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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 13:15

Je reprends à mon compte le néologisme version Ségolène Royal et la citation philosophique Lorienne de Jean-Pierre Raffarin (autant dire deux de nos politiques les plus talentueux). Par beaufitude, j'entends la contraction de "beauf' attitude".

On croise la beaufitude malheureusement partout, mais la pire est je crois lorsqu'on la rencontre chez des gens riches. Mon point de vue est peut-être politiquement peu correct (du moins chez les décérébrés chroniques qui, tels des messieurs Jourdain de pacotille, font du manichéisme sans le savoir, et s'empresseront donc de transformer ma pensée en une conclusion de portée générale, type "pauvres=vulgaires, riches=classes"), mais le voici tout de même: lorsqu'on rencontre un grossier personnage dans le PMU du coin ou au McDonald's, c'est certes désagréable, mais pas choquant.
Par contre, quand on se retrouve (exceptionnellement car je ne fais pas moi-même partie de la confrérie des fortunés) dans le cadre d'une soirée onéreuse à l'ambiance feutrée et que l'un des convives se comporte comme le pire des gougnafiers, cela le devient (choquant. Je sais, mes phrases sont trop longues, ce n'est pas facile de suivre, mais je suis chez moi).

La scène se passe dans un restaurant chic de l’île Saint-Louis. L’établissement était auparavant tenu par un acteur célèbre et cultivait donc un style typiquement parisiano-insupportable fait de médiocre cuisine prétentieuse, de prix prohibitifs, et de clientèle mi-people bas de gamme ou copains de l’acteur en question, mi-bobos branchouilles de tous âges. Depuis peu, le restaurant a été racheté par un chef brillant, ancien triplement étoilé ayant officié dans des lieux gastronomiques prestigieux.

Nous nous offrons ma dulcinée et moi-même, ce cadre romantique pour nos deux ans de partages de soucis (ou vie commune). L’île Saint-Louis est toujours aussi belle, la bâtisse abritant le restaurant est superbe, ses poutres apparentes étant rehaussés par la décoration post-moderne (meubles anguleux aux couleurs froides, lumière tamisée…) de la maîtresse de maison.

Tout s’annonçait pour le mieux, malgré un sommelier jeune mais manquant tout de même terriblement de classe. Mais nous passâmes rapidement outre. Les amuse-bouche étaient divins, le vin bon, et le foie gras-sauce saké-soja avec compote de poires allait bientôt bouleverser mes papilles lorsque ce qui allait, malheureusement, devenir nos voisins de table (quand je dis voisin, j’entends 5 bons mètres) entrèrent. L’un, le verbe haut (toujours très peu distingué lorsque l’ambiance générale invite plutôt à la discrétion de bon aloi), la chemise froissée largement ouverte et dépenaillée, semblait le chaperon. L’autre, plus discret, jouait le rôle du Candide provincial.

Les quelques remarques claironnées sur le bon vieux temps de son ami « Jean-Claude » (l’acteur anciennement propriétaire susnommé), sur les anciens serveurs et sur la décoration qui était mieux avant donnèrent le ton. La cigarette allumée à mon nez délicat essayant de se mettre en osmose avec mes papilles pour « comprendre » au mieux cette entrée de foie gras (je peux vous paraître snob, mais si vous avez déjà essayé un restaurant de ce genre, oui, la cuisine devient quelque chose de complexe qu’il faut tenter de saisir) fut, déjà, la première goutte d’eau.

Je finis par dire au maître d’hôtel que la fumée m’importunait, ce qui sembla le mettre dans l’embarras. Je ne fus peut-être pas suffisamment clair, mais j’étais prêt à changer de place (ce qui m’aurait permis de m’éloigner de ces deux cons). Mais il ne l’entendit pas ainsi. Après quelques circonvolutions, il finit par exposer ma requête, sans me nommer (toutefois, comme nous étions à peu près les seuls à distance raisonnable, il ne faisait guère de doute que cela venait de moi). Sans faire trop de manières, la cigarette fut éteinte.

