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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 09:19

J'ai vu "Les Gazelles" ce week-end, estampillé par la presse comédie française du moment, voire symbole du renouveau de la comédie française.

J'étais circonspect, mais j'en attendais quand même pas mal, ne serait-ce que parce que le casting était plutôt estampillé "nouvelles têtes élevées au stand-up" que "vieux chevaux sur le retour" et qu'on pouvait espérer un vent de fraîcheur.

 

Las, je crois finalement qu'un bon vieux Onteniente avec Cornillac aurait été préférable pour mon ulcère.

 

On retrouve tous les défauts de la comédie française en général, à savoir notamment un gros manque de "rythme comique". La réalisation confond vitesse et précipitation, à savoir que les rares moments qui pourraient être comiques sont annihilés par un montage ultra-speed qui ne laisse pas le temps de percuter (certes, c'est un peu différent des réalisations mollassonnes habituelles, mais niveau rythme ce n'est pas vraiment plus ça). Les acteurs ne sont pas toujours non plus très efficaces dans la transmission des punchlines (on parlait de C. Chamoux comme d'une révélation, elle ne m'a pas scotché, loin de là). La scène d'introduction pour expliquer le "pétage de plombs" du personnage principal est par exemple étendue sur 15 minutes histoire de bien surligner tout ce qu'il y a d'"insupportable" dans sa petite vie: on veut être sûr que le spectateur, toujours un peu concon, comprenne bien.

Malheureusement, on retrouve aussi, plus généralement, tous les défauts d'un cinéma français qui me broute, le "déconnecté" qui se regarde le nombril en s'adressant avant tout à lui-même. 

Mon principal grief a ainsi été de n'avoir aucune empathie pour aucun des personnages, même les soi-disant paumés, même les soi-disant losers. Les seuls personnages potentiellement sympathiques sont des 3èmes rôles à 4 répliques dans le film.

J'hésite à me discréditer avec le "point bobo", mais voila, tous ces trentenaires parisiens vivent dans des lofts-ateliers d'artiste, les chômeurs dans des 30m2 sous les toits et les employés de Pôle Emploi dans des appartements leur permettant d'organiser une petite fête pour 50 personnes. Il y a des grosses bibliothèques chargées de bouquins dans tous les apparts. Une bonne partie de l'intrigue touche aussi à l'achat d'un appartement (avec terrasse dans le 18ème et vue sur le Sacré-Coeur, visiblement), de l'apport personnel, du taux du prêt etc, hachement rock'n'roll comme humour. Ensuite, c'est sans doute dû à mon éducation de petit-bourgeois, mais quand l'"héroïne", aussi paumée soit-elle, invite sans prévenir un mec pour baiser chez la nana où elle crèche alors qu'elle est censée garder son gamin, ça ne me fait pas vraiment rire. Le fait qu'en plus elle s'énerve contre sa copine qui les surprend en train de forniquer devant le dit gamin, encore moins. 

La "critique sociale" sous-jacente ferait également hurler si elle était le fruit de Laurent Gerra ou Christian Clavier: les chômeurs sont des glandeurs qui passent leurs week-ends au surf à Hossegor en attendant de voir tomber les allocs, les employés de Pôle Emploi sont soit des dépressifs, soit des pipelettes qui passent leur temps à bavasser en se racontant leurs histoires de cul plutôt que de s'occuper des chômeurs. Ce n'est peut-être pas voulu, mais c'est néanmoins, je trouve, un peu déplaisant. 

Même les caméos (Balasko, Karmann, Benchetrit) semblent là pour cocher la case "j'ai des amis dans le milieu du show-bizz" tant ils n'apportent rien de pertinent au récit, ni de comique, dans le récit.

 

Bon, je pourrais continuer longtemps, mais ça ne me fera pas regretter les comédies américaines, pourtant rarement exemptes de défauts (tendance forte à l'humour pipi-caca - bon, de ce point de vue là je peux être très bon public- et aux "happy ends bien-pensants"), mais qui ont au moins, la plupart du temps, le sens du comique de situation, du rythme, et des bons acteurs. Plus spécifiquement même, dans le genre film de copines, on est très loin de Mes Meilleures Amies, avec les excellentes K. Wiig et M. McCarthy.

 

Les spectateurs dans la salle n'avaient peut-être pas les mêmes griefs que moi, mais il faut quand même admettre que ça a très peu rigolé dans la salle, ce qui est toujours un peu inquiétant pour une comédie. Finalement, le moment le plus drôle fut quand une petite vieille du public s'est levé deux fois pendant la séance pour changer de place en engueulant à moitié deux adolescentes accusées d'être des "bouffeuses de pop-corn".

