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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 11:25

Les débats sur Twitter sont houleux à ce sujet.

Pour faire court, je m'étonne toujours quand je vois des collectifs de "précaires" (je mets des guillemets car je définis le sens du mot tel que je l'utilise 2 paragraphes plus bas) défendre les postes de demi-ATER (que je vois bêtement comme une aberration), ou se battre contre la limitation de la durée des thèses.

Généralement, assez rapidement, on me fait comprendre que je suis un néo-libéral macroniste à tendance fascisante. Comme le débat sur twitter est souvent complexe, de par la nature même de ce réseau, et encore plus aujourd'hui dans un climat un peu tendu d'indignation quasi-permanente à tous propos, je voudrais profiter du fait que ce blog existe toujours pour poser au calme quelques éléments (au moins, en un sens, je suis chez moi).

 

Tout d'abord, entendons-nous bien sur la définition de "précaire": je ne vais ici parler que des doctorants non financés spécifiquement pour leur travail de thèse (et qui ne sont par ailleurs pas en poste par exemple dans l'Education Nationale). Ce terme s'applique également à tous les personnels en post-formation sur des contrats CDD (post-doctorat, ATER post-thèse, ingénieur d'études ou de recherches etc), même si ici le propos sera axé sur des problèmes concernant les doctorants. Je trouve personnellement abusif de définir un doctorant financé comme "précaire": il est bien évidemment en CDD, puisque financé pendant la durée de sa formation, à ce stade non achevée, et dont la durée normale est de 3 ans.

Enchaînons donc avec la durée des thèses: depuis 2006 au moins (mais probablement bien avant, j'ai la flemme de remonter le temps), il est écrit dans l'arrêté" La préparation du doctorat s'effectue, en règle générale, en 3 ans. Des dérogations peuvent être accordées, par le chef d'établissement, sur proposition du directeur de l'école doctorale et après avis du directeur de thèse et du conseil de l'école doctorale, sur demande motivée du candidat. La liste des bénéficiaires de dérogation est présentée chaque année au conseil scientifique". La durée moyenne des thèses (toutes disciplines confondues) étant de 4 ans, il est probable que l'arrêté n'ait jamais vraiment été appliqué, en tout cas dans sa partie "administrative".

L'arrêté de 2016 se veut plus spécifique: "La préparation du doctorat, au sein de l'école doctorale, s'effectue en règle générale en trois ans en équivalent temps plein consacré à la recherche. Dans les autres cas, la durée de préparation du doctorat peut être au plus de six ans.
Des prolongations annuelles peuvent être accordées à titre dérogatoire par le chef d'établissement, sur proposition du directeur de thèse et après avis du comité de suivi et du directeur d'école doctorale, sur demande motivée du doctorant. La liste des bénéficiaires de ces dérogations est présentée chaque année au conseil de l'école doctorale et transmise à la commission de la recherche du conseil académique ou à l'instance qui en tient lieu dans les établissements concernés."

On précise donc que 3 ans est la durée "normale" en équivalent temps plein. Ainsi, un enseignant du secondaire peut l'effectuer en 6 ans (on omettra ici qu'un enseignant du secondaire sans décharge appropriée occupant déjà un temps plein, le compte n'y est pas vraiment...). Mais je m'étais déjà il y a quelques temps interrogé sur la question subtile de la durée des thèses, n'y revenons pas.

 

Ce qui m'intéresse dans l'arrêté de 2016, c'est le rôle du directeur de l'école doctorale: " L'inscription est renouvelée au début de chaque année universitaire par le chef d'établissement, sur proposition du directeur de l'école doctorale, après avis du directeur de thèse et, à partir de la troisième inscription, du comité de suivi individuel du doctorant. En cas de non-renouvellement envisagé, après avis du directeur de thèse, l'avis motivé est notifié au doctorant par le directeur de l'école doctorale. Un deuxième avis peut être demandé par le doctorant auprès de la commission recherche du conseil académique ou de l'instance qui en tient lieu, dans l'établissement concerné. La décision de non-renouvellement est prise par le chef d'établissement, qui notifie celle-ci au doctorant.
Lors de l'inscription annuelle en doctorat, le directeur de l'école doctorale vérifie que les conditions scientifiques, matérielles et financières sont assurées pour garantir le bon déroulement des travaux de recherche du doctorant et de préparation de la thèse."

Dans l'arrêté de 2006, la "vérification" n'avait lieu que pour la première inscription. Dit autrement (mais je comprends peut-être mal), un doctorant sans conditions de ressources (i.e. qui n'a ni de financement de type contrat doctoral, ANR ou autre pour payer son salaire, au minimum autour de 1650€ brut mensuel, et qui n'est pas déjà employé par exemple par l'Education Nationale ou éventuellement une entreprise privée) ne devrait pas être inscrit (ou réinscrit) en thèse. 

 

Or, que lit-on dans l'état de l'emploi scientifique en 2014 (certes avant la parution du nouvel arrêté, on peut donc penser, sans trop y croire, que les choses évolueront un peu dans l'avenir): sur 65000 doctorants, environ 10000 n'ont aucune source de financement connue par les écoles doctorales (j'entends donc par la qu'ils ne sont pas non plus salariés ou déjà fonctionnaires). Les doctorants en sciences et santé représentent la moitié du total des doctorants, avec environ 5% de thèses non financées. Quand on regarde les autres disciplines, LSHS, droit et économie, on voit donc que 33% des doctorants sont sans financements. Ce qui veut dire que 70% des thèses non financées sont dans ces disciplines (7000 personnes). 

On m'explique donc que, si on corrèle l'inscription en thèse à l'obtention d'un financement par le doctorant (ou par son directeur de thèse, selon les modalités du dit financement), on signe la mort de certaines disciplines.