Tout se passa ensuite correctement jusqu’au dessert, malgré un manque de discrétion toujours très patent qui nous permit d’ouïr la fine fleur de leurs remarques (« c’est vachement différent du cuistot d’avant mais c’est pas mal quand même » «  tu crois que les champignons de Paris c’est des en boîte ? 40 euros pour des champignons de Paris, quand même, ils s’emmerdent pas »… tant de remarques qui confirmèrent si besoin était que ces rustres auraient pu manger chez Flunch sans avoir le sentiment que ce n’était pas la même cuisine).

Arriva la fin du repas, nous en étions au café. Candide, ennuyé pendant que Pangloss discutait cognacs avec le sommelier, sortit son palm-pilote et se mit à faire mumuse avec le son à fort volume. Ti tou tou ti tou tou tou. Une cliente anglaise très chic arrivée entre temps semblait elle aussi affligée, mais jusque là nous avions plutôt pris le parti d’en rire.

C’est alors que Monsieur Gros Con appela le maître d’hôtel et annonça d’une voix de stentor: « Dites-moi, les emmerdeurs à côté –il parlait de nous-, vu qu’ils ont fini de bouffer, ils vont plus nous empêcher de fumer la, si ? C’est des étrangers, non ? »

Le maître d’hôtel, un noble petit vieux, blêmit un peu mais tenta de garder sa contenance. Il savait parfaitement que j’avais tout entendu. Le sentant quelque peu hésiter sur la formulation, je pris l’initiative et lui dit (moi aussi suffisamment fort pour que ces messieurs nous entendent) : « puisque nous sommes des emmerdeurs, je pense que non, nous ne souhaitons pas qu’ils fument ». Monsieur me répondit (toujours sans me regarder) : « Vous avez l’ouïe fine, c’est bien ». « Et vous, vous manquez de discrétion, c’est mal ». « Je vous remercie de vouloir chercher à m’éduquer, mais à mon âge ce n’est plus la peine ».

Fin du dialogue. Je regrette d’avoir manqué de réactivité et de ne pas lui avoir rétorqué « Il n’est jamais trop tard pour essayer d’arrêter d’être un gros con ». Malheureusement, cette réplique germa dans mon cerveau quelques minutes trop tard.

Le repas se termina peu après avec les excuses diverses des serveurs.

Je regrette infiniment que cet épisode ait fini par prendre le pas sur la divine cuisine que j’ai goûté ce soir-là. Je regrette car, dans quelques années, je me souviendrai plus probablement de l’algarade que de ce que nous mangeâmes. Mais la beaufitude avait encore frappé.

Remarque : la cigarette semble jouer un rôle majeur dans la beaufitude, surtout au restaurant. La seule fois de ma vie où je suis allé dans un doublement étoilé, un autre gros porc plein de foie gras et de fric, accompagné de sa pouf de 30 ans moins âgée, courroucé de ne pas être en salle fumeur, est allé se planquer dans les toilettes pour s’en griller une. Lamentable.
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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 10:34
Pascal Sevran n'a pas toujours tenu ces propos diarrhéïques sur la bite des Noirs, principalement parce qu'il en avait souvent une en bouche. En garçon bien élevé, il sait qu'on ne doit pas parler lorsqu'icelle est pleine.
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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 10:29

Je sais gré aux Enfants de Don Quichotte d'avoir crée un nouveau tourisme social, plus abordable pour les classes moyennes.

Plus besoin désormais de claquer 2000 euros pour aller s'ébahir de la misère humaine en visitant les favelas de Rio ou les townships du Cap. A deux pas de chez vous au coeur de Paris, pour le prix d'une tente Quechua et d'un saucisson Justin Bridou, allez partager le dénuement des SDF le temps d'une nuit ou deux. Vous serez le roi de la soirée lorsque vous raconterez cette aventure extrême à vos amis, de retour bien au chaud dans votre loft.

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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 10:26

Franchement, heureusement que le problème des SDF en France a été résolu en trois semaines par les Enfants de Don Quichotte, parce que de toute façon, Augustin Legrand n'aurait pas pu rester plus longtemps, il avait un tournage en Afrique du Sud... En plus, il est obligé de se raser la barbe pour le rôle.

L'abbé Pierre, lui, est mort avec la sienne.

 

 

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21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 15:25
Une réflexion m'est venue ce matin à 8h02, dans les vapeurs embrûmées du sommeil mises à mal par le marteau piqueur défonçant frénétiquement la chaussée sous ma fenêtre.

