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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 10:45

Je reprends ici le fil de mes billets "conseils aux candidats" (pour des postes de Maître de Conférences dans le cas présent): celui-ci sera basé sur quelques réflexions pratiques qui me sont venues à la suite de la première réunion de comité de sélection à laquelle je participais, servant à déterminer quels seront les candidats auditionnés.

 

Pour les premiers épisodes (avec certainement des redites), voir:

http://laviedemix.over-blog.com/article-conseils-aux-candidats-66722414.html

http://laviedemix.over-blog.com/article-conseils-aux-candidats-mcf-post-scriptum-101408959.html

 

Nous avons reçu 36 candidatures, chiffre assez classique toutes sections confondues d'après les discussions que j'ai pu avoir.

 

 

- Il faut savoir (ce qui n'est semble-t-il pas le cas d'un certain nombre de candidats) que le premier examen du dossier est effectué par la DRH (ou équivalent) de l'établissement de rattachement du poste, pour juger de la recevabilité du dossier: c'est une étape purement administrative pour vérifier que toutes les pièces telles que demandées au J.O. et sur Galaxie sont bien présentes dans le dossier. S'il manque quelque chose, le dossier n'est même pas transmis au comité de sélection, qui ne pourra rien faire pour vous.

Bref, dans notre cas, 32 candidatures étaient recevables (oui, déjà 4 éliminés sans rien faire, donc soyez vigilants...).

 

 

- Ce genre de chiffres me permet de suggérer qu'il ne sert à rien de postuler sur un poste où on est clairement hors-profil. Bon,tout est possible et on m'a reproché de décourager une étudiante du labo, mais il faut être un minimum réaliste: quand on a, disons, un profil typique "60" (section CNU mécanique, génie mécanique), on a peu de chances d'être recruté sur un poste "33" Chimie des Matériaux. En théorie, ce n'est pas impossible, mais en pratique et vu le nombre de candidatures, si le comité est un minimum cohérent, ça a peu de chances d'arriver.

Attention à ne pas trop s'auto-censurer non plus: il sera rare de candidater sur un profil de poste où tous les mots-clefs vous correspondront parfaitement...

 

 

- J'avais dit ailleurs, et je maintiens, qu'un "changement géographique" est largement moins important qu'un "changement thématique" en ce qui concerne le parcours scientifique du candidat.

En clair, partir à San Francisco n'est pas forcément un bon calcul si vous auriez pu faire la même chose à Toulouse: il est fondamental de ne pas refaire en post-doctorat la même chose qu'en thèse, et si partir à Harvard peut-être un plus, partir à l'étranger peut vous déservir d'un point de vue pratique (notamment les visites de labo etc).

 

Par contre, il y a des limites à la sédentarisation: pour prendre un exemple concret, le comité a eu du mal à réprimer un fou rire nerveux lorsqu'elle a eu à examiner un 5ème candidat ayant fait tout son cursus, de la licence au doctorat ainsi que les 3 années de post-doc et d'ATER, à Rouen, et qui venait enfin de se décider à partir six mois au Havre ou à Douai.

En plus du reste, cela n'incite pas à crédibiliser une candidature à Strasbourg ou Paris...* 

 

Bref, partir à l'étranger n'est pas obligatoire, mais il faut tout de même bouger un minimum en France. D'autant plus que dans les villes de province, même les grandes, il y a rarement beaucoup de labos différents sur une thématique donnée. Le nombre de publis est important, mais un comité sait que si vous êtes restés six ans sur le même sujet dans la même équipe, vous avez de grandes chances d'être productif: elle préférera entendre quelqu'un qui s'est "remis en question".

 

 

- Les dossiers sont ensuite répartis au sein du comité de sélection, chaque dossier devant être expertisé par deux rapporteurs. Un rapporteur peut donc se retrouver avec typiquement 5 dossiers à expertiser, voire plus.

Ainsi, la clarté du dossier est un élément majeur que le candidat doit prendre en considération. Ce "bien rédigé" qui semble un détail est un "élément de langage" qui ressort souvent lors de la commission...

Un dossier bien rédigé ne sauvera pas une candidature trop juste, et un dossier mal écrit ne sera pas forcément rhédibitoire si le candidat est exceptionnel... mais dans les cas un peu tangents (qui composent au bout du compte la majorité des auditionnés car il n'y a pas énormément de candidats qui sortent tant que ça du lot), il peut être bon d'impressionner favorablement le rapporteur, ce qui le poussera à défendre votre dossier en vue d'une audition.

 

Je pense notamment qu'un "résumé analytique" d'une ou deux pages regroupant toutes les informations nécessaires peut-être un sacré plus. Ce n'est pas nécessairement la même chose que le CV, qui lui peut être plus long et détaillé: j'y vois plutôt un document très centré sur les informations qu'on demandera au rapporteur pendant la commission. Donc, en gros:

Etat-civil

Titre, année et lieu d'obtention du master.

