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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 02:44

Je suis retourné aux USA pour la première fois depuis presque 3 ans.

Beaucoup de choses m'avaient manqué:

- se balader à longueur de journée avec à bout de bras son gobelet en carton muni de son couvercle en plastique rempli d'un demi-litre de liquide marron et bouillant qu'ils appellent café.

- les pick-ups trucks plus hauts que toi représentant environ 50% des véhicules en circulation et le fait qu'avoir 1 "pedestrian walk" quand il y en a une est une curiosité de la ville.

- les employés qui s'appellent Jenny ou Brad et sont "heureux de te servir aujourd'hui".

- les gens souriants et aimables aux dents blanchies.

- le look T-shirt uni jean baggy casquette indémodable de 15 à 60 ans.

- la junk food à 6$95 (fuck les burgers trucks parisiens et leurs burgers à 12 ou 15€).

- les douaniers à tête de mort qui te demandent pendant 15 minutes ce que tu viens faire aux USA.

- les tics verbaux "I was like, you know, oh my God, like, this is awasome you know eeeeeeeeuuuuhhh".

 

Et puis, en arrivant à Los Angeles, j'ai eu le plaisir d'assister pour la première fois de ma vie à l'évacuation par la police d'un passager qui avait été inconvenant pendant le vol à l'atterrissage, comme dans les séries. 

 

Par contre, je ne connaissais pas le principe des "body shots" (ou plutôt je l'avais vu dans Piranha 3D ou autres films débiles mais je ne savais pas que ça se faisait vraiment en soirée): eh ben je peux vous dire qu'entre deux mecs bourrés, dont l'un est Full Professor et l'autre Grad Student, c'est juste dégueulasse (alors que la version Piranha 3D semblait plutôt sympa). Surtout quand ça implique de raser le torse d'un des participants avant...

Oui, la conf a été assez intense, "polymer scientists going wild". J'ai su rester raisonnable.

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 10:23

Cela fait un petit moment que je n'ai pas fait de fiche de lecture.

 

J'ai récemment lu des fragments* de Notes from a big country, de l'américain Bill Bryson.

 

Bill Bryson a passé 20 ans de sa vie en Angleterre avant de retourner aux Etats-Unis, dans le New Hampshire, avec femme et enfants la quarantaine venue.

 

Il raconte, avec un humour "à l'anglaise", ses difficultés d'adaptation (ou de réadaptation dans son cas), les idiosyncrasismes américains (et parfois les clichés) sous forme de petites chroniques publiées à l'époque dans le Mail on Sunday en Angleterre.

 

Pour tous ceux qui ont vécu quelques années aux Etats-Unis en y émigrant à l'âge adulte, c'est une perle: je me suis senti revivre mes étonnements, mes incompréhensions, mon émerveillement parfois.

 

Parmi les sujets traités, le voisin qui prend sa voiture pour faire 200 mètres, l'amour pour les gadgets inutiles qui vous pourrissent la vie, la surconsommation énergétique, l'américanocentrisme, le respect des règles, l'incompréhension de l'ironie, les malls, l'uniformisation, les serveurs au restaurant, etc etc.

 

Le livre de Bryson est d'ailleurs tellement drôle qu'il a été plagié par nos meilleurs hommes de lettres germanopratins.

Et ça se lit très facilement en V.O.

 

 

 

* Acheté par une commande Amazon, je ne me suis pas rendu compte que j'avais acheté un "Best-of" en édition allemande avec des notes de lecture... (ça plus le fait qu'actuellement sur 5 commandes Amazon, 2 ont été perdues, et 1 s'est avérée ne pas fonctionner, vous comprenez que je préfère encore aller acheter mes bouquins à la Fnac ou à la librairie du coin s'ils sont disponibles).

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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 16:47

Chymkent est donc la 3ème ville du pays en population*, environ 500000 habitants, tout près de la frontière ouzbèke (à 100 kms de Tachkent la capitale).

 

Chymkent est un ancien comptoir de la route de la soie, mais elle a été tellement détruite par tout le monde au fil des âges qu'il ne reste pas grand chose de ce passé.

 

Il reste un quartier "pré-russe", à la frontière entre le bidonville et le village de campagne.

 

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Elle garde un esprit marchand avec le bazar central dont je reparlerai, et a chez les habitants d'Almaty le genre de réputation que Marseille peut avoir chez certains parisiens: c'est sympa, mais les gens sont un peu fous, fainéants, et voleurs, et on y vivrait pour rien au monde.

 

L'ambiance est clairement plus relax qu'à Almaty, effectivement on sent un petit côté "sudiste" avec pas mal de parcs, de terrasses, de gens à la cool qui picolent au soleil. On se faisait pas mal arnaquer à Almaty, donc ça ne nous a pas semblé plus le cas, et il n'y avait pas de sentiment d'insécurité même si un chauffeur de taxi nous a parlé d'un couvre-feu dans la ville, à 2h du matin (information que je n'ai pas réussi à confirmer ou infirmer sur la toile).

 

Nous avons dormi dans un hôtel assez spartiate (situé dans un centre commercial, eh oui) mais de plutôt bon rapport qualité prix, avant de nous rendre à la gare routière le lendemain matin prendre une autre marchroutka direction Turkestan.

 

La route reliant Turkestan à Chymkent est la route principale du pays, qui longe les voies de chemin de fer et remonte jusqu'à Aktau. Elle est pourtant dans un état déplorable, avec des nids de poule géants un peu partout. De larges portions sont en travaux, donc on roule sur les graviers à côté... ça devrait aller mieux dans quelques années, mais si vous avez le mal des transports, attendez-vous à souffrir avec en plus les chauffeurs tarés qui doublent par la droite, font des écarts brusques pour éviter un trou dans la chaussée etc.

 

Turkestan est une petite ville (moins de 100000 habitants) mais qui semble en pleine expansion: on arrive par la ville en passant devant de nouveaux bâtiments ultra-modernes, même si le coeur historique est encore assez brut de décoffrage. Notre hôtel est dans la plus pure tradition soviétique, relativement majestueux dehors et de loin, un peu mité quand on regarde de près, et avec des chambres vraiment pas terribles et un personnel antipathique au possible dedans.

 

Turkestan est surtout connu pour son mausolée de Yasaoui, un soufiste du 11ème siècle. Le mausolée commandé par un certain Tamerlan, est inachevé car celui-ci mourut avant la fin de la construction. C'est très bien préservé et le côté "éternellement en travaux" rajoute une touche un peu émouvante au bâtiment. Celui-ci est entouré de jardins de roses, et le tout est au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce qui semble inciter les kazakhes à capitaliser un peu dessus (rassurez-vous, y a encore du boulot avant que ça soit une destination touristique extrêmement courue).

 

On crève littéralement de chaud, probablement pas loin de 40°C avec un bon vent chaud qui permet de suer même sans bouger.

 

Le soir, nous croiserons un paramilitaire encagoulé avec une kalachnikov au bras au milieu de la rue, mais cela semblait n'inquiéter personne, surtout pas le flic à côté de lui. Puis, au resto, un pochtron baragouinant le français qui voulait à tout prix nous payer à boire. 

 

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Les poutres apparentes sont les vestiges du "chantier"  (la façade est aussi le seul endroit où les mosaïques n'ont pas été posées - voir photo de côté ci-dessous)

 

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Enfin, dernière étape, trouver un taxi disposé à nous conduire à 50 bornes au nord de Turkestan, au milieu du désert, dans les ruines de Sauran, une ancienne capitale mongole et comptoir de la route de la soie, abandonnée depuis le 17ème siècle et complètement détruite par le vent, la chaleur, et les pillards. Bref, l'archéologie à portée de main, ou plutôt à portée de Lada, encore une fois**.

 

C'est une expérience assez irréelle: être seuls au milieu du désert dans des ruines d'environ 1km de diamètre, sans surveillance aucune (je pense avoir profané une tombe en tirant un truc qui dépassait du sol et qui se trouvait probablement être un fémur - on peut aussi facilement se gaufrer dans un puits à ciel ouvert...). Là encore, on se plaît à imaginer ce que des amerloques auraient fait d'un endroit comme celui-là, entrée à 20$, achetez votre bout de poterie à 5$, ne sortez pas du chemin tracé etc... A voir, franchement à voir, tant que ça existe encore.

 

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 ce qu'il reste des fortifications et des bâtiments... pas grand chose.

 

 

Ensuite, ce fut back à Almaty.

Dans la dernière partie, on parlera bouffe.