 

Cela dit, j'aurais aussi du me douter de quelque chose si j'avais regardé allociné plus en détails: quand les critiques spectateurs sont très décorrélées des critiques presse, il y a souvent un loup. J'aurais du aussi me méfier quand Première a fait référence à ce qu'ils définissent comme l'"excellent" Radiostars, film vu à la téloche récemment et que j'ai trouvé d'une platitude sans nom et dont je me demande bien où étaient situés les "ressorts comiques".

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 15:04

Je suis toujours impressionné par la capacité qu'a Hollywood à faire incarner des personnages censés être moches par des jeunes gens très beaux aux dents brillantes.

 

Ca a un côté un peu frustrant, même pour le laideron moyen pourtant relativement bien dans ses bourrelets: pour jouer une petite grosse faire-valoir d'une méga bombasse, on pourrait pas prendre une petite grosse plutôt qu'une bombasse juste un peu moins bombasse que la méga bombasse?

Au lieu de ça on nous la joue Clark Kent à l'envers, tiens, prends 2 kilos, mets des grosses lunettes et fais-toi une coupe en bois et personne ne verra plus que tu es super gaulée. J'imagine que les acteurs se croient comme ça très "Actors Studio".

 

http://images.huffingtonpost.com/2010-02-07-clarkkent.jpg

Image tirée du Huffington Post

 

Exemples:

- Amanda Seyfreid qui a joué la copine moche et complexée de Megan Fox dans le nanar Jennifer's Body. Pour cela, on lui a foutu des grosses lunettes rondes et un bonnet sur la tronche, et un teint jaunâtre.

- Kate Winslet faisant office de boudin dans The Holiday avec Cameron Diaz.

- America Ferrera dans le rôle d'Ugly Betty (un appareil dentaire et des fringues de merde, hop, le tour est joué).

- Poussé plus loin, à savoir si le film est un biopic, ça donne la performance à Oscar (Marion Cottillard en Edith Piaf).

- Sinon, on peut cumuler, comme par exemple Renee Zellweger, mince américaine, qui joue dans Bridget Jones une anglaise dodue (en plus de la performance physique, on a droit à une imitation d'accent anglais par une texane un rien pénible).

 

 

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 09:42

Petit contre-argumentaire au sujet d'Intouchables, le nouveau succès surprise du cinéma français, que pour une fois je n'ai pas vu avec deux ans de retard.

 

Comme toujours devant un quasi-consensus entre le public et la critique, une frange d'irréductibles qui, pour paraphraser Desproges, ne supporte pas d'être plus de douze à avoir aimé un truc, s'échine à nous expliquer à quel point tout le monde, c'est des cons.

 

En l'occurrence, le critique des Inrocks s'est lâché dans le Cercle, l'émission de ciné de Canal, et Libé nous pond aujourd'hui, sur deux pages, un papier philosophico-mordant sur les dérives de l'unanimisme. En gros, on nous explique que le film est un "flingue émotionnel sur la tempe, un chantage au vécu, une fable qui abolit la lutte des classes, une dictature de l'émotion comme cache-misère de l'absence totale de pensée, un film qui parle TF1 en première langue et Canal+ en option"...*  

 

Une petite poussée d'élitisme ne fait pas de mal, je m'y laisse aller plus souvent qu'à mon tour.

Mais comme dans le cas d'espèce je fais partie de la majorité moutonnière, je vais rapidement me faire l'avocat du diable: je n'étais pas allé au cinéma voir le dernier Ken Loach. Je n'ai pas non plus l'impression qu'il était dans l'intention des auteurs de délivrer un message profond sur la lutte des classes ou l'état de la banlieue.

J'ai été un spectateur très premier degré: le film a pour moi fonctionné grâcé à une "alchimie" entre les deux acteurs principaux (rare, et donc probablement raison principale du succès), et parce qu'il raconte, plutôt bien, l'histoire de deux personnes "en crise", qui se trouvent en dépit de leurs différences, se soutiennent, s'enrichissent l'un l'autre et deviennent potes.

En somme, un scénario classique de "buddy movie" pas mal ficelé appliqué à un couple original auquel on croit.

D'où vient la richesse de Cluzet, le traitement de la banlieue, qu'Omar aime les grosses bagnoles, le fait que ça soit basé sur une histoire vraie, franchement, on s'en fout un peu, à mon avis.

Le film n'est pas sans défauts (le personnage d'Omar est clairement plus axé "petit zonard de banlieue qui fume des pétards" qu'"ancien braqueur taulard juste libéré", une pré-fin un peu abrupte et artificielle, quelques "confessions" qui ne s'imposaient pas, etc), ce n'est pas nécessairement une oeuvre sur laquelle on peut disserter des heures, mais il communique beaucoup de bonne humeur. Les feel-good movies ne doivent pas nécessairement être perçus comme des objets populistes et honteux. 

