le diplôme. On peut bien sûr les fermer, mais dans ces cas là, autant ne pas laisser les étudiants s'inscrire au diplôme concerné tout court, puisqu'ils ne pourront aller au terme.
On ne peut pas réfléchir par "seuil de fermeture individuel pour une UE", il faut raisonner par diplôme. Si l'UE est obligatoire pour l'obtention d'un diplôme, il faut s'affranchir des seuils. Ou bien on ferme le diplôme. Nous expliquons ceci depuis 4 ans.
3. On nous fait remplir 3 tableaux par semestre, demandant chaque fois les mêmes informations pour diverses entités. Il serait bon que quelqu'un quelque part prenne note de ces tableaux, regroupe et fasse circuler l'information. Si c'est pour nous donner du travail, je pense que nous savons nous occuper autrement, avec des choses plus intellectuellement stimulantes.
4. Je me propose donc de renvoyer vers la scolarité tout étudiant qui me demanderait des comptes, car ce n'est pas mon rôle de leur expliquer qu'ils n'auront sans doute jamais leur diplôme et ce quel que soit leur niveau.
5. Bref, faites comme vous voulez mais au moins ne faites pas semblant de nous demander notre avis ni des "argumentaires" (qui sont toujours les mêmes de semaine en semaine). Ni de devoir réagir en 1h30. Je le fais cette fois sous le coup de l'émotion, mais c'est la dernière fois. "Je m'en lave les mains".
Cordialement
"
Au bout d'un moment, ça suffit, de devoir "supplier" pour pouvoir faire ce pour quoi on est, finalement, payé et pour lequel on a quand même à la base été recruté de façon assez compétitive.
Il faudra aussi qu'on m'explique, une fois que tout sera fermé et que, puisqu'en tout cas aujourd'hui les licenciements "économiques" dans la fonction publique ne sont pas à l'ordre du jour, on sera payé à ne rien faire (pour la partie enseignement), où seront les dites économies. Dit autrement, la notion de rentabilité financière dans le cadre d'un service public me laisse songeur, mais je dois être bête et/ou très naïf.
Ah, et on m'a quand même répondu: "Une analyse associée à la pérennité du diplôme dans son état actuel devrait être peut-être envisagée."
Sur Twitter, j'aurais rajouté le hashtag NoShitSherlock. Mais ça reflète bien, je pense, la "vision" de la sphère dirigeante. Qu'on ne vienne donc pas me pipoter à la "let the police do the job, la prospective on maîtrise".