 

 

 

 

* sorti d'Almaty, Astana, Chymkent et Karaganda (~400000 habitants), il y a surtout des villes autour de 100000-200000 habitants max.

 

 

** la Lada est une voiture exceptionnelle à qui aucune piste ou climat ne résiste. En plus, tout le nécessaire est accessible à la main (fils apparents etc), et il n'y a absolument rien de superflu...

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 13:22

Histoire de permettre aux cousins d'Almaty de respirer un peu tranquilles quelques jours, nous avons décidé de faire une petite escapade d'une semaine dans la région de Chymkent, 600 kms à l'ouest (et un peu au sud) d'Almaty, et 100 kms à peine au nord de l'Ouzbékistan et sa capitale Tachkent.

 

Nous nous rendons dans la région en empruntant le train de nuit (même ligne que le Almaty-Moscou en 72h, pour ceux qui ont la foi).

L'épreuve la plus rock'n'roll fut, comme déjà évoqué, l'achat des billets à la gare, qui semble même difficile pour les gens du cru (l'opératrice visiblement plus payée à la gueulante qu'au sourire éditant manuellement chaque billet).

Le billet classique en dortoir coûte environ 15€ l'aller-simple, et pour 20% de plus vous pouvez rajouter l'option "compartiment", à savoir une cabine avec 4 lits, idéal dans notre cas vu que nous étions 4 et pas à 2€ près.

La literie n'est pas inconfortable et c'est relativement spacieux, mais vous ne passerez probablement pas la meilleure nuit de votre vie, principalement à cause du train lui-même (bruyant et qui s'arrête en gare peu ou prou 15 minutes toutes les 45 minutes - le trajet dure plus de 13 heures, autant dire qu'on n'est pas en rythme TGV*) et du climat (le sky, ça colle quand il fait 35°C et que le train a été construit avant l'invention de la clim').

 

Le voyage se décompose comme suit: arrêt à Tulkubas, 70kms avant Shymkent, pour rejoindre la réserve naturelle d'Aksu-Zhabagyly (un parc "montagnard" qui est en fait la même chaîne qu'à Almaty) où nous passerons deux jours et deux nuits en logeant chez l'habitant.

Puis, 1 journée (et 1 nuit) à Chymkent avant de rejoindre Turkestan où nous passerons également une journée (et 1 nuit) avant de repasser quelques heures par Chymkent et de rentrer à Almaty.

 

Première petite péripétie: le Lonely Planet écrit que l'arrivée à Tulkubas est vers 5h du matin, nous mettons le réveil à 4h30. Histoire de ne pas se réveiller pour rien, on demande au contrôleur qui nous dit que non, c'est vers 6h, et qu'il viendra toquer à la porte. On se réveille donc vers 5h30, le contrôleur ne vient pas nous voir mais le train s'arrête vers 6h15, on demande si nous sommes bien à Tulkubas et on nous répond que nous sommes à Mankent, et que Tulkubas c'était la station d'avant. Comme quoi, croyez plutôt les guides que les contrôleurs blasés.

On descend quand même et on se retrouve donc dans un village un peu paumé et décrépit qui se trouve en fait dans la banlieue éloignée de Chymkent. Ce n'est bizarrement pas très vivant un jour de semaine à 6h du matin.

Après quelques atermoiements et avoir appelé notre contact d'Aksu qui nous demande ce qu'on a branlé bordel et nous dit de nous démerder prendre le taxi, nous nous dirigeons vers la grande route ou un marché semble se mettre en place.

Comme toujours, une voiture s'arrête rapidement pour nous demander si nous avons besoin d'un taxi (avec nos shorts, nos sacs, et nos grolles de rando, je crois qu'on remarque facilement les paumés de service). On explique tant bien que mal au mec qu'on est paumé, il s'assure qu'on lui demande bien de nous emmener à 60 bornes de là, on lui dit que oui, il nous dit que ça fera 4000T (25€), on répond ok parce qu'on n'est ni trop d'humeur ni trop en position de marchander, et on monte dans sa Lada d'un autre monde, où visiblement tout est d'origine et d'avant ma naissance. Le gars fait même un petit détour chez lui récupérer une roue de secours, au cas où.  

 

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Ce n'était pas cette Lada, mais le même modèle, blanc, encore plus délabrée

 

Nous finissons par arriver chez nos hôtes, dans le village de Zhabagyly à l'entrée de la réserve: en gros, une rue principale goudronnée avec des croisements en terre, peuplée de maisons type petites fermes plus ou moins en dur selon la richesse de l'habitant.

 

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Les tarifs sont de 7000T par nuit (un peu moins de 40€) et par personne, pour une chambre pour 2 et la pension complète (petit-dej et dîner de haute voltige, dont je reparlerai plus tard, plus un "panier repas" pour aller avec les excursions). 

Nous sommes en fait logés dans le "bâtiment principal", comprenant entrée, salle de bain avec douche chaude et chiottes "modernes", petit salon avec télé, cuisine, deux chambres avec literie super confortable et une grande salle à manger, et la famille (Bagdat, Gulia et leurs 2 - ou 3- enfants) loge dans l'"annexe". Il y a un petit jardin avec un potager, un poulailler, la famille a également un chien et un veau. 

 

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Deux crétins en train de digérer paisiblement en matant bien confortablement le triomphe kazakhe des JO en haltérophilie féminine dans le coin télé chez nos hôtes

 

Le contact qui nous a été fourni par l'EIRC nous a organisé deux petites sorties, pour lesquelles nous devons payer 2000T par personne (entrée dans le parc et "location" -obligatoire- d'un ranger), ainsi que la location d'une jeep avec chauffeur (15000T la journée pour la deuxième excursion: elle fut nécessaire, même si nous avons aussi vu une Lada sur les pistes horribles par lesquelles nous sommes passés)...

 

La première excursion, une simple balade dans le parc dont l'une des entrées est à une petite demi-heure de marche de la maison, n'est pas terrible pour deux raisons: le chemin de rando n'est pas mal, assez sportif, mais il s'arrête assez abruptement au bout de quelques kms, un peu au milieu de rien, ce qui fait très coïtus interruptus. L'autre raison est le "ranger", un russe qui se faisait grave chier a passé son temps au téléphone et à tracer comme un malade pour que ça soit torché le plus vite possible (parce que j'aime la marche physique, je me suis battu pour le suivre et je peux vous dire qu'il avait une bonne condition le salaud, parce que je pense qu'il était à 20% et moi à 99%).

Finalement, le plateau entre la maison et l'entrée de la réserve sera le clou du spectacle, où nous reviendrons nous balader le soir, et prendre en photo la rentrée au bercail des divers troupeaux.

 

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Vu d'en haut, le plateau et le village de Zabagyly

 

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Le soleil se couche sur la steppe (ou n'est-ce pas la steppe?)

 

Il paraît que la plupart des rangers sont comme ça, mais ça surprend quand même.

 

Heureusement la rando du lendemain sera plus sympa, le ranger aussi, qui fera un effort pour nous expliquer la géographie du coin, ce qu'on peut faire et trouver dans la réserve, etc.

Elle a lieu au canyon d'Aksu, qui n'a rien à voir avec celui de Charyn, auquel on accède par une bonne dizaine de kms de piste après être rentré dans la réserve, à flanc de montagne d'abord, sur un plateau ensuite. On roule au bord de la falaise, on se tape des nids de poule d'1m, on s'arrête 15mns pour refroidir le moteur, c'est assez sportif.

Une fois arrivés tant bien que mal au point de départ de la balade (le refuge des rangers), on s'y colle: la marche elle-même fait quelque chose comme 2 ou 3 kms seulement mais avec un dénivelé de 500m, pour finir à la rivière Aksu, ultra-pure et glaciale. A l'aller, rien de bien difficile même si certains passages sont un peu glissants, par contre c'est au retour qu'on en chie grave (avec un bon rythme imposé par le guide là encore, la montée a été faite en moins de 45 minutes: le guide nous a dit qu'en forçant il faisait l'aller retour en moins d'une heure). En bas, on profite d'une petite pause au bord de la rivière.   

 

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Avant de descendre 

  

DSC04076En bas du canyon 

 

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Une petite bouffée de chaleur à la remontée 

 

Et puis, après une deuxième nuit chez Bagdat, nous partons pour Chymkent en marchroutka (un mini-van, à mi chemin entre le taxi et le bus, plus ou moins officiel et plus ou moins bien géré: je pense qu'on était 20 pour 12 places assises, avec des personnes debouts, d'autres sur des tabourets ou sur leurs sacs).

 

La suite bientôt dans la "part 2".

