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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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28 août 2019 3 28 /08 /août /2019 15:42

Notre fille cadette a fêté ses 2 ans il y a quelques semaines. 

Voici quelques mots très décousus, très maladroits peut-être, sur ces deux années en sa compagnie.

 

Le plus dur concernant sa trisomie, à ce jour, reste l'annonce par les docteurs de la suspicion (forte) puis l'attente de la confirmation, 1 semaine plus tard. Notre fille est née en fin de soirée, la pédiatre a annoncé à ma compagne le lendemain matin, alors que je n'étais pas présent, qu'elle était trisomique, sans émettre de doutes, sans prendre de gants, ne restant que quelques minutes. Puis, elle nous a évité deux jours durant. Il paraît que c'est une "stratégie" pour que les parents puissent digérer "seuls" la nouvelle. C'est néanmoins très violent, et même si je conçois qu'il n'y a probablement pas de façon de faire qui ménage la famille, cela reste un moment auquel je préfère ne pas repenser. 

Cela nous a pris de court, pour faire dans la litote: plus honnêtement, "avoir l'impression que votre monde s'écroule" est une expression décrivant admirablement bien ce que j'ai ressenti. Les probabilités du tri-test étaient de notre côté et on ne nous avait pas conseillé vivement l'amniosynthèse (la probabilité de faire une fausse couche étant, pour faire simple, supérieure à la probabilité que l'enfant soit porteur de T21), que nous n'avions donc pas vraiment envisagée. Le seul signe potentiellement "inquiétant" a posteriori, était la taille et le poids du bébé, mais elles étaient équivalentes à celle de notre première fille tout au long de la grossesse. Pendant quelques jours, je pense que nous n'avons pas voulu y croire: les "symptômes" physiques nous semblaient pouvoir tous s'expliquer autrement, simplement. 

Les résultats du test génétique confirmant le diagnostic ont ensuite pris une bonne semaine à arriver: je me sentais alors un peu comme on peut se sentir 5 minutes avant de débuter un examen ou un concours, sauf que cela a duré 1 semaine entière, en permanence. Je ne pleure pas beaucoup habituellement mais ce fut le cas à cette période. Il semble d'ailleurs que depuis cet épisode, ma sensibilité globale se soit accrue.

La confirmation du diagnostic, quelque part, a été une libération. Ok, maintenant on sait, ça va être dur, mais on va pouvoir avancer. On va devoir avancer. Je me demande également si être informé après la naissance plutôt qu'avant n'a pas d'une certaine façon simplifié notre existence: nous n'avons jamais eu à discuter de savoir ce que l'on allait faire, nous n'avons pas eu le choix. Cette discussion pendant la grossesse, j'imagine, peut être extrêmement complexe, tendue, et altérer durablement et profondément la dynamique du couple si l'on est, au fond, en désaccord. 

 

Quelques temps plus tard, j'ai lu la très belle bande dessinée de F. Toulmé, qui raconte une histoire similaire à la nôtre. Néanmoins, je n'ai pas ressenti les choses comme lui (même si j'ai pu constater que ses sentiments avaient été éprouvés par un certain nombre de parents d'enfants trisomiques au cours des premières semaines ou premiers mois). Si je racontais notre histoire, je ne l'intitulerais pas "ce n'est pas toi que j'attendais". Plutôt, et c'était à la fois égoïstement, pour nous, mais aussi en pensant à elle, à sa vie: "c'est toi que j'attendais même si j'aurais préféré que tu n'aies pas le syndrome de Down".

Personnellement, je n'ai pas trouvé difficile de l'aimer.

Par contre, j'ai eu des moments de doute et d'auto-apitoiement: premièrement, notre vie "tranquille" est foutue. Deuxièmement, comment va-t-on faire, comment va-t-on s'en sortir? Mais, à chacun de ces moments, j'ai trouvé de la force en observant ma compagne, une force tranquille, déterminée, qui donne l'impression de tout maîtriser naturellement.  

Et puis, après deux ans, je m'aperçois que finalement, s'occuper de notre fille, l'aimer, l'élever, gérer son quotidien et le nôtre avec, ce n'est pas beaucoup plus compliqué que pour n'importe quel autre enfant: donc, oui, c'est compliqué quand même, mais c'est aussi beaucoup de bonheur chaque jour. Je dois dire aussi que nous sommes quelque part chanceux puisqu'elle n'a pour l'instant eu aucun pépin de santé souvent associé à la trisomie (trouble typhoïdiens, cardiaques...). Néanmoins, son suivi médical est plus important que pour notre autre fille, et cela nécessite de l'organisation. Voila, on apprend à s'organiser autour de ses besoins, à repenser quelques priorités, on essaie de ne pas négliger notre aînée, mais notre vie n'a pour l'instant pas radicalement changé. Bien sûr, mon métier notamment offre une certaine latitude horaire extrêmement appréciable pour ce genre de situations. Nous en avons aussi tous deux parlé assez largement dans notre réseau professionnel: tout le monde a été extrêmement gentil et compréhensif.

