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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 13:55

Eh ouais, le syndrome Poulidor a encore frappé. Pour la 3ème fois en 5 auditions, je termine sur le podium, 2ème une 2ème fois.

 

Alors, rien de scandaleusement scandaleux, on n'est pas dans un cas où je me suis fait passer devant par quelqu'un avec 0 publis et pour seul atout d'être pote avec la moitié de la commission.

Ou plutôt, ce fut un scandaleux un poil plus subtil.

 

Car il me semble que, quand le lendemain de l'audition, la présidente de la commission s'excuse à moitié en te voyant, quand un des membres extérieurs se fend d'un coup de fil au chef pour expliquer que si le labo continue à faire de la merde comme ça, ils peuvent se passer de faire venir des extérieurs, quand même la directrice de labo, un rien confuse, déclare qu'il serait bon d'envisager de faire quelque chose pour toi, ce sont autant de signes forts que oui, tu t'es fait baiser la gueule.

 

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Largement en tête au premier tour de vote lors des délibérations (il me manquait une voix pour la majorité absolue et passer au premier tour), je me suis retrouvé à égalité au second tour, et, après 4h de discussions intenses, j'ai été victime d'un coup de couteau dans le dos de la part d'un tout petit mec faux derche comme j'avais rarement vu.

Que ce gars là ne puisse pas me saquer ou veuille faire une crasse à l'équipe chez qui je présentais, why not. Mais je ne comprends pas pourquoi il se la joue pote avec moi en venant me tchatcher dans le bureau dès mon arrivée (alors que je ne savais même pas qui c'était), allant jusqu'à me donner des conseils pour l'audition il y a trois semaines (que je n'écoutais que d'une oreille puisqu'on m'avait annoncé que c'était un faux cul, et que de plus, au bout d'un moment, les conseils ça va bien), et allant jusqu'à me dire juste après l'audition dans le cadre d'une pause clope que ce que j'avais fait était hachement bien.

Monsieur Connard a donc osé balancer qu'il ne se sentait pas de bosser avec moi et qu'il préférerait l'autre candidate. Alors, c'est son choix même si étant là depuis à peine six semaines et enchaînant auditions sur auditions, il pourrait difficilement prétendre me connaître, humainement et scientifiquement. Et vu qu'il ne branle rien de toute façon et qu'aucun de nous deux n'avait mentionné son existence lors de nos présentations, l'argument était faible. Oui, mais il était 19h, l'ambiance au labo est connue comme être un peu fraîche et deux membres extérieurs qui voulaient se barrer et ne pas en rajouter ont donc changé d'avis.

End of the story.

 

Je crois que le pire, c'est que je suis le seul candidat ayant fait vraiment consensus, à savoir le seul pour lequel tous les membres du jury (même ceux qui n'ont pas voté pour moi) se sont accordés à dire que j'avais un bon dossier, un projet solide, que j'avais fait une bonne audition et bien répondu aux questions, "honnête mais positif". 

J'étais vraiment satisfait en sortant, et apparemment j'avais bien réussi à éviter l'écueil toujours possible du "lui il est bon, mais il se la pète". 

Personne n'a avancé un argument négatif à mon encontre au cours de 4h de délibérations, hormis, si on veut, El Connardo à 18h30.

Ca a l'air con comme ça, mais j'ai peut-être été "victime" d'une trop bonne candidature. Ca a l'air très con, et ça l'est, mais je vous explique: quand tu fais consensus, personne ne parle de toi pendant la délibération. Parce que quand ton nom arrive tout le monde dit "ah ben c'était vraiment bien, rien à dire". Et on passe, pour s'attarder et se prendre le bec sur les autres candidats. Du coup, quand vient le moment du vote, on t'a un peu oublié, et de plus personne n'a jamais suffisamment de burnes pour dire "bon, s'il est le seul à avoir convaincu tout le monde, pourquoi on s'emmerde?". Je crois que si les commissions ne passent pas 4h à se prendre le chou elles ont l'impression de ne pas avoir fait leur boulot correctement.

 

Au bout du compte, j'ai donc fini par me faire niquer pour des histoires surtout internes, un certain nombre de membres internes de la commission ayant en commun de ne pas pouvoir saquer ma boss, pour des raisons contextuelles (elle a une grande gueule), historiques (elle fait partie de l'héritage PGG, parti du labo en assez mauvais termes il y a 40 ans, chose que visiblement certains vieux de la vieille n'ont pas encore digéré*), et un rien de jalousie aussi (sans être une superstar, elle est plus reconnue internationalement que la grande majorité des autres vieux du labo).