 

 

Bonus photo:

Si vous vous demandiez où se prenaient les photos des calendriers de la Poste, je pense que vous pouvez désormais répondre que c'est au Kazakhstan...

 

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 Dans les campagnes, comme je le disais, c'est encore assez souvent la cabane au fond du jardin, un exemple:

 

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* il existe une ligne "rapide" reliant Almaty à Astana, 1000kms de distance, en 12h ou quelque chose comme ça, car les lignes ne sont pas adaptées pour les trains espagnols utilisés. A priori, des contrats avec la Chine ont été passés et un vrai express entre Almaty et Astana devrait voir le jour en 2015, ainsi qu'une ligne Russie Chine via le Kazakhstan.

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 13:29

Nous commençons notre séjour par la visite d'Almaty, qui sera notre point d'attache pendant toute la durée du séjour, exceptée la semaine de "road-trip" jusqu'à Turkestan.

 

Almaty, donc l'ancienne capitale du pays, compte 1,5 millions d'habitants. Comme beaucoup de villes soviétiques, et comme dans beaucoup de pays où l'espace n'est pas vraiment un problème, la ville est très étendue (quelque chose comme 25 kms du nord au sud, et 15 kms de l'est à l'ouest, soit pas loin de 3,5 fois la taille de Paris intra-muros qui compte 50% d'habitants en plus).

 

Le centre-ville proprement dit est lui-même déjà grand, quelque chose comme 5kms du nord au sud et 10 kms d'est en ouest, constitué de grandes artères parallèles et perpendiculaires.

La ville n'est pas d'un esthétisme débordant et le côté "cuvette" entourée de montagnes ajouté à la température élevée en été la rend franchement polluée (à la fin de la journée, j'avais le goût du gazoil dans la gorge) malgré finalement pas mal de verdure.

Les premiers jours, nous la parcourerons à pattes, avant de nous lasser quelque peu et d'opter comme tout le monde pour le taxi et de partager à 4 les 3€ que coûtent généralement la course.

 

On se repère facilement à Almaty en plus des rues à angle droit: la chaîne de montagnes est au sud. 

 

A voir ou à faire:

- le marché central (Zelyony Bazaar) dont je reparlerai, consacré essentiellement à la nourriture

- le marché de banlieue, lui plutôt consacré aux contrefaçons chinoises.  

- le parc Panfilov, petit carré de verdure appréciable à l'est de la ville avec une belle église tsariste (Zenkov, la seule restante avec la cathédrale Saint-Nicolas plus à l'ouest devant laquelle nous ne sommes pas passés) à l'histoire mouvementée et un monument aux morts de la seconde guerre mondiale dans le plus pur style massif héroïque soviétique (pour ceux qui y sont allés, il y a pas mal de choses similaires en Europe de l'Est).  

- il y a un autre grand parc au sud-ouest (le parc du Président de la République) à l'entrée majestueuse, dont la taille ferait passer le jardin du Luxembourg pour un jardin d'enfants.

- le quartier d'affaires au sud-est, avec pas mal de bâtiments qu'on dirait sortis du jeu de société Hôtel ou de Las Vegas (on peut se contenter d'y passer en bagnole).

- dans le même coin, la place de la République, elle aussi imposante construction post-soviétique avec son monument de l'indépendance.

- la "zone piétonne" avec ses boutiques occidentales (aux prix occidentaux) et ses "malls" dont le célèbre TsUM, et le quartier alentour.

- les bains russes, une expérience à vivre si vous voulez vraiment comprendre d'où vient l'imagerie gay des saunas (on peut y voir deux copains se fouetter respectivement le fion avec des feuilles de bouleau pour activer la circulation sanguine, en tout bien tout honneur, avant d'aller se jeter à poil dans une piscine à 8°C).

- ici et là quelques bâtiments soviétiques plutôt jolis dans le style "brut de décoffrage", comme l'Opéra, la gare ferroviaire, divers instituts comme l'académie des sciences ou la faculté, l'ancien et le nouveau Parlement...

- le musée de l'histoire du Kazakhstan, à côté de la place de la République, qui n'est pas fantastique mais dans lequel on peut passer 1h ou 2: on peut sauter l'étage sur la préhistoire, assez semblable à tout ce que vous avez pu voir sur le sujet, pour se concentrer sur les évocations du nomadisme et des différentes ethnies. Le dernier étage sur le Kazakhstan indépendant est une belle ode à Nazarbaïev: Nursultan avec les athlètes kazakhes aux J.O., Nursultan en train de signer des contrats avec Sarkozy ou l'émir du Qatar, Nursultan en train de faire du ski pour se détendre etc.

 

Plus généralement, l'atmosphère de la ville est dépaysante, même si la chaleur, la pollution et les "blocs" interminables (on se fait un peu surprendre au début en se disant "c'est bon c'est la troisième à gauche" avant de se rendre compte qu'il faut marcher 1,5km) font qu'on finit par choisir le taxi pour aller d'un point a à un point b.

 

 

C'est plutôt alentour que c'est intéressant.

 

- Au sud-est, on peut prendre un téléphérique pour aller sur la colline de Kok-Tobe où il y a un petit parc d'attractions. Le parc en lui-même n'est pas génial (voire un peu glauque en ce qui concerne le mini-zoo), mais il y a un beau panorama sur la ville et ça peut être l'occasion d'acheter des souvenirs, les boutiques y étant regroupées ("la boutique de touristes" n'est pas un concept ultra à la mode à Almaty).

 

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 Almaty vue de Kok-Tobe, dans la brume et avec les roses kitsch au premier plan

 

 

- Un peu plus loin, à 30 minutes de bus (blindé), vous avez la piscine olympique de Medeu, à 1700m d'altitude, inaugurée dans les années 70, truc énorme posé au milieu de nulle part et dont on ne sait pas très bien à quoi elle a servi avant d'être réhabilitée pour les Jeux Asiatiques de 2011. En tout cas, ça a de la gueule.

 

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Et c'est en train de cramer en ce moment: http://fr.ria.ru/video/20120823/195766456.html

Au départ de Medeu, une promenade plus (si vous passez par l'escalier et son millier de marche) ou moins (si vous prenez la route) musclée vous amène à un point de vue de la vallée. De la vous pouvez marcher 7 ou 8 kms jusqu'à Chimbulak le long d'une route où les gens ne conduisent pas toujours très prudemment, ou prendre un taxi. Chimbulak est la station de ski des apparatchiks à 2200m d'altitude. En été, ça ne présente pas d'intérêt particulier sauf si vous voulez voir à quoi ressemblent les datchas de millionnaires, mais vous pouvez ensuite redescendre dans la vallée en prenant le téléphérique (~15 minutes de trajet, 15€, chouette).  

 

 

- Plus à l'ouest se situe l'entrée du parc national Ile-Alatau (même chaîne de montagnes), qui peut être le point de départ d'un certain nombre de randonnées. Nous avons choisi celle qui conduit au grand lac (artificiel) d'Almaty. Un taxi peut vous emmener du centre-ville à une centrale hydroélectrique servant de point de départ à la rando pour ~5000T (25€, 20kms de route). On est alors à environ 2000m d'altitude.

Après quelques centaines de marche le long du chemin, celui-ci s'arrête: il n'y a pas vraiment de sentier de rando, mais il y a un chemin qui longe (quand je dis longe, c'est à 50cms) les canalisations amenant l'eau du lac à la centrale. La rando commence par un quasi-mur d'escalade de quelques centaines de mètres à environ 30% de pente, qu'il faut bien 20 minutes pour passer. En gros, vous faites 10% du dénivelé total en 1 ou 2% de la distance parcourue.  

Ensuite c'est plus facile même si le chemin n'est pas toujours évident à trouver: la solution la plus simple, que nous comprendrons quand nous verrons un gamin de 10 ans nous dépasser en sifflotant, consiste à marcher directement sur le tuyau (voir votre serviteur ci-dessous, dans le sens de la descente).

 

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(le sentier/canalisation ne longe que très ponctuellement la route à quelques reprises, ce qui permet de changer de chemin en cours de route si besoin ou envie)

 

 Après environ, je dirais, 4/5kms, on arrive au grand lac, "bleu fluo" (la fonte de la glace a lieu au mois de mai), à 2500 mètres d'altitude, entouré par un certain nombre de glaciers, pics et cols à 4000/4500 mètres.

 

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Ensuite, on peut reprendre la route pour les voitures et rejoindre en 3/4kms l'observatoire des Tian-Shan, à 2800 mètres d'altitude. Cet observatoire est utilisé à ~50% de ses capacités pour problèmes de financements (une partie a même été transformée en hôtel).