On se doute que ça risque de se complexifier avec le temps (cette année, par exemple, nous allons devoir gérer trois rendez-vous hebdomadaires chez l'orthophoniste et la psychomotricienne et anticiper la rentrée scolaire avec les dossiers pour les demandes d'auxiliaire de vie scolaire), mais on essaie, comme le disent les sportifs professionnels, de prendre les matchs un par un. Finalement, le plus dur c'est peut-être ça: devoir beaucoup anticiper (la crèche, l'école, les soins) sans savoir de quoi demain sera fait, sans savoir quelle sera son évolution. Mais n'ayez pas peur. 

 

A ce jour, tout va bien: notre petite fille est très sociable tant avec les adultes qu'avec les enfants. Elle sourit beaucoup de façon très communicative, elle est de bonne composition mais avec du caractère; de façon très étrange les enfants plus grands qu'elle l'adorent et veulent s'occuper d'elle; elle est sur le point de marcher (de fait, si elle osait je pense qu'elle y arriverait); elle communique facilement et sait se faire comprendre sur plein de sujets (le langage des signes adapté aux enfants, Makaton, a beaucoup aidé et libéré sa communication, non seulement par les signes mais orale). 

Quelques mots sur le corps médical enfin: peut-être est-ce parce que la trisomie, au fond, est un handicap bien "connu", mais pour l'instant, hormis donc à mon sens à la maternité, nous n'avons eu à faire qu'à des professionnels exceptionnels, dans l'empathie et pédagogues. Ils nous aident, beaucoup, nous orientent, et aident notre fille, que ce soit le pédiatre, le neuro-pédiatre, la kiné, l'orthophoniste, la psychomotricienne, que ce soit en libéral, au sein de fondations, associations ou de structure comme les CAMSP. Si l'on rajoute la famille, les amis, les collègues, et même des inconnus, nous n'avons à ce jour jamais eu à faire face à questions oiseuses ou remarques déplacées: au contraire, nous avons reçu énormément d'aide et autant d'amour, merci à tous*. 

 

 

 

* je ne veux pas dénaturer ce texte en l'amendant trop mais il faut souligner aussi qu'on a reçu beaucoup d'aide de la part de l'Etat, je pense que c'est important de le dire: carte d'invalidité, 100% sécu, demi-part fiscale, structures médicales spécialisées gratuites, complément salarial pour moi, l'AJPP pour ma compagne... nous acceptons avec gratitude tout ce que l'on nous donne. 

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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 21:57

Il y a quelques années, j'habitais dans le quartier Reuilly-Diderot et pour me rendre à mon travail, j'empruntais le bus 57.

Souvent, je croisais, le matin, un père et sa fille, assis quasiment toujours à la même place, tout au fond.

Je ne les ai pas oubliés.

La raison principale pour laquelle ils sont restés dans ma mémoire, c'est que la jeune fille, d'une quinzaine d'années, était trisomique. Une deuxième raison était l'amour et la complicité qui semblaient relier ce père à sa fille et irradiaient autour d'eux.

Cela m'émouvait, régulièrement, même si bien sûr je ne voulais pas passer le trajet, sans-gêne, à les scruter.

Le père descendait à Gare de Lyon. Il embrassait tendrement sa fille qui continuait seule son trajet jusqu'à après mon arrêt, probablement pour se rendre à l'établissement dans lequel elle était scolarisée. 

 

Dans une quinzaine d'années, j'espère que je serais ce père pour ma fille, arrivée il y a 3 semaines. Et qu'elle et moi partagerons une aussi belle relation. 

 

 

 

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 10:05

Je m'adresse à mon lectorat universitaire: vous connaissez les reviewers d'article qui, jugeant un article représentant disons 2 ans de boulot et montrant un petit résultat nouveau, écrivent en substance "hmm oui c'est pas mal mais il aurait fallu faire ça en plus pour que ça soit bien", le ça en question correspondant à 2 ans de boulot supplémentaire pour confirmer au 2ème ordre le résultat principal de l'article, qu'il était déjà ambitieux de montrer à l'ordre 0.

C'est déjà pénible.

