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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • mixlamalice
  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 09:27

Après presque 800 articles, voici la 2ème recette proposée par Mixlamalice, grand cuisinier (c'est Priscilla qui le dit) qui conchie les blogs de recettes.

La première, je le rappelle, était le gratin dauphinois sans fromage, qui a connu un franc succès auprès de mes 8 "followers".

 

Derrière ce nom délicat, plov, se cache LE plat traditionnel de toute l'Asie Centrale. Et franchement, c'est délicieux.

(En fait, le terme "pilaf" désignant la cuisson du riz utilisée en est dérivé.)

 

A l'origine, je crois que c'est un plat ouzbek, mais on le retrouve au Kirghizistan, au Kazakhstan, au Tadjikistan, et même en Afghanistan (pour ceux qui ont les Cavaliers de Kessel, c'est le palau qu'ils mangent à tout bout de champ) ou dans certaines régions de Chine.

J'en ai déjà parlé lors notre voyage au Kazakhstan, pour ceux qui me suivent régulièrement, bien sûr.

 

Il y a autant de variations que de pays, et probablement même que de régions voire de familles.

 

Je vais vous donner ma version, probablement aussi authentique qu'une choucroute de la butte Montmartre, mais facile à faire, que je pense plutôt bonne et qui donnera une petite idée si ça vous branche d'essayer, fût-elle déformée, de la gastronomie d'Asie Centrale.

 

Ingrédients:

Comptez grosso merdo 15 minutes de préparation, 20-25 minutes de cuisson tout compris.

- Agneau: le collier est très bien, si vous avez des goûts de luxe vous pouvez prendre des côtelettes ou même de la souris, ou mélanger tout ça. 2 bouts de collier par personne, ou 1 bout de collier et 1 ou 2 côtelettes.

- L'ingrédient secret: de la graisse d'agneau (demander à votre boucher de vous filer un peu de gras de gigot ou autour des rognons, c'est gratuit).

- Riz: le riz basmati Taureau Ailé ou autre marque est bien, mais je trouve qu'il n'absorbe pas assez le gras et manque de liant (la version "tradi" doit pouvoir se manger avec les doigts!). Si vous trouvez un riz rond, coréen, par exemple, ça peut être pas mal, mais il faut un peu expérimenter (le dernier que j'ai essayé, turc, était un peu trop collant et ne cuisait pas super bien; d'expérience le long grain genre Uncle Ben's et les riz thaï sont à proscrire pour cette cuisson). En fait, le top, c'est le riz basmati iranien Tilda, où les grains cuisent tout en restant bien individualisés, un bonheur. 80g par personne suffisent amplement même pour les gros mangeurs (et il devrait en rester), c'est assez nourrissant.

-  Oignons: 1 petit par personne ou 1 gros pour 2 ou 3. 

- Ail: beaucoup. Mon beau-père (ou terme équivalent dans la mesure où je ne suis pas marié) en met quasiment 1 tête pour 4 personnes. Moi je mets un peu moins, plutôt 2 gousses par personne.  

- Carottes: en gros 1 pour 2 personnes. 

 

Recette:

Dans un faitout on fait fondre la graisse d'agneau coupée en petits morceaux. Lorsque le plat est bien graissé, virez les bouts de gras solides. Si ça ne vous branche pas, remplacez par de l'huile d'olive.

Plongez l'agneau dans le faitout avec l'oignon en lamelles assez fines. Mon beau-père découpe la barbaque en dés et fait revenir agneau et oignon à part, moi même pas je fous tout en vrac et les morceaux entiers, ça gagne du temps. Je mets aussi les gousses d'ail à ce moment là, avec la peau, juste en donnant un coup de manche de couteau sur la gousse pour libérer les arômes. On peut les rajouter à l'étape d'après si on préfère. 

Faites dorer à feux vif sans faire cramer les oignons. 

Pendant ce temps faites bouillir de l'eau.

Rajoutez ensuite en ayant baissé le feu dans le faitout le riz avec un peu d'huile d'olive pour rendre les grains translucide, et les carottes la aussi en lamelles (sections 1-2*1-2mm, longueur 2-3cm, et si vous vous fournissez chez M. Picard, les rondelles ça marche aussi).

J'aime bien rajouter quelques épices pour le riz, qu'on peut trouver dans des épiceries iraniennes ou turques.

Remuez 1-2 minutes.

Quand les grains ont absorbé le gras, on rajoute entre 1.5 et 2x le volume du riz en eau bouillante (je me sers d'un verre doseur). Si vous mettez trop d'eau (2x, c'est généralement trop, 1.5 c'est pas mal si vous faites vraiment cuire très doucement), ça va faire de la bouillie; la aussi, il faut un peu adapter au riz utilisé: les experts préconisent, une fois qu'on a trouvé son bonheur en terme de riz et la quantité d'eau correspondante, de ne plus jamais changer (on déconne pas avec le plov).

Faire cuire à couvert très doucement (quasiment au minimum), généralement un peu plus de 15 minutes minimum, 18-20 minutes c'est bien, jusqu'à ce que toute l'eau soit absorbée. Normalement, il ne faut pas soulever le couvercle pour voir où ça en est, d'où l'intérêt d'avoir un couvercle en plexi.

 

Voila, c'est prêt. 

 

C'est un peu moche (on ne servira pas ça aux beaux-parents versaillais pour la 1ère rencontre et ça ne peut pas vraiment se servir en verrine), mais c'est bon.

 

La version ouzbek fait intervenir pois chiches et raisins secs, si vous aimez ça.

 

 

 

Le plov
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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 15:25

Dans la blogosphère bouffe/picole, ressurgit périodiquement le débat marronnier de la "déontologie du blogueur". 

En gros, est-ce que c'est mal, est-ce qu'on se trahit soi-même et ses lecteurs, de se faire inviter par le restaurateur ou de se faire envoyer une caisse de pinard?

 

A mon avis, la question n'est pas là. 

Franchement, ceux qui se la jouent "incorruptibles" (affichant en gros "je paye toutes mes factures, je suis incognito") me font rigoler. 

Parce que bon, il y a deux cas de figure: soit on est connu et on est donc un peu dans la posture à la F. Simon (ou A. Cammas du Fooding, même si ce n'est pas un blog: L'affaire de la Jeune Rue est en ce sens assez comique): tout le monde sait bien, à part les derniers lecteurs naïfs, qu'il est tout sauf anonyme au restaurant.

Soit on n'est pas connu, et donc, ben ouais, on s'en doute que vous payez la note, comme tout le monde. C'est pas vraiment difficile d'être incorruptible quand personne ne cherche à vous corrompre.


