"Impact", "visibilité", "levier de réputation", etc.
Bullshit Vocabulaire à consonance marketing avec lequel on nous bourre de plus en plus le mou dans les organismes de recherche, mais qui peut aussi faire de vous une star de la blogosphère, pour peu que vous en compreniez la signification et que vous le maîtrisiez.
Parce qu'un blog, c'est pour la majorité un objet inutile servant de vague journal public ("pour que tout le monde - en fait 20 personnes- puisse savoir que t'as une vie à la con et que t'écris mal").
Mais pour d'autre, c'est un outil de "personal branding" qui peut permettre d'accéder au statut culte de "blogueur influent".
Quel est l'intérêt, me direz-vous? Eh bien, en drainant des "followers", on commence par se faire inviter à bouffer des petits fours ou déguster une coupe, avant de devenir guest dans les soirées mondaines d'un nouveau genre. Ca peut décorer un CV pour montrer à un DRH que même dans son hobby on a les dents qui rayent le parquet.
On peut finir par faire de la pub plus ou moins masquée contre rémunérations de diverses natures sur son blog ou organiser les susmentionnées soirées. Et si on se démerde bien, pondre un bouquin "best-of du blog" ou devenir un RP 2.0.
Aujourd'hui, il est totalement secondaire d'avoir un regard pertinent sur un sujet donné pour devenir un "blogueur star" du dit domaine.
Avec un peu de bon sens (cours de communication niveau L1), c'est, j'en suis presque sûr, à la portée de n'importe qui.
Et c'est un blogueur totalement non influent qui vous parle.
Mode d'emploi:
- Habiter à Paris.
La province n'est pas rhédibitoire, mais il faudra faire des efforts de déplacement si votre blog commence à attirer du monde, ne serait-ce que pour assister aux soirées où on ne manquera pas de vous inviter. Paris est quand même le centre de l'univers ou au moins de ses frontières franco-françaises, à la pointe de ce qui se fait dans tous les domaines. C'est pas dans votre patelin de bouseux où la Freebox Révolution coupe toutes les 20 secondes que vous allez devenir une voix qui compte. Sauf si vous donnez dans le Valérie Damidot.
- Spécialisez-vous.
Un maître de conférences qui aime bouffer en écoutant Manowar avant d'aller tabasser des administratifs, ça n'intéresse pas grand monde. La catégorie "multithématique", c'est naze. Donc, choisissez: de toute façon "gastronomie", "culture", "people", etc, ça laisse quand même une marge de manoeuvre (mais n'en abusez pas). Attention à ne pas trop se spécialiser non plus: la pisciculture kazakhe sera probablement une thématique rhédibitoire pour franchir le millier de lecteurs quotidien.
Pour déterminer le thème dont vous serez le prochain prophète, n'hésitez pas à consulter wikio ou autre.
Le titre du blog doit indiquer clairement la couleur aussi. Un peu d'english dedans ne fait pas de mal (ça peut amener du lectorat international par hasard et donner un côté globalization toujours bien venu). Par exemple, "food" ou "cook" pour un blog axé gastronomie est un must quasi-obligé.
Evitez jeux de mots foireux ou pseudonymes débiles qui n'intéresseront personne et qui vous feront honte le jour où on vous invitera à une soirée blogueurs.
Et si possible, achetez votre nom de domaine, ça fera plus classe, plus pro, que blabla.over-blog, .wordpress ou .blogspot.
- Faites allégeance.
Sur votre site, la première chose à faire est une blogroll visible, donnant les liens de tous les "faiseurs d'opinion" du domaine. Si possible de manière claire (typiquement pas comme la mienne). Encore mieux, un flux RSS, ça pète.
Il n'est pas interdit de mettre des blogs que vous aimez vraiment, mais plutôt en bas de page et en petit, surtout s'ils sont hors domaine et encore plus s'ils ont une audience confidentielle.
- Go viral.
Après avoir créé votre site, et l'avoir mis sur les rails, commentez chaque article de chaque influenceur actuel de votre domaine. N'ayez pas honte de "linker" vers votre blog, jouez éventuellement un peu la provoc' (mais pas trop, cf ci-dessous): généralement, après quelques semaines, vous finirez par attirer l'attention de quelques lecteurs, et du maître des lieux, qui probablement de guerre lasse vous mettra lui aussi dans sa blogroll (cf un exemple récent).