 

Ah, il y a plus particulièrement une critique, qui revient souvent, qui selon moi symbolise une lecture complètement fausse du film (ou une certaine mauvaise foi).

"L'art contemporain est décrit comme une imposture puisque j'en fais autant tous les matins dans ma salle de bains", confortant et réconfortant le mouvement aculturel actuel dans ses clichés.

Cela se réfère à deux scènes dans le film: dans la première, Cluzet achète 40000 euros une toile blanche tâchée de rouge. Omar Sy s'insurge du prix de ce qu'il appelle une croute, Cluzet explique que beaucoup de sérénité s'en dégage.

Dans la seconde, Omar peint une toile dans la "même veine" (mais clairement plus moche, pour souligner que non "on n'en fait pas autant dans sa salle de bain") et Cluzet, pour s'amuser, la propose 10000 euros à un membre de sa famille cul serré et un peu ridicule, en lui expliquant que le peintre est un jeune qui expose à Londres et est sur le point d'exploser, et qu'elle vaudra le triple sous peu. Après quelques réticences, le dindon de la farce finit par sortir le carnet de chèques, pour ne pas "encore une fois passer à côté d'une affaire". 

A mon humble avis, la critique est ici plutôt orientée sur certains acheteurs ou "suiveurs de mode" influençables que sur l'art lui-même. 

Si je vous raconte qu'un resto médiocre orienté "resto-bistrot à vins naturels" a rempli son agenda pour trois mois parce qu'il a été recommandé dès l'ouverture comme "ze new place to be" par B. Verjus et le Fooding, est-ce que je critique les faiseurs d'opinion (la réponse est oui, un peu), le concept même du bistrot à vins naturels, ou plus simplement surtout la foule de pseudo-branchés qui s'y précipite ventre à terre?

Toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure coïncidence. Mais peut-être que certains ont fait semblant de ne pas se sentir visés... 

 

 

* en passant, bonjour la profondeur de pensée, pour le coup. L'argument du "toi t'es qu'un décérébré qui regarde TF1", je le trouvais déjà recuit dans les joutes oratoires de post-boutonneux d'école d'ingénieurs "rebelles softs et révolutionnaires sans la sueur". Ce qui fait maintenant presque 10 ans, ça ne me rajeunit pas.

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 13:31

L'hiver est propice à la replongée dans les salles de cinéma, et ce surtout aux mois de janvier et février, quand la saison des Oscars se rapproche, et que sortent à la pelle ces films dont le but est de réconcilier la plèbe et la critique élitiste.

 

Je suis donc récemment allé voir trois films qui ont à la fois reçu un accueil quasiment unaniment dithyrambique de la critique, et connu un succès commercial, qui, sans atteindre celui d'Avatar ou de Bienvenue chez les Ch'tis, n'en est pas moins enviable.

A savoir "des hommes et des dieux" (dans le cadre d'une rétrospective de type best-of 2010), "le discours d'un roi", et "black swan".

 

Il y a eu, as usual, quelques voix dissonantes dans le concert de louanges pour ces trois films. Alors, comme je suis comme tout le monde, à savoir que je suis persuadé de ne pas être comme tout le monde, je vais vous dire ce que je pense de ces critiques qui ne disent pas comme tout le monde.

 

- Des hommes et des dieux: L'histoire plus ou moins romancée des moines de Tibhirine et de leur assassinat en 1996, encore à ce jour pas complètement élucidé. Le récit de leurs doutes, leurs peurs, leur courage, leur foi.

Je n'ai pas grand chose à dire ici. Les seuls qui n'ont pas aimé (une partie de la rédaction de Télérama, du JDD et de Brazil) ont trouvé ça chiant. Soit. Je dois avouer que la bande-annonce, dans le style ronflant "film français qui se la pète" (musique ampoulée, longs silences et jeux de regard, dialogues surécrits), me faisait aussi craindre le pire.

En fait, bonne surprise, j'ai plutôt accroché à ce film effectivement très contemplatif, grâce aux acteurs et notamment à M. Lonsdale.  

Chronic'Art n'a pas goûté la scène du repas, qui est un peu la scène clef du film: si on n'y croit pas, c'est mort, si elle vous prend c'est gagné. J'y ai cru.

 

 

- Le discours d'un roi: La aussi un film "basé sur une histoire vraie", celle de l'accession au trône de Georges 6, et surtout de ses efforts pour vaincre un fort bégaiement, terriblement handicapant à l'heure de la naissance des allocutions radiophoniques, où le roi ne peut donc plus se contenter de saluer la foule de loin et de monter à cheval.

