- Y a des films comme ça, dont je sors énervé.
Ils sont même répartis en plusieurs catégories: les films complètement ratés qui vous donnent l'impression de vous être fait voler (typiquement les comédies dont les deux moments drôles ont été mis dans la bande-annonce), ceux où vous hésitez carrément à vous barrer, ceux où vous vous sentez en totale inadéquation avec le reste du public (les comédies où le public rigole et où vous trouvez ça pathétique, les films d'auteur où tout le monde se branle et n'avez qu'envie de vomir) etc.
Je voudrais parler ici d'une autre sorte de film: ceux dont les deux premiers tiers agréables sont gâchés par une fin absurde, manichéenne, ou simplement complètement con.
Dans cette catégorie, je pourrais mentionner par exemple Sex Crimes, polar plutôt bien foutu, comme les nichons en plastique de Denise Richards qui y sont allègrement exposés. Jusqu'à une fin à rebondissements proprement horripilante. Je n'ai rien contre les rebondissements, sauf quand il y en 5 en 12 minutes: là où le premier twist vous aurait fait dire "malin ce scénar", le troisième vous gonfle et au-delà vous devenez totalement indifférent. Ah c'est lui le méchant... ah non, c'est lui... ah non... et merde.
Récemment, j'ai également vu dans le style Vantage Point, là aussi un polar de facture classique, avec une bonne distribution et une réalisation basée sur le principe des points de vue multiples donnant un petit cachet particulier. Jusqu'à une fin typiquement américaine, aussi écoeurante que deux litres de milkshake, à base de poursuites improbables, de terroristes basanés, et de héros prêts à tout pour sauver l'Amérique sans se décoiffer. "Je n'ai fait que mon devoir, Président".
Et puis, hier, je suis également sorti d'une salle obscure profondément irrité. La cause de cet état: Ghost Writer, de Polanski.
Je ne suis pas un grand connaisseur de Polanski, n'ayant pas vu ses vieux classiques (Rosemary's Baby, Chinatown, le Bal des Vampires), ni un grand fan: j'ai beaucoup aimé Le Pianiste et La Jeune Fille et la Mort, mais je n'avais pas vraiment accroché à Oliver Twist, et j'avais trouvé la Neuvième Porte à chier.
The Ghost Writer commence plutôt bien, ni vraiment film politique, ni thriller, avec une ambiance étrange, un peu oppressante bien qu'il ne se passe pas grand chose, et que j'ai trouvé assez prenante (dans la veine de certains films français, par exemple de F. Ozon ou D. Moll).
Et puis, dans sa dernière partie, le film devient vraiment polar et, en plus de torcher l'enquête en 40 minutes, enchaîne les poncifs plus ridicules les uns que les autres: une bonne vieille théorie du complot impliquant la CIA, l'écrivain "nègre" qui se mue en journaliste d'investigation et pige tout après deux clics sur internet... La scène "google" est risible, de même que celle ultra-premier degré où l'écrivain justifie sa découverte par cet argument massue: "it's written on the internet" à laquelle son interlocuteur, un politique influent, scié, répond "oh my god!! we have to warn everybody".
J'ai eu le vague espoir que la fin soit en eau de boudin, ce qui aurait au moins permis de sauver la face. Mais non, le clou est enfoncé avec l'ultime découverte d'un message codé (pour débiles), qui finit de faire sombrer le film.
On ne remercie pas l'auteur et co-scénariste Robert Harris pour cette histoire grotesque, ni la critique dithyrambique pour qui Polanski est décidément un intouchable.
