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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 10:00

Faidherbe-Chaligny, à cheval entre le 11ème et le 12ème arrondissement est, de façon un peu inexplicable, l'un des coins de la capitale présentant le plus de restos "connus" (et potentiellement intéressants) au mètre carré.

 

Dans le premier épisode, j'avais parlé de deux "bistrots", l'un archi-recommandé et pour CSP+, le bistrot Paul Bert dans la rue du même nom, l'autre plus dans son jus rue de Montreuil, la Ravigote.

Dans le deuxième épisode, j'avais évoqué deux autres tenants de la cuisine française, un bistrot "marketing" finalement pas mal, le Petit Panisse, et un semi-gastro à la cuisine de qualité mais au rapport qualité-prix douteux et au service, le soir de notre visite, tout simplement désastreux, le Tintilou.

 

Dans cet article, nous allons passer à la cuisine d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie) et d'Afrique Orientale (Ethiopie).

 

 

Le quartier n'a pas encore été totalement colonisé par les branleurs aux revenus confortables (à défaut d'être mirifiques) dans mon genre, qui vont acheter leurs croissants à la pâtisserie Lignac.

Il y a encore, notamment sur le Faubourg Saint-Antoine et jusqu'au marché d'Aligre, ou de l'autre côté lorsqu'on se déplace vers Nation, une vie populaire avec des échoppes, bars, troquets ou brasseries tenus par des auvergnats, surtout ceux dont parle Hortefeux (plat du jour: couscous, et population de chibanis qui passent leurs journées à taper le carton en buvant des cafés forts), mais les autres aussi (plutôt aveyronnais en fait).

 

Parmi ces échoppes, je peux citer rapidement la pâtisserie algérienne La Bague de Kenza, 173 rue du Faubourg Saint-Antoine, 11ème (site web), qui fait partie d'une mini-chaîne (5 ou 6 dans Paris) et propose des pâtisseries aussi appétissantes que saturées en glucides et en lipides. Fait aussi cafétaria avec des parts de pizzas (version Maghreb), chaussons à la viande, briks, kesra etc. C'est un peu cher (2€ pièce les pâtisseries je crois).

Meilleur marché (plutôt autour d'1€50 la pâtisserie maousse), familial, et m'a-t-il semblé de qualité largement équivalente, je conseille donc plutôt la boutique, algérienne aussi, d'Amira, 17 rue d'Aligre, 12ème. C'est dans cette rue que se tient tous les jours le marché d'Aligre, plutôt bon marché et de qualité lui aussi (au bout de la rue, le marché couvert  Beauvau sur la place est réservé aux échoppes plus luxueuses).

 

 

C'est aussi à Faidherbe-Chaligny qu'on trouve l'un des restaurants marocains les plus réputés de Paris depuis 30 ans, la Mansouria, 11 rue Faidherbe, 11ème (site web). Cela est sans doute largement du à la personnalité de Fatema Hal, chef et propriétaire, mais aussi universitaire, conférencière, engagée en politique, écrivain (je me suis d'ailleurs rendu compte que feue ma grand-mère avait un de ses bouquins chez elle) etc. Bref, une personnalité parisienne: bib gourmand et deux couverts au Michelin, 1 petit article du copain Pudlo par an...

Ici et là, on semble quand même lire, de la part de clients lambda, que le restaurant vit sur le nom de sa propriétaire, plus souvent à Washington ou Dubaï que dans ses cuisines, et sur ses acquis depuis au moins quelques années.

Je ne suis pas suffisamment spécialiste pour porter un jugement clair et définitif sur la question, mais le menu à 36€ m'a paru un peu surcôté. A ce prix là, pour 2 personnes, on partage 8 entrées (zaalook, R’ghaïf, confiture de tomates, salade de poivrons, salade de carottes, salade de pois chiche, salade aux herbes et purée de fêves), à manger seules ou avec une très bonne kesra. C'est tout de même assez copieux, c'est excellent dans l'ensemble, un très bon début et en fait le meilleur moment du repas. Les plats de résistance m'ont en effet moins emballé, que ce soit le couscous agneau ou le tagine agneau-aubergines-citron confit. Oh, qu'on ne se méprenne pas, c'est très correct, mais je n'ai pas vibré plus que ça. Le bouillon comme la viande ne sont pas des plus goûtus, la semoule est un poil agglomérée. Le tagine aussi pourrait être plus parfumé. On peut d'ailleurs dire la même chose des pâtisseries, qui, si elles sont fraîches (c'est loin d'être toujours le cas à Paris), manquent un peu de saveur.

A part ça, rien à redire sur le service, agréable même si pas hyper organisé. C'est très grand, un peu sombre, avec plusieurs salles, les tables sont relativement espacées, et je pense qu'on peut trouver de la place à peu près n'importe quand sans réservation. 

Si les petites entrées en format dégustation sont délicieuses et à découvrir, les couscous et tagines (environ 20€ à la carte) ne me semblent pas justifier le prix du menu ou à la carte les 5€ (voire 7 ou 8) de différence avec ce qu'on peut trouver ailleurs

 

Signalons, juste à côté sur la droite (au 11 bis ou au 13, les deux communiquent), Mansou à Emporter, la version traiteur/à emporter avec aussi 4-5 chaises pour manger sur place. Formule à 7€50 avec un sandwich boisson pâtisserie, 10€50 avec un tagine du jour. Les sandwiches ont une bonne gueule (5-6€ seuls), j'ai goûté le "Mansou Burger" (6€90 seul), boulette de poulet aux herbes et épices, oignons confits, roquette, et tomate. Il n'est pas fait "à la minute", mais il est frais et excellent (pas tout à fait assez réchauffé toutefois). Ca change, c'est pas mal.

