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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 03:53
Ce week-end, nous avons vu Precious (une obèse de 16 ans violée par son père séropositif et enceinte de son deuxième enfant, le premier étant mongol, battue par sa mère et en échec scolaire) puis The Road (dans un monde post-apocalyptique où les animaux ont disparu et la plupart des survivants humains sont devenus cannibales, un père et son fils tentent de survivre après que la mère désespérée s'est suicidée).
Comme en plus le concert de John Fogerty était un peu décevant (le concert lui-même était plutôt bon, mais le public à la moyenne d'âge digne du public des Chiffres et des Lettres était bien amorphe et m'a un peu empêché de rentrer dans le show), vous comprendrez qu'on avait besoin de se remonter le moral.

Et, ce n'était pas nécessairement prévu, mais nous avons passé un excellent moment chez Sensing.
Sensing est la "chaîne" de Guy Martin, le chef du Grand Véfour. Le Grand Véfour a perdu sa troisième étoile Michelin l'an dernier, Guy Martin passant visiblement plus de temps à étendre ses activités qu'à superviser la cuisine de son restaurant phare.
Qu'on ne se méprenne pas, je ne fais pas ici la pub de Guy Martin, qui d'une part n'a pas besoin de moi, et qui d'autre part ne m'inspire pas vraiment confiance avec sa chaîne de sandwichs sous vide à 13 euros Miyou (mon côté plouc sans doute, mais je préfère un club frais à la boulangerie du coin pour 4 euros, même s'il n'y a ni foie gras ni chutney de mangue dedans).

Par contre, je recommande chaudement aux Bostoniens ou aux foodies passant dans le coin d'aller visiter son spin-off, ne serait-ce que parce que le chef Gérard Barbin, dont c'est la première expérience en tant que "head chef", est sympa et plutôt doué, et que le chef de salle Guillaume ainsi que tous les serveurs sont impeccables. Et parce que l'aventure ne va peut-être pas durer éternellement (voir plus bas).
Les grands chefs entrepreneurs, Ramsay, Ducasse ou Robuchon, s'installent plutôt à New-York, Las Vegas ou Los Angeles. Lorsque Martin a choisi Boston pour sa première expérience américaine, la presse locale et les bostoniens - toujours un peu en mode compète face aux new-yorkais- n'en pouvaient plus. Las, les premières critiques du restaurant ont été plutôt moyennes, et, toujours méfiant des "machin présente", j'avais fini par me dire qu'y aller ne valait pas le coup. 
Et puis, un an après, les gens y sont retournés, ont trouvé que ça s'était suffisamment amélioré pour en refaire une critique, le restaurant est apparu dans divers classements locaux etc, et j'ai eu de nouveau envie d'y faire un tour.
Mes semaines dans la région étant comptées, il s'agissait de ne plus lambiner.

Samedi soir, 20h, le resto n'était pas plein, environ 1/3 des places étaient vides. Pourtant, la salle est déjà bien aérée (ce qui n'est d'ailleurs pas désagréable aux US où même dans les restos haut de gamme l'espace est souvent plus rentabilisé que dans les troquets parisiens).
Nous avons opté pour le menu dégustation, que je définirai comme le meilleur rapport qualité-prix de la ville: 75 dollars le menu itself, pour 6 mises en bouche ("teasers", en fait presqu'un plat à part entière), 1 entrée, 1 poisson, 1 viande, 1 dessert. L'accord mets-vins (rien d'exceptionnel mais très correct, 1 verre de champagne, 2 verres de blanc, 1 verre de rouge, 1 petit verre de vin à dessert) rajoute une trentaine de dollars: avec le café, les taxes, et un généreux pourboire, nous en avons eu pour 140$ tête, quand même 100$ de moins que No9 Park et consorts. Certes, c'est un cran en-dessous, mais peut-être pas tant que la différence de prix ne le laisserait penser.
Les plats qui nous ont été servis étaient tous des plats de la carte, par contre nous avons Priscilla et moi eu chaque fois chacun un plat différent, ce qui en partageant nous a permis de découvrir à peu près l'ensemble du menu.
Les 6 mises en bouche sont une idée plutôt chouette, et la réalisation est presque à la hauteur (une huître bien assaisonnée, une très bonne mini-pizza, un macaron à la betterave surprenant, une excellente crême brûlée aux champignons, seules la croquette de fromage-tomate confite et la soupe de potiron au café étaient un peu bof). Les entrées étaient inégales (raviolis à la chataîgne secs et fadasses, mais très bon velouté de rutabaga à la figue et au comté). Les plats de poisson étaient eux influencés thaï, avec les poissons eux-mêmes un peu fades mais les sauces et accompagnements remontaient le niveau. Les plats de viande par contre furent tous deux très chouettes: une joue de veau braisée avec des haricots coco, et une bonne pièce de boeuf avec une béarnaise, simple mais efficace. Très jolis desserts - le chef, passé par Hermé, semble aimer travailler le sucré-, et très bon dans le cas du citron-yuzu (moins dans le cas de la tatin à la citrouille - mais la citrouille, très employée ici dans les desserts ou même dans la bière, n'est pas vraiment ma tasse de thé).