Le fond du problème social qui agite, lui aussi, frénétiquement, la France depuis plusieurs mois, est le suivant: êtes-vous de nature optimiste, ou pessimiste?

Ou, pour parler clairement, pensez-vous qu'il faille vous battre pour un monde meilleur, ou bien pour une vie la moins pire possible?

Personnellement, je suis d'avis que l'homme est un loup pour l'homme (ce n'est pas de moi, c'est de Florent Pagny), ce qui a été démontré irréfutablement par l'échec total de tous les systèmes communistes. En effet, cette belle idée, le communisme, part malheureusement du principe que l'homme est bon, tout au moins suffisamment pour partager un tant soit peu avec ses camarades. Or, ce postulat qui est sans doute vrai chez la majorité, est incontestablement faux pour une minorité plus ou moins nombreuse mais indubitablement réelle, de cupides aux dents longues dont le but sera d'avoir plus et mieux que les autres (que ce soit en termes de notes à l'école, de pognon, de voitures ou même de gonzesses). D'où, le capitalisme.

Cette démonstration me vaudra, j'en suis sûr, le prix nobel d'économie dans quelques années.

Quoi qu'il en soit, mon idée, que d'aucuns trouveront tristes, car je ne suis pas révolutionnaire dans l'âme, et qui plus est fataliste, est que le monde est ce qu'il est  et qu'a priori il ne s'arrangera pas. Globalement pas très optimiste de nature, je suis en conséquence  plutôt d'avis que la politique du moins pire est une option préféréable à une hypothétique politique du meilleur ne pouvant amener que désillusions et échecs cuisants.
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15 avril 2006 6 15 /04 /avril /2006 18:05
Depuis quelques temps, le racisme beauf reprend du poil de la bête. Il est de bon ton, entre bourgeois de bonne éducation (le racisme primaire, fait essentiellement de peur de l'autre, de son inconnu, n'est plus réservé au français moyen ou à la vieille noblesse enfermée dans son 19ème siècle, mais s'est étendu à toutes les franges de la population) dire tout haut tout le mal que l'on pense des arabes.

Le politiquement correct fera juste que l'on emploiera le vague "ils" ,néanmoins très compréhensible dans ce contexte, plutôt que le désormais suranné "bougnouls" qui avait au moins le mérite de la franchise. Sans oublier le pudique terme "jeune", qui désigne rarement dans les media un petit blanc bien propret mais presque toujours un plus ou moins basané (en général le visage est flouté mais pas suffisamment pour que le doute subsiste) en survet capuche vivant en banlieue (si possible délinquant ou au moins présenté comme tel pour bien faire comprendre à mamie qu'il faut qu'elle ait PEUR).

Je ne peux m'empêcher de trembler. La jeunesse débilitante qui manifesta un soir de mai 2002 plutôt que d'aller voter quelques jours auparavant, toujours prompte dans la connerie engagée, a désormais d'autres chats à fouetter (s'assurer une place de fonctionnaire notamment) que sauver les ratons, espèce pourtant bien menacée en France.

Symbole de ce racisme ordinaire grandissant, la cité et son traitement médiatique. Les casseurs, les "racailles", sont, à la télé, toujours des arabes (ou parfois des noirs, mais ne mégottons pas, pour l'amateur de Pernault -sous forme de 13 heures ou de pastis- cela reste quelqu'un de différrrrrent). On occulte, ou tout au moins on n'insiste pas trop, sur le fait que, dans le gang des barbares, parmi les casseurs, etc, il y avait des jeunes bien blancs, qui se prénommaient Jérôme et pas Youssouf. Les humanistes sirupeux contribuent de plus, dramatiquement et malheureusement, à creuser le fossé entre la cité et le français bêtement raciste.