Les extérieurs, eux, m'étaient apparemment majoritairement favorables.

La candidate retenue n'a rien d'une grosse buse, mais elle a suscité des interrogations au point que la commission a hésité à classer 5ème, puis 4ème etc.

 

Il y a quelque chose de bizarre dans un royaume où on te classe deuxième une année, où l'année d'après devant la même commission tout le monde s'accorde à dire que tu as mûri, progressé, où tous les autres candidats ont eu des arguments à leur encontre, que ce soit au niveau du dossier, du projet, de l'audition ou des trois, et où tu ne finis pas premier malgré tout...

  

 

Aujourd'hui, 2ème audition où je suis allé un peu en free lance. J'ai encore quelques irritations au fondement, même si je peux m'asseoir à nouveau. De plus le poste me laisse un peu songeur, je ne sais pas vraiment si j'en rêve ou pas. Cela ne s'est pas mal passé, difficile d'en savoir plus car c'est une communauté différente de celle que je fréquente habituellement. Je ne suis pas sûr que mon exposé ait captivé toute la commission, même si les gens ont été courtois et si je pense avoir fait une prestation honorable. Ne pas l'avoir me permettrait de ne pas avoir à me poser de questions (c'est un équivalent du syndrome de Stockholm: pris en otage par les auditions, je ne les supporte plus mais je ne veux pas m'en séparer).

Fin de la campagne 2010 ce soir...

 

Reste à savoir ce que la directrice entendait par "faire quelque chose": si c'est appuyer ma candidature au CNRS l'an prochain, je pense que ça ne suffira pas pour me convaincre. Le labo n'a pas grande chance de recruter, et je sais que même s'il m'appuie, il présentera sûrement d'autres candidats brillants.

Comme l'équipe avec qui je travaille commence à manquer de bras (permanents ou semi-permanents), si le labo me propose un contrat "jeune chercheur", ces postes sur projets de 3 ans renouvelables avec un salaire de CR1, on pourra discuter.

Ca laisse le temps de voir venir et d'avoir la commission CNRS à l'usure...

 

Wait and see donc, mais hier j'étais prêt à aller voir si Saint-Gobain aurait pas une petite place pour moi. 

Parce que j'étais un petit jeune qui n'en veut, je suis maintenant un moins jeune désabusé, je ne voudrais pas finir en vieil aigri avant l'heure.

 

 

 

 

* pour ceux qui croient que la Science c'est le monde des bisounours: eh bien non. Les rancunes sont tenaces, et comme les carrières se font surtout grâce aux cerveaux, les guerres d'ego sont légions. C'est un peu comme le sport de haut niveau: il y a ceux qui acceptent l'idée qu'aussi balèze que tu sois, il y a de bonnes chances que tu finisses par affronter quelqu'un d'encore plus balèze. Et d'autres, la majorité, qui ne l'acceptent jamais.

Chez certains, ça pousse au dépassement. Chez d'autres, ça transforme en petite merde aigrie.

Par exemple, dans mon ex labo de thèse, le directeur du labo et d'autres permanents ne pouvait pas blairer mon directeur de thèse: ils le trouvaient nul, et l'idée qu'il obtienne l'immense majorité des financements et des étudiants du labo leur était proprement insupportable.

Certains se seraient remis en question (après tout, si un mec attire le blé et les thésards depuis dix ans, il n'est peut-être pas si nul), mais pas eux: le pire c'est qu'ils transmettaient leur haine sur ses étudiants. Si tu bossais pour lui, tu étais forcément une burne indigne. Au mieux, ils te manifestaient une indifférence polie, si tu étais discret et qu'ils te considéraient comme un médiocre parmi les nazes. Au pire, un mépris ironique pas trop dissimulé.

J'ai jamais vraiment compris, mais ce comportement de gamins prépubères, on le retrouve dans quasiment tous les labos français où je suis passé (un peu moins aux US où le chacun pour sa gueule et la culture de la gagne sont suffisamment bien ancrés dans les esprits pour que les permanents ne se fassent pas trop chier entre eux).

