Je vis désormais dans un HBM, "habitation à bon marché", l'ancêtre des HLM.
Ce sont ces immeubles assez massifs, de 6 à 9 étages, en brique orangée ou beigeâtre, souvent arrangés en U autour d'une cour intérieure, "typiques" du sud parisien (13-14-15), généralement pas loin des portes, mais pas que, construits dans les années 20-30 (on en trouve beaucoup aussi vers les Gobelins, Place d'Italie, Campo Formio, Commerce, Denfert-Rochereau, etc).
Ils étaient réservés aux classes ouvrières, à l'époque où il y avait encore des industries dans Paris ou à proximité immédiate, comme l'île Seguin.
Il ne faut pas faire de prédictions hasardeuses, mais j'aurais tendance à croire que ces HBM ont mieux vieilli que ne le feront les "barres" des 70's.
Les cours intérieures, verdurées, ont de la gueule. Les halls d'entrée sont spacieux, comme les paliers. Il y a une belle hauteur sous plafond, les matériaux semblent globalement de bonne qualité, et les appartements sont plutôt bien foutus et relativement spacieux (il semble qu'à l'époque, on ne considérait pas un deux pièces de 30m2 comme la norme, fut-ce à Paris).
Bref, on est à fond dans le "charme de l'ancien", qui attire les jeunes couples bobos dans notre genre: en tout cas ceux qui n'ont pas les moyens d'être proprios*, qui louent à prix d'or des apparts de prolétaires, et qui doivent donc bien trouver des raisons pour se convaincre d'avoir l'air contents.
En fait, le seul côté vraiment HLM de l'endroit vient de l'insonorisation (sonore, visuelle, et je pense aussi thermique - il a fait 25 toute la fin de l'hiver malgré tous les chauffages à 0, il faut dire qu'il y a beaucoup de petits vieux dans l'immeuble): on vit vraiment avec ses voisins. Et on en a beaucoup (2 à 3 par paliers, plus les voisins d'en dessous et d'au-dessus).
J'ai l'impression parfois de me retrouver dans le tome 3 des Bidochon: on peut maudire le voisin qui pisse à gros bouillons dans la cuvette à 2h du mat'...
C'est d'autant plus con que la rue est hyper calme.
Donc, chez nous, il y a:
- le (ou la) psychopathe du dessus qui passe tous les jours (sauf le week-end heureusement) l'aspirateur à 7h17 du matin au-dessus de notre chambre. Et également au dîner mais c'est moins grave, mais aussi parfois à minuit voire à 4h du mat'. Sa sonnette ne marche pas et il ne répond pas quand on tape à la porte: dommage, je me serais bien fait un nouvel ami.
- l'iranienne du dessous qui a le mal du pays et met de la musique du cru bien fort à 2h du mat' (elle a arrêté depuis que je suis descendu lui dire qu'à cette heure là, je n'étais pas très open aux découvertes musicales).
- les voisins d'à côté qui ont des orgasmes bruyants (mais ça c'est déjà plus rigolo; et puis ils baisent à 23h, comme des gens bien élevés).
- et, en face de la cour, la voisine qui aime bien se tripoter les nichons dans la salle de bains sans rideaux avec la lumière allumée quand il fait nuit dehors (pour le contraste, j'imagine). Ca aussi c'est plutôt sympa - elle a l'air jeune et bien gaulée-, mais Priscilla n'aime pas trop que je regarde, il paraît que ça fait pervers (je lui réponds que quand on me montre, je ne vais pas non plus fermer les yeux, mais l'argument peine à la convaincre).
Bon, j'avais un peu perdu l'habitude, parce qu'avant je vivais dans un immeuble de 2001 où on n'entendait rien, pas même le voisin qui faisait la nouba ou le métro qui passait à 10 mètres.
Donc j'ai un peu de mal à dormir, mais je me suis mis aux boules quiès, et je commence à m'habituer, je crois: j'entends toujours l'aspirateur, mais au lieu de me foutre dans une rage folle et de me réveiller complètement, j'arrive à me rendormir.
Et je peaufine ma vengeance: j'ai enfin retrouvé et rebranché ma chaîne 2*25 watts, je me suis remis à la guitare et je réapprends tous mes classiques de l'époque "week-end d'intégration", et on va bientôt organiser la pendaison de crémaillère...
gniark gniark gniark.
* c'est à dire ceux qui n'ont pas 200000 ou plus d'apport de papa-maman, ou qui ne sont pas deux fonctionnaires à 10000 net/mois. Bref, une majorité.