 

 

 

On se déplace à l'est, dans le quartier et sur la carte, direction l'Ethiopie, avec le Négus, 52 rue de Montreuil, 11ème (150m après le Tintilou en allant du côté de Nation, de l'autre côté de la rue; site web en construction).

La gastronomie éthiopienne est peu représentée à Paris (d'après mes recherches, pas plus d'une douzaine de restaurants, dont une bonne partie dans le 11ème, le plus connu étant probablement Godjo, rue de l'Ecole Polytechnique dans le 5ème).

La façade ne paye pas de mine et même ne semble guère plus engageante qu'un kebab lambda, à vrai dire la première fois on est même passé devant sans s'arrêter. Quand on rentre, cela a l'air minuscule mais il y a en fait une salle relativement spacieuse au fond, on doit pouvoir compter une quarantaine de couverts. L'intérieur est largement plus agréable que l'extérieur, avec au mur des photos du pays et de ses habitants, des cartes etc. 

Le restaurant est tenu par un couple, madame visiblement seule en cuisine, monsieur seul au service. Monsieur est commerçant (un assortiment de légumes et deux verres de digestifs offerts lors de notre première visite), sympathique, et pédagogue (il donne même des "conférences" sur l'histoire éthiopienne dans son restaurant, le samedi). 

Je manque encore une fois de référents et de moyens de comparaison, mais j'ai apprécié mes deux visites au-delà de mes attentes.

Lors de la première, le patron nous a expliqué sa carte en détails. Il nous a conseillé de prendre la formule "découverte", soit pour 17€50 par personne un assortiment de différents plats et légumes typiques, parmi lesquels du ragoût de boeuf épicé, du ragoût non épicé, du poulet avec une sauce elle aussi épicée, des épinards, des pois chiches, oignons, oeuf dur... Tout est apporté dans un plat unique, dans lequel on mange avec les doigts, ou plutôt à l'aide d'une galette, à la texture de crêpe épaisse (c'est mou) et au goût un peu amer mais pas désagréable du tout. Que l'on soit deux ou quatre, le plat est quasi-identique, c'est donc très copieux à deux, un peu moins à quatre (à moins que nous ayions eu droit à un traitement de faveur lors de notre première visite en couple).

Il est d'ailleurs de tradition, lors de la première visite dans ce resto, que ce soit le patron qui vous donne la première bouchée ou la becquée (en Ethiopie, lors d'un repas traditionnel, le mari donne la première bouchée à sa femme). Ca peut surprendre, donc autant prévenir (je pense par exemple que mon frère, un rien hypocondriaque et hygiéniste, se barrerait à ce moment là, même si le patron ramène pour tout le monde un peu de gel hydroalcoolique).

En entrée la première fois, nous avions pris de la purée de lentilles avec de la moutarde, du citron et des piments (azifa, 6€50), là aussi à manger avec la galette. Ce n'est pas mauvais, assez voisin du houmous mais plus relevé. Cela dit, la gamelle à partager est bien copieuse et on peut donc faire largement sans entrée (ce que nous fîmes la deuxième fois).

La cuisine éthiopienne est apparemment traditionnellement très relevée, mais les plats servis ici, même ceux épicés, sont en version occidentalisée (le patron nous a dit que c'était "pour que les clients reviennent"). 

A la carte, d'autres choses sont tentantes, comme le "tartare éthiopien". Les plats sont entre 14 et 18€ environ.

En desserts, soit une salade de mangues à la cannelle (dans les 5-6€), fraîche mais un peu chiche, soit un gâteau au chocolat qui n'a probablement rien d'éthiopien mais qui est fait maison néanmoins. 

On ne vient pas pour la carte des vins, la bière éthiopienne à 5€50 est assez chère pour une lager on ne peut plus classique, mais ça se boit bien.

Et puis il y a la cérémonie du café, qui n'est pas très fort mais servi dans une belle cafetière et avec de l'encens un peu entêtant. Sinon, il arrive que le patron offre un petit (pas si petit d'ailleurs) verre de rhum pour conclure.

Bon, ce n'est pas donné finalement (1 plat, 1 dessert à la mangue, 2 bières et 1 café et on est proche des 40€), mais c'est un endroit agréable tenu par des gens sympathiques qui aiment leur métier et leur culture. On y mange bien, des choses qui sortent de l'ordinaire. Je pourrais largement envisager d'y aller 5-6 fois dans l'année (si c'est le cas j'aurai probablement épuisé la carte) et je suis toujours content de découvrir ce genre d'adresses.

 

 

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commentaires

J
<br /> Rien à voir directement avec le sujet, mais une info du dimanche : http://www.rtbf.be/info/societe/detail_prendre-votre-plat-en-photo-pas-dans-mon-resto?id=8202180<br />
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M
<br /> <br /> J'avais vu passer ça... je peux comprendre le point de vue de certains restaurateurs, mais dommage d'en arriver là. Quand je vais dans un grand resto, j'aime bien prendre des photos des plats,<br /> rapidement, juste pour le "souvenir" (sans flash, avec un vrai appareil, sans mettre sur instagram, ça prend 2s), de même qu'on prend 2 ou 3 photos de nous deux aussi...<br /> <br /> <br /> Mais bon, quand ça va trop loin, on en vient à interdire...<br /> <br /> <br /> <br />