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commentaires

J
<br /> <br /> On s'est tous fait avoir par un blaireau de ce genre en commission Mix, moi c'était au CNRS, ma chance a été de pouvoir candidater sur 2 sections... Faut s'y faire même si le sentiment<br /> d'injustice est terrible, je l'ai vécu, je sais tres bien ce que l'on ressent, c'est pas de la haine mais presque, car là tu joues une carrière et une partie de ta vie que des mecs peuvent te<br /> gacher en 5 minute sur des critères qui n'ont plus rien de scientifique. Oublie et tente ta chance l'année prochaine, ca finira par passer étant donné tes classements, c'est celà qui est<br /> important...<br /> <br /> <br /> A+<br /> <br /> <br /> J<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Les vacances dans un endroit bien recule aident a faire passer la pilule...<br /> <br /> <br /> Apparemment il y a une proba non nulle que l'autre poste se libere (le 1er est un "provincial" classe 1er dans un poste dans sa ville). C'est un poste un peu special, pas forcement le poste de<br /> mes reves a priori, mais apres tout l'autre ne l'etait pas non plus et il presente certains attraits non negligeables. Et puis un poste, je me dis que c'est surtout ce qu'on en fait...<br /> <br /> <br /> Wait and see, les resultats dans deux semaines...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Je crois qu'on a tous des expériences de ce genre à raconter (et à ma connaissance, je dois toujours détenir le record absolu d'auditions en Franbce, du genre 25 ou 26 en 6 ans; ainsi que de<br /> classement en second, probablement 15 ou 16 je sais plus). Assez souvent avec le même genre d'histoires, occasionellement entrainant le même genre de mini-crises (y compris une retentissante<br /> démission d'un responsable de formation le lendemain de l'audition...). Vu que je suis maintenant passé du coté obscur, je m'abstiendrait de t'abreuver des paroles lénifiantes de consolation<br /> ("t'en fais pas ça finira bien par marcher") qui sont de rigueur dans ce cas là, mais bon... disons que le coeur y st quand même.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Oui, la legende urbaine dit que les infos circulent, et que l'effet memoire finit par jouer en faveur du Poulidor de service, au bout d'un moment. A mon avis, c'est peut etre vrai au CNRS ou la<br /> commission est nationale et reste la meme 4 ans, mais pour les auditions MdC, ou les membres changent souvent partiellement d'une annee sur l'autre et ou de toute facon il y a peu de chance que<br /> des postes s'ouvrent 3 annees de suite dans le meme labo, les facteurs internes arrivent toujours avant et ont beaucoup plus de poids.<br /> <br /> <br /> Bref, j'ai l'impression assez marquee que rien n'empeche ce genre d'histoires de m'arriver ailleurs, l'an prochain (meme si je n'aurai peut etre pas autant de details).<br /> <br /> <br /> D'ou pas tres envie de remettre ca si je peux m'en passer.<br /> <br /> <br /> On verra bien, merci pour les paroles de reconfort, c'est pas grand chose mais c'est deja mieux que les faux derches qui osent plus regarder autre chose que leurs pieds quand ils ont pas d autre<br /> choix que te croiser...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Ça me rappelle que l'année où j'ai passé les concours, mon rapporteur avait au total 5 papiers publiés en 25 ans. Alors certes ce brave garçon doit s'ennuyer ferme mais on en arrive à une<br /> situation totalement grotesque où on est évalués par des bras cassés. C'est dans ces rares cas que je me dis qu'un processus de tenure comme aux USA serait pas mal pour éjecter ceux qui occupent<br /> une place en produisant rien alors que cette place serait mieux entre les main d'un jeune qui publie (ou d'un vieux, mais de quelqu'un qui fait quelque chose).<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> C'est mauvais pour ton karma de te faire du mal comme ça mec...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ca permettra peut-être à deux-trois naïfs de savoir à quoi s'en tenir.<br /> <br /> <br /> Les mecs frustrés d'être mauvais ou d'être tombés dans un labo qui leur convenait pas et qui se vengent en devenant des petits caïds de commission plein d'avis tranchés sur des candidats presque<br /> tous largement plus brillants qu'eux, c'est pas une rareté dans le milieu.<br /> <br /> <br /> Enfin ouais, je devrais passer à autre chose, je pense y être pas trop mal arrivé, mais ça restera quand même plus longtemps une scar que celle de la valve (cherchez pas à comprendre)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Au fait, je passe par ton boulot tout à l'heure discuter avec mon ex-boss. J'y suis vers 18h, le temps de discuter, si tu finis ta journée vers 19h...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Ca fait quand même chier de s'être fait baiser en partie (grande? pas sûr, mais pas négligeable en tout cas) par un gars qui a écrit 9 papiers depuis 1995 - 2 (dont un en xième auteur)<br /> depuis 2005...<br /> <br /> <br /> En 4 ans, sans être un foudre, j'ai quasiment le même dossier publi que lui, et ça donne des leçons...<br /> <br /> <br /> <br />
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