En effet, bien qu'il ne faille absolument pas occulter l'aspect sociologique des atrocités commises récemment dans les banlieues (jeunes filles brûlées, meurtre d'Ilan...), il ne faut pas non plus insister au point d'y trouver une excuse envers ceux qui les commettent, ce qui a pour unique conséquence de révolter (à juste titre) le bovin futur lepéniste. L'aspect sociologique me semble indéniable: si de tels actes n'arrivent qu'en banlieue (encore que les média ont ici aussi un rôle important: force est de constater qu'on parle beaucoup moins de Jean-Louis, étudiant en droit d'un quartier cossu qui assassine sa mère en lui défonçant le crâne à coups de bouteille- pourquoi?), si les jeunes de ces cités sont pour la plupart persuadées que les femelles n'ont aucun droit, si, si, si, la cité doit bien y être pour quelque chose, dans la misère qu'elle entretient, le sentiment de rejet du monde qu'elle provoque. Et cette misère sociale propre à la cité frappe tous ses habitants, aussi bien Mouloud que Charles-Henri (mais bien évidemment, il y a dans les cités une majorité de Mouloud puisque c'est là que nous les y mettons depuis 30 ans).

Pour comprendre les gestes horribles susmentionnés, il faut prendre en compte cet aspect. Mais cela ne veut pas dire que cet argument est unique ou fondamental. Mais cela ne doit bien évidemment pas servir à absoudre les auteurs de tels actes, car vouloir comprendre ne veut pas forcément dire vouloir justifier ou excuser. Simplement tenter de réfléchir à ce qui doit être fait pour que cela n'arrive plus, pour que les mentalités changent de part et d'autre. *

Et faire en sorte que le pays des droits de l'Homme ne devienne pas le pays de la Nausée.





*Pour une analogie peut-être parlante: tous les historiens spécialistes de la Shoah prennent en compte, pour tenter de comprendre et d'expliquer l'Incompréhensible, l'antisémitisme virulent qui régnait à l'époque dans la vieille Europe (voyez l'affaire Dreyfus pour ceux qui penseraient que, en France, on était mieux que les autres). Cet argument est, d'une part, un argument parmi d'autres, dont l'importance varie selon les interprétations des spécialistes, et, d'autre part, n'a jamais servi d'excuse ou de justification au IIIème Reich (sauf chez certaines personnes qu'on appelle révisionnistes, et qui ne sont pas forcément connus pour leur objectivité historique). Je reviendrai sans doute sur ce sujet complexe (mes pensées s'ordonnent difficilement pour le moment).
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31 mars 2006 5 31 /03 /mars /2006 16:25

Mais qui est vraiment ce petit trou de balle donneur de leçons, qui veut devenir fonctionnaire -chercheur au CNRS-, conchie la droite libérale, et qui pourtant prend position contre les jeunes rebelles anti-CPE, vous demandez-vous sans doute à la lecture de mes confuses chroniques.

Je vais tenter de répondre avec qui ça? Avec brio, bien sûr.

Tout d'abord, un homme, me semble-t-il, doit être fait de contradictions et de doutes pour mériter un tant soit peu d'intérêt. Rien de plus affligeant que les crétins bornés, sûrs d'eux et convaincus des vérités intangibles de leur conn(erie)aissance universelle et monobloc. La seule certitude que j'ai c'est d'être dans le doute (ça m'agace, j'ai l'impression que cet homme là a dit bien mieux que je ne le ferai jamais bon nombre de mes non-convictions profondes).

Bref, je suis fait de contradictions, ce qui explique la prétendue nébulosité de mes opinions éclairées. Si je me casse la voix aux concerts métalliques d'Iron Maiden, j'ondule mon corps de bonheur en écoutant Boney M. Si mon goujon frétille devant la beauté des poèmes de mon cher Victor, faire caca en lisant l'Equipe ou Entrevue me ravit également. Si j'apprécie la profondeur subtile de certains dialogues de Woody Allen, je m'esclaffe niaisement et grassement devant les farces stupides mais parfaitement assumées des frères Farelly.

Ceci mis au clair, j'en reviens au problème politique secouant notre beau pays actuellement, pour tenter d'expliquer au mieux mon point de vue (qui, j'en suis conscient, n'intéresse que moi, n'ayant pas la fibre prêcheuse).

Mon but dans les lignes qui vont suivre n'est pas de juger de la qualité de la réforme CPE. Je souhaiterais simplement souligner que le gouvernement ELU démocratiquement (pas par moi puisque je ne vote pas, c'est vous dire comme je suis impartial sur la question) est un gouvernement de droite. Qu'il pratique une politique de droite ne me semble donc absolument pas choquant. Que le gouvernement choisisse la voie de la réforme plutôt que la voie de l'immobilisme douillet suivi par tant de prédécesseurs (des deux partis, d'ailleurs) me semble, ce qui n'est déjà pas mal, relativement courageux. Car évidemment, quand on ne fait rien, le risque de se mettre les électeurs à dos est largement moins élevé.

