Le petit break printanier nous a emmené en Italie pour une grosse semaine. Cela présentait de nombreux avantages pour nous: pas trop loin, pas trop cher, a priori très beau pour faire de bonnes balades, avec de la bonne bouffe et du bon pinard, et nous ne connaissions pas du tout.
Au menu, 3 jours et demi à Venise, 1 jours à Vérone, 3 jours à Florence et une après-midi à Pise.
Arrivée à l'aéroport de Venise le dimanche soir, nous nous dirigeons sur l'île en prenant le bateau-bus Alilaguna, qui coûte une quinzaine d'euros. En fait, on ne voit pas grand chose et c'est assez long, donc je pense que si on revient, on fera le bus "normal", trois fois moins cher.
Notre hôtel, le "Bed and Breakfast" Antica Raffineria est à situé 10 petites minutes à pied de l'arrêt Fondamente Nuove, dans le Canareggio, mais le check in se fait dans un autre hôtel, dans le Ghetto Juif, un peu plus bas, avant que le réceptionniste ne nous guide vers le B&B.
En Italie, on finit très vite par ne plus s'étonner de ce genre de choses...
Les italiens ont une conception assez vague du B&B: en l'occurrence, ici, il s'agit d'un tout petit hôtel (3 ou 4 chambres) dans ce qui était peut-être il y a bien longtemps un appartement, mais ressemble plutôt à un ancien local commercial. Nous ne sommes pas du tout chez un particulier, le petit-dèj n'est pas "maison", il n'y a pas de salle commune, ou tout ce qui peut faire le charme des B&B ricains lorsque l'on va visiter un trou paumé.
La chambre est relativement spacieuse mais spartiate, assez sombre. L'hôtel est dans une cour, donc c'est relativement calme, mais les murs et les portes en carton font qu'on entend bien tout ce qui se passe dans la salle du petit-déjeuner, juste à côté... celui-ci est plutôt frugal, mais le réceptionniste, très gentil et qui parle un peu français, est tout à fait prêt à donner du rab si on demande.
Si globalement ça n'a rien de scandaleux, le prix qu'on paye (avec la taxe de séjour sur laquelle je reviendrai, 120 euros par nuit) est tout de même franchement élevé par rapport aux prestations.
A ce propos, vu que ça a l'air général à Venise (où tout est payant et cher), si quelqu'un connaît un bon plan pour loger, ça m'intéresse: soit un truc pas terrible comme celui que j'ai décrit mais pour 40 euros de moins, soit, quitte à lâcher plus de 100 euros par nuit, un truc un peu mieux. J'avoue que nous n'avons pas fait de recherches très approfondies, mais que tout ce que nous avons vu nous semblait plutôt bien cher et moyen... ce sera aussi souvent le cas pour la bectance d'ailleurs: on n'est pas dans l'une des villes les plus touristiques du monde pour rien.
Bon, je ne vais pas vous inonder de photos de la place Saint-Marc ou autres gondoles et pont des Soupirs, vous trouverez tout ça mille fois sur la toile. Cela dit, je vais quand même confirmer ce que tout le monde a déjà dit: Venise est une ville magnifique, de jour comme de nuit et même sous la pluie.
Allez, quand même une bien cliché, avec justement la gondole et le fameux pont:
Malgré ce qu'on pourrait craindre, la ville garde en général un aspect relativement authentique et naturel, même si j'ai du mal à imaginer de quoi peuvent bien vivre les vénitiens qui ne travaillent pas en lien avec le tourisme: j'ai trouvé ça vachement moins "Disneyland" que Prague, par exemple.
Il faut dire que c'est plus grand qu'on ne l'imagine (4 kms sur 2, mais tant de ruelles et de canaux qui font faire tours et détours...), et que donc certains quartiers, Santa Croce, le Canarregio ou le Castello, restent encore un peu à l'écart de la masse de touristes qui ne vient que passer un jour ou deux.
Sachant cependant que la ville reçoit 20 millions de touristes par an pour 60000 habitants intra-muros, je pense qu'il est préférable d'éviter d'y aller en été (en plus du temps paraît-il pénible). Et qu'il faut se préparer à ne pas être seul, même en période "creuse"...