C'est une zone militaire car proche de la frontière kirghize où la situation est un peu tendue, donc les mecs ne sont pas trop rigolos... la route pour aller au Kirgizistan en franchissant le col est d'ailleurs désormais fermée, et on ne peut pas prendre de photos (sauf si le militaire en faction pionce).

Cela dit, c'est assez incongru donc ça vaut le coup et c'est un bel endroit pour pique-niquer si vous n'avez rien contre les taons assez agressifs de la région.

 

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A la descente nous passerons en partie par la route principale, ce qui je pense triple ou quadruple la distance parcourue et a fait que nous sommes rentrés à la maison bien cramés le soir (le Lonely Planet n'est pas du tout à jour de ce point de vue là, puisqu'il a visiblement été édité quand la dite route n'existait pas: ils parlent d'une piste qui, visiblement, ne suivait pas le même tracé et a disparu).

Cela permet cependant de voir de loin le "mur" le long de la canalisation par lequel la rando commence.

 

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La dernière rando du séjour, mais aussi la plus chouette (pas forcément en terme de paysages, mais en terme de balade pure), et la plus fatigante.

 

 

- A environ 1 heure ou 2 à l'Est d'Almaty dans le même parc, il y a d'autres balades sympas, comme le lac Issyk (ne pas confondre avec Issyk-Kül au Kirghizistan où il est nécessaire d'avoir un visa), un autre lac artificiel mais plus fréquenté le week-end pour des pique-niques familiaux (on peut se prélasser autour du lac d'Issyk, ce qui n'est pas le cas du grand lac d'Almaty où il faut se trouver un coin dans la forêt avoisinante), avec de jolis points de vue.

Pas très loin, il y a le plateau d'Assy, avec un autre observatoire (celui-là complètement désaffecté et jamais terminé) où on accède par une piste mais où nous n'avons hélas pas pu aller (le 4*4 a surchauffé à mi-chemin, il a fallu faire demi-tour). Apparemment, on peut encore y rencontrer des "vrais" nomades.

 

- Une autre rando qui vaut paraît-il le coup est celle des lacs Kol Say, sur deux jours, mais il nous a manqué le temps.

 

- Nous avons fait une rando organisée sur une demi-journée dans l'une des vallées du parc, a priori pas loin de Talgar et connue pour avoir été le lieu d'un massacre de moines orthodoxes par les Soviets, assez sportive (rondins sur des ruisseaux, un peu de varape etc), mais à 40 ça perd tout de même de son charme. Cela dit, la seconde partie était plus chouette (une bonne partie des "randonneurs" déclarant forfait pour la marche post-déjeuner), le long de la rivière descendant directement des glaciers, jusqu'à des plateaux avec des chevaux sauvages etc.

 

 

- La dernière balade impressionnante a été dans les gorges de Charyn, creusées par la rivière du même nom. Situées à 200kms d'Almaty, il faut compter quand même 4 bonnes heures pour y aller, et une bagnole un peu propice au tout terrain (vitesse limitée à 90 et à 40 quand la route croise un village, plus pour finir une dizaine de kms de piste).  

A priori, les locaux y vont plutôt à la fin de l'été car il y fait un cagnard monstre. Nous sommes donc partis en début d'après-midi pour y arriver vers 17h et y rester jusqu'au coucher du soleil (gloire au cousin qui s'est tapé 8h de bagnole entre 13h et minuit...).

Le canyon est profond d'environ 200 mètres avec un trajet de 2kms pour arriver au lit actuel de la rivière, où certains campent. On l'appelle la vallée des châteaux car les rochers ont pris des formes bizarres, sur lesquels le gamin que je suis a passé son temps à s'amuser à grimper, au grand dam de Priscilla.

 

DSC03845

 

Les paysages sont superbes et ne sont pas sans rappeler certains canyons de l'Arizona, la solitude en plus.

Sur le "parking", trois voitures en plus de la nôtre: deux américaines ou hollandaises trinquant au champagne dans le soleil couchant, deux jeunes mariés en session photo sur les rochers, et deux retraités français en semi tour du monde (de la France à la Mongolie en passant par la Turquie, la Russie, la route de la soie etc).

Le coucher de soleil entre ombres et lumières, est féérique.

 

DSC03908

 

 

 

Voila pour Almaty et ses alentours: prochaine étape, la région de Chymkent (au sud-ouest d'Almaty et en plein milieu du pays tout au sud).

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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 18:13

Le Kazakhstan est un pays d'Asie Centrale assez méconnu malgré Sacha Baron Cohen et le subtil Borat (qui ne se veut pas un documentaire réaliste sur le pays*) ou les exploits plein de panache (je dis ça sans ironie: dopé ou pas, le panache ne s'invente pas; demandez à Denis Menchov ou Jan Ullrich) du transfusé Vinokourov.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Flag_of_Kazakhstan.svg

Le beau drapeau du Kzakhstan, Source Wikipédia

 

On ignore par exemple souvent que ce pays est le 9ème plus grand du monde, faisant à un poil près la même taille que l'Argentine, et grosso modo 4 fois la France en superficie. 

On y compte 16 millions d'habitants (soit 4 fois moins qu'en France). Ces deux chiffres font comprendre pourquoi le pays est largement composé de steppes désertiques et de hautes montagnes (point culminant du pays, le Khan Tengri, est à 7000 mètres, dans la chaîne des Tian Shan constituée d'un bon paquet de sommets à 4000, 5000 et 6000 mètres).

Le pays possède des frontières avec la Chine et va à l'Ouest jusqu'à la mer Caspienne et au Nord jusqu'à la Sibérie avec des frontières avec la Russie, l'Ouzbekistan, le Kirghizistan et le Turkménistan.

La capitale est Astana depuis 1998, cité "futuriste" construite quasiment de rien au milieu du désert au nord du pays avec la volonté d'en faire le "Dubaï des steppes". L'ancienne capitale (pendant 70 ans) et toujours la ville la plus peuplée du pays (10% de la population) et plus ou moins son coeur économique est Almaty, au sud-est, quasiment à la frontière kirghize et pas très loin de la Chine (en tout cas à vol d'oiseau).

A l'origine peuplé quasi uniquement de nomades, ceux-ci ont été sédentarisés (et largement décimés) par Staline, qui s'est longtemps servi du pays comme une espèce de poubelle géante ("prisons" et "goulags" pour diverses peuplades, essais nucléaires etc). Il en résulte aujourd'hui une multiethnicité assez forte, avec en proportion importante des kazakhs (les descendants des dits nomades, voisins des mongols), russes, ouzbeks, dounganes, ouïghours, géorgiens, allemands, coréens, ukrainiens etc. L'assimilation et la vie en commun ne semblent pas poser de problèmes particuliers et se ressent beaucoup dans la gastronomie du pays (j'aurai le temps d'en reparler).

Il n'y a par contre presque plus de nomades (0,1% de la population ou quelque chose comme ça) et la mythologie de la vie dans les yourtes à cheval est désormais presque reléguée au rang d'attraction pour touristes (la plupart des yourtes que l'on peut rencontrer sont des "chambres d'hôtel" en plastique).

Le climat est on ne peut plus continental (c'est le plus grand pays sans accès à l'océan): donc prévoyez votre écran total en été, avec des températures de l'ordre de 35 degrés ou plus. En hiver, le voyage est je pense déconseillé (-40 dans la steppe, -10 à Almaty)

La langue officielle est le kazakhe (langue turque) mais la langue la plus utilisée reste le russe.

La religion majoritaire est l'islam, mais il y a relativement peu de pratiquants "stricts" (ils ont préféré assimilier la religion soviétique de la picole) même si on peut voir un peu partout dans le pays fleurir les mosquées.

Il semble assez nécessaire de visiter le pays avec quelqu'un parlant et surtout comprenant un minimum le russe, et sachant lire le cyrillique. L'anglais n'est ici d'aucune utilité, à part probablement dans les grand hôtels ou quand on rencontre des jeunes de la classe aisée. On apprend assez vite les 30 ou 50 mots permettant de marchander avec le taxi et de commander au resto, mais la situation peut rapidement devenir complexe, ne serait-ce que par exemple pour commander un billet de train: le site internet n'est disponible qu'en russe et en kazakhe. A la gare, les guichetiers sont directement hérités du soviétisme (ils feraient passer n'importe quel guichetier de la Poste pour un croisement entre Gandhi et l'abbé Pierre). Ils vous braillent dessus en russe au bout de 10 secondes si vous répondez mal à leur question, et la communication se fait à travers une vitre blindée par le biais d'un micro dont la qualité laisse penser qu'ii est lui aussi hérité des années soviétiques. Comme de plus tout le monde essaie de vous griller dans la queue, je pense que ça peut être un grand moment de stress et une épreuve presque impossible pour le non-russophone.