Mais la crise actuelle est à mon sens révélatrice d'une mentalité française dont la portée dépasse largement le simple cadre du CPE. Les français sont allergiques aux réformes, qui sont, pourtant, semble-t-il, nécessaires, dans un pays plombé par sa dette, par le chômage de sa jeunesse, la fuite de ses entreprises et de ses cerveaux, j'en passe et des meilleures. Seraient-ils convaincus d'être encore au temps des 30 glorieuses, au temps du plein emploi à vie, au temps de la retraite et de la sécurité sociale? Ou, ce qui revient au même, que ce temps-là est encore possible? 

Il est affligeant de voir une jeunesse ,"intégrée" comme on dit,aussi conformiste, convaincue du bien-fondé de son immobilisme, contents de vivre dans le pays ayant l'un des plus forts taux de chômage chez les jeunes et ne voulant rien y changer, et confortée dans cette mollesse d'esprit par la génération précédente qui a laissé ses burnes et ses ambitions sous les pavés de la rue Saint-Jacques pour devenir fonctionnaire à la Poste.

Il est affligeant de voir la peur que le monde de l'entreprise inspire, ses "cadences infernales", sa "flexibilité", son "cynisme". De voir que les étudiants souhaitant professionaliser leurs diplômes sont considérés par la majorité de leurs pairs comme de vilains collabos. De voir que les étudiants d'école d'ingénieur sont considérés comme des privilégiés, des élites, des fils de riches qui ne s'impliquent pas par égoïsme puisqu'ils sont sûrs de devenir riches eux-mêmes. De voir que l'ambition de se dire que si l'on fait ses preuves, on finira par se faire une belle situation est annihilée par un manichéïsme (méchant patron contre gentil nouvrier) tel que même Zola dans les plus belles pages de Germinal n'avait osé l'exprimer.

Vous me direz que le petit con que je suis à bon dos de faire la morale puisqu'il cherche la sécurité de l'emploi dans le fonctionnariat. A vrai dire, je suis favorable à une évaluation des fonctionnaires, ainsi que cela se fait dans n'importe quelle entreprise et parfois même déjà, chez certains de nos voisins, dans l'administration. Sur ce point tout au moins, j'approuve le pacte pour la recherche, en son temps déjà si décrié par les fervents partisans de l'immobilisme et de la petite vie pépére (comme quoi, rien de nouveau sous notre soleil).

Il est affligeant de voir Bruno Julliard et ses énormes sourcils froncés, fier représentant de 40% des 8% d'étudiants syndiqués, étaler son sourire de petit con satisfait chaque soir sur tous les plateaux télés, demander le retrait du CPE comme un gosse refuserait de respirer tant qu'on ne lui achète pas sa cape de Zorro, mais surtout assurer son propre avenir au PS pour les 30 prochaines années. De voir plus généralement les syndicalistes se targuer encore et toujours de représenter le peuple, la France, alors qu'ils ne représentent plus qu'eux-mêmes depuis bien longtemps. De voir l'opposition hurler avec les loups pour essayer de faire oublier son manque d'envergure et ses querelles intestines de petits egos (ce qui leur permit, par exemple, d'ergoter misérablement pendant toute la crise des banlieues pour savoir si leur référendum interne avait été truqué ou non).

Il est affligeant de voir les arguments foireux de ces médiocres auto-proclamés révolutionnaires, leurs références incessantes aux sans-culottes (qui, eux, étaient vraiment pauvres et défavorisés, et qui, eux, se sont aussi vraiment fait niquer) et à Mai 68 comme justification de leurs violences qui ne font pourtant penser qu'à un enfant gâté cassant ses jouets. De les voir bloquer les routes, les universités, de les voir manifester accompagnés de leurs parents voire de leurs papis, sourire niais aux lèvres comme s'ils étaient à la fête foraine, comme s'ils faisaient leur promenade du dimanche (je soupçonne que ce sont les mêmes connards qui prennent le métro à 18h, partent au ski en février et à Nice au mois d'août, parce qu'ils doivent aimer le contact humain surtout s'il est à moins de 10 centimètres).