Mais aujourd'hui, on retrouve ces "reviewers" sur des articles de blog et même sur twitter. En gros, tu passes une partie de ton temps libre à éplucher des documents, disons-le souvent un peu arides, pour faire des mises en perspective ou des compilations de données un peu parlantes. En général, on travaille à "gros grains" d'abord, et puis, si on peut (i.e. si on a le temps ET que des sources sont disponibles ce qui est loin d'être toujours le cas) on raffine. Mais le "gros grain" est souvent déjà une avancée par rapport au non-existant. Mais la, c'est le festival de "il faudrait dissocier selon les 60 sous-disciplines" ou "vous avez regardé sur les 10 dernières années, mais ce qui serait pertinent ce serait sur les 40 dernières années". 

Et il y a aussi les "contradicteurs systématiques" ou "pinailleurs de l'extrême" qui, visiblement peu habitués à la physique à la Fermi, viennent corriger une grave erreur du type "non ce n'est pas un facteur 2, c'est un facteur 1,93". Récemment, j'en ai eu un qui, pour "démonter" l'un de mes propos sous pseudonyme, m'a cité un article... que j'avais écrit sous mon vrai nom. "Oui, je connais ce travail, non, il ne dit pas ce que vous prétendez..."

 

Donc, un article de blog c'est du grain à moudre, ce n'est pas un article soumis dans un journal à comité de lecture. Quand je fais des articles avec une ambition d'être un tant soit peu sérieux, je donne les sources. Libre à chacun de les reprendre, de les creuser, d'en trouver d'autres, de rebondir. Mais les remarques sur la faible quantité de travail et/ou le peu de pertinence du "gros grain", c'est assez fatigant pour ce qui reste un hobby. Un hobby avec certes une volonté de compréhension et de pédagogie, mais néanmoins sans prétention académique.

 

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17 avril 2017 1 17 /04 /avril /2017 15:18

Difficile de faire un "programme" cohérent... Mais je vais jeter quelques idées personnelles sur l'enseignement supérieur et la recherche. Personne ne me l'a demandé, mais cela fait du bien de se confronter à la réalité de ce qu'on penserait vraiment pertinent. 

 

 

Mon affiche de campagne

Mon affiche de campagne

 

On va faire du plus utopique au plus concret.

1 - Bon, déjà je pense qu'il faudrait investir massivement dans l'ESR. Après tout, 3% du PIB, la stratégie de Lisbonne, ça a presque 20 ans maintenant, et on est toujours à 2.25% ou quelque chose comme ça. Mais la, il est à craindre que ça ne soit pas pour demain même si c'est la priorité de tout le monde en théorie, dans la pratique ça ne l'est jamais (l'Allemagne est à 2.9). 

2 - Je pense que pas mal d'emmerdes actuelles viennent de la dualité Universités - Grandes Ecoles. A l'Université l'enseignement de masse sans sélection et la recherche, aux grandes écoles l'enseignement hyper sélectif (et, hormis quelques exceptions notables, peu ou pas de recherche). Je n'ai pas d'idée claire sur la façon dont tout pourrait être remis à plat et que cela soit satisfaisant, mais je suis désormais à peu près convaincu que cette dichotomie de 2 siècles n'a plus vraiment de raison d'être. Cela dit, je pense que j'aurai le temps de mourir avant que quoi que ce soit change (le lobby des classes préparatoires et des grandes écoles est un peu plus puissant que celui des universitaires). 

Il y a aujourd'hui probablement trop d'universités en France. 2 centres régionaux (un peu plus pour Paris) semblent un bon compromis (on passerait donc de plus de 80 à une trentaine). Pour cela il faudrait un programme de logements sociaux et de bourses ambitieux.

Il faut aussi une vraie rationalisation de l'offre de formation: éviter les masters très similaires dans un même centre, éviter les masters avec 5 étudiants et/ou tournant grâce au recrutement d'étudiants dont la formation initiale est faible ou mal connue (voir point 3).

2 bis - on pourrait avoir la même réflexion avec le CNRS. Création d'un statut unique avec 128 HED ou 96 HED pour tous? (Il y a en gros 60000 EC pour un peu plus de 10000 chercheurs dont une bonne partie enseigne déjà: autant dire qu'avec l'augmentation des effectifs étudiants annoncés, il va falloir trouver des heures, d'autant qu'il manque déjà au moins 10000 ETP...).

