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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • mixlamalice
  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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8 mars 2006 3 08 /03 /mars /2006 10:49

Ce week-end, je me baladais sur l'avenue près de Saint-Germain. En bon parisien, je n'avais pas le coeur ouvert à l'inconnu, et j'avais encore moins envie de dire bonjour à n'importe qui. Je l'ai peut-être déjà écrit (la sénilité me guette): l'air agressif et pressé "viens pas m'emmerder" est un des côtés que le provincial venu conquérir Paris conquiert le plus vite, justement. Qu'est-ce qu'il est moche, ce verbe conquérir quand il n'est pas à l'indicatif.

Bref, je voulais profiter de ce dimanche bucolique et ne pas me faire casser les burnes par qui que ce soit.

Las, une demoiselle m'aborde malgré tout. J'ai commis l'erreur de croiser son regard. Toujours regarder par terre ou dans le vague, cela permet d'éviter la confrontation 9 fois sur 10. Cette technique est également suivie par des millions de cancres tout au long de leur scolarité.

Très jolie, des yeux de biche, je la sentais vibrante d'engagement désintéressé. La cause: le Sida. Elle me proposait de contribuer mensuellement, par prélèvement banquaire (le principe des dons se modernise), à l'éradication de ce méchant virus qui fait des morts, même parmi mes proches sans doute, puisqu'il y a 7000 nouveaux cas par an en France et 1 mort par jour (je n'écoutais que distraitement, les chiffres sont peut-être absurdes).

Après l'avoir laissée déblatérer son petit speech, je lui ai tenu à peu près ce langage "je m'en fous. Je suis un gros connard égoïste et je m'en fous. Donc je ne m'engage pas personnellement, et mieux, je ne soutiens aucun engagement: contre le CPE, contre la guerre, contre la faim dans le monde, contre l'intolérance, contre le racisme, contre le SIDA, contre la mort, contre la connerie, contre Harry Potter, pour la paix dans le monde, pour le bonheur, pour plus d'argent à la fin du mois, JE M'EN FOUS."

"Mais comment feraient les associations s'il n'y avait que des gens comme vous?"

"S'il n'y avait que des gens comme moi, il n'y aurait PAS d'associations. Malheureusement, il y a des gens qui ne sont pas comme moi et qui ont besoin d'avoir un but et de penser qu'ils servent à quelque chose pour se sentir exister. Je respecte ça, mais je ne suis pas comme ça. Moi je ne sers à rien, je l'assume pleinement. Ca ne veut pas dire que je n'ai pas d'opinions, que je ne suis pas révolté par la bêtise humaine ou le dernier Besson, que je ne réfléchis pas avec la même acuité que n'importe quel crétin de jeune qui va à manifester à tout bout de champ, mais je pense que la vie est assez brêve et que j'ai d'autres priorités à accomplir que la quête inutile consistant à sauver le monde: ainsi je ne m'occupe que de moi, je ne demande rien à personne et tout ce que je demande c'est qu'on ne me demande rien. Bref, comme il n'y a pas que des gens comme moi, il y a des associations, et donc je leur conseille de s'adresser à des gens qui ne sont pas comme moi et surtout de ne pas m'emmerder le dimanche, surtout quand je n'ai rien à faire." 

"Sur ce, bon week-end, alors". La peine se lisait sur son visage. Si encore j'avais été vieux, mais là, un djeun's présumé cool, l'écharpe et les cheveux au vent. Où va le monde? 

"Vous aussi".

Malheureusement, ceci est légèrement romancé. Je ne suis pas très réactif, dans ce sens où les mots que je voudrais dire, dans une situation donnée, ne me viennent qu'après coup. Donc, notre conversation s'est limitée à quelques mots, qui ont suffi à lui faire comprendre que je n'étais qu'un gros connard égoïste qui préférait garder sa thune pour aller se saoûler, ce qui était, de toute manière, l'argument majeur que je souhaitais lui faire passer.

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28 janvier 2006 6 28 /01 /janvier /2006 10:26
"Que c'est beau d'être un homme". C'est le slogan de la dernière pub Nennen. Ou Mivea, je ne sais plus.
Toujours est-il qu'en l'entendant, j'ai souri, en imaginant qu'une caméra me filmait au moment même où cette phrase était prononcée.
Samedi matin, je viens de me réveiller. Ma moitié est absente pour le week-end. Je suis vautré sur le canapé, torse nu, portant un calebard d'une propreté douteuse, pas rasé, l'oeil torve et me grattant nonchalamment le bas ventre à la  Al Bundy, devant l'EquipeTV. Sur la table les restes de repas de la veille s'amoncellent. Mes fringues sont éparpillées par terre.
Oui, c'est beau d'être un homme.
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26 janvier 2006 4 26 /01 /janvier /2006 14:59

Deux prostitués de Tel-Aviv, attendant le client dans une ruelle sordide. Nuit noire.

Ils discutent. Désenchantés. "Même la merde a une meilleure vie que nous."

"Quand est-ce que notre vie va commencer?", dit l'un.

L'autre réfléchit quelques instants, puis dit: "Quand Dieu sera mort".