Les "gros" blogs bouffe (axés critiques de restos, pas recettes qui sont plus visités) font, je crois, dans les 1000 visites quotidiennes. On est loin de la mode ou d'autres secteurs "porteurs". Donc, il y a des RP ou des restaurateurs qui peuvent penser que même une mention sur un blog comme le mien, ses 80 lecteurs quotidiens les bons mois et ses 10% d'articles consacrés à la bouffe, peut valoir le prix d'un repas. Je ne suis pas convaincu, mais je ne vais pas les en dissuader (cela dit, le nombre de fois où c'est arrivé se compte sur les doigts d'une main, toujours un peu indirectement, et ça n'est plus arrivé depuis 3 ou 4 ans).

 

Bref, tant mieux pour eux si certains blogueurs bouffent à l'oeil à l'occasion ou même régulièrement.

 

Par contre, j'aime bien savoir si c'est le cas. En gros, ce qui m'importe, c'est la transparence.

Par exemple, le blog de V. Delmas est très clair sur ce point avec en tête d'article, un mot sur le "statut": anonyme ou invitation. J'apprécie.

Il pourrait même aller plus loin en précisant si, par "anonyme", il entend "one shot" ou "habitué".

Pourquoi, et pourquoi de façon plus générale cette transparence me semble nécessaire?

Eh bien parce que, pour avoir été invité quelques fois justement, outre le fait qu'on ne paye pas, ce qui rend tout de même tout de suite plus conciliant, on est de plus généralement pas du tout traité comme un client lambda. Menu dégustation, petites attentions, etc: l'expérience n'a pas toujours grand chose à voir avec ce que propose "en moyenne" l'établissement. Ca ne veut pas dire qu'on n'a pas le droit d'en parler, mais je trouve qu'être clair là-dessus permet au lecteur de se remettre dans un contexte. A un moindre degré, si parce qu'on y va toutes les semaines, on est pote avec le patron, est aussi une donnée intéressante, même si on paye l'addition.

Il faut aussi savoir que lorsqu'on est invité, la contrepartie à laquelle on s'engage moralement est d'écrire un petit quelque chose sur le restaurant. Cela implique qu'il faut parfois se méfier des blogs qui ne "disent que du bien".

 

J'apprécie d'autant plus cette transparence qu'elle n'est pas si fréquente.

Il y a pas mal de "blogueurs" qui se trouvent aussi être, dans leur "vrai" job, RP ou CM de restos, ou critiques pros, ou qui travaillent dans le commerce de bouche.

Quelle est la légitimité du blogueur qui dans un article t'explique que le resto dont il est censé assurer la visibilité web est génial s'il ne joue pas cartes sur table? Quelle est la légitimité du blogueur qui pond sur son blog une critique du resto qu'il est allé visiter, invité par le restaurateur, dans le cadre de l'inscription du resto sur un site de référencement, si le lecteur n'est pas informé?

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 14:44

Depuis que j'ai émigré rive droite dans un quartier Fooding (r) (voir mes articles "où manger à Faidherbe-Chaligny", 1, 2, 3, 4, série en court), il m'est arrivé environ autant de fois en six mois qu'au cours des 5 dernières années ce phénomène étrange qui consiste à avoir le sentiment d'être dans l'impossibilité de quitter un restaurant.

Vous savez? Vous avez mangé, tout s'est (plus ou moins) bien passé, vous avez fini et vous souhaitez partir, vous demandez l'addition et là, plus rien. Vous devenez invisible. Cela peut prendre plusieurs formes. Soit les serveurs s'agitent autour de vous sans plus vous voir, soit ils semblent disparaître complètement de votre champ de vision. Ca peut d'ailleurs se passer avant ou après qu'on vous ait donné l'addition, mais quoi qu'il en soit, impossible de payer, impossible de se barrer. On reste là comme des cons, parfois presque aussi longtemps que ce qu'a pris le temps du repas.

Je vous assure que je ne suis pas un client casse-couilles (je suis même plutôt le style à se faire marcher sur les pieds), mais j'aime bien me barrer quand j'ai décidé de me barrer, et pas quand le restaurateur décide qu'il est temps pour moi. Or, finalement, il m'arrive plus souvent de ne pas réussir à partir que d'avoir l'impression d'être foutu dehors.

J'avais déjà fait un article un peu sur le sujet, mais ne me taxez pas tout à fait de manque d'inspiration. Cela m'est vraiment arrivé très souvent ces derniers temps, et la compréhension de ce phénomène m'échappe toujours autant. Visiblement (ou alors je n'ai pas du tout été chanceux ces derniers temps), il y a un lien avec le quartier, donc probablement avec une ambiance particulière. Il me semble aussi que c'est un phénomène parisien: comme discuté dans mon article précédent, il y a beaucoup de choses à dire sur le service en province, en tout cas dans les endroits que je connais, mais je n'ai pas souvenir d'avoir remarqué ce problème là (ou alors, je suis parisien depuis trop longtemps). Pourtant, ce ne sont pas toujours exactement les mêmes situations (je vais détailler). Donc si quelqu'un a une explication rationnelle (hormis celle qui consisterait à mettre en cause notre absence totale de charisme, à Priscilla et moi), je suis preneur.

Parce qu'autant je peux comprendre l'intérêt à foutre un client dehors (ça permet d'avoir ça de moins à s'occuper, de relancer éventuellement un nouveau service à la table occupée), autant garder un client qui a fini de consommer, je ne pige pas. A moins que ce ne soit pour les serveurs un moyen de se décharger d'un peu de boulot sans se faire trop démasquer par le patron? Ou alors, le client lambda parisien aime bien rester 1h à discuter après la fin de son repas et je suis donc de ce point de vue atypique pour les serveurs?

 

La pire expérience récente de ce genre a bien sûr eu lieu au Tintilou, mais on peut évoquer la thèse de l'accident industriel. La brigade était tellement dépassée ce soir là, qu'on peut finir par penser qu'il était inévitable qu'ils ne ramènent jamais l'addition, et pire encore, alors qu'on avait fini par se lever pour aller payer au bar, qu'ils mettent 10 minutes à nous demander ce qu'on voulait (que peut-on bien vouloir au comptoir à 23h dans un restaurant dans lequel on vient de finir de manger?) puis qu'ils se montrent incapables de faire marcher la machine à carte bleue.

