Le (bon) physicien va s'attaquer à un problème en posant l'équation correspondante, puis en essayant de la simplifier au maximum suivant les conditions aux limites et le domaine d'application de son modèle.
Puis, par un calcul "coin de table", il va par exemple comparer 2 systèmes, l'un pour lequel il trouvera 50 x (x étant une unité quelconque), l'autre 100 x.
Ensuite, il comparera ce facteur 2 entre ces deux valeurs, en fonction des différences du système, et en tirera certaines conclusions.
Le numéricien va arriver, en expliquant que la simplification de l'équation est outrageuse, parfois il va rajouter que l'analytique c'est sale et que rien ne vaut une bonne grosse résolution numérique par un gros ordinateur.
Bref, il va faire ou faire faire par une machine toute une série de calculs extrêmement complexes, puis montrera qu'on trouve en vrai 49.57 et 101.37, et que donc il n'y a pas un facteur 2 entre les deux valeurs, mais un facteur 2.04. Généralement il s'arrêtera là parce que les conclusions physiques c'est pas trop son truc.
Je vous laisse deviner lequel, dans cet exemple caricatural, écrira éventuellement un papier qui aura un impact, ou aura un raisonnement utile à la communauté.
Alors, après, il y a les numériciens qui cherchent à bosser avec des physiciens parce qu'ils finissent par apprécier les vertus de "l'intuition" (ou plutôt du sens physique). Il y a aussi ceux qui penseront toujours que les physiciens sont des imposteurs en sortant tous les contre-exemples où cette approche "premier ordre" échoue dans les grandes largeurs (et il y en a). Car il est vrai qu'il y a des physiciens qui, à force d'obsession du scaling, finissent par négliger des préfacteurs pas du tout négligeables...
Mais bon, n'empêche, souvent, et même dans la vraie vie, un petit calcul coin de table permet de mieux poser les idées que des pages de calcul qui ne font que perdre l'auditoire...