2 ter - je suis un peu partagé sur les PRAG à l'Université, mais vu qu'il y a des manques importants en force enseignante, avec un grand nombre d'heures assurées actuellement par des vacataires dont le recrutement n'est pas toujours optimisé, et qu'un recrutement massif de 10000 EC ou plus ne se fera pas en 2 ans; vu également qu'il y a de la demande du côté des PRAG, je me dis que les intégrer dans les cours de licence générale n'est pas une mauvaise idée, surtout les jeunes (si l'alternative est de les envoyer contre leur gré en collège ou lycée...).

3 - Je suis pour une forme de sélection, sur dossier (comment la gérer?) par filière à l'Université (à l'entrée en L1 puis à l'entrée en M1, puis pour le doctorat, comme le prévoit le LMD). 

4 - Je suis pour un maintien de la gratuité ou quasi-gratuité des frais de scolarité (cf point 1). Par contre, il ne me semblerait pas déraisonnable de demander aux étrangers de payer des frais de scolarité correspondant au coût réel (donc autour de 10000€: cela rapporterait 3 milliards d'€ en supposant que le nombre d'étrangers actuel reste constant, environ 300000. Même à supposer qu'il baisse, on pourrait tabler sur 1 milliard de recettes). On pourrait imaginer des systèmes de bourse et/ou de crédits d'impôts pour ceux qui ensuite resteraient travailler en France. J'avoue que j'ai du mal à comprendre aujourd'hui la plus-value pour le pays d'étudiants se formant gratuitement et à qui on ne propose ensuite pas d'emplois...

4 bis - Bien sûr, ceci devrait être réinvesti dans la rénovation des locaux. Avouons que pas mal d'Universités françaises ne donnent pas vraiment envie de venir... (ou plutôt: gratuitement, ça passe, mais à 10k€ l'année, on attend autre chose). Même si cela s'est pas mal amélioré par endroits (je pense à ceux qui ont connu Jussieu dans les années 1990-2000).

5 - Je pense que la fin de la semestrialisation avec une forme de souplesse dans le suivi des UE, dans le choix des parcours, et l'accumulation de crédits, sur un compte personnel, au rythme choisi par l'étudiant serait une bonne chose. Cela favoriserait aussi la formation continue (on pourrait proposer une formule "à distance"). Par exemple, la licence correspond à 180 crédits ECTS, une UE est en général 3, 4 ou 6 ECTS, et dans le cadre classique, on fait 45 ECTS en un semestre. Rien n'empêcherait d'imaginer qu'un étudiant puisse faire 15 ou 60 ECTS en un semestre (il faudrait probablement définir un minimum et un maximum), et qu'un salarié puisse profiter de ce type de parcours.

5 bis - développement en parallèle de l'apprentissage (dans le secondaire mais aussi le supérieur) et des procédures de validation d'acquis.

6 - Je crois que la fonctionnarisation des chercheurs et enseignants-chercheurs reste une bonne chose. Une revalorisation des grilles serait appréciable. Néanmoins, je pense que l'autonomie des universités est une bonne chose. Maîtrise du calendrier, développement raisonné de certaines disciplines etc. On pourrait imaginer dans cette optique un statut de fonctionnaire territorial. Cela ne faciliterait néanmoins pas les mutations, aujourd'hui extrêmement complexes, alors qu'il faudrait un peu "libérer les énergies". Alors, comment faire? 

6 bis - Suppression du recrutement local (définition du localisme: 3 ans dans le même labo, reset après 2 ans dans un autre labo). Augmentation significative du temps de l'audition (mise en place qui existe déjà parfois d'une partie enseignement), visite du laboratoire obligatoire avant l'audition (financée par les labos). Il faudrait probablement diminuer le nombre d'auditionnés, et pour cela définir des profils plus précis pour le recrutement.  

7 - Il faut redonner des moyens à l'ANR. Probablement revenir aux financements de 2009 voir à 800 millions d'€ ou plus (aujourd'hui, environ 450 millions). L'idée serait que 25% des projets (environ) seraient financés. 

7 bis - mettre en place une procédure robuste et pérenne pour l'évaluation des projets ANR, procédure qui actuellement change chaque année. La procédure de cette année semble plutôt moins mauvaise que les années précédentes (phase 1 évaluée par un comité, possibilité de réponse aux évaluateurs en phase 2). Mettre en place un meilleur suivi des projets par l'ANR en améliorant les recrutements, conditions salariales et perspectives d'évolution des chargés de projets ANR (aujourd'hui, il n'est pas rare d'avoir 3 interlocuteurs différents sur la durée d'un projet de 4 ans...).

7 ter - passer de 3 à 5k€/C-EC pour les crédits récurrents (budget: environ 200 millions).

