5 novembre 2009
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22:32
Un beau jour, un très bon groupe de rock, qui jusque là se contentait d'écrire de bonnes chansons, parfois "engagées" mais à un degré raisonnable, s'est mis à avoir un succès tel qu'une melonite aigüe s'est emparée d'eux. Enfin, surtout de leur chanteur (et un peu du guitariste aussi).
Depuis, on ne peut pas dire que leurs productions musicales soient vraiment intéressantes, même s'ils restent capables de sortir une chanson potable de temps à autre. Leurs productions scéniques sont elles assez lamentables d'un point de vue musical - le chanteur a désormais du mal à pousser-, même si le spectacle mégalomaniaque peut valoir le coup d'oeil.
Je leur pardonnerais bien volontiers leur médiocrité artistique actuelle, tant il est vrai que tout artiste connaît des pics de créativité et que dans le domaine du rock, ce pic se produit rarement à l'approche de la cinquantaine.
Oui mais voilà, je ne supporte pas ce côté prêcheur, artiste engagé. N'importe quel groupe de musique qui parle politique ou économie quand on lui demande de chanter a tendance à me gonfler. N'importe quelle pseudo-star qui vient montrer son émotion à tous les téléphages en chantant gratos pour la bonne cause tout en logeant, gratos aussi, au palace du coin me crispe. Je trouve que ces gens-là sont dans une position assez facile: quand on a beaucoup de pognon et de temps, donner un peu des deux* n'est pas bien difficile, et pour un grand nombre d'entre eux cela me semble simplement et avant tout un moyen facile d'étaler sa bonne conscience deux fois dans l'année pour plaire au public. Je préfère ceux qui agissent vraiment et ferment leur gueule, mais je crois qu'au bout du compte, je préfère même les égoïstes profonds qui eux aussi ferment leur gueule plutôt que ces semi-hypocrites suintants de mièvrerie.
Cela dit, ce connard dont chaque boucle d'oreilles vaut le budget de fonctionnement d'une ONG de taille respectable qui passe la moitié d'un concert à haranguer la populace, qui s'est fendue de tickets à prix prohibitifs dans l'espoir vain d'entendre de bonnes chansons, pour lui demander d'envoyer des textos à 10 dollars pour sauver le Malawi, pousse les choses à un extrême répugnant.
Outre le fait qu'économiquement et socialement, ce genre de démarches a une utilité contestée (voir par exemple les thèses de Dambisa Moyo), j'exècre cette posture de bon samaritain donneur de leçon, qu'elle soit hypocrite ou sincère.
Ce chansonnier fait couler des lingots d'or dans la piscine de sa villa au Cap-Ferrat, fait construire pour la tournée de son groupe la scène la plus grande et la plus chère jamais édifiée, fait partie d'un club de "rich and famous" dont le droit d'inscription annuel est de 25000$ etc etc.
S'il fait ça pour qu'on voit sa gueule à la télé, c'est insupportable de cynisme. S'il est sincère, il est complètement déconnecté de la réalité: ferme un peu ta gueule et va sur le terrain, si possible pas pour deux heures avec 40 journalistes et cameramen à tes basques, ou file ton pognon plutôt que de le foutre au fond de ta piscine et de chanter gratos - oh la belle âme- des chansons dont les bénéfices sont reversés à l'association " trouvons un petit nenfant noir pour les stars du show-biz dont le chihuahua est récemment décédé".
Vous connaissez peut-être pas la dernière: le groupe donne un concert gratuit à Berlin pour les 20 ans de la Chute du Mur. En partenariat avec MTV. Eh ben, vous savez quoi? Pour empêcher que ceux qui n'ont pas de ticket puissent y assister, ils vont...
...
construire un mur.
...
Et tout le monde lui suce la bite. Je vais aller vomir et relire Desproges.
Et puis après, je pars pour New-York où je vais voir Springsteen, un autre artiste engagé mais qui au moins semble se contenter de le faire hors de la scène, sans trop la ramener, et avec un côté un peu plus populo.