 

Toutefois, nous avons aussi été confrontés à une situation similaire aux Amis de Messina (italien de qualité mais au rapport qualité-prix pas super que je n'ai pas encore chroniqué, 204 rue du Faubourg Saint-Antoine). La encore, le service n'avait, pendant toute la durée du repas, pas été complètement au top, mais m'avait semblé plutôt victime d'une difficulté en cuisine à sortir les assiettes. Nous avions été victimes, en parallèle d'un autre phénomène un peu agaçant, celui d'être, pour une raison ou une autre, visiblement catalogués "clients de seconde zone" et donc d'être servis un peu après tout le monde en dépit des ordres d'arrivée, de commande, etc.

 

Autre déconvenue chez Da Totto e Peppino (4 rue Alexandre Dumas, 75011, pas encore chroniquée), honnête pizzeria au business model assez étrange, puisque le patron nous annonce ce samedi soir, que les cuisines sont fermées, et qu'on ne peut donc commander que des pizzas. Ok, soit. Mais visiblement, les serveurs sont en congés aussi et le patron, qui se tape toutes les pizzas à faire (une bonne trentaine de couverts, donc une bonne trentaine de pizzas), n'est aidé que par une jeune femme qui ne parle pas français et qui n'a visiblement jamais assuré de service de sa vie. "Cuisine fermée" signifie aussi qu'ils ne sont pas non plus capables de couper quelques tranches de charcuterie pour patienter pendant que le mec enchaîne ses 30 pizzas... du coup, tout le monde a un peu le couteau entre les dents.

Heureusement nous sommes arrivés tôt, donc on arrive à manger dans un temps raisonnable. Par contre, on a beau demander 2 ou 3 fois l'addition à l'handicapée de service, pas de réaction. Encore une fois, au bout de 20 minutes sans qu'il ne se passe rien (ou plutôt que la "serveuse" ne gaspille une énergie folle à ne rien faire comme une poule sans tête), on finit, encore, par aller au bar où, après une petite attente, elle aussi nous demandera ce qu'on veut (la réponse n'a donc pas l'air de couler de source). Avant d'aller chercher le patron parce qu'elle ne sait pas encaisser... Celui-ci, brave homme qui a perdu 3 ans d'espérance de vie depuis le début du service, veut nous offrir le digeo pour se faire pardonner de l'arrache totale, mais on n'est à ce stade plus vraiment d'humeur (je suis déjà presque dehors, en fait).

 

Un autre service globalement longuet et à l'organisation discutable (même si très largement moins catastrophique que le cas précédent) nous a été proposé au Jodhpur Palace.

 

Mais il y a aussi des choses plus bizarres, comme à En attendant l'Or (6 rue Faidherbe), brasserie aveyronnaise à l'authenticité je pense douteuse, mais plutôt sympathique avec beaucoup d'ambiance et une carte "produits de terroir de masse" au rapport qualité-prix sans surprise. Nous y sommes allés plusieurs fois, le service est globalement efficace comme il l'est souvent dans les brasseries. Une fois néanmoins, alors que tout s'était jusque là passé dans un tempo convenable, et qu'on nous avait apporté l'addition, nous avons pu assister à une disparition totale et instantanée du service. Pour une raison qui m'échappe, plus personne ne passait à proximité de nos tables. Et quand cela se produisait, on ne nous voyait pas malgré nos gestes de plus en plus désespérés. Encore une fois, on a fini par aller payer au bar.

 

Un scénario similaire s'est produit récemment à Waly Fay (restaurant d'Afrique de l'Ouest globalement pas mal du tout, pas encore chroniqué, 6 rue Godefroy Cavaignac, 75011).

La encore, le service a été plutôt bon jusqu'à ce que l'on nous retire nos plats principaux. Certes, c'était ensuite un peu le coup de feu (visiblement, dans le quartier, le samedi soir, on bouffe vers 21h30, parce qu'on est jeunes et cools). Il a donc d'abord fallu que j'arrête un serveur pour lui subtiliser les cartes pour regarder les desserts, puis devant le peu de choix et l'attente qui commençait déjà à peser, que je fasse signe à un autre à l'autre bout de la salle pour demander l'addition, avant qu'il ne disparaisse, autant que je puisse juger, pour de bon. Un troisième nous l'a finalement apportée mais n'est pas resté pour qu'on règle (ce serait trop simple). Il a fallu réussir à entrer en contact avec un quatrième pour pouvoir régler. Du coup, nous n'avons pas, je l'avoue, signalé l'erreur en notre faveur sur la note (ils ont oublié de nous compter le pichet de pinard).

 

 

Et puis, je conclurai sur cette tentative avortée de manger un burger et boire une bière chez Patrick's, le ballon vert, 33 rue de Montreuil (75011), pub irlandais dans son jus. Nous y avons été une bonne demi-douzaine, peut-être même une petite dizaine de fois en à peine six mois: sans faire de nous des habitués, cela nous vaudrait un statut de "regulars" dans certains établissements (le patron du Negus nous a reconnu dès la deuxième fois, par exemple), mais pas ici. Pourtant, ce sont toujours les 3-4 mêmes serveurs (le patron, un vieil irlandais, n'est pas toujours là mais je pense que lui me remet, au moins vaguement). Bon, ok, c'est un grand bar, avec une clientèle de passage qui vient regarder des matchs. 

Mais la dernière fois, nous sommes devenus invisibles avant même de pouvoir commander. Pourtant, une serveuse nous a salué en rentrant. Nous ne nous sommes pas installés dans son spot, donc elle ne nous a plus calculé ensuite, et n'est apparemment pas allée jusqu'à signaler notre existence à ses colègues. Pendant quelques minutes, personne n'est passé à proximité. Puis, finalement, un serveur est venu s'enquérir d'une table proche. Il ne nous a visiblement pas vus. Il est ensuite revenu, a regardé Priscilla dans les yeux. Le jeu s'est répété une fois ou deux supplémentaire. Au bout de quinze minutes, sans signe de vie, sans bière sur la table, et sans cartes à consulter, on a donc décidé de remettre nos manteaux et de nous barrer. Personne n'a semblé s'en émouvoir.

 

Voila, ça fait quand même beaucoup, en à peine six mois.

La solution, c'est peut-être de directement aller payer au bar/comptoir (quand il y en a un)?

 

 


 
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6 août 2013 2 06 /08 /août /2013 13:28

Petite suite à ma tentative de décryptage de ce qu'est l'influence dans la blogosphère, notamment dans le milieu finalement encore assez old school qu'est la restauration.

Cela fait également écho à mes récents "pastiches" de blogs gastros. 

 

En effet, un certain nombre de requêtes hebdomadaires conduisant au foutoir qu'est ce blog portent sur cette question fondamentale "comment écrire une bonne critique gastronomique?". 

