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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 16:49
La semaine dernière a été plutôt bénéfique à mon ego malmené depuis quelques temps par une pré-"crise" du trentenaire (expatrié, vivant à 200 bornes de sa douce, pas de boulot stable, perspectives d'avenir pour le moins floues, compte en banque peu fourni, mais qu'est-ce que j'ai fait d'ces années, tout ça: quand je me mets à citer Patrick Bruel, l'heure est grave).

Ainsi, mon premier article de post-doc a été accepté sans coup férir, 2 jours après l'avoir renvoyé après révisions. 10 jours de boulot sur la lettre de réponse et quelques amendements dans le manuscrit ont permis de passer outre le "reconsider after revision" sans problèmes.
C'est un article un peu étrange, dont la génèse a été laborieuse, voire pénible. Je ne suis pas moi-même forcément convaincu par tout son contenu, même si les expériences sont plutôt astucieuses, les interprétations des résultats potentiellement importantes, et le papier dans son ensemble plus solide que ce que j'aurais pensé au départ, ce qui a été confirmé par les bons commentaires d'ensemble des referees (malgré le label "major revision", les conclusions étaient à chaque fois "le papier est bon et mérite d'être publié dans ce journal").
En fait, c'est plutôt le sujet et la communauté qui s'y intéresse qui me laissent songeurs. C'est un domaine assez bourgeonnant, à la frontière entre la biologie et la physique: il y a donc pas mal de papiers expérimentaux et théoriques qui sortent chaque mois, écrits par des physiciens qui dans l'ensemble pigent autant la bio que les biologistes la physique, dans des très bonnes revues, mais il n'y a pas encore vraiment d'unité dans les résultats, et ceux-ci semblent encore hachement dépendants de la méthode expérimentale employée. Pour ceux qui connaissent, ça rappelle un peu la thématique des "films ultra-minces" il y a 15 ans: on voit des choses, mais un peu tout et n'importe quoi - voire des résultats contradictoires- et on comprend pas grand chose. 
Du coup, ce n'est pas facile de distinguer le bullshit du top, et même des papiers énormément cités et sans doute globalement bons me semblent parfois, à certains égards, douteux. Je ne parle pas de résultats bidonnés, plutôt d'affirmations tranchées qui sont en fait plutôt des hypothèses, qui auraient gagné à être énoncées avec des pincettes: mais on ne publie pas dans Nature ou PNAS avec des "statements" trop tièdes...
Bref, après avoir passé 1 an et demi là dessus, je vais prendre du recul même s'il y a beaucoup de choses intéressantes à faire, quitte à y revenir dans quelques années une fois que les concepts fondateurs seront un peu plus dégrossis, ou à bosser avec des gens plus compétents que moi: publier pour publier, même si ce n'est pas très dur, ce n'est pas mon truc. Je conçois qu'à un moment donné, il faut faire circuler l'information, et que de toute façon c'est très difficile d'être sûr à 200% de tout ce qu'on raconte, mais il y a des limites. Et en ce qui me concerne, j'ai trop approché les miennes sur ce projet.

Cela dit, je maintiens un rythme de publication égal à 1/an depuis ma deuxième année de thèse, en premier auteur, dans des bonnes revues spécialisées de mon domaine (IF entre 3 et 5, à part pour un petit papier dans une revue mineure): en tant que physico-chimiste je pense que c'est honorable à défaut d'être impressionnant. 
Il me semble que, chez les expérimentateurs, les physiciens "purs" publient un peu plus vite (disons 2/an pour les bons), quant aux chimistes ou biologistes c'est plus par série (les choses mettent longtemps à se mettre en place, donc il faut optimiser une fois que ça marche).
On devrait soumettre un autre papier j'espère avant la fin de l'année. Le projet, dont je suis assez fier notamment parce qu'il n'en était pas un au départ (c'est mon idée - ou plutôt une observation initiale chanceuse- et mon instinct qui m'ont poussé, malgré quelques commentaires sceptiques initiaux d'autres membres du groupe, à continuer dans cette voie, avec il est vrai l'aide non négligeable d'un autre post-doc assez balèze), a je pense le potentiel pour faire de moi un autre "post-doc sexy". Ayant donné des résultats au-delà de mes espérances, il y a même espoir pour un ou deux autres articles pour lesquels je serai co-auteur. Même si j'ai appris à me méfier de ce genre d'espoirs: je n'ai pour l'instant jamais eu le plaisir d'être co-auteur, id est de faire 3 demi-journées de manipes et de voir mon nom sur un papier. Quand je n'ai pas mené moi-même un projet à terme, il a soit été abandonné, soit a dévié, soit mon nom a été plus ou moins légitimement oublié.

