On ne va pas refaire le débat, mais sachez que je suis, en l'état actuel en tout cas et plutôt par défaut, un défenseur du système classes prépas-écoles d'ingénieurs.
Cela dit, je ne suis pas un gros fan de cet état d'esprit assez répandu chez mes coréligionnaires: s'estimer a priori lié à vie à quelqu'un sous prétexte qu'il a fréquenté les mêmes établissements que vous.
Ce principe s'est un peu généralisé depuis l'avènement de fessebook, mais je n'ai jamais été attiré par les repas de promos, les célébrations du type 10 years after, ou que sais-je encore: je me suis fait en école et en prépa une quinzaine de potes et autant de connaissances que j'apprécie sans que nous soyons très proches, je continue en majorité à les voir régulièrement, et je n'ai pas nécessairement envie de retrouver ceux que je ne fréquentais pas à l'époque parce que, depuis, nous avons obtenu le même diplôme.
Malgré tout, je suis un peu cynique assez pragmatique, donc je reste a priori disposé à adhérer à l'association d'"anciens" de mon école, ce qui n'est généralement pas donné (autour de 100 euros annuels).
D'une part parce qu'en théorie, cela peut permettre de faire la connaissance de personnes plus jeunes ou plus âgées, que l'on n'avait pas fréquentées directement, et avec qui on partage un certain nombre d'intérêts communs.
D'autre part parce qu'il est toujours intéressant professionnellement de posséder un "annuaire", un réseau. On peut le déplorer, mais beaucoup de choses fonctionnent comme cela en France, et ailleurs. Quand le DRH de BigCorp a fait la même école que vous et que vous l'avez vu alors la bite à l'air en train de faire la tortue, il faut l'admettre, ça crée des liens.
Ceci posé, je dois maintenant signaler que je suis diplômé d'une petite école, l'une des dernières qui continue à majoritairement former des chercheurs, en tout cas des scientifiques (bon an, mal an, plus de 50% d'une promo se tourne vers le doctorat). Dans le domaine de la recherche, publique ou même industrielle, avoir un bon réseau est probablement moins important qu'ailleurs. Ou plutôt non, mais en tout cas ce n'est probablement pas le réseau "école d'ingé" qui vous servira le plus.
Comme de plus la taille de nos promos est inférieure à 100 personnes, il est aisé de comprendre que l'association des anciens de mon école n'a pas la puissance de celle de l'X, des Mines, ou de Centrale. Loin s'en faut.
A vrai dire, jusqu'à il y a quelques années, l'association, disons le franchement, ne servait à rien: l'annuaire était mis à jour une fois tous les dix ans, et le seul contact que nous avions avec les "anciens" étaient lorsqu'ils venaient jouer les pique-assiettes à la remise des diplômes ou au gala de l'école.
Lorsque j'avais demandé à m'inscrire, on m'avait orienté vers le site oueb pas franchement 2.0. Pour se connecter, il fallait disposer d'une adresse mail "valide", probablement celle donnée à l'entrée à l'école dont je ne m'étais jamais servie et que j'avais oubliée. J'avais donc contacté la secrétaire de l'association, à qui j'avais expliqué que je souhaitais adhérer mais que je n'arrivais pas à le faire en ligne. Elle m'avait répondu "connectez-vous sur le site web, on vous communiquera un mot de passe"... du travail de pro, je m'étais donc dit que j'aurais mieux à faire de mes 75 euros.
Récemment, des efforts ont été accomplis par la jeune garde (après quelques manoeuvres type "calife à la place du calife" qu'il vaut mieux ne pas détailler).
Depuis, il y a un site un peu plus fonctionnel, "visible", et gratuit d'accès, des contacts plus réguliers avec l'association, une remise à jour régulière de l'annuaire, etc.
Cependant, j'hésite toujours à me réinscrire.
Ne serait-ce que parce que j'ai reçu hier la demande de cotisation. Déjà, comme je l'ai dit plus haut, j'estime que ce n'est pas parce qu'on a fait la même école à 30 ans d'intervalle qu'on se doit de m'appeler "camarade" et me tutoyer.
De plus, on m'apprend que sur les 75 euros que l'adhésion coûte, 32 sont consacrés aux actions d'entraide aux diplômés.
Or, il y a deux mois, échaudé par mes échecs répétés aux concours, je commençais à me demander si je ne ferais pas mieux de me réorienter vers une carrière industrielle. Ca n'a jamais vraiment dépassé le stade de la réflexion, mais j'avais contacté des membres de l'association pour qu'ils m'aident à écrire mon CV (la version académique de 10 pages avec le résumé de ma conf' à Le Bessat n'est pas d'une grande utilité pour aller chez Bettencourt). J'avais envoyé un "draft" d'une page, en demandant quelques conseils et en posant quelques questions précises. J'avais reçu une réponse, qui, quoi que gentille, ne répondait pas à mes questions, tenait un peu trop de la novlangue managero-commerciale (ah, ces fameux "mode projet", "projet professionnel" et autres) et ne faisait pas trop avancer mon schmilblick.
J'ai ensuite reçu un autre mail m'informant que mon correspondant était très occupé mais qu'il me recontacterait sous peu.
C'était il y a deux mois.
Alors bon, je n'ai jamais été vraiment dans l'urgence et ce n'est plus trop d'actualité pour moi de toute façon, et, sollicitant un service, je n'ai pas à faire preuve d'exigences démesurées. De plus, les "actions d'entraide" évoquées dans la lettre relèvent plus du prêt à taux 0 que de la rédaction de CV-lettre d'embaûche.
Mais j'avoue que ça ne m'incite pas non plus à sortir mon carnet de chèques...