Un article qui dénonce, un peu dans l'esprit de Presse qui roule (Florent Pagny grande époque).
Tel le mammouth C. Allègre*, ce visionnaire, je voudrais m'insurger contre une certaine frange de l'ecobusiness.
Plus particulièrement, contre cette nouvelle mode, visiblement bien généralisée pendant mes deux années à l'étranger, qui consiste dans les supermarchés et autres enseignes, à ne plus vous donner de sacs plastiques, mais à vous les vendre.
Alors, certes, les sacs plastiques, c'est mal, c'est caca, c'est pas développement durable.
Certes encore, je vois bien ce que la double incitation, consistant pour le consommateur à avoir à demander explicitement des sacs au caissier, puis à raquer, peut avoir de bénéfique pour remédier au moins partiellement à ce problème: ça pousse un peu les flambis dans mon genre, pleins de bonnes intentions mais pas forcément prompts à l'action, à penser plus facilement à prendre leur cabas, sac à dos ou sac réutilisable pour stocker leur PQ.
On évite ainsi les comportements caricaturaux à l'américaine, où le préposé au remplissage vous met les oeufs dans un sac, les viandes dans un autre, les légumes dans un troisième, les produits d'entretien dans un quatrième etc (comme si avoir déjà les courses bien rangées dans les sacs plastique vous dispensait d'avoir à les ranger chez vous), ce qui fait que vous vous retrouvez avec 8 sacs en main là où tout aurait pu sans forcer être casé en 3. Et donc, au bout de six mois, avec 3000 sacs plastiques roulés en boule dans le placard sous l'évier.
Alors ouais, peut-être bien que c'est la meilleure solution.
Mais tout de même, je ne peux pas m'empêcher d'être un peu agacé par ce gagnant-gagnant pour la grande distribution (mon côté gauchiste qui remonte).
Je m'explique:
Sachant que, jusqu'à nouvel ordre, on a quand même un peu besoin de sacs plastiques, pour stocker les déchets ménagers notamment, la grande distribution gagne sur tous les tableaux (le corollaire étant que le consommateur, lui, perd).
Les enseignes se la jouent défenseurs de l'environnement et se refont une petite virginité à peu de frais (hors ceux de communication): on ne fournit plus de sacs plastiques pour sauver la planète.
Et, parce qu'avoir le beurre c'est bien, mais son argent c'est mieux: ils en profitent pour se faire du pognon de tous les côtés:
- en achetant moins de sacs plastiques à leurs fournisseurs ou en en fabriquant moins eux-mêmes.
- en n'ayant pas, à ma connaissance, répercuté cette économie par une baisse des prix (prix qui comportaient une fraction représentant le coût des sacs plastiques).
- en nous les revendant (3 centimes le sac quand même). Parce que les donner, c'est contre leur politique de sauvegarde de la planète, mais si vous êtes prêts à payer, ils peuvent quand même vous dépanner.
- en nous vendant des sacs réutilisables tous plus moches les uns que les autres, et tous d'un beau vert pour bien montrer que c'est écolo sous le slogan "changeons le monde tous ensemble".
Voila, je crois que ça me fait autant gerber que les constructeurs automobiles qui nous expliquent que nous sommes des héros parce qu'on a acheté le dernier SUV, mais hybride...
* Claude Allègre, qui, le premier à gueuler comme un putois pour dénoncer l'incompétence et la corruption du GIEC à cause de "la" typo dans le rapport de 1000 pages, joue la vierge effarouchée quand le journaliste du Monde relève un bon paquet de boulettes dans son dernier bouquin de 100 pages écrit gros... boulettes allant parfois plus loin que la faute de frappe (cautions scientifiques inventées, interprétations contestables - et parfois contestées par leurs auteurs même - de travaux, etc).