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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 14:54

Depuis 6 semaines, j'ai mis un peu d'argent sur un site de jeux en lignes (vous savez, ce truc pas très légal par chez nous), pour y faire un peu de poker avec un chouïa plus d'adrénaline que les parties pour du beurre que je faisais sur ce même site depuis quelques années.

 

Je pense être un petit joueur potable. Depuis qu'il est à la mode de se faire des parties entre potes, avec pour enjeu 5 euros ou une pizza, j'ai plutôt fait partie des gagnants, en France comme aux US.

Comme j'aime bien ce jeu, c'était aussi un moyen de se jauger un peu dans un contexte différent des soirées entre potes ou collègues.

 

 

J'ai placé 40 euros sur le site.

A la base je suis plus un joueur de "tournois", assez prudent, patient et porté sur le long terme. Mais pour cause de connexion internet pécrave qui me déconnectait une fois sur deux et me faisait perdre par paie automatique des blindes, je me suis mis au cash game, où à mon sens il faut être plus agressif, jouer plus de coups etc.

Je joue sur des parties de hold'em no limit à 6 cents la blinde, 10$ l'enchère max, où les joueurs jouent un peu mieux que sur les tables à 2 cents la blinde, et où de plus nous sommes moins nombreux, ce qui rend les choses plus aisées à maîtriser.

 

La bonne nouvelle, c'est que 6 semaines plus tard, je joue toujours avec ces 40 euros, le passe-temps ne s'avère donc pas, pour l'instant, trop coûteux, ce qui était mon objectif initial: je n'ai jamais pensé devenir millionnaire, mais je ne voulais pas que ça me coûte plus de 10-20 euros/mois.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'il y a deux semaines j'avais doublé mon capital (et que le rêve de millions commençait à prendre forme), et qu'aujourd'hui je n'ai plus que 20 euros...

 

Plusieurs raisons à cela: je suis devenu un peu trop confiant (le plus gros adversaire du joueur de poker est souvent son ego), et je l'ai jouée un peu trop facile.

Ce fut le début de ma chute.

Il se peut aussi que je sois comme je le pense meilleur en mode "tournoi" qu'en mode "cash game" (peu de joueurs pros excellent dans les deux, après tout).

Mais en tout cas, depuis ces premiers moments difficiles, je me suis calmé, je joue le plus souvent la règle sans trop m'enflammer, et je suis surtout victime d'une poisse globale que j'avais rarement connue pendant un tel laps de temps.

 

La poisse, au poker, ça se manifeste de plusieurs façons:

- Il y a les coups qui coûtent très chers parce que tu as la deuxième meilleure main possible et que la probabilité qu'un adversaire ait la meilleure est très faible (typiquement, couleur max contre full, brelan contre quinte etc). Et que la main a été jouée de telle sorte que tu n'y crois (n'y pense) pas une seconde (tu devrais).

- Il y a les coups qui coûtent très chers parce que ta main hautement favorite est battue par une river ou un flop qui fait mal au cul (typiquement, paire de dames payée par paire de 9 qui touche 5678 ou AA battu par KK qui touche un troisième K, ou encore brelan de 10 payé par deux paires qui touche son full. Voire plus simplement AK battu par A6 à cause d'un 6 à la river).

- Il y a les coups qui coûtent très chers parce que tu es planqué avec une main improbable, qu'un mec s'excite, que tu te dis que tu vas te gaver et qu'en fait il a une main encore plus improbable que la tienne (brelan de 7 contre brelan de 10).

- Il y a les coups qui coûtent chers parce qu'un adversaire paye quel que soit la relance pour un tirage absurde tant les probabilités sont minces, qu'il finit pourtant par trouver (couleur ou quinte à la river, etc).

- Il y a les coups qui ne coûtent pas très chers mais qui en s'accumulant finissent par faire du chiffre: toutes ces mains où tu relances avec AK et voit 567 au flop, toutes celles ou tu payes avec 78 de trèfle et voit venir AKQ de coeur.

