Il n'y a pas grand chose qui m'horripile plus que le tutoiement intempestif, surtout s'il est accompagné de l'appellation "jeune homme", de la part de personnes que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam.
J'imagine que "jeune homme" est plutôt plus agréable que "vieux con", mais j'y vois un certain mépris finalement pas si différent même si plus bonhomme. Surtout quand la personne qui m'appelle ainsi est visiblement (beaucoup) plus jeune que moi.
Exemple classique: le jeune engagé avec son k-way Médecins du Monde, Croix-Rouge ou SPA qui se jette à moitié sur moi (malgré mes efforts visibles pour ne pas croiser son regard) en beuglant "Hey jeune homme, t'as 2 minutes?" (je pense alors toujours au "t'as pas 100 balles" de Desproges qui répondait "ouais mon pote, j'ai 100 balles et je les garde")*.
Il paraît que Twitter va peut-être tuer le vouvoiement. Il est vrai qu'il m'arrive sur ce site, assez spontanément, de tutoyer des "collègues" que je n'ai pourtant jamais vus IRL.
Mais désolé, si cela s'étend, le vieux conservateur bourgeois misanthrope bien éveillé en moi ne pourra que le regretter.
J'aime bien qu'un inconnu, qu'il soit plus jeune ou plus vieux, m'appelle Monsieur et me vouvoie, par défaut. Rien à voir avec une question de hiérarchie ou d'arrogance, mais une marque de respect réciproque que la langue française permet.
Pas si différente que dire bonjour quand on croise quelqu'un dans un couloir ou qu'on se retrouve coincé avec un inconnu dans un ascenceur.
En ce qui concerne la hiérarchie, je n'ai rien contre le tutoiement "librement consenti" (et je consens assez vite à ce qu'un étudiant me tutoie, ou à tutoyer un directeur de laboratoire ou un collègue plus âgé s'il me le demande), mais vouvoyer quelqu'un tant qu'il ne me demande pas explicitement de le tutoyer ne me pose aucun problème. Je vouvoie encore mon ancienne directrice de stage de DEA, chez qui j'ai pourtant passé 1 an de post-doc et avec qui j'ai désormais un projet ANR en cours...
* cela ne concerne peut-être que moi, mais il y aurait beaucoup plus de chances que je m'arrête si on me disait "Bonjour Monsieur, auriez-vous s'il vous plaît par le plus grand des hasards deux minutes à me consacrer?". Encore que, bon... la "charité" reste une affaire privée et je n'aime pas qu'on me force la main en me disant à qui je dois donner et quand.