Idem avec la thèse, ainsi que le nom des directeurs de thèse.

Idem avec les activités post-doctorales.

Les activités d'enseignement: nombre d'heures, matières enseignées et genres d'enseignement (TPs, TDs, projets, cours, etc). 

Les publis: le nombre, le nombre en premier auteur ou en reprint auteur, le titre des journaux. Bien distinguer les "vrais" publis de celles "juste" soumises ou pire encore, en préparation, ainsi que des publis type "proceedings" ou dans des journaux franco-français.

Les congrès, en distinguant les présentations orales du reste.

Eventuellement quelques références ou contacts en recherche et enseignement.

Et quelques mots-clefs sur les compétences scientifiques, théoriques et ou expérimentales.

Cela permet au rapporteur de faire son rapport facilement et de ne pas passer 2h à tourner et retourner les pages du rapport pour trouver les informations, ce qui finit par énerver quand on en est au 5ème.

 

Il est bien de détailler ensuite un peu plus chacun de vos projets de recherche passés, mais n'en faites pas des tartines. Moins d'un recto-verso par projet, voire un recto pour les projets de faible durée, confidentiels ou en cours.

Idem pour l'enseignement.

 

Un dossier de 8 pages tout compris paraîtra léger, mais un dossier foutoir de 75 pages ne sera pas forcément bien perçu non plus... 

 

 

- Il est quasiment indispensable de contacter l'équipe d'accueil avant l'examen des dossiers. N'attendez pas d'être convoqués à l'audition (ou pas) pour les appeler... De même, il faut appeler le responsable enseignement si celui-ci est différent du responsable scientifique.

Je suis assez surpris de me rendre compte que seuls 1 petit tiers des candidats a accompli cette démarche. Et que certains candidats "solides" n'ont pas l'air de comprendre/savoir que c'est essentiel... 

 

Que dire?

Eh bien simplement: bonjour je suis machin, j'envisage de candidater au poste truc. Je souhaiterais vous rencontrer/visiter le laboratoire, cela fait-il partie de la politique du laboratoire? Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur le poste, les enseignements sont-ils déjà prévus, le recrutement est-il ouvert, faut-il préparer un projet de recherches/un projet d'enseignements? Etc

Il faut être prêt à se déplacer, soit avant soumission des dossiers soit avant l'audition, ou en cas d'impossibilité matérielle d'avoir un entretien téléphonique poussé pour lequel vous aurez longuement potassé vos questions.

 

Je ne vois pas quels reproches on peut vous faire d'avoir cherché à vous renseigner, même si laboratoire peut vous répondre que la politique est de ne rencontrer personne avant l'audition.

Encore une fois, un candidat excellent scientifiquement et sur le profil sera probablement repêché (mais cela pourra être retenu comme point négatif), mais cela peut s'avérer crucial, dans un cas comme dans l'autre, pour un candidat un peu borderline...

 

 

- Dans le même registre, à adapter suivant selon ce qu'on vous a raconté, il n'est je pense jamais mal de terminer par un "projet de recherches" (et d'enseignement) même basique dans le genre de celui que j'ai écrit ici: http://laviedemix.over-blog.com/article-le-mythe-du-projet-de-recherche-101556256.html

Si on vous en demande explicitement un détaillé, ça ne suffira pas et il faudra probablement prendre un contact approfondi avec la ou les équipes d'accueil.

Par contre, si on vous dit que ce n'est pas forcément nécessaire, qu'on reste vague en vous disant que ça "pourra être apprécié" ou même qu'on vous dit qu'il n'y en a pas besoin, personne, je pense, ne vous en vous en voudra d'avoir tenté de vous projeter, en 2-3 pages, dans le futur poste que vous serez peut-être appelé à occuper pendant 40 ans.

 

- Pensez aux détails pratiques: communiquez une adresse française (typiquement celle des parents) pour l'envoi éventuel de la convocation par recommandé... si vous avez plusieurs auditions et que vous êtes post-doc au Japon, il y a de bonnes chances que vous ne receviez jamais la dernière, par exemple.

 

 

 

De façon générale, le but est d'essayer de faciliter le plus possible la vie des rapporteurs, qui sont a priori ceux qui vous soutiendront le plus (car ils seront les seuls à avoir lu dans le détail votre dossier), et également la vôtre.

 

Dans quelques semaines, la deuxième partie: l'audition. Qui, dans le cas où le poste est ouvert, est souvent prédominante.

 

 

 

 

 

* Paris, de par le nombre d'instituts, labos, universités, centres de recherche etc, est un peu une exception à cette règle: on peut avoir un dossier crédible en n'étant jamais sorti de la région parisienne.