Créez une page facebook et un compte twitter, avec le plus d'amis et de contacts possibles (visez haut: à moins de 5000, aujourd'hui, t'as plus rien), pour disséminer au mieux vos articles.
- Parlez de la même chose que tout le monde et ne faites pas de vague.
Cela vous aidera bien évidemment à vous faire linker: si vous découvrez vraiment des nouveaux lieux, personne ne vous suivra. Par contre, si vous faites partie des 50 qui ont parlé de l'endroit à la mode fraîchement ouvert, vous serez ultra-respecté, ne serait-ce que parce que vous avez réussi à avoir une place.
Grosso modo, dites comme tout le monde que c'est génial.
Une fois de temps en temps, pour montrer votre indépendance et que you are not a number, you are a free man, dites que c'est nul. Ca fera polémique, amènera du monde sur votre site, et ça montrera qu'on n'aura pas comme ça votre liberté de penser.
Ainsi, toujours pour rester dans l'exemple gastronomique, ne chroniquez que les tables néorustiques de tatoués mal rasés.
- Adoptez les "recettes qui marchent".
Vos modèles ont eu une idée originale qui draine du lectorat? Piquez-la leur. Le lecteur lambda ne remarquera rien, et il n'y a de toute façon plus personne (à part quelques maniaques qu'on peut facilement dénigrer) qui ne s'en souviendra quelques mois plus tard...
- Maîtrisez l'algorithme Google.
Choisissez bien vos titres d'articles et tags, multipliez les liens hypertextes (cf cet article), etc.
La majorité des sites pros français sont complètement nuls pour ça, il est donc très facile de se trouver référencé devant le Fooding ou le Michelin pour une critique de restaurant donnée.
Et de drainer une foule d'anonymes en choisissant bien ses mots clefs (exemple à ne pas reproduire: je dois sortir assez haut sur les recherches de type "dépucelage dans un labo" vu le nombre de visiteurs quotidiens qui arrivent sur mon blog après avoir tapé ces mots clefs).
Faites référencer votre blog sur tous les sites spécialisés dans le ebuzzing.
- Ne soyez pas trop profonds.
La concentration du cerveau humain ne dépasse de toute façon plus la minute: personne ne consulte Internet pour y trouver d'interminables digressions socio-économiques ou philosophiques écrites petit (selon toute probabilité, la majorité de ceux qui sont tombés sur cet article ont déjà arrêté de le lire).
Gros caractères, de la couleur, pas plus de quelques centaines de mots, et des photos un peu travaillées (pas trop non plus, sinon ça fait ramer l'ordinateur du lecteur et ça l'irrite).
N'hésitez quand même pas à faire quelques métaphores, un peu d'ironie ici et là, ou d'employer du vocabulaire de trois syllabes: sans être nécessaire, à Paris, un vernis culturel est toujours apprecié.
- Soyez proactifs.
Le public est versatile. L'important n'est pas d'avoir quelque chose à dire, mais de l'écrire. Un post par jour, ou à la rigueur tous les deux jours me semble un bon compromis: plus est lassant, moins n'est pas fidélisant. N'hésitez pas à "sauvegarder pour plus tard" les articles en rab', plutôt que de les publier tous en même temps.
- Faites vous mousser.
Il ne faut pas hésiter à se jeter des fleurs: success brings success. N'hésitez pas à faire un article pour dire qu'un article (sur la toile ou mieux, en papier) a parlé d'un de vos articles (ou de votre blog en général).
Mentionnez vos stats ou vos classements, s'ils sont bons.
Utiliser son blog pour parler de son blog, il n'y a que ça de vrai, mais même au détour d'un article qui n'a rien à voir, ça ne mange pas de pain: quand vous êtes influent ou sur le point de le devenir, il faut que ça se sache, et on vous croira sur parole: à part les maniaques susmentionnés, qui s'intéressera réellement aux chiffres et études dont vous parlez?
Si vous êtes allé au bout de ce pensum et que grâce à lui vous accédez au succès, soyez sympas, faites un geste pour moi. Je suis pour ma part trop vélléitaire...