Tout est dans le titre...
J'ai attendu presque 31 ans pour me rendre dans un Ikea: ça ne m'avait pas manqué et j'espère bien tenir au moins aussi longtemps avant la prochaine visite.
Beaucoup de choses ont déjà été dites sur ces enseignes, donc voila en résumé mon point de vue: c'est un peu le McDo du mobilier.
Comme le McDo, ça présente l'avantage d'être "pratique" et "rassurant".
Mais c'est surtout un univers aseptisé qui fait qu'on bouffe tous pareil (ou qu'on a tous les mêmes meubles) de Cleveland à Oslo, en passant par Tokyo et Paris.
C'est aussi un rapport qualité-prix qui n'impressionne que les gogos, qui ne se rendent pas compte que pour 10 euros, ils ont bouffé 50g de vache en fin de vie et une demi patate, ou que pour 60, leur bibliothèque est de la sciure de pin compactée recouverte d'un vernis qui s'écaille rien qu'en le regardant.
Mais bon, autant je peux éviter les McDo (sauf parfois les lendemains de cuite car j'ai des pulsions), autant je n'ai pas encore les moyens de meubler entièrement un appartement en allant me fournir dans des endroits plus cossus, Roche Bobois ou même plus prosaïquement Habitat ou le BHV. Un meuble par-ci par-là, c'est gérable, mais là nous avons besoin de trop de choses après avoir passé 2 ans à l'étranger et un an dans un meublé. Dommage, parce que, quand on peut (hélas on ne peut pas toujours), il faut souvent mieux payer 50% plus cher et avoir un truc qui tient le coup plutôt que d'acheter une merde obsolète au bout de six mois. Mais c'est le grand principe théorisé récemment sous le nom de low-cost: moins tu peux payer, plus tu payes, en fait.
Alors, nous voila partis pour une balade en bord de nationale entre Choisy-le-Roi et Thiais (jolies petites bourgades, qui symbolisent bien cet idiome banlieusard qui veut qu'on y ait tous les inconvénients de la capitale sans les avantages), avant d'arriver dans un mall "à l'américaine", fleurs en plastique et couleurs criardes incluses.
Chez Ikea, on sent que tout a été pensé au maximum pour vous décérébrer: du circuit imposé jusqu'au à la livraison des meubles en passant par la commande.
Pour éviter de passer en plus du reste 2h dans les embouteillages et d'enchaîner par un lumbago, et parce que ça on pouvait se le permettre, on avait décidé de se faire livrer: comme chaque vendeur s'occupe de son petit bout de rayon, il faut ouvrir un bon de livraison et enregistrer ses achats au fur et à mesure, en passant chaque fois au stand accueil, avec retour en arrière si, finalement, tu te décides à prendre les quatre chaises "best°ùburs" alors que tu es déjà au rayon cuisine. Normalement, à la fin de ta session, tu as fait trois ou quatre fois le tour du circuit.
Et, de même qu'au McDo c'est toi qui t'amène ton plateau et débarrasse, tu dois ici aller récupérer la moitié des meubles sous forme de cartons au libre-service, avant de les amener toi-même au service livraison.
Je pense que la prochaine étape dans le "le client paye pour un service, on le lui fait faire, et en plus il est content", ça sera de te faire charger toi-même le camion. Et puis après on te le fera conduire.
Bref, 5h de bonheur, un tiers de salaire mensuel chacun dans les dents, et 24h pour m'en remettre.
Ah, et on m'a appelé hier pour me dire qu'il y avait un petit problème concernant la livraison, mais je m'y attendais...
Enfin, d'ici quelques semaines après des sessions puzzles géants 3D que j'imagine déjà passionnantes, notre appart' ressemblera enfin à un lieu de vie, et ça ira mieux.