8 - Incitation au développement des ressources propres dans les universités et les laboratoires.  

9 - Je suis pour le maintien de l'HCERES et la mise en place d'une évaluation des EC sur le modèle de ce qui existe au CNRS. Je suis pour la prise en compte de l'avis des étudiants sur les enseignements prodigués.

Je ne suis pas défavorable à la modulation des services. S'il me semble important qu'un EC ou C conserve une activité de recherche au moins a minima (en ce sens, les premiers critères définis par l'HCERES: 2 articles - ou proceedings selon les communautés - sur une période de 4 ans pour les EC, et 4 pour les C, m'apparaissaient plutôt conservatifs), il ne me déplairait pas qu'un certain nombre d'activités "administratives" (même si je plaiderai pour moins d'administratif pour les C et EC) soient mieux reconnues et valorisées (gestion de filière notamment). Rien ne devrait s'opposer à des carrières d'EC "enseignants administratifs" (en faisant la distinction entre les postes de gestion lourde et les postes honorifiques).

10 - Suppression de la qualification (et donc probablement du CNU) et de l'HDR. Un jeune recruté doit pouvoir obtenir une certaine forme d'indépendance en répondant à des AAP dédiés (dans lesquels on ne lui reprocherait plus d'être "trop jeune" ou pas assez "mentoré"). 

11 - Réserver l'accès au CIR aux TPE et PME. Développer les mécanismes CIR d'incitation à l'embauche des docteurs dans le privé. Rebasculement d'une large partie du CIR (celle non affectée au recrutement de docteurs) des grandes entreprises vers le budget de la recherche publique.

12 - Financement des thèses obligatoire. Pour les salariés ou enseignants: possibilité de thèse en 6 ans si décharge à mi-temps. Faciliter les mécanismes de détachement/congés pour effectuer la thèse. Thèse en 3 ans avec 2 réinscriptions max possibles si contraintes spécifiques disciplinaires justifiées. Généralisation des comités de suivi de thèse. Prise en compte des temps caractéristiques de soutenance et du devenir des docteurs dans la promotion des directeurs de thèse.

12 bis - mise en place de collaborations industrie/université (ou d'un meilleur dialogue) par mise en place d'un guichet unique chargé de valoriser les diplômes (le doctorat mais pas que) sur le marché de l'emploi. Cela permettrait aussi de développer le concept de doctorant/conseil. 

13 - Maintien de la loi Sauvadet. 

14 - Rebasculement du personnel administratif des services centraux vers les laboratoires.

15 - Généralisation de la CB professionnelle pour les C et EC.

16 - pas de fermeture budgétaire annuelle.

17 - Simplification des achats: fin des marchés publics et marchés agences de voyage. Mise en place d'un système de déclaration en ligne (fin des ordres papier) pour la déclaration des missions, congés etc.

17 bis - En ce sens, revalorisation de certaines fonctions support dont les grilles actuelles ne permettent que trop rarement sur le long terme des recrutements de haut niveau (par exemple: secrétariat pédagogique, gestion, DSI). On ne peut pas toujours miser sur la bonne volonté ou le sacerdoce.

18 - Généralisation des délégations de signature au directeur de labo ou d'équipe pédagogique.

 

Bon, je suis sûr que j'ai plein d'autres idées et en même temps ce dont j'ai toujours peur c'est que certains points se contredisent, mais ça fera une base pour retravailler.... J'amenderai au fur et à mesure. 

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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 16:27

Je chante presque tous les soirs à ma fille, depuis 2 ans, quelques chansons pour l'endormir. Mais soyons franc, je me refuse à lui chanter "Au Clair de la Lune" ou "Meunier tu dors". Alors, j'ai opté pour quelques chansons "douces" issues de la pop, du rock ou même, du métal.

Petit florilège du top 7, si ça peut donner quelques idées aux nécessiteux:

 

Ma fille a récemment dit alors que je l'écoutais "le monsieur chante la chanson de papa pour dormir!". Un petit bonheur, même s'il m'a fallu rétablir la vérité...

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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 09:27

J'ai eu une petite discussion téléphonique avec R. Pierronnet, doctorant en sciences de gestion, actif sur twitter (@rpierronnet) sur tous les débats ayant trait au fonctionnement de l'ESR français, qui m'a sollicité pour parler un peu du CIR (crédit impôt recherche).

Ce dispositif de crédit d'impôt alloué en fonction des sommes dédiées aux activités de recherche des industriels, est discuté, souvent critiqué, tant par les universitaires que parfois par les politiques eux-mêmes (d'autres évaluations sont plus mesurées).

