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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 11:09

Vous connaissez mon dada: les données chiffrées sur le système français d'enseignement supérieur et de recherche.

Et mon obsession: trop d'administratif dans l'enseignement supérieur et la recherche tue l'administratif.

 

J'avais fait quelques petites analyses à l'échelle de mon établissement, notamment en utilisant le rapport d'activités/bilan social qu'à une époque j'avais pu me procurer une ou deux années d'affilée.

 

Dans mon établissement, je rappelle que j'estimais en gros, as far as I can tell, 1 administratif pour 1 enseignant chercheur (en comptant les PAST et ATER, mais pas les vacataires; et de l'autre, en comptant les gestionnaires de terrain ainsi que les services centraux, RH, comptabilité, service financier, mais pas les services centraux "techniques"). Les chiffres exacts sont difficiles à trouver, puisqu'il ne sont pas présentés de cette façon, mais je sais que certains de mes lecteurs étaient dubitatifs. Au CNRS, par exemple, en allant fouiller dans le bilan social, on peut estimer que le ratio administratifs/chercheurs, tous statuts confondus, est de l'ordre de 1 pour 5.

 

Chez Gaia Universitas, je suis tombé sur cette carte diffusée par la CPU (et apparemment faite par l'AEF) et expliquant les "COMUE" (regroupements d'universités et d'établissements parce que "big is beautiful" pour le classement de Shanghaï, en tout cas c'est ce dont persuadés nos gouvernants depuis 10 ans), que j'ai trouvée proprement hallucinante.

 

 

Un peu de data sur l'ESR français

Sur cette carte, on voit, si je lis et compte bien, qu'à l'échelle nationale, on a 0.83 administratif pour 1 chercheur/enseignant-chercheur/enseignant dans les établissements de l'ESR.

C'est en fait assez stable: il n'y a que deux regroupements d'établissements qui ont un ratio inférieur à 0.6 (Côte d'Azur et Lille), plus sans doute un troisième (chiffres non communiqués concernant les administratifs), PSL, qui regroupe majoritairement des établissements de prestige ayant compris que pour continuer à attirer ou conserver des bons éléments au niveau enseignants-chercheurs comme étudiants, ne pas trop les faire chier pouvait être un plus (en termes administratifs, on dirait "assouplissement du régime procédural: trouver la solution dans l’exploitation des marges de manœuvres offertes par le socle de la règlementation et insuffler plus de flexibilité aux pratiques").

De l'autre côté, on voit que deux regroupements (HESAM, qui se veut aussi une COMUE "prestige" mais dont l'existence a été remise en cause récemment suite à la défection d'une de ses composantes majeures, ainsi qu'Aix-Marseille) franchissent la barre symbolique du 1 pour 1, avec même une valeur de 1.2 administratif pour 1 chercheur/enseignant dans le cas d'HESAM. Toulouse est à 0.99...

 

Mais à part ça, tout le monde est entre 0.7 et 0.9. Que dire, sinon que selon moi, c'est trop?

 

D'autant que, comme je l'avais souligné dans un billet précédent, la répartition n'est pas du tout uniforme: à l'échelle de mon laboratoire, qui dépend de 3 tutelles, nous avons 4 administratifs (secrétaire, secrétaire pédagogique, 2 gestionnaires). 1 par tutelle, la 4ème personne étant financée depuis quelque chose comme 15 ans sur fonds propres du laboratoire. Nous sommes plus de 30 chercheurs et enseignants chercheurs, on est donc sur un ratio d'1 pour 9. Bref, au plus près du terrain, là où potentiellement (de mon point de vue limité de petit homme de terrain) ils pourraient vraiment être utiles et nous apporter de la plus-value, rassurons-nous, des administratifs, il n'y en a presque plus.

Et vu que les regroupements se feront certainement à effectifs constants, que ces regroupements impliquent une strate supplémentaire à gérer, sans qu'aucune en-dessous ne soit supprimée, il est fort probable que toute l'échelle administrative "monte d'un cran", et que les labos se retrouvent encore plus dépourvus dans un futur plus ou moins proche. 

 

Loin de moi l'idée de prétendre qu'un établissement, encore moins qu'un regroupement d'établissements, de même qu'une entreprise, puisse tourner sans services centraux, gestionnaires, administratifs, comptables, ressources humaines etc. 

Après, je ne crois pas qu'il existe une boîte qui fonctionne avec x fonctions support pour x ingénieurs... et dans notre cas, ce sont quand même les chercheurs et enseignants-chercheurs qui "produisent". Le jour où on arrivera à un ratio du style de celui du CNRS, tout ira bien mieux selon moi: contraint ou forcé, les procédures devront être allégées et on n'aura plus besoin de 5 niveaux de signature pour changer une ampoule dans un couloir. Mais avant que ce jour béni arrive, il faudra boire le calice jusqu'à la lie (par exemple via les ZRR).

On peut aussi évoquer brièvement le "taux d'encadrement", soit le nombre d'élèves pour un enseignant.

La moyenne est à 14 étudiants par enseignant, mais il y a de plus fortes disparités. A priori, il y a d'ailleurs également de fortes disparités au sein de différents établissements d'un même regroupement.

Sans surprise, le leader de ce classement est PSL, avec moins de 6 étudiants par enseignant. A ce taux là, effectivement, on travaille bien...

Le bonnet d'âne est pour un autre regroupement d'île de France, Paris Lumière, avec 37 étudiants par enseignant.