* et encore, le plus souvent ce n'est que du temps. Et pas du "vrai" temps sans contrepartie, non. Du temps pour l'enregistrement d'une émission télé, e.g. de la pub gratos.
Depuis, on ne peut pas dire que leurs productions musicales soient vraiment intéressantes, même s'ils restent capables de sortir une chanson potable de temps à autre. Leurs productions scéniques sont elles assez lamentables d'un point de vue musical - le chanteur a désormais du mal à pousser-, même si le spectacle mégalomaniaque peut valoir le coup d'oeil.
Je leur pardonnerais bien volontiers leur médiocrité artistique actuelle, tant il est vrai que tout artiste connaît des pics de créativité et que dans le domaine du rock, ce pic se produit rarement à l'approche de la cinquantaine.
Oui mais voilà, je ne supporte pas ce côté prêcheur, artiste engagé. N'importe quel groupe de musique qui parle politique ou économie quand on lui demande de chanter a tendance à me gonfler. N'importe quelle pseudo-star qui vient montrer son émotion à tous les téléphages en chantant gratos pour la bonne cause tout en logeant, gratos aussi, au palace du coin me crispe. Je trouve que ces gens-là sont dans une position assez facile: quand on a beaucoup de pognon et de temps, donner un peu des deux* n'est pas bien difficile, et pour un grand nombre d'entre eux cela me semble simplement et avant tout un moyen facile d'étaler sa bonne conscience deux fois dans l'année pour plaire au public. Je préfère ceux qui agissent vraiment et ferment leur gueule, mais je crois qu'au bout du compte, je préfère même les égoïstes profonds qui eux aussi ferment leur gueule plutôt que ces semi-hypocrites suintants de mièvrerie.
Cela dit, ce connard dont chaque boucle d'oreilles vaut le budget de fonctionnement d'une ONG de taille respectable qui passe la moitié d'un concert à haranguer la populace, qui s'est fendue de tickets à prix prohibitifs dans l'espoir vain d'entendre de bonnes chansons, pour lui demander d'envoyer des textos à 10 dollars pour sauver le Malawi, pousse les choses à un extrême répugnant.
Outre le fait qu'économiquement et socialement, ce genre de démarches a une utilité contestée (voir par exemple les thèses de Dambisa Moyo), j'exècre cette posture de bon samaritain donneur de leçon, qu'elle soit hypocrite ou sincère.
Ce chansonnier fait couler des lingots d'or dans la piscine de sa villa au Cap-Ferrat, fait construire pour la tournée de son groupe la scène la plus grande et la plus chère jamais édifiée, fait partie d'un club de "rich and famous" dont le droit d'inscription annuel est de 25000$ etc etc.
S'il fait ça pour qu'on voit sa gueule à la télé, c'est insupportable de cynisme. S'il est sincère, il est complètement déconnecté de la réalité: ferme un peu ta gueule et va sur le terrain, si possible pas pour deux heures avec 40 journalistes et cameramen à tes basques, ou file ton pognon plutôt que de le foutre au fond de ta piscine et de chanter gratos - oh la belle âme- des chansons dont les bénéfices sont reversés à l'association " trouvons un petit nenfant noir pour les stars du show-biz dont le chihuahua est récemment décédé".
Vous connaissez peut-être pas la dernière: le groupe donne un concert gratuit à Berlin pour les 20 ans de la Chute du Mur. En partenariat avec MTV. Eh ben, vous savez quoi? Pour empêcher que ceux qui n'ont pas de ticket puissent y assister, ils vont...
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construire un mur.
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Et tout le monde lui suce la bite. Je vais aller vomir et relire Desproges.
Et puis après, je pars pour New-York où je vais voir Springsteen, un autre artiste engagé mais qui au moins semble se contenter de le faire hors de la scène, sans trop la ramener, et avec un côté un peu plus populo.
* et encore, le plus souvent ce n'est que du temps. Et pas du "vrai" temps sans contrepartie, non. Du temps pour l'enregistrement d'une émission télé, e.g. de la pub gratos.