 

Mes sentiments personnels sur le dispositif sont mesurés, notamment parce que je maîtrise mal la politique fiscale, sujet qui je l'avoue ne me passionne guère. Je vois cependant passer beaucoup d'avis tranchés qui me semblent, volontairement ou non, basés sur des arguments erronés, ou au moins des raccourcis violents (par exemple quand je lis que ce sont 5 milliards d'€ "détournés" des laboratoires: ce sont des recettes fiscales non perçues, absolument rien ne dit que ces sommes seraient dans leur totalité allouées au budget de l'enseignement supérieur et de la recherche...). Je pense, naïvement, qu'il y a de "bonnes choses" dans le dispositif en soutien aux "start-up innovantes", avec également le J.E.I. (en tout cas c'est un choix politique de soutien à "l''innovatin" que je peux comprendre, surtout vu l'état de l'industrie française). Le fait qu'une large part du CIR bénéficie aux grandes entreprises pour une vision de la recherche ne paraissant pas toujours, de l'extérieur, très enthousiaste, me laisse plus sceptique. Mon avis, pas forcément hyper documenté, ne va pas plus loin que ça. 

 

Il se trouve que de façon complètement fortuite, j'ai eu l'occasion de devenir "expert" pour le CIR. Car, malgré tout, la "recherche" déclarée par les entreprises est, de temps à autre, "évaluée" par des scientifiques (et les sommes déclarées par des fiscalistes), avec un risque non nul de redressement fiscal en cas d'entourloupes.

Il me semblait intéressant de voir un peu ce qui peut se faire en entreprise en France sur des thématiques proches des miennes; de façon générale, expertiser est une activité "annexe" mais inhérente à mon boulot, que j'apprécie. Cela met un peu de beurre dans les épinards aussi, même si les sommes en jeu sont relativement faibles (je ne cherche pas à en faire beaucoup, cela représente donc un complément de revenu de moins de 1000€ sur l'année). Tout en, me dis-je, agrémentant mon CV d'une petite ligne qui ne fait pas de mal.

Et puis je trouvais marrant de voir un peu de l'intérieur, loin des rapports et bilans d'activité et même plutôt dans la soute, comment ça fonctionne.

 

Romain m'a posé des questions à ce propos, sur un mode "interview" et en a donc tiré un article de blog que je vous invite à lire ici: http://blog.educpros.fr/romain-pierronnet/

 

En complément, une petite anecdote: j'ai participé à une rencontre organisée par le responsable du service au Ministère, suite à une demande d'une entreprise qui contestait une expertise précédente (ayant résulté en un redressement fiscal un peu violent). J'étais donc dans le rôle de "contre-expert". Ce que je n'ai compris qu'a posteriori c'est que la réunion, même si cela n'a pas été le cas, aurait pu déboucher sur un "deal" verbal (du genre "ok, on vous accorde ça mais pas ça", "banco"). Ceci s'ajoute à une autre chose qui me frappe et dont Romain parle dans son article: l'absence de définition claire, non ambiguë, de ce qu'est ou de ce que n'est pas la recherche, avec plusieurs "définitions" possible selon les documents consultés, définitions qui sont généralement elle-mêmes verbeuses et par conséquent floues.

Donc on se rend compte que, derrière quelque chose qui paraît de prime abord très codifié, il y a finalement beaucoup de "feeling" mis en jeu. Voila, je crois que c'est ça qui m'a le plus surpris, même si ça ne devrait pas: finalement c'est quasiment toujours le cas; quelle que soit la "rigidité" de façade d'une organisation, il y a toujours des humains derrière.

 

Une autre petite anecdote plus classique: pour faire des expertises pour le Ministère, le Ministère demande que mon employeur (qui est le Ministère) m'autorise à exercer une activité secondaire. D'où un dossier d'autorisation de cumul très fastidieux à remplir, tous les ans, comprenant des informations essentielles comme la date de mon PACS, à faire signer d'un côté comme de l'autre par 4 ou 5 niveaux hiérarchiques. En général, la remise du dossier complet à l'agence comptable prend 6 bons mois (le paiement prenant environ la même durée). 

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 21:12

Une étudiante m'a envoyé 13 ou 14 mails de questions (plus un coup de fil) en moins de deux mois depuis que l'UE a commencé.

Des questions assez compliquées à traiter par mail tant elles montrent une incompréhension assez forte de tout ce que j'ai pu raconter.

J'ai donc répondu 12 fois courtoisement, consciencieusement, longuement et de mon mieux, bien qu'intérieurement un peu tendu au fil du temps.