Je dirais qu'il faut compter 3 jours pour avoir bien le temps de profiter, d'explorer toute l'île sans trop planifier et sans courir, et même de faire quelques musées et visites d'église (prévoyez un budget conséquent). Une après-midi nous a été gâchée par la pluie, donc c'était le compte, mais il nous a manqué une journée pour aller visiter les îles alentour qui valent paraît-il le coup d'oeil (Burano, Murano, Giudecca...).
Je conseille de ne pas oublier son plan détaillé, la ville est vraiment traître et il est extrêmement difficile de se repérer: même en ayant bien la géographie de l'île en tête, avec les canaux, les culs de sac, et les ruelles qui n'arrêtent pas de tourner, on a vite fait de se retrouver à l'opposé de là où on voulait aller si on se fie à son instinct.
Question nourriture maintenant: d'après ce que j'ai lu et ce que quelques italiens ont pu me dire, Venise n'est pas la ville italienne la plus traditionnellement "gastronome". C'est encore amplifié par l'afflux de touristes: avec un resto tous les 3 mètres, il est plus facile de tomber sur une horreur pizza-burgers-bolognaise que sur une trattoria authentique...
Il y a cependant quelques plats typiques: le pasta e fagoli, une sorte de mélasse épaisse de haricots avec quelques spaghetti noyés dans le fond, fut l'une des expériences culinaires les moins enthousiasmantes de ma vie (surtout que je m'attendais à une sorte de minestrone...). Ce n'est même pas que c'était mauvais, c'était encore pire: je crois que je n'avais rien goûté d'aussi fade depuis le porridge. Je pense que le but est le même: se plâtrer le bide avant d'aller courir un marathon ou se taper 3 jours de pêche. La version goûtée, dans un resto pourtant pas si mal, ressemblait à ce qu'on voit ici: avouez que ça fait pas rêver.
Sinon, il y a les bigoli in salsa, des pâtes à mi-chemin entre les spaghetti et les tagliatelles, dans une sauce aux anchois et aux oignons. C'est basique aussi, mais largement plus recommandable.
Les bigoli peuvent également être accomodés à l'encre de seiche (bigoli al nero di seppia), assez populaire dans la lagune. C'est également bien bon.
En fait, Venise est surtout connue pour les cicchetti, sortes de tapas, que les vénitiens aiment bien déguster debout au bar ou en terrasse en buvant du pinard de la région. Il y en a de plusieurs sortes, ce sont souvent des boulettes frites à base de viande, de poisson, ou de légumes, parfois assez proche de ce que je connais des mezze libanais. Le problème est qu'il sont souvent préparés à l'avance et servis réchauffés: la friture ou le pané, ça perd alors vite de son intérêt.
On les trouve aussi sous la forme de crostini, du pain recouvert de divers ingrédients, du plus simple (tomate-huile d'olive) au plus complexe.
Et puis il y a les assiettes de fruits de mer en antipasti, dont certaines sortes un peu bizarroïdes n'existent que dans la lagune (notamment, m'a-t-il semblé, une espèce de langoustine pâlote et franchement moche).
Petite remarque en passant, les deux fois où nous avons pris ces assiettes, elles nous ont été servies tièdes, comme passées au micro-ondes. Je n'ai pas très bien compris s'il s'agit d'une coutume locale où s'ils pensent que les touristes ne mangent pas les fruits de mer froids, mais c'était assez surprenant (et pas génial).
Au sujet des restaurants, je n'ai pas de grandes adresses à révéler. Le but était de manger convenablement sans trop se ruiner - objectif repas complet pour moins de 30 euros par tête, souvent en partageant entrée et/ou dessert- et nous avons globalement réussi.
Je pense que le Cannarregio est un bon quartier pour se restaurer, pour peu qu'on évite la rue principale (Strada Nova qui se transforme ensuite en Rio Tera). Dans les ruelles parrallèles ou le long des Fondamenta, il y a de quoi faire. Santa Croce est probablement une autre destination judicieuse.
Le dîner le moins cher fut sans doute le meilleur, chez Alla Vedova (aussi dit Ca'D'Oro: Calle del Pistor, petite traverse juste derrière Strada Nova). Apparemment, une osterie authentique, ce soir là blindée de touristes mais aussi de vénitiens mangeant les fameux cicchetti en discutant et picolant au bar.
40 euros pour le couvert, de l'eau plate, le pichet de rouge maison, une assiette d'antipasti, une assiette de calamars et polenta (ici très pâle et liquide, quasiment comme de la purée), une assiette de linguini à l'encre, et une assiette de gâteaux secs aux amandes avec deux petits verres de liquoreux.