Ca m'a beaucoup plu: là encore le rythme n'est pas effrené, mais le film est porté par un grand Geoffrey Rush, et Colin Firth devient très bon dans la dernière partie du film. J'ai rigolé, j'ai fini très ému, ça n'est pas si fréquent.

J'ai trouvé l'imbrication de la petite histoire (le bégaiement) dans la grande (succession complexe en Angleterre et tensions pré-deuxième guerre mondiale) extrêmement bien faite, même si pour cela, pas mal de libertés ont été prises avec la réalité historique (le roi aurait guéri de son bégaiement plusieurs années avant son couronnement), ce qui a suscité une première salve de critiques. Si Dumas peut estimer légitime de "violer l'Histoire pour lui faire de beaux enfants", apparemment tout le monde n'est pas du même avis (à ce sujet, on peut lire l'excellent HHhH, de Laurent Binet, qui raconte les tourments de l'écrivain souhaitant raconter le plus fidèlement possible l'assassinat d'Heydrich, et pour qui chaque dialogue, nécessairement apocryphe, est source de ratiocinations sans fins). En ce qui me concerne, je n'allais pas voir un documentaire, et je ne connaissais pas suffisamment la politique anglaise du milieu des années 30 pour me sentir lésé.

D'autres ont trouvé la mise en scène trop académique, le film trop théâtral, trop machine à oscars. Peut-être... mais même si le film prend des libertés avec la réalité qu'il décrit, il se veut plutôt un "film d'époque" centré sur ses acteurs, j'aurais donc trouvé malvenu une réalisation à la Gaspar Noé.

Enfin, certains y ont vu une fable apologétique de la famille royale, sortie à propos peu avant le mariage princier, où le peuple n'est qu'un pur élément de décor célébrant la guérison de son roi niaisement pendant que l'Europe se prépare à la guerre... C'est, selon moi, un grave contresens. Les anglais ne sont pas "contents" d'entendre un discours bien prononcé: par contre, ils sont galvanisés par une déclaration de guerre martiale, tandis qu'une version bégayante aurait pu, je pense, avoir des conséquences dramatiques. On peut être pacifiste bobo et concevoir ça, surtout connaissant la façon assez déplorable dont la situation a été gérée par Chamberlain et Daladier. Quant à la façon dont est présentée la famille royale, je comprendrais que des anglais en débatent, mais je ne vois pas ce que ça peut bien nous foutre... 

Cela dit, ce même critique voit dans Comment savoir, avec Reese Witherspoon le film le plus merveilleux de l'année, le comparant à du Rohmer. Ne l'ayant pas vu (et n'ayant jamais rien vu de regardable avec Witherspoon à part Freeway), je ne commenterai pas si ce n'est pour dire que ce monsieur n'est décidément pas comme tout le monde.  

 

 

- Black Swan: Autre grand favori des Oscars. La descente aux enfers d'une danseuse un peu nunuche et habituée des seconds rôles, devant trouver sa part d'ombre pour incarner le cygne noir dans le ballet de Tchaikovsky, entre une rivale vénéneuse, un directeur lubrique, et une mère possessive.

Le nouveau film d'Aronofsky est à mettre en parallèle avec son précédent, The Wrestler, bon film "indé" sur une rédemption ratée, servi par une distribution au top: une ballerine obsédée par son métier et n'acceptant plus l'anonymat face à une ancienne gloire du catch vivant quant à elle mal son retour à l'obscurité. Des relations complexes fille-mère ou père-fille, la mort "sur scène"... Une certaine complaisance à filmer les corps mutilés (eczéma, désquamation, ongles cassées pour Portman, blessures à l'agrafeuse ou à la trancheuse à jambon pour Rourke)...

Là où The Wrestler, malgré l'éxubérance du milieu dépeint, restait pourtant relativement sur la retenue, Black Swan et son monde a priori policé sombre malheureusement à mon goût largement dans la grandiloquence (mention spéciale à Vincent Cassel qui parvient à surjouer un personnage déjà au-delà du cliché).

La dernière demi-heure du film est même à la limite du grotesque, avec effets spéciaux kitsch dignes d'un film d'horreur italien des seventies, tout en se prenant diablement au sérieux. Le public m'a d'ailleurs semblé aussi incrédule que moi (et pourtant, le public du MK2 Beaubourg, c'est pas mal dans le genre cinéphile qui se prend au sérieux). 

Dommage car les deux premiers tiers étaient plutôt prenants, avec une bonne montée dans la folie et l'angoisse (notamment le personnage de la mère): rien ne semblait nécessiter un tel sabotage...  