La monnaie locale est le Tengue: 180T = 1euro, 150T = 1$. On trouve des distributeurs automatiques à tous les coins de rue à Almaty, dans les centres commerciaux dans les villes de taille moyenne (Chymkent par exemple), et plus difficilement dans les petites villes. On trouve aussi beaucoup de bureaux de change pratiquant à peu près tous les mêmes tarifs et ravis de récupérer vos euros et dollars.

 

Le Kazakhstan est une "République" indépendante depuis 1991 (ancien satellite de l'ex-URSS) et dirigée depuis 1989 (comme Premier Secrétaire d'abord puis comme Président ensuite) par Nursultan Nazarbaev, brave homme présentant néanmoins quelques tendances autocratiques (réélu moult fois à 90% des suffrages et ayant modifié la Constitution pour se représenter ad vitam aeternam, le principal parti d'"opposition" était par exemple dirigé par sa fille; il a depuis fusionné avec le sien. On voit beaucoup sa bibine en 12*4 un peu partout le long des routes du pays et à la télévision aussi). 

La situation politique semble néanmoins difficile à jauger: le pays possède beaucoup de ressources (pétrole, bientôt dans le "top 10" des exportateurs, mines de fer, uranium, charbon, etc). Si Nazarbaev et sa famille font probablement partie des plus grandes richesses mondiales, il a su également dans une certaine mesure en faire profiter les habitants, dont le PIB a été multiplié par 4 en 15 ans. Il atteint aujourd'hui en gros 1000$/mois/habitant et est proche en terme de niveau de vie de celui de pays comme le Brésil, l'Argentine, la Turquie ou la Roumanie, et largement supérieur à celui de ses voisins ex-soviétiques (gouvernés par des régimes visiblement plus autocratiques, moins stables et sans profits visibles pour la population). Il y a certainement une grande disparité entre les citadins d'Almaty, Astana, Chymkent etc et les villageois ou quelques nomades restants, mais la classe moyenne des grandes villes est entrée de plain-pied dans la société de consommation et aime étaler les signes extérieures de richesse par le biais de grosses bagnoles et de tous les gadgets possibles et imaginables (de l'ipad à l'aspirateur automatique en passant par les téléphones portables dernier cri). Du coup, la population n'évoque jamais la politique, sans qu'on sache si c'est à cause des interdits ou parce qu'ils sont globalement heureux de leur sort et de la stabilité du pays, ou un peu des deux (il faut quand même mentionner des révoltes ouvrières dans la région pétrolière il y a quelques mois, réprimées avec une finesse que ne renierait pas V. Poutine).

Donc, comme dans un certain nombre de pays au régime "fort", la principale source d'emmerdes tant pour le touriste que pour le citoyen lambda semble venir de la police elle-même: la délinquance dans les villes a l'air très faible (quelques pickpockets dans les zones très peuplées et quelques faux "taxis" tard le soir, paraît-il), mais les flics ont beaucoup de pouvoir, dont celui de faire "chanter" le contrevenant qu'il soit fictif ou réel. Ainsi, le cousin de Priscilla qui était notre hôte ne conduisait jamais sans attacher une caméra à son pare-brise (pour avoir une preuve en cas de mise à l'amende abusive). On peut être contrôlé à tout moment (ne jamais se balader sans son passeport) et conduire en ayant bu ne serait-ce qu'une goutte d'alcool peut conduire au choix suivant: 2 ans de suspension de permis ou 3000$ en cash (expérience vécue par le dit cousin). 

 

En vertu de ce qui précède, le Kazakhstan n'est pas ce que je qualifierai une destination "économique", en tout cas pas plus que le Maghreb ou l'Europe de l'Est, par exemple. De façon assez semblable, il y a certaines choses très peu chères (le taxi, même en payant la "surtaxe du touriste" - voir plus bas) et d'autres extrêmement variables (on peut manger convenablement pour 5 euros mais on trouve des restos à 50, voire probablement encore plus dans les grands hôtels pour businessmen et expats). Acheter des fringues de marque ou des technologies modernes ne présente aucun intérêt, mais on trouve beaucoup de "bazars" pour acheter pas cher de la contrefaçon chinoise de tout type.

Je pense qu'il faut compter en gros 50euros par jour par personne pour des vacances "raisonnables", pas chicos mais sans privation: on peut trouver des hôtels "soviétiques" pas franchement funkys mais fonctionnels et propres pour 15-20 euros par personne. On peut déjeuner et dîner correctement pour 5 euros dans des bouis-bouis (1 plat + 1 pinte, parfois 1 entrée à partager), et faire des petits gueuletons pour 10 euros. 

Hors des grandes villes, une solution agréable peut être de loger chez l'habitant: on trouve des pensions complètes où vous serez chouchoutés pour 30 euros (bon, parfois, les toilettes sont la cabane au fond du jardin et la douche est froide, mais la bouffe à base de produits de la ferme cuisinée du feu de dieu compense largement). Difficile de trouver les adresses surtout si on ne parle pas russe, mais il existe plusieurs associations éco-touriste à Almaty (joignables par mail) qui disposent de réseaux, parlent anglais, et peuvent s'occuper de réserver pour vous si vous leur expliquez ce que vous voulez faire (avec une comm' de 10%). Nous sommes passés par l'EIRC et ça s'est bien passé, mais il y en a visiblement d'autres.

 

En ville, presque toute voiture est un taxi potentiel: il y a quelques taxis officiels qu'il ne faut pas prendre car ils sont 3 fois plus chers que tout le reste. Il y a ensuite des taxis "sauvages" (dont c'est la profession mais qui n'ont pas de licence ou équivalent). Le prix se négocie avant la course. D'expérience le taximan demande au touriste environ 2 à 2,5 fois le prix "normal" que paiera le à client local. Sauf si vous aimez négocier pendant 30 minutes (ce qui n'est pas mon cas), vous n'arriverez pas à le faire descendre à ce prix local, mais assez rapidement à +20/+50%. Il faut savoir que de toute façon, un trajet intra-muros dans une grande ville, inférieurs à en gros, 10 kms, vous reviendra à typiquement 500T, soit moins de 3 euros, donc ce n'est pas forcément très utile de s'emmerder plus que de raison pour descendre à 2,5 euros. Si on vous demande plus de 1000T, il faut fuir ou essayer de faire descendre. Les trajets plus longs sont eux aussi peu chers: 50kms * 2 (aller-retour, à 4) pour aller visiter un site archéologique nous est revenu à 25-30 euros, sachant qu'on aurait probablement pu descendre à 20.

La "taxe touriste" a aussi cours dans les marchés, bazars, et globalement partout où le prix n'est pas affiché.

N'importe quel automobiliste est également susceptible de s'arrêter si vous vous postez au bord de la route en faisant du "stop" (bras en avant et pointé vers le bas, pas pouce levé). En gros, vous ne resterez pas plus de 2 minutes sans qu'une voiture ne s'arrête. Le principe est en fait plus proche du covoiturage: vous donnez votre point d'arrivée au chauffeur, et si c'est sa direction il vous embarque. En échange, vous lui filez une petite contribution, un peu moins que le prix d'un taxi (et la généralement la "taxe touriste" ne s'applique pas). 

Il y a aussi beaucoup de bus décatis qui vous emmènent n'importe où pour 80T (moins de 50 centimes d'euros, à Almaty), mais il n'existe aucun plan aux arrêts, donc il faut demander au chauffeur ou au contrôleur (à qui là, on paye au moment de descendre), ou qu'un contact vous donne le numéro de bus à prendre. On notera aussi l'ouverture d'un métro flambant neuf à Almaty, avec beaucoup de stations encore en construction: assez grandiose (inspiré des métros soviétiques), peu cher (comme le bus), il semble plutôt affaire de "prestige" pour l'instant, et son utilisation n'est pas encore tout à fait rentrée dans les moeurs locales.

Le train est également plutôt économique (moins de 40 euros l'aller retour en train couchette pour Almaty-Chymkent).

 

Autres informations pratiques: On trouve des billets d'avion aller-retour Paris-Almaty pour un peu moins de 500 euros par des compagnies turques ou ukrainiennes (avec une escale). Notre voyage avec Pegasus, low-cost turque, s'est passé sans souci, mais par contre les avions arrivent et repartent à 4 ou 5h du matin. La seule ligne semblant proposer des horaires "raisonnables" est Lufthansa, mais les tarifs sont loin d'être équivalents (on est plutôt dans les 2000 euros)... Tarifs à peu près similaires pour Astana.