Image forte, dialogue poignant, phrase choc. Pourtant ce n'est pas un film, ce n'est pas pour de faux. C'est un documentaire, la réalité.

Et effectivement, on peut se demander si la mort de l'idée de Dieu dans le coeur des hommes ne serait pas la solution à bien des maux. Car la foi peut-être à la fois (hihi) un des plus beaux moteurs de vie, mais aussi l'un des plus terribles fléaux de l'existence. Que donnerait un monde sans Dieu? Un monde enfin libre, ou un monde morne et sans but? La réponse, personne ne la connaît, puisque Dieu a toujours été présent et ce n'est pas parti pour s'arrêter prochainement. L'idée de Dieu, éternelle, ne serait-elle pas la meilleure preuve de son existence? Quoiqu'il en soit, j'aimerais bien connaître la mort de Dieu.

Pour m'éloigner un peu de la théologie, encore que (si le sujet de ce qui va suivre était totalement disjoint de celui qui précède, je n'en parlerais pas dans la même chronique, hein, bon), je souhaiterais commenter une idée de Rushdie. Rushdie, condamné à mort pendant une dizaine d'années par une fatwa iranienne pour avoir écrit les Versets Sataniques, est profondément athée et fervent défenseur de la laïcité.

Pour lui, la laïcité, c'est aussi avoir le droit de critiquer les religions. Il s'oppose aux musulmans, juifs, chrétiens, qui voudraient que les atteintes verbales à leur religion soient interdites. Son idée est que cela revient à détruire la liberté de pensée (comme Florent Pagny) et que c'est là le premier pas vers la dictature.

J'ai l'honneur de ne pas être complètement d'accord. Ou plutôt, je le suis dans la théorie hypothétique où l'Homme serait bon et juste (idée qui a pris un coup dans l'aile depuis le communisme soviétique ou chinois, et le régime national socialiste -pour ne citer que les exemples les plus "banals"), mais je ne le suis plus dans la pratique. Car, en France, par exemple, ce même argument de liberté de pensée est utilisé par un gros con de droite qui déclare à l'Assemblée ou je ne sais où que les pédés sont inférieurs aux hétéros et qu'ils représentent une menace pour l'humanité. C'est cette même liberté de pensée qui sert d'arguments à tous ces gros cons de droite qui nous vendent de la peur depuis des années, parlant à tout va de racailles, de nettoyage de la France, de polygamie, d'islamisme intégriste (on en revient à la religion), j'en passe et des moins jolis. Je ne pense pas que ces messieurs aient les mêmes nobles idées que monsieur Rushdie sur la démocratie et la liberté. Et pourtant ils utilisent le même argument que lui. Cela m'empêche donc quelque peu d'y adhérer.

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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 13:35

Le parisien a la trentaine. Il porte un costard, tient une petite mallette en cuir à la main. Chaque matin, il prend la ligne 1 pour aller travailler à La Défense, où il est manager in consulting.

Le parisien ne sourit pas. Pour ne pas se mélanger à la populace qu'il côtoie contre son gré dans les transports en commun, il est équipé à l'oreille droite du dernier ipod nano, et à l'oreille gauche du kit main libre de son portable-appareil photo-caméra-wifi dernier cri.

Le parisien est cultivé. Il est abonné aux Inrockuptibles et y puise tous ses besoins artistiques. Chaque mois il y découvre un nouveau groupe de rock psyché post seventies en "The" rendant has been le précédent. Il possède l'intégrale de Bret Easton Ellis.

Le week-end, le parisien laisse tomber le costard pour le jean Diesel à trous, les baskets pumas, le T-shirt moulant mettant en valeur les pectoraux qu'il travaille assidûment devant la glace du club de gym auquel il est abonné et se rend chaque soir après ses 12 heures de boulot quotidiennes. Le week-end, le parisien ne se rase pas.

Le parisien enfile ses lunettes de soleil à verres fumés roses et à montures dorées pour se rendre au Buddha bar, puis au VIP room, avec sa parisienne rencontrée au club (qui porte elle aussi un jean diesel avec des bottes à bouts pointus et un body découvrant amplement son wondergras et son piercing au nombril). Le parisien parle en ces lieux une langue neuve, mélange d'anglais et de français et où des mots tels que bonjour, merci et s'il vous plaît sont exclus.

Le parisien ne conçoit pas la vie ailleurs qu'à Paris, seule ville pouvant lui offrir ce qu'il mérite. Sauf pendant les vacances, où il part retrouver durant quelques semaines les autres parisiens dans les lieux touristiques branchés du moment, tout en évitant le plus possible le contact avec les autochtones attardés.

C'est pour ça que j'aime Paris, surtout en août.

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16 décembre 2005 5 16 /12 /décembre /2005 11:31

Brassens a souligné avec une rare justesse, dans "Le Pluriel" qu'au delà de 4, on était une bande de cons.

Je pense donc que Georges était grand amateur de belote.

Je me félicite d'autant plus d'en être un moizaussi.