Il est affligeant de voir que les seules analyses intelligentes sur le sujet sont le fruit de journaux étrangers (je ne parle pas de Fox News qui conseille d'aller passer ses vacances en Irak car c'est moins dangereux que Paris).

Pour conclure, on aura bien compris que je suis affligé. Ceci dit, je comprends la jeunesse: moi aussi, je voudrais bien être payé 5000 euros par mois, avec un boulot sans pression mais ultra-intéressant, 10 semaines de congés payés, 35 heures et les RTT. Allez les jeunes, après la révolution du prolétariat, voici venu le temps de la révolution du fonctionnariat. Hasta la victoria siempre.

 

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 09:42

La société secrète judéo-maçonnique gouverne le monde, avec l'appui des extraterrestres de Roswell, au nez à la barbe des petites gens que nous sommes, depuis des siècles.

C'est cette société judéo-maçonnique qui a fomenté la révolution française pour faire chuter la royauté, et sous couvert de démocratie, a pu mettre en place une dictature bourgeoise qui s'est rapidement étendue à l'échelle européenne, ainsi qu'aux Etats-Unis.

Pour éviter la propagation de la révolution prolétaire soviétique (encore qu'un courant radical de théoriciens du complot affirme que la révolution soviétique est également d'origine judéo-maçonnique, menée par le sémite Trotsky), les judéo-maçonniques ont, par des provocations répétées, poussé à la guerre le gentil Adolf. La société bourgeoise, bien décidée à ne pas lâcher le pouvoir si chèrement acquis, a décidé de se défaire d'une de ses parties, comme on sacrifie parfois une branche d'un arbre pour qu'il puisse survivre: la bourgeoisie judéo-maçonnique dominante a subtilement provoqué le massacre de la petite bourgeoisie juive (l'Holocauste) pour détourner de la révolution les prolétaires. Cela, de plus, a permis au sionisme la création d'Israël, qui est devenu depuis  la place forte de la domination mondiale, plaque tournante de l'argent et du pétrôle.

A la fin de la guerre, et depuis l'effondrement du communisme, le complexe judéo-maçonnique a conquis la planète, et, relayé par des organismes secrets tels que la NSA, la CIA, le KGB, ou le CPE, il suit chacun de nos mouvements (notamment quand je vais aller faire caca d'ici quelques minutes) par satellites espions.

Le gouvernement mondial est à l'origine de toutes les guerres pour s'approprier les richesses des rares espaces de libertés qui ne sont pas encore sous sa coupe (Irak, Cuba, Iran).

Le gouvernement mondial judéo-maçonnique est à l'origine des résurgences religieuses actuelles, utilisées comme opium du peuple, et comme moyens de divisions (pendant que les fanatiques de tous bords s'assassinent au nom de Dieu, les judéo-maçonniques sont plus tranquilles pour mener le monde à leur guise, sans que nous ne nous rendions compte de rien).

 ....

Je pourrais continuer encore longtemps. Ne riez pas. Toutes ces "théories" ont été émises par des gens qui les prennent au sérieux (la "théorie" de l'Holocauste comme manipulation capitaliste est notamment le fruit de révisionnistes d'extrême gauche).

Ne sachant pas trop comment conclure, je vais donc aller faire caca, en espérant que les satellites ne zooment pas trop. Gardez l'oeil ouvert quand même, parce que la vérité est ailleurs, comme le disait Fox Mulder.

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17 mars 2006 5 17 /03 /mars /2006 10:13

L'une des inventions les plus pitoyables de l'intelligence humaine: le débat d'idées.

Preuve encore une fois hier soir, à propos, bien sûr, du CPE, sur France 2.

Les rares personnes constructives, posées, et réfléchies, et ce quelle que soit leur position, ne sont de toute façon pas écoutées par la majorité de débiles présents. Je décernerais d'ailleurs la palme à la représentante syndicale des lycéens alignant les lieux communs cheguevaresques version Lorie avec la fougue de ses 17 ans, et au représentant de l'UNEF et son sourire auto-satisfait de petit bourgeois propret de mes deux qui va décoiffer sa mèche dans la rue pour oublier qu'à 25 ans sa mère lui lave encore ses slips.

