J'ai vu "Les Gazelles" ce week-end, estampillé par la presse comédie française du moment, voire symbole du renouveau de la comédie française.
J'étais circonspect, mais j'en attendais quand même pas mal, ne serait-ce que parce que le casting était plutôt estampillé "nouvelles têtes élevées au stand-up" que "vieux chevaux sur le retour" et qu'on pouvait espérer un vent de fraîcheur.
Las, je crois finalement qu'un bon vieux Onteniente avec Cornillac aurait été préférable pour mon ulcère.
On retrouve tous les défauts de la comédie française en général, à savoir notamment un gros manque de "rythme comique". La réalisation confond vitesse et précipitation, à savoir que les rares moments qui pourraient être comiques sont annihilés par un montage ultra-speed qui ne laisse pas le temps de percuter (certes, c'est un peu différent des réalisations mollassonnes habituelles, mais niveau rythme ce n'est pas vraiment plus ça). Les acteurs ne sont pas toujours non plus très efficaces dans la transmission des punchlines (on parlait de C. Chamoux comme d'une révélation, elle ne m'a pas scotché, loin de là). La scène d'introduction pour expliquer le "pétage de plombs" du personnage principal est par exemple étendue sur 15 minutes histoire de bien surligner tout ce qu'il y a d'"insupportable" dans sa petite vie: on veut être sûr que le spectateur, toujours un peu concon, comprenne bien.
Malheureusement, on retrouve aussi, plus généralement, tous les défauts d'un cinéma français qui me broute, le "déconnecté" qui se regarde le nombril en s'adressant avant tout à lui-même.
Mon principal grief a ainsi été de n'avoir aucune empathie pour aucun des personnages, même les soi-disant paumés, même les soi-disant losers. Les seuls personnages potentiellement sympathiques sont des 3èmes rôles à 4 répliques dans le film.
J'hésite à me discréditer avec le "point bobo", mais voila, tous ces trentenaires parisiens vivent dans des lofts-ateliers d'artiste, les chômeurs dans des 30m2 sous les toits et les employés de Pôle Emploi dans des appartements leur permettant d'organiser une petite fête pour 50 personnes. Il y a des grosses bibliothèques chargées de bouquins dans tous les apparts. Une bonne partie de l'intrigue touche aussi à l'achat d'un appartement (avec terrasse dans le 18ème et vue sur le Sacré-Coeur, visiblement), de l'apport personnel, du taux du prêt etc, hachement rock'n'roll comme humour. Ensuite, c'est sans doute dû à mon éducation de petit-bourgeois, mais quand l'"héroïne", aussi paumée soit-elle, invite sans prévenir un mec pour baiser chez la nana où elle crèche alors qu'elle est censée garder son gamin, ça ne me fait pas vraiment rire. Le fait qu'en plus elle s'énerve contre sa copine qui les surprend en train de forniquer devant le dit gamin, encore moins.
La "critique sociale" sous-jacente ferait également hurler si elle était le fruit de Laurent Gerra ou Christian Clavier: les chômeurs sont des glandeurs qui passent leurs week-ends au surf à Hossegor en attendant de voir tomber les allocs, les employés de Pôle Emploi sont soit des dépressifs, soit des pipelettes qui passent leur temps à bavasser en se racontant leurs histoires de cul plutôt que de s'occuper des chômeurs. Ce n'est peut-être pas voulu, mais c'est néanmoins, je trouve, un peu déplaisant.
Même les caméos (Balasko, Karmann, Benchetrit) semblent là pour cocher la case "j'ai des amis dans le milieu du show-bizz" tant ils n'apportent rien de pertinent au récit, ni de comique, dans le récit.
Bon, je pourrais continuer longtemps, mais ça ne me fera pas regretter les comédies américaines, pourtant rarement exemptes de défauts (tendance forte à l'humour pipi-caca - bon, de ce point de vue là je peux être très bon public- et aux "happy ends bien-pensants"), mais qui ont au moins, la plupart du temps, le sens du comique de situation, du rythme, et des bons acteurs. Plus spécifiquement même, dans le genre film de copines, on est très loin de Mes Meilleures Amies, avec les excellentes K. Wiig et M. McCarthy.
Les spectateurs dans la salle n'avaient peut-être pas les mêmes griefs que moi, mais il faut quand même admettre que ça a très peu rigolé dans la salle, ce qui est toujours un peu inquiétant pour une comédie. Finalement, le moment le plus drôle fut quand une petite vieille du public s'est levé deux fois pendant la séance pour changer de place en engueulant à moitié deux adolescentes accusées d'être des "bouffeuses de pop-corn".
Cela dit, j'aurais aussi du me douter de quelque chose si j'avais regardé allociné plus en détails: quand les critiques spectateurs sont très décorrélées des critiques presse, il y a souvent un loup. J'aurais du aussi me méfier quand Première a fait référence à ce qu'ils définissent comme l'"excellent" Radiostars, film vu à la téloche récemment et que j'ai trouvé d'une platitude sans nom et dont je me demande bien où étaient situés les "ressorts comiques".