Un visa est nécessaire pour rentrer au Kazakhstan, mais c'est quasiment une simple formalité pour les ressortissants français. Il y a un petit formulaire à donner, 35 euros à payer, et votre visa vous est normalement remis sous les 10 jours. Il est conseillé de fournir une adresse "contact", qui, je pense, peut être celle de l'hôtel où vous prévoyez de loger au début. Les choses peuvent être un peu plus complexes si vous souhaitez visiter les pays voisins (Ouzbékistan, Kirghizistan) qui eux aussi nécessitent un visa: vous devrez alors demander un visa kazakh double ou triple entrée, un peu plus cher et sur lequel l'administration kazakhe est peut-être plus regardante. Dans ce cas-là, il est semble-t-il plus simple de s'adresser à une agence spécialisée qui gère tout pour vous, comme quand on va en Russie.

 

Ce qui peut finir par revenir cher, ce sont les excursions "organisées" auxquelles il est difficile d'échapper si on ne dispose pas d'un contact local disposé à vous emmener presque n'importe ou gratos comme c'était le cas pour nous. Il y a énormément de randonnées et sites magnifiques (parcs naturels, canyons, lacs, montagnes) au voisinage d'à peu près toutes les grandes villes, mais le réseau routier n'est pas fameux (même si d'énormes chantiers laissent espérer que ça va changer rapidement) et il faut souvent faire de la piste. Les kazakhs conduisent de façon très rock'n'roll donc louer soi-même une jeep ou une bagnole semble assez périlleux donc ce n'est pas facile à faire en "totale autonomie" si on n'est pas un routard professionnel.

Beaucoup d'agences (dont celles mentionnées ci-dessus et d'autres plus locales) proposent des excursions en relativement petit nombre sur 1 jour ou 2: les prix ne sont pas très élevès (de 15 euros la journée pour les plus simples à 30 ou 40 si il y a nuit au refuge et bouffe prévue), mais ça peut finir par peser lourd sur le budget si on en fait une dizaine. Heureusement, certains sites sont quand mêmes accessibles en taxi, ce qui permet de limiter les frais et d'éviter les "bus à touristes" quand on n'est pas fan.

Mais il faut comprendre qu'on ne va pas au Kazakhstan pour passer 10 jours à Almaty ou Astana: je n'ai pas visité la capitale, mais Almaty est une ville au "charme" profondément soviétique. Il y a des choses à y faire (le marché central, le bazar en périphérie, les bains, le centre-ville "européanisé", le quartier d'affaires ultra-moderne, quelques parcs etc), mais ce n'est ni Budapest ni Paris. C'est avant tout un "point d'appui" pour la nature avoisinante et des randonnées qui peuvent aller de la balade pépouze de quelques heures au trek musclé d'une semaine avec guide et cols à 5000 en passant par la promenade plus ou moins longue à cheval.

Almaty, à 900 mètres d'altitude, est vraiment au pied des montagnes: c'est à dire qu'en moins d'une heure de route depuis le sud de la ville vous êtes à 1500-2000 mètres d'altitude, et vous pouvez vous retrouver à quasi 3000 après 2 ou 3 heures de rando.

La ville est entourée d'un immense parc national comprenant la chaîne de montagnes, il y a donc pléthore de sites magnifiques, canyons, lacs naturels ou artificiels, plateaux etc, à des distances comprises entre 1h et 4h de route de la ville.

Le gros plus qui fait beaucoup de différence est lié à la méconnaissance occidentale de ce pays dont je parlais**: le touriste y reste une espèce rare, ce qui est très agréable quand on est un touriste en short qui n'aime que moyennement la compagnie des autres touristes en short. Plus sérieusement, visiter un site qui n'est pas sans rappeler le Bryce Canyon ou les ruines d'une ville de la Route de la Soie au milieu du désert en n'entendant d'autre bruit humain que ses propres pas a quelque chose de magique et s'avère encore plus agréable qu'imaginé.

 

 

Quant à nous, nous étions logés et souvent nourris chez les cousins de Priscilla (sa famille paternelle est kazakhe, bien que celui-ci soit désormais naturalisé français***), qui comme souvent dans les pays où l'hospitalité et la famille sont encore des valeurs importantes, nous ont donné énormément de leur temps, et même de leur argent (indirectement, hein, et malgré nos protestations) sans parler de leur confort (ils ont dormi dans le canapé du salon avec leur bébé de 8 mois pendant la totalité de notre séjour, nous laissant leur chambre, même quand nous sommes partis une semaine en vadrouille). 

Etant donné l'immensité du pays, nous nous sommes concentrés sur le sud du pays, la région d'Almaty donc, plus un voyage vers l'Ouest à Chymkent (proche de l'Ouzbékistan, et d'un autre parc national) et au site historique de Turkestan.

On reviendra j'espère dans quelques années pour voir le nord autour d'Astana et l'Ouest autour d'Aktau (sur la Caspienne) jusqu'à ce qu'il reste de la mer d'Aral (ils sont forts, ces Soviets: dans le même genre que Lyssenko et le blé en Sibérie, il y a eu le coton en Ouzbékistan qui leur a permis de réussir à assécher la mer). 

 

Désolé pour cette longue introduction (et félicitations à ceux qui ont lu jusqu'au bout), mais les articles suivant seront du coup beaucoup plus "entertainings": beaucoup de photos, peu de texte.

 

 

* De façon amusante, le gouvernement kazakhe a d'abord interdit le film (on peut les comprendre) avant de remercier Sacha Baron Cohen en 2012, déclarant que le film avait décuplé le nombre de visas et donc le tourisme dans le pays.

 

** Le seul guide touristique disponible est celui consacré à la route de la Soie de Lonely Planet, plutôt bien d'ailleurs même si parfois un peu lapidaire (puisque traitant 5 pays) et comportant quelques erreurs de réactualisation (comme l'adresse de l'EIRC par exemple).

 

*** C'est d'ailleurs pour cette raison que nous y sommes allés (et pas à cause de Borat): Priscilla n'y était pas allée depuis longtemps, j'aime voyager et en particulier les destinations un peu rock malgré la réputation de bobo urbain que certains camarades me donnent, et les cousins passés par Paris cet hiver nous avaient presque demandé nos dates et ce qu'on voulait faire quand on leur avait dit en plaisantant à moitié qu'on passerait peut-être les voir prochainement. 

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 17:03

Venant de rentrer du Kazakhstan (voir post ci-dessous pour ceux qui n'avaient pas deviné), destination relativement peu courue mais tout bonnement exceptionnelle (sous réserve de quelques conditions que j'expliciterai plus tard), je tenterai de faire un petit compte-rendu avec photos et tout et tout, si la rentrée n'est pas trop chargée. D'autant qu'il y a eu un certain nombre de restos sympas à Paris et ailleurs dont il faudrait que je dise quelques lignes.

 

Bref, en attendant, un groupe de métal kazakh. Qui présente la particularité de jouer de la guimbarde et de la dombra (une sorte de guitare à deux cordes).

 


 

 

 

Sinon, niveau musique, ils sont assez branchés "dance" comme on ose à peine en refaire après 20 ans d'abstinence. Nous avons d'ailleurs raté un concert avec Sabrina et Dr Alban, pour ceux qui s'en souviennent...

Et occasionnellement, on peut entendre les fleurons de la chanson française (Joe Dassin, Patricia Kaas, Alizée, Amel Bent...).

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 20:53

Le petit break printanier nous a emmené en Italie pour une grosse semaine. Cela présentait de nombreux avantages pour nous: pas trop loin, pas trop cher, a priori très beau pour faire de bonnes balades, avec de la bonne bouffe et du bon pinard, et nous ne connaissions pas du tout.

Au menu, 3 jours et demi à Venise, 1 jours à Vérone, 3 jours à Florence et une après-midi à Pise.

 

Arrivée à l'aéroport de Venise le dimanche soir, nous nous dirigeons sur l'île en prenant le bateau-bus Alilaguna, qui coûte une quinzaine d'euros. En fait, on ne voit pas grand chose et c'est assez long, donc je pense que si on revient, on fera le bus "normal", trois fois moins cher.