Nous avons fait d'autres dîners corrects, quoiqu'un poil plus chers (dans les 50 euros pour deux), dans les restos des ruelles du ghetto, sélectionnés plus ou moins au hasard, par exemple à la Trattoria Antica Molla (Fondamenta Ormesini, Cannaregio).
Quelques remarques générales:
- à Venise, nous n'avons jamais eu une addition juste. On a presque l'impression que c'est plus pour le sport, vu qu'à chaque fois c'était au maximum deux euros. Parfois le compte semblait à peu près bon, mais les détails des prix ne correspondaient pas à ceux de la carte. Bref, plutôt que de me prendre le chou dans une langue que je ne connais pas, je me contentais de rempocher mon pourboire...
En fait, les italiens semblent avoir un rapport particulier à l'argent: la taxe de séjour et plein de choses ne peuvent se payer qu'en liquide, mais si c'est 16 euros et que le gars n'a pas la monnaie, il vous dira c'est pas grave et ne prendra que 15. Il y a plein d'endroits où on ne peut pas payer avec la CB, mais la moitié des DAB de la ville ne fonctionnent pas. Etc.
- le service est rarement très sympatoche, comme dans la plupart des villes touristiques. On oscille généralement entre le taciturne efficace et le limite désagréable même s'il y a des exceptions. C'est d'ailleurs aussi le cas dans les magasins (je sais que ça doit être chiant de tenir un magasin de grolles dans la rue passante avec 95% de touristes malpolis qui n'achètent rien, mais on ne vous a pas forcé... je me suis quasiment fait jeter d'un magasin Timberland parce que je n'arrivais pas à trouver le prix sur les pompes, écrit microscopiquement entre deux rainures de caoutchouc, et que j'ai cru qu'il était sur la boîte que j'ai donc dérangée).
- le couvert et l'eau sont toujours payants, entre 1,5 et 3 euros selon les endroits où nous sommes allés pour le couvert, entre 2 et 6 pour la bouteille d'eau selon la taille et le degré d'arnaque. Un peu comme les prix hors taxe et tip non inclus aux US, c'est à savoir pour estimer son addition... Si j'ai bien compris, le "pourliche" est plus ou moins inclus dans le prix du couvert, mais on peut toujours rajouter.
- le pain à Venise est uniformément dégueulasse, limite rassis (à Florence et même à Vérone, ce sera mieux - en tout cas, au moins frais).
- tous les restos visités au cours de notre voyage, même relativement "chics" (ceux à une ou deux fourchettes Michelin), proposent des pichets de vin "maison", généralement entre 5 et 8 euros le demi-litre, et très corrects. En tout cas largement plus buvables que ce que les rares restos français qui pratiquent cela peuvent proposer. Dans les régions vinicoles comme Vérone ou Florence, certaines trattoria ont même de vraies cuvées "personnelles".
Pour la pause déjeuner, quand nous n'avons pas opté pour le sandwich ou le "wrap" (espèce de pâte à pizza recouverte de tomate, de jambon, fromage et salade, le tout roulé sur lui-même et passé au grille à panini), nous avons été assez heureux dans nos choix.
Si manger debout ne vous fait pas peur (après 4h de marche, parfois, on a envie de se poser), il y a plein de petits bars à vins de 3m2 qui vous serviront des assiettes froides ou des sandwichs minute.
Près du pont du Rialto, il y a par exemple All'Arco (Calle Arco), où on nous a servi une assiette d'antipasti misti préparée à la minute, assez démente et largement assez copieuse pour deux (preuve en image): avec de la très bonne charcute, plein de petits légumes marinés, et trois quatre sortes de fromage (14 euros), plus deux verres de vins à 2 euros pièce. Après ça, on repart peinard, et ça côûte finalement à peine plus cher qu'un sandwich-coca à emporter.
Visiblement réputé, quoique plutôt pour le soir, il y avait dans le même style juste à côté de notre hôtel Al Timon (encore Fondamenta Ormesini), toujours blindé d'italiens à l'intérieur comme à l'extérieur. Propose aussi quelques tables et plats un peu plus élaborés, mais nous n'avons pas testé.
Enfin, on a quand même tapé dans la pizza, même si pour les puristes comme mon collègue napolitain, manger de la pizza à Venise est aussi pertinent que s'enfiler une choucroute à Toulouse.