 

Aujourd'hui, à peine envoyée la 12ème réponse (un mail de 20 lignes tout de même), que je recevais le 13ème mail de question.

La question cette fois (exceptionnellement il n'y en avait qu'une) était "pouvez-vous me donner la définition de telle grandeur physique?".

Après un juron sonore (entendu par mon collègue du bureau d'à côté) j'ai renvoyé le lien vers la page wikipédia correspondante, ainsi qu'un laconique "je ne vais plus pouvoir répondre à vos questions".

J'ai reçu quelques heures plus tard une réponse outrée mettant en doute mon professionnalisme.

 

J'ai donc pris ma plus belle plume pour écrire ceci.

 

"

Bonsoir,

 

Nous avons échangé 27 mails si je compte bien depuis le début de l'UE il y a moins de deux mois.

Parfois, je vous réponds tard (comme ici) ou bien pendant le week-end, ou bien même pendant mes vacances. Je passe du temps à vous répondre et j'essaye d'être le plus clair possible et de ne pas me contenter de 2 lignes. Répondre à quelques uns de vos mails a occupé plus de 5% du volume horaire d'un certain nombre de mes journées. J'aimerais que cela soit apprécié ou au moins reconnu.

 

Maintenant, je souhaite vous faire partager quelques chiffres:

1. Je reçois environ 100 mails par semaine.

2. J'ai ce semestre dans les UE où j'interviens plus d'une centaine d'étudiants. Si chacun m'envoyait 10 mails/mois, cela ferait 1000 mails à traiter par mois (en sus des 500 que je reçois déjà), 6000 sur le semestre.

3. Je suis enseignant-chercheur, l'enseignement n'est censé représenter que la moitié de mon temps de travail soit 800 heures annuelles environ.

 

En vertu de ces chiffres, ce que je vous dis n'a rien d'offensant, mais est simplement mathématique. Je n'ai vraiment pas le temps de répondre à tous vos messages.

D'autant plus quand il s'agit de vous redonner des définitions de grandeurs qu'à défaut de connaître on peut trouver, excusez-moi, facilement (dans google, premier lien, définition aussi claire que celle que je pourrais vous donner). Je ne peux pas réexpliquer tout ce qui est censé être acquis dans une UE de L3.

 

J'en suis désolé.

Je continuerai à répondre à vos questions si j'estime que mon aide est nécessaire à votre compréhension. Je ne traiterai pas celles dont je pense que vous pouvez obtenir la réponse moyennant un peu de travail personnel.

 

Cordialement,

"

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27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 09:51

J'ai déjà dit il y a quelques temps ce que je pensais de l'HDR (habilitation à diriger les recherches): pour résumer, c'est à mon sens un "rite de passage" comme on les aime en France, hérité d'un temps ancien ou cela avait (peut-être) un intérêt, mais n'en ayant plus du tout dans le système actuel où on présuppose par ailleurs qu'un "jeune" est un chercheur de pognon comme les autres*. Et ce "rite de passage" ne subsiste, grosso modo, que par "fainéantise" (à quoi bon supprimer, après tout c'est pas si important) et suivant des arguments que l'on entend pour justifier tout ce qui relève du bizutage ("moi j'y suis passé, c'est pas si terrible, pourquoi pas toi?").

 

Ceci étant dit, j'ai pu assister à quelques belles soutenances, avec du fond, un beau résumé de 10 ans de résultats scientifiques de qualité, un jury costaud qui pose des questions pointues et pertinentes, bref, un exercice intellectuel intéressant. 

 

Mais j'en ai aussi vu où, surtout par la faute d'un jury un peu moins haut niveau (et je précise que ce n'est pas toujours le futur habilité qui choisit son jury, certaines UFR de certaines Universités imposent tout ou partie de celui-ci selon des règles complexes et variables), l'exercice perdait le peu d'intérêt qu'il pouvait trouver à mes yeux.

Franchement, il m'est difficile de m'enthousiasmer quand une bonne moitié des questions tourne autour de l'impact factor des journaux où le candidat soumet, et/ou plus ou moins directement du pognon qu'il peut ramener, et quand les questions purement scientifiques restent très en surface.

Alors je comprends que dans le système actuel, où les labos sont en compétition pour l'obtention de moyens, où la survie même n'est pas toujours facile, et où les évaluations sont constantes, ces points purement métriques (pognon, h-index, IF etc) soient importants quand on envisage de recruter quelqu'un, surtout au niveau PU (mais aussi au niveau MCF, visiblement). Mais bon, pour ça, pas besoin d'une soutenance, a priori, le CNU peut très bien faire ça sur dossier pour donner la qualification PU.