Je n'ai pas la prétention d'avoir la réponse, mais mon vrai métier consistant à être le moins possible perméable au bullshit marketeux (conscient ou inconscient, d'ailleurs), je sais un peu repérer les "tics de langage" et autres que l'on retrouve dans bien des blogs connus dans le milieu ou en voie de l'être.

A priori, 250 lecteurs quotidiens feront de vous l'un des blogs en vue dans le domaine de la critique gastro amateur, tous les espoirs sont donc permis... votre petit blog pas influent à 50 ou 100 lecteurs quotidiens n'est pas si loin de casser la baraque.

On me répondra que je ne suis qu'un petit aigri qui aimerait bien être calife à la place du calife; cela n'est peut-être pas totalement faux, bien que je ne sois pas en mesure de juger toutes les raisons inconscientes qui me font faire ce que je fais; et puis ça fait probablement trop longtemps que je suis sur le marché pour que ma carrière de blogueur change radicalement aujourd'hui.

Mais de façon plus générale c'est aussi une façon de pousser un cri "aaaaahh" contre les auto-proclamés experts, qui, à défaut d'avoir vraiment quelque chose de pertinent à raconter, maîtrisent suffisamment bien le "personal branling" pour devenir "visibles" et par suite "incontournables" aux yeux du monde*. 


Aujourd'hui donc, quelques clés pour rédiger une critique de resto (parisien) de façon sexy et accrocheuse, sur le mode "n'écrivez pas [...], écrivez plutôt [...]"

 

 

- je suis rentré là parce que je passais devant et je savais pas où bouffer = cela faisait longtemps que je passais devant et la carte m'avait intriguée, j'ai donc décidé de le tester

Le blogueur influent ne dépend pas du hasard.

 

 

- j'habite ou je bosse dans le quartier et j'y bouffe toutes les semaines parce que je suis fainéant et c'est pas mal = la perle cachée du quartier (ne pas hésiter à multiplier les critiques)

Le blogueur influent ne va pas dans un endroit pour de basses raisons pratiques, il a un agenda. Et il sait optimiser ses articles.

 

 

- je ne connais pas ce quartier, je n'y vais jamais = l'offre gastronomique dans ce quartier est assez pauvre

Le blogueur influent connaît tous les recoins de Paris. S'il ne va jamais dans un quartier, ce n'est pas parce qu'il habite ou bosse à l'autre bout de Paris, c'est parce qu'il sait qu'il n'y a rien à y faire, rien à y découvrir.


 

- j'ai lu sur un blog (ou le Figaroscope) = on m'a recommandé

Le blogueur influent a des réseaux mystérieux. Qu'il ne cite jamais.

 

 

- Pudlowski en a parlé = j'ai su qu'un nouveau restaurant venait d'ouvrir

- le Fooding en a parlé = j'ai su qu'un nouveau restaurant commençait à buzzer

- le Fooding et le Figaroscope en ont parlé =  la nouvelle sensation du moment à Paris

- tous les blogs en ont parlé = la perle où il est impossible de réserver

Le blogueur influent ne choisit pas ses restos comme vous et moi. Il sait.

 

 

- c'était bon = les saveurs explosent en bouche

Le blogueur influent maîtrise les expressions comme un professionnel.

 

 

- quelques petits trucs ont été améliorés depuis ma précédente visite = le restaurateur a sûrement lu mon article et mes réserves et a su rectifier le tir

Le blogueur influent ne doute de rien, et pense (ou fait mine de) qu'un restaurateur sur la place depuis 20 ans a besoin de ses conseils de business model. L'important c'est que le lecteur finisse par le croire aussi.

 

 

- j'ai réussi à choper par miracle une invitation au pince-fesses machin = j'ai été sollicité pour participer à la réunion de lancement machin

Le blogueur influent ne demande rien, on lui donne, et il accepte. Et en aucun cas il n'est sur la 3ème liste d'une opération miteuse... 

 

 

- je me suis fait inviter = je n'accepte jamais les invitations

Le blogueur influent est incorruptible. Sauf cas de force majeure.

 

 

- j'y suis allé 40 fois parce que c'est ze place to be et j'ai un standing = les autres adorent mais je suis plus circonspect

Le blogueur influent se démarque. 

 

 

 

P.S.: Il y en a sûrement beaucoup d'autres, n'hésitez pas à nous en faire profiter en commentaires    

 

 

* pour baigner un peu dans l'associatif depuis quelques mois, je m'aperçois avec tristesse que l'"expertise", quel que soit le domaine, s'acquiert d'abord, de l'extérieur, parce qu'on gesticule pour se faire entendre, qu'on réseaute ou quelle que soit la façon dont vous appelez ça, et ensuite éventuellement parce qu'on a des choses intéressantes à dire. Et donc autant on peut acquérir une certaine renommée en n'apportant aucune plus-value intellectuelle, autant on ne deviendra jamais quelqu'un d'écouté si on refuse de jouer le jeu ou de comprendre ces "codes de la branlette". Il y a des gens qui font ça très naturellement et sans penser à mal, d'autres suffisamment cyniques pour s'en foutre, moi j'ai toujours un peu l'impression de m'astiquer le poireau en public, et je ne suis donc jamais très à l'aise dans l'exercice. Même si je le fais d'assez bon gré dans le cadre de mon métier (conférences, articles etc), c'est un peu différent lorsqu'il s'agit, après tout, d'un "hobby".

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 13:19

Petites parodies (plutôt des pastiches, en fait) de blogs gastros. Dans le même genre, j'avais aussi écrit ça. Et puis un peu ça aussi.

 

- Döner Kebab "On Bosse Fort".

Gars, y a de la bonne vibe dans ce resto grec, c'est ça que je kiffe. J'ai appelé le proprio avant de venir, je lui ai demandé de m'expliquer sa carte plat par plat, il était super open, on a passé 2h au tél. Quand je suis passé, le serveur m'a mis à une table au fond, pas cool, mais j'ai demandé la table proche de la fenêtre et y avait pas de lézard. Bon esprit, ils ont fait péter l'oasis multifruits pour la peine. Puis j'ai demandé au serveur son plat favori, il m'a répondu le complet sauce blanche ou le adana harissa et j'ai dit banco!

Franchement, on se la raconte pas, les produits sont nickel, peut-être juste la sauce blanche un peu liquide, mais je l'ai dit au serveur et il m'a répondu qu'il le dirait au chef, ça c'est good vibration.

Un top plan où on se fout pas de notre gueule, 7€ la formule qui se prend pas le chou, dans la top-liste. 

 

 

- Le Bar du Palace, de l'intemporalité aventureuse.

