Le CNRS recrute. De moins en moins...
La communication du CNRS est, probablement malgré elle, éloquente (puisqu'il suffit de comparer les affiches d'une année sur l'autre pour se rendre compte de la chute), même si @nholzusch avait montré que c'était un petit peu plus compliqué que ça. Malgré tout, au niveau "jeunes chercheurs" (CR2 et de plus en plus CR1), on passe grosso modo de 350 recrutements constants de 2005 à 2010 à 280 en 2013.
Pour les postes MCF, on constate une tendance similaire, par exemple dans ce compte-rendu de 2012 (p.7): à part un pic en 2006, on a environ 2000 nouveaux MCF, toutes sections confondues, par an entre 2004 et 2009. On arrive à 1700 en 2012, et la liste galaxie actuelle (consultable ici) fait état de 1403 postes (1403 postes aujourd'hui, mais inclue les postes annoncés non encore ouverts. Il peut manquer certains postes qui ouvriront en fin d'année au fil de l'eau, mais il semble peu probable que le total final dépasse 1500).
En somme, quoi, quelque chose comme -15% sur 3 ans sur l'ensemble des recrutements "juniors" de la recherche publique (les autres EPST suivent des tendances similaires et représentent des effectifs plutôt plus faibles)?
Alors voila, je sais bien que la réalité est plus complexe que déshabiller Paul pour habiller Jacques (eg que ce n'est pas parce qu'il y a 25 gestionnaires, chargés de mission divers ou communicants scientifiques recrutés en plus qu'il y a 25 chercheurs recrutés en moins) mais bon, quand on évoque les millions d'€ pour les MOOC, les milliards d'€ pour Paris-Saclay, les embauches en pagaille de community managers et webmasters pour les divers instituts, je ne dis pas que ce n'est pas important*, mais je pense qu'on perd de vue la priorité ** ***...
De fait on joue un peu le jeu des gouvernements, qui de ce point de vue se suivent et se ressemblent tous: "la recherche est une, si ce n'est la priorité pour la France". Mais oui.
Sauf si bien sûr, on estime qu'un système à 90% de précaires et 10% de permanents dans les labos est the way to go. Ca se discute, en effet, mais qu'on l'assume si c'est réellement l'agenda...
* oui, les sites webs des labos et des instituts français sont souvent un peu merdiques, oui les chercheurs eux-mêmes doivent apprendre à être plus "vendeurs"...
** la deuxième priorité étant la baisse de tous les crédits, qu'ils soient sur appels à projet ou récurrents, ce qui fait que comme le résumait @JaromilD, "on m'a jugé assez bon pour me recruter pour 40 ans, mais on ne me juge pas assez bon pour me financer 150k€ pour lancer mon activité", ce qui finit par concerner bon nombre de jeunes chercheurs.
*** venant d'un établissement qui a pendant un temps eu de graves problèmes financiers au point de mettre 2 ans à payer primes et heures sup' (quand il les payait) et a même pendant quelques semaines imposé la rédaction de note d'opportunité pour tout achat, et qui dans le même temps continuait à proposer des affiches 4*3 dans le métro disant "viendez-chez nous, c'est génial", je reconnais que ça m'agace un peu...