A part ça, d'autres choses m'ont énervé récemment (le mois de mars de l'apprenti chercheur fait pas mal monter le niveau de stress):
- La visite médicale obligatoire d'embaûche du CNRS: celui-ci étant l'organisme payeur pour mon post-doc, j'ai du me soumettre à une visite médicale de contrôle. Cette visite a été réalisée, avec presqu'une heure de retard, par l'assistante du médecin, qui n'était même pas présent. Après trois questions (avez-vous des problèmes psychologiques, avez-vous une maladie grave, votre famille a-t-elle présenté des cas de maladies graves ou génétiques?) et une prise de tension, l'assistante a signé mon papier, sans oublier de me signaler que je devais vérifier si mes vaccinations étaient à jour.
Bilan, 22 euros (payées par le CNRS), ce n'est pas de l'argent perdu, et le généraliste ne l'a pas volé.
Ah, et à ce prix là, j'ai gagné le droit d'acheter le timbre et de poster moi-même le papier au CNRS... l'assistante du médecin m'avait quand même obligeamment fourni l'enveloppe.
- Dans la série le bal des faux-culs, same old, same old, on mentionnera la performance globale des politiques hier soir après la publication des résultats, et leurs "éléments de langage" ("déséspérance", "crise politique"...). Mention spéciale à l'UMP et aux têtes à claques en chef X. Bertrand et L. Chatel, qui, en gros, quand ils gagnent disent: "ça valide notre politique et nous allons continuer les réformes", et quand ils perdent disent: "ça ne remet pas en cause notre politique et nous allons continuer les réformes". Comme disait Mélenchon (?), si manifester ne sert à rien, faire la grêve ne sert à rien, et voter ne sert à rien, ça va peut-être finir par péter un jour...
- Détenteur de quelques fonds aux US, je suis l'évolution du dollar car j'envisage d'en ramener une partie à plus ou moins brêve échéance. Il y a trois semaines, je lis que les spéculations vont faire baisser l'euro jusqu'à la parité. Depuis, l'euro a remonté... sauf ces deux derniers jours, où les économistes prédisent que, peut-être, on va passer sous la barre des 1.34 (en gros, comme il y a un mois). Ce n'est pas la première fois que l'inverse des prédictions se réalise ou que les prédictions sont contradictoires, c'est même plutôt la norme depuis un an que je regarde. J'en viens à me demander si quelqu'un comprend vraiment quelque chose ou si c'est juste de la théorie du doigt mouillé.
- L'administration française: elle ne m'avait pas manqué même si je ne garde pas un souvenir ému de la version américaine (au moins je pouvais me dire que les complications étaient dues à mon statut d'étranger).
Comme déjà dit ailleurs, ça fait trois mois que je ne sors pas sans une copie de ma pièce d'identité, un justificatif de domicile, et un RIB, car j'ai l'impression qu'où que j'aille on peut me les demander: j'ai été surpris de ne pas avoir à fournir un justificatif de domicile en achetant un aspirateur ce samedi.
Et puis il y a deux semaines, les impôts ont facturé à Priscilla la taxe d'habitation 2009 de notre appartement parisien que nous avons quitté en janvier 2008. Cela vient quelques mois après qu'ils nous aient déjà prélevé deux fois la taxe 2008. Pour qu'ils nous remboursent, il avait fallu fournir le numéro de chèque.
Les ayant donc prié à nouveau de nous rembourser, c'est à dire leur ayant signifié pour la cinquième fois au bas mot - il y a eu aussi les tiers prévisionnels- que nous ne vivions plus en France et n'y travaillions pas depuis maintenant deux années pleines, ils nous ont expliqué que pour cela, il nous fallait justifier notre départ...
Après quelques recherches qui m'ont rempli de joie, j'ai retrouvé dans ma paperasse un joli papier à ce propos, qu'ils nous avaient eux-mêmes fait remplir et signer, dont ils nous avaient donné une copie et qu'ils doivent donc avoir dans le dossier nous concernant. Copie que nous leur avons donc envoyé, ainsi que l'état des lieux de sortie.
Ils ont accepté de rembourser Priscilla. Reste à savoir combien de temps cela prendra. Peut-être avant qu'ils ne nous prélèvent la taxe 2010.