Le Monde a eu le mérite de souligner que le film divisait. La chronique de Libé me semble poser des bonnes questions (notamment sur la difficulté que semble avoir Aronofsky à rester "en contrôle") avant de se laisser aller à la branlette intellectuelle. Par contre, leur interview d'un chorégraphe suisse m'a bien fait rigoler: "On découvre Portman, agitant les bras comme un cygne, ce qui sera le leitmotiv gestuel du film." C'est vrai que, dès qu'elle est censée danser, elle accomplit ce geste filmé en plan serré, à la limite du ridicule surtout à force de répétition... peut-être cela lui vaudra-t-il l'Oscar, mais on peut trouver ça un peu court.

Bref, au milieu des louanges onanistes du type: "Le cinéaste est allé jusqu'au bout de ses fantasmes, de ses hallucinations. Au mépris de la bienséance et de la vraisemblance, il les agence sur un rythme exaltant et épuisant", "La fascination qu'exerce le film sur son spectateur et sa réussite résident dans ce paradoxe : l'adresse de saltimbanque d'Aronofsky à jongler avec de lourds symboles, avec des personnages archétypiques fortement connotés comme s'ils étaient légers comme une plume", "Chaque scène est un morceau de bravoure où le fantastique, le cinéma indépendant et l'exercice de style forniquent jusqu'au vertige final" (la critique de Première dans son intégralité est d'ailleurs extrêmement savoureuse, sans parler de celle de Technik'art), c'est hélas finalement Paris-Match qui résume le mieux ma pensée: "ce drame chorégraphique se prend malheureusement les chaussons dans le gore fantastique et finit sur les pointes du ridicule." 

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22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 09:25

- Y a des films comme ça, dont je sors énervé.
Ils sont même répartis en plusieurs catégories: les films complètement ratés qui vous donnent l'impression de vous être fait voler (typiquement les comédies dont les deux moments drôles ont été mis dans la bande-annonce), ceux où vous hésitez carrément à vous barrer, ceux où vous vous sentez en totale inadéquation avec le reste du public (les comédies où le public rigole et où vous trouvez ça pathétique, les films d'auteur où tout le monde se branle et n'avez qu'envie de vomir) etc.
Je voudrais parler ici d'une autre sorte de film: ceux dont les deux premiers tiers agréables sont gâchés par une fin absurde, manichéenne, ou simplement complètement con.
Dans cette catégorie, je pourrais mentionner par exemple Sex Crimes, polar plutôt bien foutu, comme les nichons en plastique de Denise Richards qui y sont allègrement exposés. Jusqu'à une fin à rebondissements proprement horripilante. Je n'ai rien contre les rebondissements, sauf quand il y en 5 en 12 minutes: là où le premier twist vous aurait fait dire "malin ce scénar", le troisième vous gonfle et au-delà vous devenez totalement indifférent. Ah c'est lui le méchant... ah non, c'est lui... ah non... et merde.
Récemment, j'ai également vu dans le style Vantage Point, là aussi un polar de facture classique, avec une bonne distribution et une réalisation basée sur le principe des points de vue multiples donnant un petit cachet particulier. Jusqu'à une fin typiquement américaine, aussi écoeurante que deux litres de milkshake, à base de poursuites improbables, de terroristes basanés, et de héros prêts à tout pour sauver l'Amérique sans se décoiffer. "Je n'ai fait que mon devoir, Président".

Et puis, hier, je suis également sorti d'une salle obscure profondément irrité. La cause de cet état: Ghost Writer, de Polanski.
Je ne suis pas un grand connaisseur de Polanski, n'ayant pas vu ses vieux classiques (Rosemary's Baby, Chinatown, le Bal des Vampires), ni un grand fan: j'ai beaucoup aimé Le Pianiste et La Jeune Fille et la Mort, mais je n'avais pas vraiment accroché à Oliver Twist, et j'avais trouvé la Neuvième Porte à chier.
The Ghost Writer commence plutôt bien, ni vraiment film politique, ni thriller, avec une ambiance étrange, un peu oppressante bien qu'il ne se passe pas grand chose, et que j'ai trouvé assez prenante (dans la veine de certains films français, par exemple de F. Ozon ou D. Moll).
Et puis, dans sa dernière partie, le film devient vraiment polar et, en plus de torcher l'enquête en 40 minutes, enchaîne les poncifs plus ridicules les uns que les autres: une bonne vieille théorie du complot impliquant la CIA, l'écrivain "nègre" qui se mue en journaliste d'investigation et pige tout après deux clics sur internet... La scène "google" est risible, de même que celle ultra-premier degré où l'écrivain justifie sa découverte par cet argument massue: "it's written on the internet" à laquelle son interlocuteur, un politique influent, scié, répond "oh my god!! we have to warn everybody".