 

Notre hôtel, le "Bed and Breakfast" Antica Raffineria est à situé 10 petites minutes à pied de l'arrêt Fondamente Nuove, dans le Canareggio, mais le check in se fait dans un autre hôtel, dans le Ghetto Juif, un peu plus bas, avant que le réceptionniste ne nous guide vers le B&B.

En Italie, on finit très vite par ne plus s'étonner de ce genre de choses... 

 

Les italiens ont une conception assez vague du B&B: en l'occurrence, ici, il s'agit d'un tout petit hôtel (3 ou 4 chambres) dans ce qui était peut-être il y a bien longtemps un appartement, mais ressemble plutôt à un ancien local commercial. Nous ne sommes pas du tout chez un particulier, le petit-dèj n'est pas "maison", il n'y a pas de salle commune, ou tout ce qui peut faire le charme des B&B ricains lorsque l'on va visiter un trou paumé. 

La chambre est relativement spacieuse mais spartiate, assez sombre. L'hôtel est dans une cour, donc c'est relativement calme, mais les murs et les portes en carton font qu'on entend bien tout ce qui se passe dans la salle du petit-déjeuner, juste à côté... celui-ci est plutôt frugal, mais le réceptionniste, très gentil et qui parle un peu français, est tout à fait prêt à donner du rab si on demande.

Si globalement ça n'a rien de scandaleux, le prix qu'on paye (avec la taxe de séjour sur laquelle je reviendrai, 120 euros par nuit) est tout de même franchement élevé par rapport aux prestations.

 

A ce propos, vu que ça a l'air général à Venise (où tout est payant et cher), si quelqu'un connaît un bon plan pour loger, ça m'intéresse: soit un truc pas terrible comme celui que j'ai décrit mais pour 40 euros de moins, soit, quitte à lâcher plus de 100 euros par nuit, un truc un peu mieux. J'avoue que nous n'avons pas fait de recherches très approfondies, mais que tout ce que nous avons vu nous semblait plutôt bien cher et moyen... ce sera aussi souvent le cas pour la bectance d'ailleurs: on n'est pas dans l'une des villes les plus touristiques du monde pour rien.

 

 

Bon, je ne vais pas vous inonder de photos de la place Saint-Marc ou autres gondoles et pont des Soupirs, vous trouverez tout ça mille fois sur la toile. Cela dit, je vais quand même confirmer ce que tout le monde a déjà dit: Venise est une ville magnifique, de jour comme de nuit et même sous la pluie.

 

Allez, quand même une bien cliché, avec justement la gondole et le fameux pont:

 

DSC03137.jpg

 

Malgré ce qu'on pourrait craindre, la ville garde en général un aspect relativement authentique et naturel, même si j'ai du mal à imaginer de quoi peuvent bien vivre les vénitiens qui ne travaillent pas en lien avec le tourisme: j'ai trouvé ça vachement moins "Disneyland" que Prague, par exemple.

Il faut dire que c'est plus grand qu'on ne l'imagine (4 kms sur 2, mais tant de ruelles et de canaux qui font faire tours et détours...), et que donc certains quartiers, Santa Croce, le Canarregio ou le Castello, restent encore un peu à l'écart de la masse de touristes qui ne vient que passer un jour ou deux.

Sachant cependant que la ville reçoit 20 millions de touristes par an pour 60000 habitants intra-muros, je pense qu'il est préférable d'éviter d'y aller en été (en plus du temps paraît-il pénible). Et qu'il faut se préparer à ne pas être seul, même en période "creuse"...

 

Je dirais qu'il faut compter 3 jours pour avoir bien le temps de profiter, d'explorer toute l'île sans trop planifier et sans courir, et même de faire quelques musées et visites d'église (prévoyez un budget conséquent). Une après-midi nous a été gâchée par la pluie, donc c'était le compte, mais il nous a manqué une journée pour aller visiter les îles alentour qui valent paraît-il le coup d'oeil (Burano, Murano, Giudecca...).

Je conseille de ne pas oublier son plan détaillé, la ville est vraiment traître et il est extrêmement difficile de se repérer: même en ayant bien la géographie de l'île en tête, avec les canaux, les culs de sac, et les ruelles qui n'arrêtent pas de tourner, on a vite fait de se retrouver à l'opposé de là où on voulait aller si on se fie à son instinct.

 

 

Question nourriture maintenant: d'après ce que j'ai lu et ce que quelques italiens ont pu me dire, Venise n'est pas la ville italienne la plus traditionnellement "gastronome". C'est encore amplifié par l'afflux de touristes: avec un resto tous les 3 mètres, il est plus facile de tomber sur une horreur pizza-burgers-bolognaise que sur une trattoria authentique...

 

Il y a cependant quelques plats typiques: le pasta e fagoli, une sorte de mélasse épaisse de haricots avec quelques spaghetti noyés dans le fond, fut l'une des expériences culinaires les moins enthousiasmantes de ma vie (surtout que je m'attendais à une sorte de minestrone...). Ce n'est même pas que c'était mauvais, c'était encore pire: je crois que je n'avais rien goûté d'aussi fade depuis le porridge. Je pense que le but est le même: se plâtrer le bide avant d'aller courir un marathon ou se taper 3 jours de pêche. La version goûtée, dans un resto pourtant pas si mal, ressemblait à ce qu'on voit ici: avouez que ça fait pas rêver.

 

Sinon, il y a les bigoli in salsa, des pâtes à mi-chemin entre les spaghetti et les tagliatelles, dans une sauce aux anchois et aux oignons. C'est basique aussi, mais largement plus recommandable.

Les bigoli peuvent également être accomodés à l'encre de seiche (bigoli al nero di seppia), assez populaire dans la lagune. C'est également bien bon.

 

En fait, Venise est surtout connue pour les cicchetti, sortes de tapas, que les vénitiens aiment bien déguster debout au bar ou en terrasse en buvant du pinard de la région. Il y en a de plusieurs sortes, ce sont souvent des boulettes frites à base de viande, de poisson, ou de légumes, parfois assez proche de ce que je connais des mezze libanais. Le problème est qu'il sont souvent préparés à l'avance et servis réchauffés: la friture ou le pané, ça perd alors vite de son intérêt.

On les trouve aussi sous la forme de crostini, du pain recouvert de divers ingrédients, du plus simple (tomate-huile d'olive) au plus complexe.

 

Et puis il y a les assiettes de fruits de mer en antipasti, dont certaines sortes un peu bizarroïdes n'existent que dans la lagune (notamment, m'a-t-il semblé, une espèce de langoustine pâlote et franchement moche).

Petite remarque en passant, les deux fois où nous avons pris ces assiettes, elles nous ont été servies tièdes, comme passées au micro-ondes. Je n'ai pas très bien compris s'il s'agit d'une coutume locale où s'ils pensent que les touristes ne mangent pas les fruits de mer froids, mais c'était assez surprenant (et pas génial).

 

Au sujet des restaurants, je n'ai pas de grandes adresses à révéler. Le but était de manger convenablement sans trop se ruiner - objectif repas complet pour moins de 30 euros par tête, souvent en partageant entrée et/ou dessert- et nous avons globalement réussi.

Je pense que le Cannarregio est un bon quartier pour se restaurer, pour peu qu'on évite la rue principale (Strada Nova qui se transforme ensuite en Rio Tera). Dans les ruelles parrallèles ou le long des Fondamenta, il y a de quoi faire. Santa Croce est probablement une autre destination judicieuse.

 

Le dîner le moins cher fut sans doute le meilleur, chez Alla Vedova (aussi dit Ca'D'Oro: Calle del Pistor, petite traverse juste derrière Strada Nova). Apparemment, une osterie authentique, ce soir là blindée de touristes mais aussi de vénitiens mangeant les fameux cicchetti en discutant et picolant au bar.

40 euros pour le couvert, de l'eau plate, le pichet de rouge maison, une assiette d'antipasti, une assiette de calamars et polenta (ici très pâle et liquide, quasiment comme de la purée), une assiette de linguini à l'encre, et une assiette de gâteaux secs aux amandes avec deux petits verres de liquoreux.

 

Nous avons fait d'autres dîners corrects, quoiqu'un poil plus chers (dans les 50 euros pour deux), dans les restos des ruelles du ghetto, sélectionnés plus ou moins au hasard, par exemple à la Trattoria Antica Molla (Fondamenta Ormesini, Cannaregio).

 

Quelques remarques générales:

- à Venise, nous n'avons jamais eu une addition juste. On a presque l'impression que c'est plus pour le sport, vu qu'à chaque fois c'était au maximum deux euros. Parfois le compte semblait à peu près bon, mais les détails des prix ne correspondaient pas à ceux de la carte. Bref, plutôt que de me prendre le chou dans une langue que je ne connais pas, je me contentais de rempocher mon pourboire...