Je ne parlerai même pas des deux politiques présents qui n'ont pu s'empêcher, comme d'habitude, au bout de 5 minutes, de se lancer dans le classique: "oui mais nous quand on était au gouvernement, on a fait baisser d'1/3 le chômage des jeunes" "non c'est pas vrai, parce que il reste 40% de chômeurs chez les jeunes et c'est nous qu'on va les faire baisser" "Mais regardez les chiffres au lieu de leur faire dire n'importe quoi" "toi même, d'ailleurs les français ils le savent bien que vous dites des choses qu'elles sont pas vraies parce qu'on vous a battus aux dernières élections" "miroir" etc... Du haut niveau, en somme.

Plus généralement, chacun est reparti chez lui encore plus ancré dans ses convictions qu'au départ (notamment, pour les étudiants, que le gouvernement est très méchant, que les patrons sont très méchants et que leur seul but dans la vie est de licencier leurs salariés -surtout les jeunes, ah les jeunes- pour qu'ils meurent de froid et de faim dans cette société capitaliste qu'elle est pas très gentille), et a pu se féliciter d'avoir prôné le "dialogue" sans pour autant avoir, ne serait-ce qu'une minute, tenter d'écouter les autres.

Je suis allé vomir.

 

Je ne résiste pas, en appendice, à remettre ici le petit texte de Desproges intitulé sobrement non aux jeunes, et qui date, tout de même, de 1986:

«Et vous, qu'est-ce que vous avez fait pour les jeunes ? » lançait l'autre soir Jack Lang, cette frétillante endive frisée de la culture en cave, à l'intention de je ne sais plus quelle poire blette de la nouvelle sénilité parlementaire.
«Qu'est-ce que vous avez fait pour les jeunes?» Depuis trente ans, la jeunesse, c'est-à-dire la frange la plus totalement parasitaire de la population, bénéficie sous nos climats d'une dévotion frileuse qui confine à la bigoterie. Malheur à celui qui n'a rien fait pour les jeunes. c'est le péché suprême, et la marque satanique de la pédophobie est sur lui. Au fil des décennies,
le mot «jeunes» s'est imposé comme le sésame qui ouvre les voies de la bonne conscience universelle. Le mot «vieux» fait honte, au point que les cuistres humanistes qui portent la bonne parole dans les ministères l'ont remplacé par le ridicule «personne âgée», comme si ces empaffés de cabinet avaient le mépris des rides de leurs père et mère. Mais les jeunes ne sont pas devenus des « personnes non âgées ». Les jeunes sont les jeunes. Ah, le joli mot.

....Aujourd'hui, à l'âge mûr. les jeunes me sont encore plus odieux. Leurs bubons d'acné me dégoutent comme jamais.
Leurs chambres puent le pied confiné et l'incontinence pollueuse de leurs petites détresses orgasmiques. Et quand ils baisent bruyamment, c'est à côté des trous.Leur servilité sans faille aux consternantes musiques mort-nées que leur imposent les marchands de vinyle n'a d'égale que leur soumission béate au port des plus grotesques uniformes auquel les soumettent les maquignons de la fripe. Il faut remonter a l' Allemagne des années 30 pour retrouver chez des boutonneux un tel engouement collectif pour la veste à brandebourgs et le rythme des grosses caisses.
Et comment ne pas claquer ces têtes à claques devant l'irréelle sérénité de la nullité intello-culturelle qui les nimbe ? Et s'ils n'étaient que nuls, incultes et creux, par la grâce d'un quart de siècle de cretinisme marxiste scolaire, renforcé par autant de diarrhéique démission parentale, passe encore. Mais le pire est qu'ils sont fiers de leur obscurantisme, ces minables.
Ils sont fiers d'être cons.
«Jean Jaurès? C'est une rue, quoi», me disait récemment l'étron bachelier d'une voisine, laquelle et son mari. par parenthèse, acceptent de coucher par terre chez eux les soirs où leur cretin souhaite trombiner sa copine de caleçon dans le lit conjugal.
Ceci expliquant cela : il n'y a qu'un «ah» de résignation entre défection et défécation. J'entends déjà les commentaires de l'adolescentophile de bonne mise : « Tu dis ça parce que t'es en colère.
En réalité, ta propre jeunesse est morte, et tu jalouses la leur, qui vit, qui vibre et qui a les abdominaux plats, "la peau lisse et même élastique ", selon Alain Schifres, jeunologue surdoué au Nouvel Observateur. »Je m'insurge. J'affirme que je haïssais plus encore la jeunesse quand j'étais jeune moi-même. J'ai plus vomi la période yéyé analphabète de mes vingt ans que je ne conchie vos années lamentables de rock abâtardi.
La jeunesse, toutes les jeunesses. sont le temps kafkaïen où la larve humiliée, couchée sur le dos, n'a pas plus de raison de ramener sa fraise que de chances de se remettre toute seule sur ses pattes.
L'humanité est un cafard. La jeunesse est son ver blanc.
Autant que la vôtre, je renie la mienne, depuis que je l'ai vue s'échouer dans la bouffonnerie soixante-huitarde où de crapoteux universitaires grisonnants, au péril de leur prostate, grimpaient sur des estrades à theâtreux pour singer les pitreries maoïstes de leurs élèves, dont les plus impétueux sont maintenant chefs de choucroute à Carrefour.