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commentaires

P
<br /> J'essaie en Angleterre mais c'est un peu le même problème qu'ailleurs, il y a très peu de postes en ce moment. Pour les Pays-Bas et l'Allemagne il n'y a virtuellement aucun poste. L'Allemagne<br /> fonctionne sur un système de post-docs à rallonge et il est rare d'avoir un poste permanent avant d'avoir la quarantaine. Après le problème est qu'il y a vraiment un gros besoin de main d'œuvre.<br /> Il reste d'ailleurs encore « relativement » facile d'avoir un post-doc.<br /> <br /> <br /> Une des solutions serait de limiter le nombre de nouveaux doctorants chaque année. Mais il faudrait que ce soit coordonné mondialement pour être vraiment efficace. Pour les promotions en France<br /> il faudrait aussi d'arrêter d'être obsédé par savoir combien de doctorants le candidat a eu, ce n'est pas très sain. J'ai un collègue qui commence à avoir l'âge de passer DR et qui ne se présente<br /> pas car il ne veut pas avoir d'étudiants (explicitement pour ne pas augmenter encore la pression) et qui scientifiquement est meilleur qu'une bonne partie des promus DR ces dernières années.<br /> D'ailleurs dans sa dernière évaluation CNRS, il a soigneusement justifié ce points. Réponse de la commission « Félicitations pour vos trvaux. Cependant, il faudrait que vous preniez des étudiants<br /> en thèse pour parfaire votre dossier » (je résume mais c'est l'idée). Si jamais j'ai un poste je pense m'astreindre à la discipline suivante : je finance autant de post-docs que j'ai d'anciens<br /> étudiants encore sur le marché. Les financements étant limités je ne pense pas pourvoir dépasser 1, ce qui me paraît raisonnable.<br />
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G
<br /> @Postdoc, il y a quand même une certaine irresponsabilité à plusieurs niveaux pour laisser autant de monde poursuivre dans une filière avec aussi peu de débouchés (50 pour un poste).<br /> <br /> <br /> Sinon ça donne quoi dans le reste de l'Europe? En astrophysique, il semble qu'il y a quelques postes en Angleterre<br /> (http://www.jobs.ac.uk/cgi-bin/search.cgi?y=15&keywords=astrophysics&x=8&show=100), aux Pays-Bas (http://www.sron.nl/jobs-mainmenu-2480.html#8) ou en Allemagne<br /> (http://www.mpg.de/115824/JobBoard?subject[]=a-ap), mais c'est pas folichon... Bonne chance quand même.<br />
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M
<br /> C'est semble-t-il l'année de la jeunesse, en tout cas pour les physico-chimistes. Hormis un poste réservé à un local, les 3 postes MCF dont j'ai eu les résultats pour l'instant ont classé 1er des<br /> candidats avec 6 mois, 1 an, et 1 an et 6 mois de post-doc respectivement.<br />
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P
<br /> Non, plutôt des titres du type “research associate”. Quelque part on peut voir ça comme un postdoc++. Mais c'est clairement off the tenure track. D'ailleurs la tendance à long terme va vers la<br /> diminution de ces postes en tenure track pour n'offrir plus que des postes précaires. La justification étant que les gens en tenure enseignent moins que des lecturers, et font moins de recherche<br /> que des gens sans tenure, tout en étant payés beaucoup plus (et donc c'est difficile à justifier auprès du contribuable et/ou au niveau des frais de scolarité).<br />
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M
<br /> En gros les vieilles lunes ultra-libérales comme quoi si tu chies dans ton froc tous les matins en allant en boulot tu donnes le meilleur de toi-même. Ce qui est peut-être vrai jusqu'à ce que tu<br /> fasses un burn-out ou te jette sous un camion quand tu te rends compte de ta vie de merde. Il paraît que les gens heureux au boulot bossent bien aussi (je crois que c'est comme ça que google se<br /> vend).<br /> <br /> <br />
P
<br /> @Aisling. Je connais pas mal de gens qui vivent en pratique depuis toujours pour ainsi sur des grants. Ils ont 40 ans et ne veulent pas partir pour des raisons personnelles. L'université leur<br /> fournit un bureau et une affiliation, à eux de se payer. Je ne sais pas comment ils arrivent à survivre à ce stress. Surtout ces derniers temps avec une pression qui devient monstrueuse ça dvient<br /> très difficle d'avoir des bourses. D'ailleurs je me demande comment les universités vont faire pour la tenure vu que le critère c'est de ramener à peu près son salaire en overheads (donc il faut<br /> ramener pas moins de 100k$/an en moyenne). Ça me paraît vraiment difficile dans les conditions actuelles.<br />
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M
<br /> <br /> J'ignorais l'existence de ces postes, sont-ils appelés "prof assistant" également?<br /> <br /> <br /> Cela doit être extrêmement dur dans la mesure où un grand nombre de grants ne permettent pas ce "paiement supplémentaire"...<br /> <br /> <br /> Je connaissais l'existence de poste de "researchers", un peu l'équivalent de nos ingénieurs de recherche, plus ou moins permanents tant qu'on a des sous pour les payer sur des programmes (c'est à<br /> dire de moins en moins)<br /> <br /> <br /> <br />