Les bars de palace sont des cocons apaisants. L'on s'y sent comme dans de la ouate, l'atmosphère y est cotonneuse, cela vous assourdit. L'on vous y sert des mets bien fichus, sans aucun désir de souvenirs, à la marque immémoriale. L'on y mastique sans attention, en regardant la foule aguicheuse qui s'étire mollement. Le but est de se sustenter sans accaparer, pour vous amener au bout de la nuit dans ce monde inconnu. Cela s'appelle le chic.

 

 

- Le Bistronome en culottes courtes, chronique numéro 987.

Le Bistronome vient d'ouvrir il y a trois mois. Comme il y a deux mois de résa et que personne ne me connaît malgré tous mes efforts, je viens seulement d'y choper une table et je vais donc moi aussi en parler, un peu après tout le monde, mais en même temps avant le client moyen qui, le nul, ne sait toujours pas que ça a ouvert.

Le chef, John Peter Sigurdson di Benedetto, gaillard franco-anglo-dano-italien aussi velu que tatoué, a un CV solide, puisqu'il a épluché les patates chez Troigros avant de faire bouillir l'eau des pâtes chez Fréchon et de couper la ciboulette chez Inaki Aizpitarte, mais le monde des étoilés l'a lassé. Néanmoins amoureux des bons produits et original avant tout, il achète son pain chez Poujauran, son fromage chez Quatrehomme, sa viande chez Desnoyers mais aussi quelques morceaux chez le Bourdonnec, et ses légumes chez Yamashita et Passard. Dans son menu carte à 37 euros, on trouve des légumes oubliés, des morceaux de viande encore plus oubliés, le tout servi brut, comme cette endive simplement snackée agrémentée d'un navet bouilli. Notons aussi le burger au chateaubriand et cantal affiné 96 mois ainsi que le pot au feu revisité et le ceviche joliment acidulé. Carte des vins naturelle, comme de juste. Les tables sont serrées, on ne vous calcule pas si vous n'avez pas le look barbe de dix jours adéquat et on vous vire au bout de 48 minutes à table pour le 4ème service, mais c'est la rançon du succès, j'adore.

 

 

- La taverne de Jean-Mich, publi-reportage non assumé.

Journaliste blogueur ou l'inverse, je suis invité au resto tous les midis (seul le lecteur n'est pas au courant) en échange d'un papier où je peux mettre en valeur ma plume de BTS journalisme, qui permettra malgré tout au restaurateur d'avoir un peu de visibilité parmi les 10000 restos parisiens.

Jean-Mich est un ancien comptable qui vient de réaliser son rêve en reprenant une boutique de chaussures d'occasion dans une ruelle du 12ème et en la retapant à la sauce Ikea. Comme personne ne vient goûter à ses plats de bistrots typiques faits métro maison, je vous recommande de venir tester le tartare-frites, l'andouillette-frites, et le pavé de saumon au riz sauvage, avant de tenter en dessert le tiramisu et la crème brûlée dans l'excellent menu plat-dessert à 18€. Ambiance super sympa et grands sourires du patron, on en redemande à deux pas du bureau. Enfin, le pichet de Mouton-Cadet à 30€, pièce de choix de la carte estampillée Maison Richard, finira de vous ravir les papilles.

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 10:12

Pendant que les "so-called" italiens nous bassinent* sur le massacre à la crème fraîche de la "carbonara", personne ne s'insurge sur une autre hérésie gastronomique: le fromage râpé dans le gratin dauphinois. Je perds un an de vie chaque fois qu'on l'évoque devant moi.

 

Donc je prends ma plume pour vous apprendre une "vraie" recette de gratin dauphinois**.

Y a pas plus con, il suffit juste de suivre quelques principes: c'est un plat riche, donc vous oubliez la crème allégée et autres conneries, et il ne faudra pas lésiner: en gros une brique de crème entière liquide 20cls par personne, celle à 30 ou 35% de matière grasse. Quant aux patates, un aphorisme de ma presque belle-mère résume on ne peut mieux ma pensée: "il n'y a jamais trop de patates".

C'est un plat simple, puisqu'il n'y a que deux ingrédients: de la crème et des patates (avec sel et poivre bien sûr, et en bonus potentiel un peu de beurre pour ceux qui aiment se la jouer chef, et un peu d'ail si vous voulez puer de la gueule).

Si vous voulez foutre du fromage, moins de crème, des oignons, des lardons, de la chapelure, ou je ne sais quelle connerie, libre à vous mais dites que vous faites un gratin de patates, une tartiflette ou du gloubi-bloulga et ne venez pas me chauffer à blanc.

 

On prend des patates "anciennes" (bien bourrées d'amidon), assez volumineuses si possible. Une fois lavées puis épluchées, le but est de les couper en tranches le plus fines possibles, par exemple avec une mandoline, sinon un bon couteau. C'est un peu long et fastidieux (les tranches doivent faire 1/3 ou 1/4 de mm si on fait les choses bien), mais ça n'a rien de compliqué. Au pire, vous mettez du Manowar en fond sonore pour vous donner du courage. On ne rince surtout pas après la coupe, c'est l'amidon qui fera la liaison avec la crème.

On étale 4-5 couches de pommes de terre le plus uniformément possible dans un plat frotté au beurre et à l'ail écrasé si ça vous fait plaisir, de sorte à avoir quelques mms d'épaisseur. On sale, on poivre, on recouvre de crème jusqu'à affleurer à la surface des couches de patate (environ une brique: ne pas avoir peur, ça doit "baigner"). On recommence jusqu'à avoir environ 3-4 cms d'épaisseur au total dans le plat. C'est un plat de terroir, alors c'est pour 4 minimum, plutôt 6 ou plus, on n'est pas dans les conneries chichiteuses de verrines d'un dîner presque parfait.

Les chefs recommandent souvent de mettre en plus quelques noix de beurre sur le dessus du plat, soit pour les plus extrêmes entre les couches (pour eux, il faut toujours mettre du beurre pour que ça ait du goût), mais avec en gros 1L de crème fraîche pour 4, j'ai décidé de songer à mon cholestérol. 

On enfourne à four préchauffé 180°C, environ 2h.

La crème peut déborder facilement au cours de la cuisson, prenez un plat haut ou protégez votre four... Si cela dore trop en surface, on recouvre d'un papier alu et on peut baisser un peu, 150°C.

Le temps est indicatif (cela peut être plus que 2h): lorsque c'est prêt, il ne doit pas rester de crème "résiduelle"; le gratin est "solide", confit sans être sec, mais on peut quasiment le découper et il offre de la tenue. Le "gratiné" en surface est assuré par la crème fraîche.

