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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 09:27

J'ai eu une petite discussion téléphonique avec R. Pierronnet, doctorant en sciences de gestion, actif sur twitter (@rpierronnet) sur tous les débats ayant trait au fonctionnement de l'ESR français, qui m'a sollicité pour parler un peu du CIR (crédit impôt recherche).

Ce dispositif de crédit d'impôt alloué en fonction des sommes dédiées aux activités de recherche des industriels, est discuté, souvent critiqué, tant par les universitaires que parfois par les politiques eux-mêmes (d'autres évaluations sont plus mesurées).

 

Mes sentiments personnels sur le dispositif sont mesurés, notamment parce que je maîtrise mal la politique fiscale, sujet qui je l'avoue ne me passionne guère. Je vois cependant passer beaucoup d'avis tranchés qui me semblent, volontairement ou non, basés sur des arguments erronés, ou au moins des raccourcis violents (par exemple quand je lis que ce sont 5 milliards d'€ "détournés" des laboratoires: ce sont des recettes fiscales non perçues, absolument rien ne dit que ces sommes seraient dans leur totalité allouées au budget de l'enseignement supérieur et de la recherche...). Je pense, naïvement, qu'il y a de "bonnes choses" dans le dispositif en soutien aux "start-up innovantes", avec également le J.E.I. (en tout cas c'est un choix politique de soutien à "l''innovatin" que je peux comprendre, surtout vu l'état de l'industrie française). Le fait qu'une large part du CIR bénéficie aux grandes entreprises pour une vision de la recherche ne paraissant pas toujours, de l'extérieur, très enthousiaste, me laisse plus sceptique. Mon avis, pas forcément hyper documenté, ne va pas plus loin que ça. 

 

Il se trouve que de façon complètement fortuite, j'ai eu l'occasion de devenir "expert" pour le CIR. Car, malgré tout, la "recherche" déclarée par les entreprises est, de temps à autre, "évaluée" par des scientifiques (et les sommes déclarées par des fiscalistes), avec un risque non nul de redressement fiscal en cas d'entourloupes.

Il me semblait intéressant de voir un peu ce qui peut se faire en entreprise en France sur des thématiques proches des miennes; de façon générale, expertiser est une activité "annexe" mais inhérente à mon boulot, que j'apprécie. Cela met un peu de beurre dans les épinards aussi, même si les sommes en jeu sont relativement faibles (je ne cherche pas à en faire beaucoup, cela représente donc un complément de revenu de moins de 1000€ sur l'année). Tout en, me dis-je, agrémentant mon CV d'une petite ligne qui ne fait pas de mal.

Et puis je trouvais marrant de voir un peu de l'intérieur, loin des rapports et bilans d'activité et même plutôt dans la soute, comment ça fonctionne.

 

Romain m'a posé des questions à ce propos, sur un mode "interview" et en a donc tiré un article de blog que je vous invite à lire ici: http://blog.educpros.fr/romain-pierronnet/

 

En complément, une petite anecdote: j'ai participé à une rencontre organisée par le responsable du service au Ministère, suite à une demande d'une entreprise qui contestait une expertise précédente (ayant résulté en un redressement fiscal un peu violent). J'étais donc dans le rôle de "contre-expert". Ce que je n'ai compris qu'a posteriori c'est que la réunion, même si cela n'a pas été le cas, aurait pu déboucher sur un "deal" verbal (du genre "ok, on vous accorde ça mais pas ça", "banco"). Ceci s'ajoute à une autre chose qui me frappe et dont Romain parle dans son article: l'absence de définition claire, non ambiguë, de ce qu'est ou de ce que n'est pas la recherche, avec plusieurs "définitions" possible selon les documents consultés, définitions qui sont généralement elle-mêmes verbeuses et par conséquent floues.

Donc on se rend compte que, derrière quelque chose qui paraît de prime abord très codifié, il y a finalement beaucoup de "feeling" mis en jeu. Voila, je crois que c'est ça qui m'a le plus surpris, même si ça ne devrait pas: finalement c'est quasiment toujours le cas; quelle que soit la "rigidité" de façade d'une organisation, il y a toujours des humains derrière.

 

Une autre petite anecdote plus classique: pour faire des expertises pour le Ministère, le Ministère demande que mon employeur (qui est le Ministère) m'autorise à exercer une activité secondaire. D'où un dossier d'autorisation de cumul très fastidieux à remplir, tous les ans, comprenant des informations essentielles comme la date de mon PACS, à faire signer d'un côté comme de l'autre par 4 ou 5 niveaux hiérarchiques. En général, la remise du dossier complet à l'agence comptable prend 6 bons mois (le paiement prenant environ la même durée). 

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commentaires

A
"le Ministère demande que mon employeur (qui est le Ministère) m'autorise à exercer une activité secondaire." Et encore, le Ministère (employeur principal) ne demande pas que le Ministère (employeur secondaire) signe AVANT, tandis que le Ministère (employeur secondaire) exige que le Ministère (employeur principal) signe AVANT... (expérience vécue ; sang froid exigé...)
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