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16 décembre 2005 5 16 /12 /décembre /2005 09:50

"L'amour, ce n'est pas seulement un homme fuck une amie, ce n'est pas. L'amour, c'est quelque chose de plus en bas, dans le coeur, dans le corps, dans toute la forme". Bruce Dickinson.

Excusez-le, il est anglais.

Enfin, à peu près tout le monde (non?) aujourd'hui serait d'accord pour distinguer l'amour du sexe (l'un semble impliquer l'autre, l'autre pouvant être totalement décorrelé de l'un. Pardonnez au scientifique qui sommeille en moi, mais je me comprends).

 

Cette définition semble toutefois insuffisante. Et se pose la question: c'est quoi-t'est ce, l'amour? 2000 années de philosophie et de réflexions sur le sujet n'ayant pas résolu le problème, je ne viens pas tel Zorro tout régler pif paf, mais juste argumenter un peu pour le plaisir.

 

Quel est le plus facile : aimer quelqu’un qui ne vous aime pas ? Ou être aimé de quelqu’un que vous n’aimez pas ?

L’amour se construit-il ou est-il irraisonné et passionnel ?

Un amour passionnel est-il viable à long terme, ne cause-t-il pas nécessairement trop de souffrances à celui qui le vit comme à celui qui en est l’objet ?

Trop de questions sans réponses fermes, tranchées, définitives. Trop de questions sur lesquelles bute le cartésianisme le plus sûr de lui.

Qui viennent sans doute d'une question mère: qu’appelle-t-on aimer ?

Et c'est bien là le problème: chacun a une définition bien à lui de ce que signifie "aimer". Problème sémantique donc, rendu par l'Académie elle-même dans le dictionnaire, puisque sous "amour", on trouve des significations allant du panpankiki à la passion destructrice et suicidaire du jeune Werther.

Plus important encore, chacun a sa façon bien à lui de vivre son amour.

Je distinguerais toutefois très schématiquement trois types de couples (par couple, j'entends ici deux êtres qui vivent ensemble une histoire de longue durée. Je ne m'intéresserais pas ici aux couples type amitié longue mais juste pour une nuit).

  • Les couples passionnels, éternels amoureux, Roméo et Juliette, Cosette et Marius, les couples romantiques tels qu’on n’en voit que dans la littérature ou presque. Les couples dont l’amour est si fort qu’il est auto-suffisant, que les besoins terrestres n’existent plus, que le regard de l’autre suffit seul au bonheur total. Les couples à l'abri de l'érosion du quotidien qui finit par détruire tant de liens. Un tel couple existe-t-il dans la réalité ? Je ne sais. Je ne crois pas en connaître. J’aimerais croire qu’il en existe. J’aime à le croire. J'ai toujours été très influencé par la scène littéraire romantique française. Je suis un doux rêveur: je sais que ce ne sont que des mots. Je sais que, par exemple, Hugo, qui peignait si bien la Passion, la beauté des sentiments amoureux, ne se gênait pas pour défoncer sans états d'âme la bonne ou une quelconque actrice.
  • Les couples "raisonnables", si j’ose dire. Une attirance physique réciproque, quelques sujets de conversation communs ou une relative indifférence positive mutuelle, une occasion fortuite ont rapproché deux êtres. Le courant est passé, l’histoire a continué. L’attachement s’est crée, le couple est confiant dans son bonheur pépère et sans risque, cet attachement grandit. Pour devenir de l'amour, si tant est que, comme je me le demandais plus haut, l'amour puisse se construire. De tels couples, il me semble en voir chaque instant autour de moi. C’est sans doute la voie la plus saine de la relation conjugale, même si ce n'est pas celle qui me fait le plus rêver.
  • Les couples "hybrides", où l'un des protagonistes, amoureux, a réussi, plus ou moins rapidement, à s'attacher l'autre partie, pourtant "indifférente" au départ. Si l'amour peut se construire, peut-être alors ces couples peut-être peuvent se rapprocher de l'idéal du couple passionnel (après tout, ils n'ont que la moitié de chemin à faire). Mais ces couples sont aussi dangereux. Le couple fonctionnant toujours, plus ou moins subtilement et pour des raisons variées, sur un mode dominant-dominé, on peut trouver dans ce cas un fort déséquilibre. Trop fort pour la viabilité du couple. Et, supposons que l'amour ne se construit pas, la mauvaise balance des sentiments peut elle aussi avoir raison du couple: L'"indifférent" peut être tenté d'aller chercher ailleurs ce qu'il ne trouve pas ici, l'"amoureux" peut finir par perdre patience devant l'absence de sentiments de sa moitié.

 

 

Pour conclure par une citation bien choisie (pourquoi "bien choisie"?: simplement parce qu'elle est drôle et tient compte de ma problématique aussi bien sémantique que thématique. Et tac.) comme toute rédaction de lycée qui se respecte:

Le verbe aimer est un des plus difficile à conjuguer : son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif et son futur est toujours conditionnel. 

Cocteau

 

 

 

Post-Scriptum: Je vous l'accorde, pour un sujet aussi noble et éthéré que l'amour, mon exposé peut sembler enfermé dans un cadre un peu trop rigide. Mais, une fois encore, c'est le scientifique en moi qui cartésianise un maximum.

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