Après vérification, nous avons mangé à la Pizzeria Al Profeta (Calle Lunga San Barnaba, pas loin du pont de l'Académie). Après avoir patienté 15-20 minutes pour une table (s'il fait beau ce qui n'était pas le cas, il y a un jardin intérieur avec des tables), nous avons dégusté une pizza excellente: j'avais oublié à quel point tous les ingrédients, de la sauce tomate à la pâte en passant par les champignons ou le fromage, pouvaient avoir du goût dans une pizza.
Tarifs raisonnables (environ 8 euros la pizza), même si, quand on ne mange que ça et qu'on rajoute couverts et eau, on s'en tire pour 11-12 euros par tête, soit finalement pas beaucoup moins que dans une pizzeria milieu de gamme parisienne. Mais avec une qualité incomparable.
Petit tip tant que j'y pense: ne vous fiez pas au plan google map de Venise, complètement à la rue sur le nom des rues... un plan "papier" est indispensable (et parfois pas suffisant, vu le nombre de ruelles minuscules et qu'il arrive que les rues aient deux noms selon que l'on regarde la plaque à droite ou à gauche)...
Enfin, passage en coup de vent à Vérone, jolie ville encore largement teintée de médiéval, qui aurait mérité qu'on s'y attarde un peu plus.
Pour le coup, nous logions dans un vrai B&B (Casapiu, http://www.bedandbreakfastcasapiu.com/, 80 euros la nuit taxe de séjour, petit déj et super machine à café inclus), tenu par un couple gay gentil, serviable et accomodant. Idéalement situé, derrière la piazza del Erbe, dommage que le karaoké dans le bar d'en bas ait duré un peu tard...
Le balcon de Juliette est profondément inintéressant (les amoureux collant leur chewing gum sur le mur, c'est même dégueulasse), mais le théâtre antique et la basilique de San Zeno (romane), un peu à l'écart du centre historique, valent la visite.
Le centre historique est touristique (tout de même patrimoine de l'Unesco) mais pas surpeuplé, les maisons sont colorées, et le combo piazza del Erbe- piazza dei Signori est impressionnant.
Monter sur le campanile et traverser le fleuve pour grimper en haut du centre archéologique sont deux activités à faire...
La gastronomie véronaise est semble-t-il un peu plus réputée, et notamment la partie "liquide", puisque c'est une grande région viticole (avec des balades intéressantes à faire pour les amateurs).
Le rouge du coin est le Valpolicella, qui remonte à l'époque romaine.
Dans les ruelles, plein de tratorria paraissant largement plus authentiques qu'à Venise, même si ce n'est pas moins cher.
Nous avons dîné à l'Osteria Al Carro Armato (Vicolo Gatto). De grandes tablées un peu soupe populaire: ce soir là pas grand monde, à part deux petits vieux qui picolaient en jouant aux cartes, une famille américaine et deux jeunes.
Plus carnivores que les vénitiens, les véronais sont de grands consommateurs de viande de cheval.
Priscilla a donc pris du pastissada di cavallo, une sorte de "bourguignon de cheval", où la viande a cuit extrêmement longtemps dans du vin rouge et peut presque se manger à la cuillère comme du lièvre à la royale C'est assez puissant, mais très bon. Servi avec de la polenta qui ressemble plus à celle que je connais que celle qu'on a pu manger à Venise: des espèces de galettes épaisses et assez fermes de farine de maïs. Ici, elles sont frites (à Nice, on les sert plutôt gratinées au four).
J'ai pour ma part mangé des tagliata di manzo, qui ne sont pas des pâtes mais des fines lamelles de boeuf, le tout parsemé de radis noir émincé de parmesan et de vinaigre balsamique. Un peu étrange, à mi-chemin entre le plat chaud et la salade, mais pas mal.
Avec une assiette de fromages décevante en entrée, deux supers tiramisu de la mamma et un peu de valpolicella de la casa, une cinquantaine d'euros.
Le lendemain, sur le pouce, une assiette de crostini, et pour ne pas mourir idiot, des sarde al saor (en fait, bêtement, l'équivalent de nos harengs marinés mais avec des sardines, idéal pour bien puer de la gueule et passer l'après-midi à digérer).
Et puis direction Florence.
A bientôt pour la 2ème partie, pour ceux qui ont eu le courage de tout lire.