Autre bonne nouvelle: deux papiers récents citent chacun deux de mes précédents articles. 4 citations d'un coup, mon nombre de citations augmente de 20% (ne riez pas), et mon h-index est sur le point de s'envoler vers les sommets de la science (3). Le truc bien avec ces citations, c'est qu'elles sont dans la section discussion: en particulier l'un des papiers confirme l'un de nos résultats un peu nouveau, et même s'il va plus loin, reprend certaines idées que nous avions eues. C'est toujours plus flatteur, et à mon avis révélateur scientifiquement, même si ce n'est pris en compte dans aucun indice bibliographique de ma connaissance, que d'être cité dans l'introduction après une phrase du genre "a lot of work has been recently accomplished in this area (see for example references 1 to 27)" (où on est la référence 16).
Globalement, mes articles de thèse commencent à être honorablement cités (très modestement, ils font plutôt augmenter que baisser l'Impact Factor des revues en question), et pas que par mon ex-boss et ses potes, ça fait plutôt plaisir.

Parce qu'une semaine ne se passe tout de même jamais parfaitement bien, il semble que les 5 phrases que j'ai mentionnées au détour de mon dossier de candidature sur mon projet 2 soient suffisantes pour niquer le brevet que mon chef voulait essayer de déposer à ce propos... C'est un peu con, car j'avais rajouté au dernier moment ce passage avant qu'on discute de la possibilité de breveter, et c'était tellement anecdotique que cela m'était sorti de l'esprit jusqu'à ce que je ne jette un coup d'oeil à mon dossier la semaine dernière. C'est d'autant plus con que je suis persuadé qu'aucun des rapporteurs n'est allé aussi loin dans sa lecture (et s'est contenté de la notice récapitulative de 1 page...). 
Bof, de toute façon ça aurait mis 4 ans sans garantie de succès, et c'était plus pour la ligne dans le CV en vue d'une éventuelle reconversion que dans l'espoir de devenir millionnaire, mais bon... c'est con. J'espère, sans trop y croire - cf paragraphe précédent- que c'est un mal pour un bien et que ça me laissera plus de temps pour torcher quelques manipes et sortir un article.

A part ça, mon co-bureau coréen (grad student 2eme année) me casse un peu les couilles: ce n'est pas tant qu'il ait vraiment l'air de ne rien glander (entre siestes et actualisations fessebook, il me conforte dans mon idée qu'un expérimentateur qui passe 10h par jour dans son bureau n'expérimente pas des masses), c'est surtout que la coréenne qu'il tringle (grad student 1ère année) est toujours, c'est le cas de le dire, fourrée dans notre bureau, et qu'ils sont assez bruyants. Elle sent aussi un peu la sueur, ce qui n'arrange rien. 
Mon ancien co-bureau époque thèse était déjà assez pénible, dans un genre différent (le roi du téléphone et du "t'inquiètes je maîtrise").
Je regrette l'indien de l'an dernier, poli, sympa, serviable et avec qui j'allais souvent faire une "pause café" si rare en ce pays (et si nécessaire quand on a un bureau sans fenêtres).

Pour conclure, j'aurais bien aimé mettre ici quelques photos du concert de Kiss au Garden de Boston, parce que c'est un show qui vaut le coup d'oeil. Malheureusement, les appareils photos étaient interdits, et bien que j'en ai vu quelques-uns, je ne suis pas moi-même suffisamment fan du groupe pour prendre le risque de me faire refuser l'entrée, juste pour avoir des photos du show.
Bref, Kiss n'est pas un groupe philanthrope (et ils l'assument totalement), Kiss n'est pas un groupe qui va vous brouter le mou 20 minutes de concert pour vous parler de la faim dans le monde et de la politique extérieure américaine, Kiss n'est pas un groupe qui révolutionne la musique (on est dans le bon gros big rock avec des paroles de cul), mais Kiss est un groupe "culte" qui en concert vous en donne pour votre argent. Explosions, batterie qui vole, crachage de feu et de sang, envolée au-dessus de la scène et de la foule, chansons "taillées pour la scène" etc. Et Paul "Starchild" Stanley plafonne parfois un peu au chant, mais c'est un des meilleurs frontman que j'ai pu voir.


PS: Si vous avez un job à 4000 euros/mois (net) dans Paris (si possible rive gauche) en science des matériaux, spécialité polymères, débutant courant 2010 sous la main, n'hésitez pas à contacter Mixlamalice: mixlamalice@hotmail.com. Etudie toute proposition. S'il y a un appart' de fonction avec, c'est encore mieux.
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commentaires

M
<br /> Bon, l'"invention disclosure" a finalement été envoyée au service de la propriété intellectuelle de la fac.<br /> D'ici à ce que les avocats nous contactent, on est peinard et je peux rajouter une ligne sur mon CV.<br /> Ca c'est coché.<br /> <br /> Reste à finir le papier maintenant. J'ai encore un espoir pour fin novembre.<br /> <br /> <br />
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