 

Il y a des variantes (Michel Rostang préconise un mélange lait - crème, mais alors il faut faire bouillir, etc; Guy Savoy utilise un bain marie: bref, c'est plus compliqué), mais l'essentiel est là et le reste n'est que littérature. La conclusion, c'est gardez votre râpé pour autre chose, par pitié.

 

 

 

 

* à raison, mais sans vraiment comprendre que la "carbo" lardons leader price crème fraîche premier prix ne se targue pas d'être authentique: c'est un plat réalisé par les étudiants fauchés et les célibataires qui n'ont aucune envie de cuisiner. Des lardons de merde et de la pancetta et du parmegiano achetée chez le traiteur italien ne s'adressent pas à la même clientèle...

En ce sens, le massacre du gratin dauphinois est autrement plus scandaleux: l'"authentique" ne coûte pas plus cher et n'est pas plus chiant à préparer que son ersatz (il est un peu plus long à cuire).

De toute façon, certains italiens sont persuadés qu'ils ne bouffent que des pâtes et de la pizza parce que Catherine de Médicis a dans sa dot ramené en France tous les grands chefs italiens: bref, que la grande cuisine française est italienne, pendant qu'ils n'ont gardé que les plats de pauvres...

 

** je ne suis pas dauphinois, mais les blogueurs experts de l'Italie ne font qu'y vivre depuis trois ans, alors pourquoi je pourrais pas me la raconter moi aussi?

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 09:24

Une petite histoire de médiocrité bien ordinaire a fini par faire le tour d'un certain ouèb, jusqu'à avoir droit aux honneurs du Monde en ligne.

 

En quelques mots, le DG de Marie-Claire France a demandé à Pierre Jancou, restaurateur velu et tatoué fondateur de Racines (légende bobo du passage des Panoramas, 2ème arrondissement) et désormais chez Vivant (sur le même modèle, produits rares et chers et vins nature, dans le 10ème) un dîner à l'oeil, accompagné.

En échange, une bonne pub dans Marie-Claire.

 

Jancou, qui a l'air de se prendre au sérieux et d'avoir mauvais caractère, mais à qui on ne peut pas reprocher son manque de courage (Marie-Claire est un gros tirage), l'a renvoyé vertement dans ses 22.

 

Les échanges (par mails) suivants sont donc montés dans les tours.

 

 

Bruno Verjus, le "blogueur influent" de Food Intelligence, qui paye son addition mais qui a lui-même été épinglé il y a quelques mois par le défunt magazine Alimentation Générale parce qu'il proposait à des restaurateurs d'apparaître dans son futur guide "Must Eat" contre 2000€, se refait une virginité depuis quelques semaines.

 

Il a notamment "dénoncé" Charles-Henri Orliac, un faquin profiteur tragi-comique qui Dieu sait comment semble parvenir à se faire inviter dans tous les restaurants et hôtels de France et de Navarre en se vendant comme le blogueur le plus influent de France (et si vous voyez la gueule du blog, vous chialez).

 

Puis, il a révélé cette affaire Marie-Claire en publiant les mails en question, qui a suffisamment fait le "buzz" pour que Marie-Claire ponde un communiqué critiquant l'attitude de son DG et s'excusant platement...

 

 

 

Qui dit buzz, dit que tout le monde donne son avis, et comme je fréquente de très loin ce milieu, j'ai fini par donner le mien aussi:

 

La mécanique du "bad buzz" a été analysée par F. Ivara, un blogueur gastronomique dont le vrai métier est justement l'e-reputation, avec qui j'ai quelques fois dîné.

 

Aude Baron, rédactrice en chef du Plus, est elle aussi une blogueuse gastronomique "éthique" et a donc publié une tribune décodant un peu les pratiques du milieu.

Dans cette tribune elle écrit "Mais les bons critiques, les vrais professionnels, eux, ne se présentent pas et paient leur addition quand ils testent un restaurant".

 

Mais alors, si le bon critique c'est l'anonyme qui paye, ça fait beaucoup de monde, non?

Bref, c'est quoi le bon critique?

 

Du coup, comme j'avais déjà essayé de "réfléchir" (c'est un grand mot) à cette question, et que j'ai également dîné quelques fois avec Aude, je lui ai soumis un texte de blog (lu de façon extrêmement confidentielle, donc) qu'elle a remodelé avec ses talents de journaliste pour le rendre plus catchy.

 

Et donc voila, Mix (la Malice) devient mainstream en publiant dans le Post: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/670690-marie-claire-et-l-invitation-au-resto-9-definitions-du-mauvais-critique-gastronomique.html

 

800 lues en 16h c'est probablement ridicule, mais il faut savoir que c'est en gros 10 jours d'audience sur mon blog, les bons mois... 

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 13:00

On va conclure ces récits de voyage par le plus important peut-être, ce qu'on mange (et un peu ce qu'on boit aussi).

 

La cuisine kazakhe est aussi "métissée" que ne l'est le pays, à savoir que les plats populaires sont issus de différentes cultures:

 

- le plov, un ragoût de mouton, avec du riz pilaf et de la courge, est ouzbèk. On en trouve dans toute l'Asie Centrale, avec des variantes dans le riz utilisé, ou certains ingrédients supplémentaires (les ouzbèks peuvent rajouter pois chiches et raisins secs par exemple). Comme en témoigne la photo bien luisante ci-dessous, on ne lésine pas sur la matière grasse (une constante dans la plupart des plats).

 

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- les chachliks sont des brochettes (mouton, poulet ou boeuf) de viande marinée (quand on voit comment la viande est conservée - en gros, en plein air avec un peu de papier tue-mouches à côté pour l'hygiène, voir en bas de cet article-, on comprend l'intérêt de la marinade, et pourquoi ils ne mangent pas la viande saignante), d'origine géorgienne. 

 

- les laghmans sont des nouilles ouïghoures ou dounganes, ressemblant à des tagliatelles (plus fines et plus épaisses), servies frites ou dans une sauce type aigre-douce.

 

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- le bechbarmak (littéralement "mange avec les doigts") est le plat national kazakh, des feuilles de pâtes fraîches ressemblant à des feuilles de lasagne, servies dans un bouillon de mouton puissant, avec de la viande de cheval (dont le saucisson qu'on peut manger cuit ou cru, le kazy), de boeuf et/ou de mouton, et quelques lamelles d'oignon (plus, parfois, des patates dès fois que ça ne soit pas assez nourrissant).

 

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- les mantys, des gros raviolis à la vapeur, sont d'origine turque et on les trouve partout en Asie Centrale. Ils peuvent être fourrés aux légumes, ou avec de la viande de mouton et des oignons.

- on trouve aussi des plats d'origine russe, comme les pelmeni (équivalent de tortellini, servis également dans du bouillon) ou des recettes comme les poivrons farcis à la viande de mouton.

