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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 13:18

Le CNRS recrute. De moins en moins... 

 

Image2

 

La communication du CNRS est, probablement malgré elle, éloquente (puisqu'il suffit de comparer les affiches d'une année sur l'autre pour se rendre compte de la chute), même si @nholzusch avait montré que c'était un petit peu plus compliqué que ça. Malgré tout, au niveau "jeunes chercheurs" (CR2 et de plus en plus CR1), on passe grosso modo de 350 recrutements constants de 2005 à 2010 à 280 en 2013.

 

 

Pour les postes MCF, on constate une tendance similaire, par exemple dans ce compte-rendu de 2012 (p.7): à part un pic en 2006, on a environ 2000 nouveaux MCF, toutes sections confondues, par an entre 2004 et 2009. On arrive à 1700 en 2012, et la liste galaxie actuelle (consultable ici) fait état de 1403 postes (1403 postes aujourd'hui, mais inclue les postes annoncés non encore ouverts. Il peut manquer certains postes qui ouvriront en fin d'année au fil de l'eau, mais il semble peu probable que le total final dépasse 1500). 

 

En somme, quoi, quelque chose comme -15% sur 3 ans sur l'ensemble des recrutements "juniors" de la recherche publique (les autres EPST suivent des tendances similaires et représentent des effectifs plutôt plus faibles)?

 

 

Alors voila, je sais bien que la réalité est plus complexe que déshabiller Paul pour habiller Jacques (eg que ce n'est pas parce qu'il y a 25 gestionnaires, chargés de mission divers ou communicants scientifiques recrutés en plus qu'il y a 25 chercheurs recrutés en moins) mais bon, quand on évoque les millions d'€ pour les MOOC, les milliards d'€ pour Paris-Saclay, les embauches en pagaille de community managers et webmasters pour les divers instituts, je ne dis pas que ce n'est pas important*, mais je pense qu'on perd de vue la priorité ** ***...

De fait on joue un peu le jeu des gouvernements, qui de ce point de vue se suivent et se ressemblent tous: "la recherche est une, si ce n'est la priorité pour la France". Mais oui.


Sauf si bien sûr, on estime qu'un système à 90% de précaires et 10% de permanents dans les labos est the way to go. Ca se discute, en effet, mais qu'on l'assume si c'est réellement l'agenda...

 

 

* oui, les sites webs des labos et des instituts français sont souvent un peu merdiques, oui les chercheurs eux-mêmes doivent apprendre à être plus "vendeurs"...

 

** la deuxième priorité étant la baisse de tous les crédits, qu'ils soient sur appels à projet ou récurrents, ce qui fait que comme le résumait @JaromilD, "on m'a jugé assez bon pour me recruter pour 40 ans, mais on ne me juge pas assez bon pour me financer 150k€ pour lancer mon activité", ce qui finit par concerner bon nombre de jeunes chercheurs. 

 

*** venant d'un établissement qui a pendant un temps eu de graves problèmes financiers au point de mettre 2 ans à payer primes et heures sup' (quand il les payait) et a même pendant quelques semaines imposé la rédaction de note d'opportunité pour tout achat, et qui dans le même temps continuait à proposer des affiches 4*3 dans le métro disant "viendez-chez nous, c'est génial", je reconnais que ça m'agace un peu...