J'ai eu le vague espoir que la fin soit en eau de boudin, ce qui aurait au moins permis de sauver la face. Mais non, le clou est enfoncé avec l'ultime découverte d'un message codé (pour débiles), qui finit de faire sombrer le film.
On ne remercie pas l'auteur et co-scénariste Robert Harris pour cette histoire grotesque, ni la critique dithyrambique pour qui Polanski est décidément un intouchable.

A part ça, d'autres choses m'ont énervé récemment (le mois de mars de l'apprenti chercheur fait pas mal monter le niveau de stress):
- La visite médicale obligatoire d'embaûche du CNRS: celui-ci étant l'organisme payeur pour mon post-doc, j'ai du me soumettre à une visite médicale de contrôle. Cette visite a été réalisée, avec presqu'une heure de retard, par l'assistante du médecin, qui n'était même pas présent. Après trois questions (avez-vous des problèmes psychologiques, avez-vous une maladie grave, votre famille a-t-elle présenté des cas de maladies graves ou génétiques?) et une prise de tension, l'assistante a signé mon papier, sans oublier de me signaler que je devais vérifier si mes vaccinations étaient à jour.
Bilan, 22 euros (payées par le CNRS), ce n'est pas de l'argent perdu, et le généraliste ne l'a pas volé.
Ah, et à ce prix là, j'ai gagné le droit d'acheter le timbre et de poster moi-même le papier au CNRS... l'assistante du médecin m'avait quand même obligeamment fourni l'enveloppe.

- Dans la série le bal des faux-culs, same old, same old, on mentionnera la performance globale des politiques hier soir après la publication des résultats, et leurs "éléments de langage" ("déséspérance", "crise politique"...). Mention spéciale à l'UMP et aux têtes à claques en chef X. Bertrand et L. Chatel, qui, en gros, quand ils gagnent disent: "ça valide notre politique et nous allons continuer les réformes", et quand ils perdent disent: "ça ne remet pas en cause notre politique et nous allons continuer les réformes". Comme disait Mélenchon (?), si manifester ne sert à rien, faire la grêve ne sert à rien, et voter ne sert à rien, ça va peut-être finir par péter un jour...

- Détenteur de quelques fonds aux US, je suis l'évolution du dollar car j'envisage d'en ramener une partie à plus ou moins brêve échéance. Il y a trois semaines, je lis que les spéculations vont faire baisser l'euro jusqu'à la parité. Depuis, l'euro a remonté... sauf ces deux derniers jours, où les économistes prédisent que, peut-être, on va passer sous la barre des 1.34 (en gros, comme il y a un mois). Ce n'est pas la première fois que l'inverse des prédictions se réalise ou que les prédictions sont contradictoires, c'est même plutôt la norme depuis un an que je regarde. J'en viens à me demander si quelqu'un comprend vraiment quelque chose ou si c'est juste de la théorie du doigt mouillé.

- L'administration française: elle ne m'avait pas manqué même si je ne garde pas un souvenir ému de la version américaine (au moins je pouvais me dire que les complications étaient dues à mon statut d'étranger).
Comme déjà dit ailleurs, ça fait trois mois que je ne sors pas sans une copie de ma pièce d'identité, un justificatif de domicile, et un RIB, car j'ai l'impression qu'où que j'aille on peut me les demander: j'ai été surpris de ne pas avoir à fournir un justificatif de domicile en achetant un aspirateur ce samedi.
Et puis il y a deux semaines, les impôts ont facturé à Priscilla la taxe d'habitation 2009 de notre appartement parisien que nous avons quitté en janvier 2008. Cela vient quelques mois après qu'ils nous aient déjà prélevé deux fois la taxe 2008. Pour qu'ils nous remboursent, il avait fallu fournir le numéro de chèque.
Les ayant donc prié à nouveau de nous rembourser, c'est à dire leur ayant signifié pour la cinquième fois au bas mot - il y a eu aussi les tiers prévisionnels- que nous ne vivions plus en France et n'y travaillions pas depuis maintenant deux années pleines, ils nous ont expliqué que pour cela, il nous fallait justifier notre départ...
Après quelques recherches qui m'ont rempli de joie, j'ai retrouvé dans ma paperasse un joli papier à ce propos, qu'ils nous avaient eux-mêmes fait remplir et signer, dont ils nous avaient donné une copie et qu'ils doivent donc avoir dans le dossier nous concernant. Copie que nous leur avons donc envoyé, ainsi que l'état des lieux de sortie.
Ils ont accepté de rembourser Priscilla. Reste à savoir combien de temps cela prendra. Peut-être avant qu'ils ne nous prélèvent la taxe 2010.