- et puis des spécialités coréennes, comme des pains vapeurs fourrés aux choux (hoppang ou variation, visiblement)

 

Dans l'ensemble, tout ça est excellent (il faut aimer le goût puissant du mouton et les féculents, mais c'est mon cas) même si parfois difficile à digérer, car comme toute cuisine populaire, on met toujours beaucoup de matière grasse (ici, pas mal de graisse de mouton).

Simple, efficace, et généreux. Il y a souvent de la charcuterie en entrée, mais par contre on ne mange pas sucré, à part des fruits (beaucoup de pastèques et de melons énormes, vendus dans des camions ou à même le sol à tous les coins de rue).

 

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On accompagne souvent d'un pain plat qu'ils appellent nan, mais qui ressemble plus à la kesra marocaine qu'au nan indien que nous connaissons. Sinon, pour le quotidien, on mange pas mal de pain noir (ce pain bien dense au goût pas désagréable mais un peu monotone, qui peut se conserver 3 semaines sans la moindre trace de moisissure où le commencement d'un durcissement...).

 

On peut trouver tous ces plats un peu partout pour 300 à 600 T (1,5 à 3,5€), sauf le bechbarmak qui est assez difficile à préparer et donc réservé aux grandes occasions ou aux restaurants un peu haut de gamme.

Concernant ces derniers, ils ne sont pas forcément à recommander, dans la mesure où la différence qualitative ne sera pas forcément très marquée pour les plats "de base", mais que vous paierez plutôt 2000T...

Il y a pas mal de cafétarias, soit dans les facs ou instituts, soit dans les malls, qui sont très correctes. On peut aussi trouver des stands qui vendent à emporter.

 

En terme de boissons, les kazakhs boivent beaucoup de bière (la bière locale la plus connue est fabriquée à Chymkent, la Shymkentskoye, une blonde type Heineken). Pour se murger, ils ont la vodka mais aussi le cognac produit localement, pas mauvais du tout.

On trouve du vin géorgien, arménien et quelques bouteilles de vin français générique (Mouton-Cadet) dans les malls d'Almaty, mais ce n'est pas vraiment une boisson populaire (trop d'alcool pour se désaltérer, pas assez pour se beurrer rapidement).

 

En terme de boissons plus exotiques, on a le kvas, boisson obtenue par la fermentation de pain noir dans de l'eau avec divers fruits. C'est assez désaltérant, un peu la texture et la couleur de la bière, légèrement gazeux aussi, mais avec un goût de céréales très prononcé. La première fois que j'ai goûté, ça m'a rappelé, en frais, la soupe de pain grillé de l'Astrance, et effectivement ça a l'air un peu fait pareil. 

 

Il faut aussi parler du kéfir, lait de jument plus ou moins fermenté, qu'on trouve sous différentes formes: liquide, ça se boit le matin un peu comme un yaourt bulgare (je préférais m'en tenir au Yop, mais ça passe si on n'a rien contre l'amertume), solide ça ressemble à de la faisselle et on peut en manger en dessert.

Si j'ai bien compris, on peut faire plein de choses à partir du kéfir, notamment des boulettes salées qui ressemblent à des croquettes de parmesan (pas terrible - en les achetant j'ai cru que j'achetais des petits gâteaux type libanais, la déception fut rude), et des boulettes sucrées (un peu mieux).  

 

Il y a une différence qui pour moi n'est pas claire dans le "process" avec le kumis, autre lait fermenté de jument ou de chamelle, mais que j'ai trouvé franchement immonde (dans mon panthéon des trucs dégueulasses avec le requin islandais). Le taux d'alcool est en tout cas plus haut.

 

 

 

Que ce soit à Chymkent ou à Almaty, le marché de bouffe est une expérience (et on peut même y manger, pas mal et pas cher). Ah, et n'oubliez pas de marchander...

 

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 10:38

J'ai récemment acheté une bouteille de vieux vin à Priscilla, plus parce que je trouvais l'idée de cadeau sympa et originale que parce que j'espérais vraiment me régaler. Cela dit, sait-on jamais?

 

L'idée, ainsi que l'endroit où acheter la bouteille, me sont venus à la lecture du blog Une femme des vins, qui comme un certain nombre de bons blogs, a deux défauts: il n'est pas assez mis à jour, et je ne le lis pas suffisamment.

 

La boutique en question se situe dans le 5ème arrondissement, sur la place de l'ancienne Ecole Polytechnique, où on trouve également Christophe.

Il s'agit de De Vinis Ilustribus, tenue par L. Michelin, et spécialisée dans les vieux millésimes.

 

Le premier contact (ou son absence) fut un peu douloureux, puisque, me déplaçant pendant ma pause déjeuner, après avoir vérifié que cela correspondait bien aux heures d'ouverture, j'arrivai devant la boutique pour trouver porte close avec un petit panneau écrit à la main "je reviens dans pas longtemps, vous pouvez me joindre au - suivait un numéro de portable tombant directement sur le répondeur-".

Mon sang désormais américanisé, donc habitué au fait que le client est quand même un peu roi ou en tout cas pas qu'un portefeuilles sur pattes qui ne doit pas trop la ramener *, ne fit qu'un tour, mais je décidai de repasser malgré tout, une fois calmé quelques heures plus tard.

Bien m'en a pris, puisque M. Michelin est en fait très gentil, commerçant, et ne compte pas son temps avec le client tout en étant de bon conseil. Soulignons aussi un très bon site web, plutôt joli, ergonomique et bien mis à jour, ce qui n'est toujours pas si fréquent dans le commerce "à la française".**

 

 

Pour des raisons que la décence et ma bonne éducation m'empêchent de préciser ici, je souhaitais acheter une bouteille de 1979.

Dans mon budget (la centaine d'euros maximum***), il y avait trois choix possibles: un Pomerol Château La Pointe, un Saint-Estèphe Les Ormes de Pez (le seul que je connaissais de nom et pour en avoir bu un millésime récent à l'Atelier Robuchon à NYC, à un prix prohibitif), et un Chassagne Montrachet Rodet.

Néophyte des vieux millésimes, je me suis dit qu'un Bordeaux, a priori plus "puissant", aurait gardé pour les sens débutants davantage de choses 15 ans après son "pic de forme" qu'un Bourgogne.

Je m'orientais plutôt vers les Ormes du Pez, mais M. Michelin me dit que la rive droite avait produit de meilleurs vins cette année là.

Donc va pour le Pomerol Château la Pointe 1979.

 

Nous l'avons ouvert récemment, accompagné pour le match la suite du repas d'un Château Lascombes, 2ème Cru Classé Margaux 2005.