Vous me direz que l'HDR, c'est censé valider le fait que vous êtes capables d'encadrer un doctorant, et que ni le dossier ni la soutenance n'évaluent vraiment ça de toute façon: ça peut évaluer la capacité à mener une activité de recherche en autonomie (et encore, j'ai assisté à des HDR où le candidat remerciait "son chef"), mais ça ne permet pas de prendre vraiment en compte l'aspect "managérial" ou humain de l'encadrement...

 

Quoi qu'il en soit, il faut hélas "play the game" si l'on veut un peu évoluer, et plus vite c'est passé moins j'aurai à continuer à râler, donc vivement d'ici un an ou deux que je la soutienne à mon tour pour parler d'autre chose. Mais à défaut, ce serait bien que l'habilitation reste un moment pour parler très majoritairement de science.

 

 

* et donc si on présuppose qu'il est capable de le ramener tout seul, le pognon, on devrait aussi partir du principe qu'il est capable de le dépenser tout seul sans chaperon.

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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 09:59

C'est toujours le problème d'avoir fait deux épisodes en ne prévoyant pas une fin ouverte: le 3ème n'est plus du tout crédible.

 

Je vous avais raconté par le menu mon départ de la "fucking MGEN" (comme dit un collègue et ami), en deux longs et douloureux épisodes (voir 1 et 2).

 

Mais la MGEN c'est pas le genre à admettre la défaite sans un baroud d'honneur. Donc, plus d'1 an après avoir entamé les démarches pour partir, 10 mois après être vraiment parti, ils reviennent pour me faire chier un dernier coup.

 

Si vous vous rappelez (ou si vous avez relu ma prose), ils avaient continué à me prélever après que je sois parti. Il m'avait fallu accomplir un certain nombre de démarches oiseuses pour qu'ils daignent enfin arrêter, puis d'autres pour qu'ils daignent me rembourser. Le tout avait pris quasiment six mois.

Sauf que, nullos jusqu'au bout, ils avaient trouvé le moyen de se gourrer sur le montant du remboursement et que j'avais donc reçu un trop perçu.

Franchement, j'aurais pu le leur signaler, mais comprenez-moi, j'en avais un peu assez de les appeler pour leur signaler leurs erreurs, et j'avais envie de passer à autre chose. Je soupçonnais de toute façon qu'ils finiraient par s'en rendre compte, et dans le cas contraire le montant en question (96€) me semblait une petite somme par rapport à la masse d'emmerdements et de désagréments causés.

 

Effectivement, quatre mois plus tard, ils ont fini par se rendre compte de leur boulette, et de m'envoyer un courrier demandant le remboursement du trop perçu. Jusque là, rien d'anormal, même si recevoir un courrier de la MGEN me hérisse toujours le poil.

Ce qui m'a un peu fait sortir de mes gonds, c'est le courrier de rappel (agressif) 3 jours plus tard, du genre "vous n'avez toujours pas remboursé, merci de procéder rapidement". Je rappelle d'ailleurs qu'ils avaient procédé de la même manière lors de la mise en place du prélèvement automatique: ils avaient fait une erreur empêchant le bon fonctionnement du prélèvement, je le leur avais signalé par A/R, et deux mois plus tard ils m'avaient envoyé un courrier hyper déplaisant me qualifiant quasiment de mauvais payeur ayant intérêt à rembourser fissa.

 

Alors, je leur ai envoyé un chèque, mais aussi, pour me faire du bien, un petit courrier manuscrit, à l'ancienne, qui finira sans doute directement à la poubelle du centre de paiement. Histoire qu'il ait un peu de publicité je le mets ici. J'espère que c'est lisible (j'écris assez mal).

 

MGEN: REALLY free at last?
MGEN: REALLY free at last?
MGEN: REALLY free at last?
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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 07:25

Entre les cours qui reprennent, les ANR à écrire, les congrès, les fins de budget à gérer, s'occuper des étudiants, stagiaires, doctorants et post-doctorants, les papiers à soumettre, corriger, reviewer, la période mi-septembre mi-novembre est toujours relativement mouvementée pour l'enseignant-chercheur, et ce, je crois, partout dans le monde.

 

Tout ça, plus quelques changements tant personnels que professionnels, n'est pas très propice au blogging...

 

Comme à chaque fois qu'un blogueur écrit un billet pour expliquer qu'il n'a pas le temps de bloguer, il y a un petit côté ridicule, mais comme à chaque fois, je me demande si ça va pouvoir repartir ou si la fin se rapproche inéluctablement...

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