L'ensemble s'est avéré un peu inégal donc, mais avec plus de hauts et quelques très hauts que de bas. Et puis tout le monde était très gentil, ne nous a pas pressé alors que nous étions la dernière table, nous avons donc passé un excellent moment. Guillaume, alsacien sur Boston depuis 7 ans, nous a offert une petite assiette de fromage bien sympathique avec deux verres de vin italien, une attention fort aimable qui explique en partie cette petite plage publicitaire (comme pour chez Albert à Amherst, où j'avais été acheté par une coupe de champagne et un dessert: je ne coûte pas bien cher en valeur absolue, mais en investissement pur, avec mes 12 lecteurs français, je ne suis pas franchement une bonne affaire).

Je leur fais de la pub (et donc indirectement à Guy Martin aussi) parce que je pense que le business ne va pas très fort, et que je ne pense pas que ça soit mérité. Plusieurs facteurs probablement: des premières critiques bof, des deuxièmes meilleures mais trop tard, surtout dans un contexte économique où pas mal de gens réfléchissent à deux fois avant d'aller claquer 100 ou 200$ au resto. Un resto d'hôtel. Un coin un peu paumé de Boston (la jetée) où on passe pas vraiment par hasard, et où les autres restaurants présents, majoritairement des chaînes de seafood plutôt bofs, ne favorisent pas le passage des gourmets.
Ils font des offres spéciales, réductions et autres, tous les jours de la semaine, mais je ne sais pas si ça sera suffisant. Après tout je peux me tromper et peut-être que tout va très bien, mais... J'espère que Barbin - qui a pris le temps de venir saluer toutes les tables - réussira.
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commentaires

M
<br /> Le meilleur rapport qualité prix pour un tasting menu à Boston vient de changer de main: le nouveau tenant du titre est Market, restaurant de l'hôtel W. Market est la "marque" resto d'hôtel de<br /> Jean-Georges Vongerichten, chef alsacien émigré aux US depuis des temps immémoriaux. Propriétaire du fameux Jean-Georges de NYC, trois étoiles, il est un peu le Ducasse local avec une participation<br /> dans plusieurs dizaines de restaurants. http://en.wikipedia.org/wiki/Jean-Georges_Vongerichten<br /> http://www.jean-georges.com/<br /> <br /> Autant dire qu'il est pas derrière les fourneaux au Market de Boston. Le chef est un illustre inconnu, passé par les brigades de JG, et précédemment chef d'un autre de ses restos qui a fermé.<br /> Le W est un hôtel chicos avec un bar lieu de rendez-vous de la jeunesse dorée bostonienne.<br /> Les foodies s'y ruent désormais (le resto a ouvert fin octobre), leur complexe d'infériorié en bandoulière, toujours prêts à venir célébrer le 40ème restaurant d'un chef étoilé qui ne sera jamais<br /> là.<br /> Bref, tout ça sentait mauvais.<br /> <br /> Et pourtant, menu à 55$, comprenant deux entrées, un poisson, une viande et un dessert ("thon croquant" correct mais le moins bien de la soirée, "foie gras façon crême brûlée", un signature dish de<br /> JG franchement bien, "striped bass" dans un bouillon aux petits légumes et à la noix de coco avec d'excellents produits pleins de goûts, côtelette d'agneau classique mais efficace et fondant au<br /> chocolat idem).<br /> Rien d'exceptionnellement créatif, mais du très bon quasi-classique, pour un prix franchement avantageux. Reste à savoir si le menu changera pour garder les choses intéressantes.<br /> Les bouteilles de vins proposés sont à mon avis trop chères (quasiment rien sous les 50$), mais il y a beaucoup de choix au verre.<br /> <br /> Sinon, le service, jeune, beau et débutant, est un peu à la ramasse mais rien de très grave sinon un peu de brusquerie. Et l'ambiance est de type lounge et ultra-bruyante.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Très bonne soirée au Hamersley's bistro à Boston ce samedi: http://www.hamersleysbistro.com/menus/<br /> <br /> Il m'aura fallu presque deux ans pour y aller (je n'ose écrire 'découvrir' tant le resto est connu depuis 25 ans), et si vous voulez manger de la vraie "French cuisine", classique et sans<br /> tralala (pâté, gibier, cassoulet, confit de canard etc), c'est sans hésitation là qu'il faut aller.<br /> Bon, c'est le coup de bambou au moment de payer (compter ~100$ en se lâchant bien - entrée plat dessert demi-bouteille), mais baste, il faut ce qu'il faut, et on ne trouve pas tous les jours du<br /> faisan à Boston.<br /> Belle carte des vins français, surtout en Côtes du Rhone.<br /> <br /> <br />
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