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22 septembre 2008 1 22 /09 /septembre /2008 17:13

Les Etats-Unis sont une Terre de paradoxes.

Un qui me frappe tout particulierement est celui de la production artistique.
Les Etats-Unis sont le symbole de la "culture de masse" dans tout ce qu'elle a de plus abrutissant. Les films formatés tous pareils (quatre sous-genres différents quand meme, il en faut pour tout le monde: le film d'action qui pète, la comédie grasse qui tache, la comédie romantique qui colle, et le dessin animé qui brille), les chansons que tu as l'impression d'entendre la même en boucle dès que tu allumes la radio (la encore, de la chanteuse à guitare au groupe de rock de gosses de riches en passant par le punk aseptisé, il y a quelques sous-catégories), les bouquins policiers avec toujours la même histoire (Mary Higgins Clark est un excellent exemple), j'en passe et des pires.

Oui, mais voila. Les Etats-Unis, c'est aussi l'idée de la société de consommation poussée à l'extrême. En conséquence, dès qu'il y a trois clients potentiels, il y a toujours des entrepreneurs (ici, le mot veut bien dire ce qu'il veut dire) prêts à prendre des risques. Ainsi tout courant, meme ultra-minoritaire, mais susceptible de rapporter du pognon, ne fut-ce qu'un chouia, sera représenté. Réflechissons-y, ce n'est pas si con: un album de low-fi enregistré dans le garage du producteur rapportera probablement moins de blé que le dernier Britney Spears, mais il coutera aussi beaucoup moins cher à produire, et le risque de faire un four moins grand. Il est donc tout a fait possible d'être gagnant.
Du coup, les Etats-Unis, parrallèlement à leur lobotomisante culture pop-corn, présentent aussi une scène indé-underground terriblement vivace. Certes, les motivations ayant conduit les grands groupes tels la Fox ou Sony a ouvrir une section "indépendante" ne relèvent probablement pas de la philantropie, mais plutôt du cynisme absolu. Après réflexion, je me dis: et alors?
Ne boudons pas notre plaisir. La culture américaine, dès que l'on sort un peu des sentiers battus, ce qui n'est pas si difficile, est me semble-t-il autrement plus réjouissante que la notre, où, paralysés par la peur de perdre un centime, les décideurs ne font que suivre ce qui se fait ailleurs. Ou promeuvent des collègues membres du microcosme culturellonaniste parisien qui aime à se tripoter la nouille de façon consanguine, qui exhibent plus ou moins métaphoriquement mais toujours fièrement leurs vies de cons et assimilent ça à de l'art. 
Les américains produisent The Fall, à Paris sort Un conte de Noël. Chuck Palahniuck écrit Fight Club, Lolita Pille sort Hell. Beirut se réclame de Brel, Anaïs est visiblement influencée par Helen Fielding...

Attention, il y a quand meme des points noirs, de ceux que Biactol ne peut annihiler. Le principal étant qu'un courant minoritaire et fier de l'être, regorgeant de talents finisse par devenir mainstream, par quelque alchimie inexplicable (je ne crois pas que les maisons de disque puissent planifier ce genre d'évènements, par contre elles s'y adaptent tres vite). C'est ce qui est arrivé au Grunge et a Kurt Cobain, ou alors aux comédies grasses à humour scatologique des freres Farrelly. Vous me direz que ce n'est pas forcément un mal. Malheureusement, si, car le rouleau compresseur se met alors en marche, ce qu'un gars comme Cobain, jeté en plein milieu de cette ambiance schizophrénique ("vas-y Kurt, dis fuck au system dans tes chansons, ça vend a mort et on s'en met plein les fouilles") n'a pas supporté. Tous ceux qui, à défaut d'avoir du talent, sont appatés par le gain, les 15 minutes de gloire reglementaires ou les groupies, s'engouffrent dans la breche: à ce point la, le talent n'a plus aucune importance pour les producteurs du moment qu'on est bien dans le moule.
Il devient alors délicat pour le public de séparer le bon grain de l'ivraie, tout étant mis sur le meme plan (combien de 40 ans toujours puceau pour des Scary Movie 22?). Et puis moi je suis pas n'importe qui et ça me fait chier d'etre un gars mainstream, alors quand le métal devient le genre en vogue, j'éructe de rage. S'il faut se mettre à écouter la has been Whitney Houston pour rester underground, je le ferai. C'est ça etre rebelle. Heureusement, Mariah Carey et Céline Dion continuent a vendre.