En fait, les italiens semblent avoir un rapport particulier à l'argent: la taxe de séjour et plein de choses ne peuvent se payer qu'en liquide, mais si c'est 16 euros et que le gars n'a pas la monnaie, il vous dira c'est pas grave et ne prendra que 15. Il y a plein d'endroits où on ne peut pas payer avec la CB, mais la moitié des DAB de la ville ne fonctionnent pas. Etc.

- le service est rarement très sympatoche, comme dans la plupart des villes touristiques. On oscille généralement entre le taciturne efficace et le limite désagréable même s'il y a des exceptions. C'est d'ailleurs aussi le cas dans les magasins (je sais que ça doit être chiant de tenir un magasin de grolles dans la rue passante avec 95% de touristes malpolis qui n'achètent rien, mais on ne vous a pas forcé... je me suis quasiment fait jeter d'un magasin Timberland parce que je n'arrivais pas à trouver le prix sur les pompes, écrit microscopiquement entre deux rainures de caoutchouc, et que j'ai cru qu'il était sur la boîte que j'ai donc dérangée).

- le couvert et l'eau sont toujours payants, entre 1,5 et 3 euros selon les endroits où nous sommes allés pour le couvert, entre 2 et 6 pour la bouteille d'eau selon la taille et le degré d'arnaque. Un peu comme les prix hors taxe et tip non inclus aux US, c'est à savoir pour estimer son addition... Si j'ai bien compris, le "pourliche" est plus ou moins inclus dans le prix du couvert, mais on peut toujours rajouter.

- le pain à Venise est uniformément dégueulasse, limite rassis (à Florence et même à Vérone, ce sera mieux - en tout cas, au moins frais).

- tous les restos visités au cours de notre voyage, même relativement "chics" (ceux à une ou deux fourchettes Michelin), proposent des pichets de vin "maison", généralement entre 5 et 8 euros le demi-litre, et très corrects. En tout cas largement plus buvables que ce que les rares restos français qui pratiquent cela peuvent proposer. Dans les régions vinicoles comme Vérone ou Florence, certaines trattoria ont même de vraies cuvées "personnelles".

 

 

Pour la pause déjeuner, quand nous n'avons pas opté pour le sandwich ou le "wrap" (espèce de pâte à pizza recouverte de tomate, de jambon, fromage et salade, le tout roulé sur lui-même et passé au grille à panini), nous avons été assez heureux dans nos choix.

 

Si manger debout ne vous fait pas peur (après 4h de marche, parfois, on a envie de se poser), il y a plein de petits bars à vins de 3m2 qui vous serviront des assiettes froides ou des sandwichs minute.

 

Près du pont du Rialto, il y a par exemple All'Arco (Calle Arco), où on nous a servi une assiette d'antipasti misti préparée à la minute, assez démente et largement assez copieuse pour deux (preuve en image): avec de la très bonne charcute, plein de petits légumes marinés, et trois quatre sortes de fromage (14 euros), plus deux verres de vins à 2 euros pièce. Après ça, on repart peinard, et ça côûte finalement à peine plus cher qu'un sandwich-coca à emporter.

 

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Visiblement réputé, quoique plutôt pour le soir, il y avait dans le même style juste à côté de notre hôtel Al Timon (encore Fondamenta Ormesini), toujours blindé d'italiens à l'intérieur comme à l'extérieur. Propose aussi quelques tables et plats un peu plus élaborés, mais nous n'avons pas testé.

 

Enfin, on a quand même tapé dans la pizza, même si pour les puristes comme mon collègue napolitain, manger de la pizza à Venise est aussi pertinent que s'enfiler une choucroute à Toulouse.

 

Après vérification, nous avons mangé à la Pizzeria Al Profeta (Calle Lunga San Barnaba, pas loin du pont de l'Académie). Après avoir patienté 15-20 minutes pour une table (s'il fait beau ce qui n'était pas le cas, il y a un jardin intérieur avec des tables), nous avons dégusté une pizza excellente: j'avais oublié à quel point tous les ingrédients, de la sauce tomate à la pâte en passant par les champignons ou le fromage, pouvaient avoir du goût dans une pizza.

Tarifs raisonnables (environ 8 euros la pizza), même si, quand on ne mange que ça et qu'on rajoute couverts et eau, on s'en tire pour 11-12 euros par tête, soit finalement pas beaucoup moins que dans une pizzeria milieu de gamme parisienne. Mais avec une qualité incomparable.

 

Petit tip tant que j'y pense: ne vous fiez pas au plan google map de Venise, complètement à la rue sur le nom des rues... un plan "papier" est indispensable (et parfois pas suffisant, vu le nombre de ruelles minuscules et qu'il arrive que les rues aient deux noms selon que l'on regarde la plaque à droite ou à gauche)...    

 

 

Enfin, passage en coup de vent à Vérone, jolie ville encore largement teintée de médiéval, qui aurait mérité qu'on s'y attarde un peu plus.

Pour le coup, nous logions dans un vrai B&B (Casapiu, http://www.bedandbreakfastcasapiu.com/, 80 euros la nuit taxe de séjour, petit déj et super machine à café inclus), tenu par un couple gay gentil, serviable et accomodant. Idéalement situé, derrière la piazza del Erbe, dommage que le karaoké dans le bar d'en bas ait duré un peu tard...

Le balcon de Juliette est profondément inintéressant (les amoureux collant leur chewing gum sur le mur, c'est même dégueulasse), mais le théâtre antique et la basilique de San Zeno (romane), un peu à l'écart du centre historique, valent la visite.

Le centre historique est touristique (tout de même patrimoine de l'Unesco) mais pas surpeuplé, les maisons sont colorées, et le combo piazza del Erbe- piazza dei Signori est impressionnant.

Monter sur le campanile et traverser le fleuve pour grimper en haut du centre archéologique sont deux activités à faire...

 

La gastronomie véronaise est semble-t-il un peu plus réputée, et notamment la partie "liquide", puisque c'est une grande région viticole (avec des balades intéressantes à faire pour les amateurs).

Le rouge du coin est le Valpolicella, qui remonte à l'époque romaine.

 

Dans les ruelles, plein de tratorria paraissant largement plus authentiques qu'à Venise, même si ce n'est pas moins cher.

Nous avons dîné à l'Osteria Al Carro Armato (Vicolo Gatto). De grandes tablées un peu soupe populaire: ce soir là pas grand monde, à part deux petits vieux qui picolaient en jouant aux cartes, une famille américaine et deux jeunes.

Plus carnivores que les vénitiens, les véronais sont de grands consommateurs de viande de cheval.

Priscilla a donc pris du pastissada di cavallo, une sorte de "bourguignon de cheval", où la viande a cuit extrêmement longtemps dans du vin rouge et peut presque se manger à la cuillère comme du lièvre à la royale C'est assez puissant, mais très bon. Servi avec de la polenta qui ressemble plus à celle que je connais que celle qu'on a pu manger à Venise: des espèces de galettes épaisses et assez fermes de farine de maïs. Ici, elles sont frites (à Nice, on les sert plutôt gratinées au four).

J'ai pour ma part mangé des tagliata di manzo, qui ne sont pas des pâtes mais des fines lamelles de boeuf, le tout parsemé de radis noir émincé de parmesan et de vinaigre balsamique. Un peu étrange, à mi-chemin entre le plat chaud et la salade, mais pas mal.

Avec une assiette de fromages décevante en entrée, deux supers tiramisu de la mamma et un peu de valpolicella de la casa, une cinquantaine d'euros.

 

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Le lendemain, sur le pouce, une assiette de crostini, et pour ne pas mourir idiot, des sarde al saor (en fait, bêtement, l'équivalent de nos harengs marinés mais avec des sardines, idéal pour bien puer de la gueule et passer l'après-midi à digérer).

 

 

Et puis direction Florence.

A bientôt pour la 2ème partie, pour ceux qui ont eu le courage de tout lire.

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 16:43

L'argumentaire est un peu limité, mais finalement assez frappant.

Et puis, pour une fois que la France est dans la catégorie "exemple à suivre" pour les US (pour quelque chose qui ne touche ni la bouffe ni le pinard), ne boudons pas notre plaisir patriotique.

 

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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 09:13

On peut penser qu'un siècle d'influence hollywoodienne ont un peu perverti la façon dont la société américaine exprime ses émotions, mais il faut tout de même lui reconnaître une certaine efficacité dans la mise en scène.

 

 

Poignant, isn't it?

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