D'un côté, Nanterre et Paris 8, de l'autre l'ENS, l'ESPCI, le Collège de France, les Mines, l'Institut Curie etc, personne n'est vraiment surpris...

Sinon, à quelques exceptions près, c'est entre 15 et 20.

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commentaires

K
Vu que certains établissements de PSL n'ont pas d'étudiants et sont voués uniquement à la recherche (e.g. Curie) le ratio EC-élèves est forcément biaisé. (Mais on est d'accord, l'ENS vs Paris 8, on est pas dans la même approche...)
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M
Bonne remarque, il faudrait raffiner. Je doute qu'on dépasse le 1 pour 10 malgré tout (mais qui sait?)
D
Ôtez-moi d'un doute: le ratio de 1/5, considéré comme idéal (sur quelle base? En fonction de quel objectif?), est bien celui du CNRS, c'est-à-dire que d'une part il se déploie en partie dans les universités et établissements d'enseignement et de recherche - comment les Stats compensent-elles cela? -, et d'autre part qu'il s'agit d'une entité de recherche sans enseignement: quand on en sera à 1/5, qui assurera le secrétariat des usagers, soit 1 ou 2 millions de personnes?<br /> Ce serait bien d'avoir une idée exacte du mammouth avant de décider ce qu'il devrait être d'un point de vue comptable. <br /> Enfin, je m'étais laissé dire que le CNRS se portait assez mal: il s'agit donc de fonder l'idéal ratio-nel sur un référent qui fonctionne mal: j'aimerais vraiment qu'on m'explique ce qu'il y a de pertinent dans ce propos...?!<br /> &quot;C'est trop selon moi&quot;: eh ben selon Tartempion c'est ce qu'il faut et selon mon épicier, ce n'est pas assez, pour ne rien dire de ce qu'en &quot;pense&quot; ma belle-sœur&quot;. <br /> <br /> Je propose qu'on en reparle quand on disposera d'éléments sérieux et qu'un raisonnement véritable aura été elaboré: une calculette ne tient pas lieu de cerveau. <br /> <br /> YA
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M
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour ce message constructif.<br /> <br /> Je pense que vous m'avez mal lu: je n'écris nulle part que le ratio 1/5 est &quot;idéal&quot;. Je donne juste ce chiffre pour justifier que certains collègues (notamment du CNRS) aient du mal à me croire quand j'évoque un ratio 1/1. <br /> Je pensais que mon établissement était plutôt plus pourvu que la moyenne en administratifs, et je constate aue des chiffres sont la pour montrer qu'il est en fait en gros, dans la moyenne nationale, ce qui me surprend et m'afflige un peu (d'où ce billet).<br /> <br /> Après, oui, je trouve qu'un ratio d'1 pour 1, d'expérience, n'est pas optimum, et ça n'est que mon avis. Il ne vaut sans doute pas plus que celui de Roger au PMU, sauf que bon, je travaille dans un tel établissement depuis 5 ans, j'ai un peu voyagé en France et ailleurs et connu d'autres façons de fonctionner, qui selon moi marchaient mieux. Et puis, une calculette ne tient pas lieu de cerveau, mais un avis basé sur des impressions non documentées, désolé mais pour moi ça ne vaut rien. Quand on fait de la physique, on se base sur des data, pas sur un feeling.<br /> <br /> Je ne sais pas si le CNRS se porte mal, mais l'Université n'est pas au mieux non plus. Et au moins autant que le ratio, la répartition est ce que je critique. Le &quot;secrétariat des usagers&quot;, ça fait longtemps que les enseignants en assument une grande partie dans beaucoup d'endroits (à la louche, je dirais que je consacre 5% de mon temps de travail annuel à recevoir/répondre aux étudiants, et pas pour des questions liées à mes cours, mais pour des questions de &quot;scolarité&quot; pour lesquelles ils ne trouvent pas d'interlocuteur). Par contre, les services centraux qui sont là pour fliquer les heures des enseignants ou pour éplucher les tickets de métro des déplacements, là il y a du monde. Pas convaincu que ça soit une organisation optimale. Mais bon, si ça vous plait tant mieux.
A
L'astérisque renvoie au fait que nous avons comptabilisé les établissements membres d'une Comue, mais également les associés.
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M
Bonjour,<br /> Merci pour la précision. Et donc il s'agit vraiment d'&quot;administratifs&quot; et pas de &quot;toute autre fonction que chercheur/enseignant-chercheur/enseignant&quot;?
D
Euh, il y a pas un petit souci avec l'astérisque, là ? Celui qui accompagne chacune de ces trois grandes catégories et qui signale sûrement le petit texte en bas de la page où on doit préciser de quoi ces catégories sont constituées ? C'est pas sur le site de la CPU, c'est sans doute sur celui du prestataire indiqué en lien, mais comme l'accès semble payant ...<br /> Il paraîtrait assez logique que l'effectif soit divisé en trois, étudiants, enseignants, et tout ce qui n'est ni l'un ni l'autre et donc, en plus du personnel purement administratif, toute la gamme des techniciens qui font tourner la boutique, du personnel de gardiennage et d'entretien aux services informatiques. Les ATOS, en somme, non ?
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M
Je ne suis pas abonné à l'AEF (l'équivalent de l'AFP mais pour la recherche, et donc payant). Peut-être... si quelqu'un a un lien je suis preneur d'ailleurs. Ca m'étonnerait un peu (chez moi par exemple il y a 1/3 admin, 1/3 EC, et 1/3 BIATSS, mais les admins ont souvent le statut d'IR sur leur fiche de poste) mais qui sait?