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13 mars 2006 1 13 /03 /mars /2006 17:39

Depuis deux semaines, Jussieu (et une trentaine d'autres facultés en France) est en grêve, contre le CPE.

La jeunesse crie son ras-le-bol face à un probleme auquel elle ne comprend visiblement rien (non que moi, je sois capable de leur expliquer, mais il suffit de les voir s'exprimer sur TF1 pour se demander, affligé, si on assiste à une caricature d'Elie Seimoun ou s'ils sont vraiment aussi lobotomisés à force d'écouter Matt Pokora).

Ces petits crétins organisent le contrôle des entrées à la fac, se sentant des hommes en empêchant, parfois relativement violemment, leurs camarades (sans sous-entendu communiste) qui souhaiteraient aller bosser de pénétrer (sans sous-entendu graveleux), et en obligeant les chercheurs, parfois de très loin leurs aînés, à montrer patte blanche pour pouvoir se rendre sur leur lieu de travail. Ironie de la situation, ils s'empressent après leur "prise de pouvoir" de recréer le flicage incessant et nauséabond qu'ils villipendent (ou villepinisent?) si férocement chez Nabozy.

Oui mais voila, 20000 étudiants en sciences à Jussieu, et les AG des petits syndicalistes en herbe (qui a dit "manipulés" par les grands, les anciens frustrés de 68 qui souhaiteraient se sentir jeunes de nouveau, malgré leur évidente surcharge pondérale dûe à l'abus de foie gras?) se tiennent à moins de 1000 personnes. Je ne sais pas si les étudiants sont majoritairements contre la grêve, mais voici quelques petites anecdotes collectées auprès de mes élèves ce vendredi. "Il n'y a pas de blocus aujourd'hui vu que les grêvistes voulaient partir en week-end" (effectivement, le blocus a repris aujourd'hui, lundi). "Ca fait deux semaines qu'on ne fait rien, on est content d'avoir TP" (effectivement, effectif au complet si j'ose dire, ce qui ne m'était pas arrivé si souvent que ça en deux ans d'encadrement) "la semaine dernière, un élève a franchi le mur d'enceinte de 4m de Jussieu pour pouvoir venir en TP" (il s'est fait sermonner, à juste titre, par le technicien: ce n'est pas la peine de risquer la mort pour aller bosser quand même, surtout que le TP, tu ne le feras pas vu que tu es tout seul)...

On mentionnera également, en terme de connerie crasse,  l'occupation de la Sorbonne, qui a permis la dégradation de plusieurs objets à  valeurs historique et pécuniaire.

Je préfère les jeunes quand ils se rebellent en écoutant Kyo plutôt que quand ils essaient de faire comme leurs ancêtres, des barricades (tiens, c'est marrant, le PDG de Renault est un ancien leader de mai 68). Car il n'y a qu'eux qui ne savent pas encore qu'ils termineront pareillement, carriéristes ou tout petits bourgeois.

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