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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 19:54

Apres les livres, je m'essaye aux films. Attention, j'ai des gouts de merde (par exemple, il y a de fortes chances que je ne sois pas tourneboulé par un plan séquence de 23 minutes, meme en admettant que je le remarque). Mais je les assume, ainsi que leur éclectisme, voire leurs inégalités (je ne prétends pas comparer Dumb and Dumber et Elephant).
Cités en vrac, et pas d'explications (en gros ce sont des films qui quand je les ai vus, quel que soit mon age, m'ont marqué d'une facon ou d'une autre), comme la derniere fois (je changerai peut-etre d'avis comme la derniere fois). Je completerai au fur et a mesure aussi.

- Forrest Gump (Zemeckis)
- Dumb and Dumber (Farelly Brothers)
- Seven (Fincher)
- The Big Lebowski (Coen Brothers, j'avais aussi adoré Le Grand Saut qui est loin d'etre leur plus connu)
- C'est arrivé pres de chez vous (Poelvoorde et Belvaux)
- Les bronzés font du ski (Leconte et le Splendid), le Pere Noël dans une moindre mesure mais quand meme
- Le cercle des poetes disparus (Weir)
- Predator (who cares?)
- Terminator 2 (Cameron)
- Les affranchis (Scorsese)
- Die Hard 3 (Mc Tiernan)
- Pulp Fiction (Tarantino)
- Stand by me (Rob Reiner, adapté de Stephen King, voir le lien ci-dessus et la Ligne Verte de Darabont est aussi une super adaptation)
- Princess Bride (Rob Reiner aussi)
- The full monty (Cataneo)
- Amélie Poulain (Jeunet)
- Rocky 3, l'oeil du tigre (Survivor pour la musique, et Stallone pour les coups de poing, ca suffira). Mais Rocky 1 par Stallone himself avec la scene des escaliers et celle de l'abattoir, mon coeur balance.
- Elephant (Gus Van Sant)
- Les incorruptibles (De Palma)
- Kickboxer (le meilleur JCVD: oui ca m'a marqué. Quand je l'ai vu la premiere fois, a 11 ans, j'ai passé le reste de la soirée torse nu devant la glace a coté de ma chambre a lancer des middle-kick en tentant de bander mes bourrelets, tout en poussant des cris stupides les yeux exorbités, dialogues et expressions faciales clefs du film. Je dois avouer que ca m'arrive encore aujourd'hui, notamment apres une rediffusion, mais pas que)
- Sleepy Hollow (Burton)
- Batman 2 (Burton aussi) ou Edward aux mains d'argent ou Big Fish ou meme Batman 1 parce qu'il y a Nicholson quand meme (Nicholson inoubliable dans Mr Schmidt et Pour le pire et le meilleur, meme si les deux films s'enlisent malencontreusement dans la mievrerie a l'approche de leurs termes)
- Con air (avec Cage, Malkovich et Buscemi)
- Rain Man (Levinson)
- Scream (Craven)
-American History X (Kaye, mais surtout pour Norton)
-Le Pianiste (Polanski)
- Nacht und Nebel (Alain Resnais, vu au college: je ne me souviens pas de grand chose, mais certaines images sont encore la, en moi, profondément, probablement de façon indélébile, et sont peut-etre l'une des raisons pour lesquelles cette période de l'histoire me, disons-le, "fascine")
...

Ces derniers temps, j'ai énormément apprécié "Be kind rewind" (Gondry), "Le labyrinthe de Pan" (Del Toro), "Lord of War" avec Cage, et "Jesus Camp" (documentaire de je ne sais plus qui et j'ai la flemme de chercher). Un poil plus ancien dans la catégorie documentaire, citons aussi "Mondovino" (Nossiter, certes un peu manichéen mais instructif quand comme moi on n'y connait pas grand chose: son livre, le Gout et le Pouvoir, est un bon complément, plus détaillé et moins parti pris que le film, a ce qu'il m'a semblé, meme si. évidemment, le bonhomme a tout de meme des idées bien tranchées).
J'aime beaucoup les films de zombies mais difficile d'en ressortir un. Quoique le parodique "Shaun of the dead" etait vraiment excellent.
Dans le genre comédies débiles dont je raffole aussi (des Farelly Brothers, Fous d'Irene et Mary a tout prix sont aussi de grands moments), "40 toujours puceau" de Apatow envoie de la rillette.
Trop tot cependant pour dire de ces films si je m'en souviendrai dans 10 ans.

Bon, je suis sur que j'ai oublié des films plus cérébraux et underground qui feraient bien dans la liste des films marquants de l'intello que je prétends etre (meme mes films un poil cinéphiles sont cinéphiles mainstream, comme les Fincher, Burton ou Tarantino). A suivre donc.
 

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