- Et puis, il y a les coups qui ne rapportent malheureusement rien: les mains de ouf ou tu as beau checker pour appâter quelqu'un, tout le monde se couche (ce genre de mains peut même finir par te faire perdre de l'argent quand ta victime finit par obtenir une main encore meilleure que la tienne à force de checks gratuits).

 

Ces derniers jours, j'ai connu tout ça.

Je n'ai rien pu faire de beaucoup de mes très grosses mains (deux carrés m'ont rapporté au total 20 cents). Et j'ai perdu gros, de l'ordre de 5 euros par coup, dans une petite dizaine de mains proches des exemples décrits plus hauts, qui m'ont toutes été défavorables.

Du coup, j'ai perdu confiance, mon "instinct" a pris un gros coup de froid, je me couche quand je devrais payer, je relance quand je devrais me coucher, je me dis qu'il n'y a pas de raisons que les mains improbables n'arrivent qu'aux autres et je joue donc trop gros pour des cartes qui ne viennent pas, je suis agressif quand il faut être passif et réciproquement, etc.

Et ça m'énerve, ça me pourrit mes journées.

Comme dans tout bon engrenage, je me dis que je vais me refaire, que la chance doit bien finir par tourner ("croyez aux cycles de chance", dixit Patrick Bruel) et je paume encore plus.

 

Voila, je crois que quand j'aurai perdu les 20 euros qui me restent, je vais faire un petit break remise en cause. Et pendant quelques mois me recontenter de jouer le pack de binouzes avec mes potes, ça me minera moins de perdre.

 

 

* Lorsqu'un joueur perd un coup pour lequel il était grandement favori, on a coutume de dire "that's poker"**. Ces derniers jours, on me l'a dit 4-5 fois, et c'est une phrase qui, je peux vous dire, devient difficile à accepter quand on l'entend beaucoup dans un laps de temps très court....

 

** Le pire exemple que j'ai vu est un gars perdre un coup qu'il avait 99,5% de chance de gagner après le flop. C'est à dire que l'adversaire n'avait que deux cartes dans le paquet pouvant le faire gagner, ces deux cartes devant venir ensemble. L'une est venue au turn, l'autre à la river. Je pense qu'il fallait s'abstenir de dire "that's poker" au perdant, qui plus est sorti du tournoi sur le coup...