J'avais trouvé cette bouteille rangée à la verticale dans un placard à vaisselle de mes parents qui ignoraient tout de son existence et de sa provenance (probablement ramenée par un ami riche ou un client de mon frangin et oubliée lors d'un dîner...) et, offensé de cette indifférente maltraitance envers une orpheline, l'avait donc recueillie chez moi.

 

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Nous avons donc bu le Pomerol à l'apéro, en suivant les conseils de M. Michelin: remontée de la cave 24h avant, et laissée verticale pour permettre le dépôt. Ouverte au moment de la dégustation (les vins vieux ont des arômes fins qui ne supportent pas forcément bien le carafage).

Voici ce que dit la RVF dit du domaine la Pointe: "Cru de vieille réputation, il a fortement progressé depuis quelques millésimes. En revance, il faut se méfier des millésimes antérieurs à 89."

Bon, dommage, mais on va le boire quand même.

A l'oeil, belle couleur rubis tirant quelque peu sur l'ocre, translucide, qui trahit l'âge.

Au nez, il y a encore beaucoup de choses: les côtés "alcooleux" et "boisé" ont complètement disparu. C'est très compoté, fruits rouges confits (pour moi, confiture de groseille). C'est "gourmand", comme on dirait chez Top Chef.

En bouche, les mêmes tonalités se retrouvent, mais très légères. Les saveurs sont subtiles, s'estompent rapidement aussi, on sent que le vin est "past his prime" mais cela reste très agréable.

Quelques tranches de beaufort jeune pour accompagner s'avèrent déjà trop puissantes, la tarte aux poireaux (aux arômes très confits également, version revisitée d'après mes vagues souvenirs d'une recette de M. Rostang dans les Escapades de Petitrenaud) fera un meilleur accord, mais c'est seul que le vin se dégustera le mieux.

Une belle surprise, assez loin de ce que je m'imaginais (les arômes de "sous-bois" dont on parle souvent, souvent assez désagréables pour les non-initiés).

 

 

Nous avons enchaîné le Margaux, ouvert 3h avant mais pas carafé (my bad) avec un risotto aux cêpes, à base de ceux séchés ramenés de Florence (les champignons séchés sont, je trouve, un bon investissement car ils permettent de bien parfumer sauces pour pâtes ou risottos).

Voici ce qu'en dit la RVF: "Racheté par Colony Capital en 2001 - les philanthropes qui se sont occupés aussi du PSG avant les qataris, ndMix- un travail considérable a été accompli et le cru a retrouvé une forme de sérénité. Les vins affichent un caractère très moderne, richement boisé et parfois un peu extrait, mais ils évoluent bien".

2005 est censé être une grande année, mais la bouteille a été gardée dans des conditions déplorables, ce qui m'a poussé à l'ouvrir sans trop attendre.

Pour le coup, je suis assez d'accord avec la RVF (ils seront contents de le savoir).

La couleur est "pourpre profond", le nez très riche, très boisé.

A la bouche, la note vanillée très poussée et très caractéristique domine presque tout, je pense que c'est ce qu'ils appellent le "caractère très moderne et richement boisé".

Ca se boit bien, vu que ce n'est pas très compliqué à comprendre.

Ces vins sont à l'oenologie ce que le burger-frites est à la gastronomie (dans les deux cas, ça vient des américains): la sanctification du goût "adolescent", facile. Rien n'est sous-entendu, tout ce qui plaît est là, souligné à la truelle, et mélangé en grandes quantités pour procurer un plaisir immédiat et régressif.

Et on a beau en faire des versions à 50 euros plutôt qu'à 5, le fond du problème ne change pas.

C'est ce que je trouve un peu dommage dans ces vins: l'amateur pas trop éclairé que je suis ne verra pas beaucoup de différences entre un merlot californien ou un malbec argentin bien dans les canons du moment à 10$ et un vin comme celui-ci qui doit coûter pas loin de 100 euros.

C'est probablement ce qui plaît aux "buveurs d'étiquette": pas de surprises, même le risque d'en avoir une bonne. Mais le plaisir de pouvoir montrer qu'on a claqué un bras dans une bouteille (un peu comme la semaine russe à Courchevel, où les prix doublent pour leur permettre de payer plus cher que le voisin pour le même objet).

 

 

Cela fait quelques années que j'achète une ou deux caisses par an de bordeaux en primeur: je ne sais pas trop si je dois continuer, tant ce type de vins semble s'être répandu. Plus le temps passe, plus je me dis que Mondovino de Nossiter n'est sans doute pas si caricatural que ça...

Qu'en pensez-vous? Avez-vous des noms de domaines qui échappent encore à cette uniformisation du goût?

 

 

 

 

 

* et que donc, quand on est censé être ouvert, on ne ferme pas le rideau pour aller boire un canon avec un copain de passage ou Dieu sait quoi. 

 

** le magasin organise également en son sein des dégustations de vieux vins de temps à autre, cela peut faire une bonne soirée... j'essaierai de m'en souvenir.

 

*** pour mes lecteurs de la France qui souffre et qui s'offusqueraient: ceci étant un cadeau, ce n'est pas le prix habituel que j'accepte de dépenser dans une bouteille... généralement j'aime bien en acheter au moins 3 (dans ce cas là moins de 100 euros les 3) ou une caisse (et alors la caisse doit valoir moins de 150 euros). Sur la cinquantaine de bouteilles en ma possession, une dizaine doit coûter une trentaine d'euros pièce.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 11:18

Une fois n'est pas coutume, je sollicite l'avis de mes lecteurs.

 

Partant pour une dizaine de jours à Venise puis Florence à la fin de la semaine, je cherche quelques bonnes adresses gastronomiques, dans un registre "simple, efficace, bon, et pas trop cher".

 

Par pas trop cher, j'entends quelque chose comme une quinzaine d'euros pour une formule plat-dessert ou moins de 30 euros pour un repas complet un peu arrosé.

 

Surtout à Venise où j'ai cru comprendre que le tourisme, comme à Prague, faisait que l'on surpayait largement pour manger de la merde faussement authentique.

A Florence, plus réputée pour sa gastronomie, je prends aussi les adresses un peu plus haut de gamme, dès fois que l'on décide de se faire plaisir une fois ou deux. Disons 50 euros max.

 

 

Si vous avez des méga plans de trucs à faire uniquement connus des locaux, vous pouvez aussi m'en faire part... sinon, comme tout le monde, j'ai acheté des guides, et généralement ça suffit pour tenir 4 jours dans une ville.

 

A vos commentaires, ou mails.

 

Merci d'avance...

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