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commentaires

M
<br /> J'overthink sans doute un peu mais je ne peux m'empêcher de me demander quelle est la frontière (si elle existe; ou de trouver qu'elle est bien mince), dans la science, entre "communication" et<br /> "personal branling".<br /> <br /> <br /> A partir de quel point bascule-t-on de l'un à l'autre?<br /> <br /> <br /> - avoir un compte twitter pour mentionner ses achievements, ok, mais faire 50 tweets d'autopromo?<br /> <br /> <br /> - avoir un site web à jour, ok, mais a-t-on besoin de faire comme les ricains, "Prof. Machin group" avec des photos de ses 10 chinois souriants accroupis devant soi, on est tous des potes mais je<br /> suis le chef?<br />
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P
<br /> En relation, j'imagine que tu as vu ce texte ? http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article6639<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> Oui, j'avais vu passer, mais je n'ai pas lu en détails. Je l'ai sauvegardé pour plus tard (j'aimerais écrire un billet sérieux sur la question - eg avec une audience plus large que ce blog, et<br /> sans le pseudonymat - je ne sais pas si j'aurai le temps de le faire, ou la motivation pour...)<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> L'idée que l'on puisse faire quoi que ce soit "bottom up" est étrangère à l'administration française. Il suffit de constater la popularité de l'idée de "pilotage" de la recherche.<br />
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M
<br /> <br /> bien sûr, après heureusement qu'on fait des choses sans leur dire...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Une autre remarque. Je ne sais pas s'il faut tant taper que cela sur la com'. Les universités et grands organismes américains misent à fond sur la com' pour convaincre parlementaires, électeurs<br /> et donateurs de l'intérêt de leur donner de l'argent. Nous. en France, nous ne savons pas communiquer, et nous laissons le devant de la scène à des démagogues incultes qui expliquent que les<br /> universitaires sont là parce que c'est chauffé, ou que des chercheurs qui cherchent ou en trouvent, alors que des chercheurs qui trouvent...<br /> <br /> <br /> Par exemple, j'ai vu dans des blogs, des médias ou je ne sais où que le CNRS « lance un site grand public » : https://lejournal.cnrs.fr/ En réalité, il s'agit d'une nouvelle version en ligne du Journal du CNRS, qui existe depuis fort longtemps, mais qui<br /> auparavant était disponible sous forme papier (en tant que chercheur, je le reçois chez moi) et, je crois, sous forme de PDF que peu de monde lisait, visiblement. Le fait de mettre une<br /> présentation plus « blog », plus « moderne », fait que des gens qui n'auraient jamais pensé précédemment à lire le Journal du CNRS vont le consulter, ne serait-ce qu'en tombant dessus au<br /> travers d'une recherche Google.<br /> <br /> <br /> Évidemment, j'ai du mal à évaluer l'impact, mais je soupçonne que pour le maintien du CNRS et du financement des labos c'est plus important que le énième résultat sur la combinatoire des<br /> automates de traces à triple arbre à came en tête sur le monoïde à poil ras.<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> Oh, je ne tape sur rien ni personne, surtout pas sur la comm' en tant que telle. Je suis passé par les US, et j'ai compris/appris que communiquer, c'était pas forcément sale et au contraire<br /> nécessaire. On a beaucoup de choses à apprendre des ricains de ce point de vue là, même si chez eux, il y a me semble-t-il, un côté "naturel" qui nous est un peu étranger...<br /> <br /> <br /> Après, pas mal de choses se faisaient là-bas de façon "bottom up", eg c'était quand même plus les chercheurs/départements qui bossaient leur comm' "au quotidien", même si les universités avaient<br /> ensuite un service dédié à la promotion des trucs majeurs pour les médias et politiciens. Il me semble que du point de vue service de comm' on a bien progressé, du point de vue de la<br /> communication des chercheurs eux-mêmes il y a encore du boulot (cf la tribune de S. Deville par exemple).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L'énervement, ce jour là, et d'autres, était plutôt sur une question, selon moi, de priorités.<br /> <br /> <br /> Quand la direction d'un établissement envoie à ses personnels une circulaire imposant la rédaction de notes d'opportunités pour changer les veledas des salles de classse, racheter des bics ou<br /> changer un ordi, même sur des crédits de recherche, et que dans le même temps on a une campagne de pub nationale, ça me fait bouillir, un peu bêtement je le reconnais... (toute proportion gardée<br /> parce que moi ce sont simplement mes conditions de travail et pas mon boulot lui-même qui est en jeu, c'est probablement le même genre de sentiments chez les gens de PSA etc). Tout ça est très<br /> symbolique...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Attention à un point: dans bon nombre d'UMR, le CNRS fournit une plus grande proportion des administratifs que des chercheurs. Par exemple, chez nous, c'est 50/50% CNRS/université chez les<br /> administratifs, et 25%/75% entre chercheurs CNRS et enseignants-chercheurs. Cela veut dire que le CNRS assume une part du soutien administratif des laboratoires universitaires.<br /> <br /> <br /> J'ai toutefois entendu parler de laboratoires avec des kyrielles de personnels administratifs.<br /> <br /> <br /> Le CNRS m'a l'air toutefois moins bureaucratique que les universités. Au CNRS, une bonne partie des choses sont signées en local (laboratoire), au mieux par la délégation régionale. Dans les<br /> universités, il est courant que ça fasse laboratoire -> UFR -> présidence (!), avec tous les délais et les personnels que cela implique.<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> c'est moins clair chez nous même s'il y a une tendance similaire, sur les 3 gestionnaires de l'UMR (3 tutelles), 1 est CNRS, l'autre de la tutelle 1, et le 3ème payé sur fonds propres du labo<br /> (une 4ème de la tutelle 1 vient de partir à la retraite et non remplacée). (la tutelle 2 a des gestionnaires "délocalisés" sur le site principal, c'est un peu compliqué)<br /> <br /> <br /> La tutelle 1 a 19 EC, la tutelle 2 7EC, le CNRS 6 DR<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour l'organisation plus "locale" du CNRS, je suis d'accord, et je suis un farouche militant de la gestion universitaire "en local" pour les laboratoires pour énormément de choses... eg que<br /> l'administration générale ou la présidence doive signer les demandes de financements comme on le voit parfois me semble complètement aberrant. (d'où ensuite des gens qui sont censés "engager leur<br /> signature" répondent quand un dossier n'avance pas "je signe 600 papiers par jour si vous croyez que je suis les dossiers")<br /> <br /> <br /> <br />