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commentaires

M
<br /> <br /> C'est pas avoir récupéré un poste par la petite porte qui a redonné vie à mon modjo.<br /> <br /> <br /> sur les trois derniers tournois:<br /> <br /> <br /> - payé, en course pour la final table, shortstack, je relance trois fois la blinde (20% de mon tapis) avec AA. Payé une fois. KJ6 au flop, trois couleurs différentes. Je suis déjà bien content de<br /> récupérer ça, je vais à tapis, en espérant que peut etre le mec a touché son K. Il paye avec 22. Il tire un 2 à la river. Je finis 13eme et gagne 1$50 alors qu'en doublant je passais 4eme en<br /> jetons.<br /> <br /> <br /> - à 10 places de la bubble, pas shortstack mais pas loin, pas joué un coup depuis 20 minutes. AK, il y a déjà eu une relance, je mets tapis (3-4 fois la relance). Payé par A7, 7 à la river.<br /> <br /> <br /> - ce soir, début de tournoi. Tapis devant moi, j'ai AK, je couvre, j'ai décidé d'être offensif, je paye. Payé également derrière moi. Devant moi, A8, derrière, 10J. Depareillé pour tout le monde.<br /> Un A sur le flop, une Q aussi. Forcément, un K à la river. Deux paires, mais quinte. Je me retrouve avec un stack de 4 fois la big blinde. Je sors trois coups plus tard.<br /> <br /> <br /> ...<br /> <br /> <br /> En fait, pour gagner de la thune ou en tout cas ne pas en perdre, au niveau auquel je joue, je n'ai pas besoin de chance. Juste de ne pas avoir la poisse. Parce que perdre à chaque fois sur bad<br /> beat, ce n'est plus vraiment un bad beat.<br /> <br /> <br /> Je précise aussi que quand je pars scandaleux sur un coup, soit je me couche avant, soit je le perds. Le dernier coup chatteux que j'ai gagné, c'est AQ contre KK. On est quand même loin de<br /> l'équilibre...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Ne t'inquiète pas. Au fond nous sommes tous des Poulidor des concours.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Sauf ceux qui ont eu un poste, a priori (encore qu'ils ont pu bénéficier de l'abandon ou de la disqualification d'un concurrent)...<br /> <br /> <br /> Cela dit, la façon dont ça se passe peuvent contribuer à faire passer plus ou moins bien la pilule (et typiquement, quand aucune critique n'a été soulevée ni sur ta présentation, ni sur ta<br /> candidature, ni sur ton projet, que la présidente de la commission et deux-trois autres membres disent "je ne comprends pas ce qui s'est passé" -euphémisme pour "ben il s'est bien fait enculer,<br /> c'est con mais ça arrive"- et que la directrice du labo dit "faudrait quand même essayer de trouver une solution pour lui", ça passe moyen, justement).<br /> <br /> <br /> Alors on me dira "c'est plutôt positif, l'an prochain ça passera".  Peut-être mais 1. un an c'est long 2. la stagnation scientifique commence à me peser et surtout 3. quand ta candidature se<br /> joue à un vague pile ou face un peu biaisé, rien ne dit que l'an d'après il ne t'arrivera pas exactement la même chose...<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Alors, comment se profile le plan de vie sur 40 ans? Finalement, les concours  c'est un peu comme au poker: tu as ton dossier main. Flop, les postes sont publiés. Turn, tu es convoqué à une<br /> audition. River, tu es face à la commission. Et l'heureux gagnant remporte le jackpot! Si ça foire, tu peux toujours espérer te refaire à la partie, heu, session d'après... <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> I got fucked bien profond à la première audition (2ème, post à venir peut-être quand j'aurai un peu digéré).<br /> <br /> <br /> Deuxième audition demain avec ni grande envie ni grand espoir.<br /> <br /> <br /> Et ensuite, je commence à penser sérieusement à la reconversion que j'évoquais... parce que quand ça suffit, ça suffit.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Y a quand même des semaines dans la vie ou faut savoir reconnaître qu'on a la poisse.<br /> <br /> <br /> Typiquement, quand tu vas retirer 80 euros au DAB et que tu n'en reçois que 20, passant ensuite ta matinée de week-end à l'agence pour tenter d'obtenir un remboursement qui n'arrivera qu'au mieux<br /> plusieurs semaines plus tard, c'est mal barr'.<br /> <br /> <br /> Et quand tu arrives lundi matin au boulot et que ton ordi a grillé, faut pas se laisser abattre.<br /> <br /> <br /> J'ai quand même réussi à ne pas me casser la gueule pendant l'audition, la présentation n'a pas planté, et je ne suis pas tombé sur la question de la mort qui tue qui te laisse sec. Peut-être que<br /> ça tourne? On verra ce soir si je finis 2eme...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> J'avais une collègue en thèse dont le copain qui venait d'avoir son diplôme d'ingé d'une école fort prestigieuse et qui se disait que tout compte fait une thèse ça l'ennuirait tout autant que de<br /> jouer à l'ingénieur dans une boîte. Il s'est mis à jouer au poker sur internet histoire de faire rentrer quelques sous. Apparemment ça ne marchait pas trop mal vu qu'à la fin du mois il touchait un<br /> chèque plus important que sa copine. J'imagine que ça devait tourner dans les 1500-2000 € par mois. Bon par contre c'était un féru de proba et il faisait ça toute la journée.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> C'est surtout ça le problème, en dehors de gagner ou perdre: pour quelqu'un comme moi assez joueur, ça peut vite devenir très "time consuming". Et bon, y a quand même une part de moi qui se dit<br /> que quand tu vis à Paris, qu'il fait beau, que c'est le we et que tu as des copains, passer 4h sur internet à jouer au poker c'est un peu la lose. Surtout si c'est ton plan de vie sur 40 ans.<br /> <br /> <br /> <br />