Pourtant, que voit-on également? Sur ces 65000 doctorants, 25% environ (autour de 16000) ne soutiendront jamais leur thèse. Environ 2000 en sciences (5% du pool de doctorants de ces disciplines), et le reste en droit et LSHS (14000 personnes) soit quelque chose comme 45% du total. 

Je sais que corrélation n'est pas causalité, mais l'envie est forte de faire un lien entre absence de ressources financières (qui plus est pendant une durée longue, puisque les thèses de LSHS durent en moyenne 60 mois contre 42 pour les sciences) et obtention du diplôme (cette corrélation, si elle existe, serait très facile à faire si les ED étaient capables de remonter leurs données au Ministère: je serais curieux de voir de telles données, même à l'échelle de quelques ED). Le lien entre la bonne santé scientifique d'un domaine et part non négligeable de travaux non achevés me semble plus ténu.

 

Précarité dans l'enseignement supérieur, qu'y faire?

Alors on me dit: oui, mais les doctorants sont aussi la pour maintenir la tenue des enseignements à l'Université dans des disciplines en tension. Car en fait, les doctorants sans sources connues de financement sont souvent des vacataires en enseignement de l'Université. On joue ici sur une subtilité du statut de vacataire: si au sens "traditionnel", le vacataire a nécessairement un emploi principal (à hauteur minimale de 900 heures par an, donc en gros au moins un mi-temps), les agents temporaires vacataires ne doivent pas nécessairement justifier d'un emploi principal. Par contre, leur service est normalement limité 96 HETD (un demi-service enseignement), soit un revenu d'environ 3700€ annuel net. Difficile d'affirmer qu'il puisse s'agir d'un "revenu suffisant permettant d'assurer des conditions financières nécessaires au bon déroulement de la thèse". En termes d'ETP, ces situations représentent au maximum 2500 ETP environ sur un total de 50000: on devrait donc pouvoir s'arranger différemment.  

 

Je milite donc (façon de parler, ce n'est pas mon genre) pour un respect littéral des textes: on ne doit pas inscrire en thèse quelqu'un qui n'a pas de moyens de subsistance associés directement à la préparation de son doctorat (et dont le montant minimal est celui fixé par le contrat doctoral). Fut-ce contre son gré. Etre directeur d'école doctoral, c'est probablement assez ingrat, mais ce serait bien qu'ils assument un peu les responsabilités inhérentes.

Avantage de la mesure: elle ne coûte rien, je pense. Elle contribuera aussi je pense à "professionnaliser" auprès des entreprises l'image du doctorat, cheval de bataille des association de promotion du doctorat (même si je sais qu'en tant qu'universitaire je devrais plutôt m'occuper d'élever les âmes, je suis assez bas du front et donc j'aime bien que les gens que je forme aient un boulot - qui ne leur déplaît pas trop et qui n'est pas extrêmement éloigné de ce à quoi on les a formés- à la fin; rappelons qu'un boulot à l'Université est par construction plus une exception que la règle, indépendamment de la pénurie actuelle de poste - sauf à diplômer 5 fois moins de doctorants qu'actuellement ou considérer qu'il faut 5 fois plus de postes académiques qu'actuellement*). 

Concrètement, je comprends que l'on veuille se battre pour que les doctorants qui subsistent via 96h de vacations et 4000€ dans l'année soient payés plus rapidement. J'ai du mal à voir en quoi cela réglera le caractère endémique du problème, par contre. A mon sens, ce n'est pas qu'une question de fric, et même pas principalement une question de fric, c'est avant tout une question de (mauvaises) pratiques érigées en normes de fonctionnement dont on croit ou cherche à faire croire qu'elles sont indépassables (ainsi, l'exemple des contrats d'ATER ou de demi-ATER en cours de thèse là ou, hormis pour les agrégés pour lesquels il existe des règles particulières, un ATER est normalement un contrat pour les docteurs, un doctorant sur un poste d'ATER s'engageant a priori à soutenir sa thèse avant la fin du dit contrat).

 

Pour revenir sur la durée des doctorats: imaginons la faire passer à 4 ans. Cela revient à augmenter de 33% le budget des contrats doctoraux, mais aussi des dotations CIFRE, des budgets de personnel dans les  ANR etc. Je n'ai rien contre discuter de mesures qui coûtent très cher, mais il faut le mettre sur la table dès le départ (et être aussi conscient que demander +33% pour quelque chose, quel que soit le contexte, est un souhait qui a peu de chances d'être exaucé). Je n'ai rien contre les inscriptions en 4ème année dérogatoires non plus, mais la aussi il faut un peu responsabiliser les directeurs de thèse là où ça ne se fait pas: si le doctorant ne soutient pas dans les temps définis comme "normaux", au directeur de thèse de trouver le financement adéquat pour terminer le travail. 

 

Et pour conclure, car je sais qu'on me reprochera d'être un scientiste, qui, en plus d'être obtus, pique tous les financements et tous les postes aux malheureux "mous". Qui est le plus mal loti? Je vous laisse méditer le petit graphe ci-dessous. Ca n'a pas nécessairement grand chose à voir avec le reste de l'article (encore que), mais j'ai fait ça un peu par hasard récemment et je trouve que c'est très parlant.

 

 

* ce qui ferait en gros doubler le nombre d'enseignants-chercheurs en 10 ans

** 

Précarité dans l'enseignement supérieur, qu'y faire?
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1 juin 2017 4 01 /06 /juin /2017 10:51

Pour ceux qui ne me suivent pas sur twitter, j'ai créé un nouveau blog, parce que je n'en avais pas assez d'inactifs encore.

Il s'agit d'anecdotes sur le fonctionnement parfois pénible de l'administration dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche.

N'hésitez pas à me transmettre vos anecdotes, mêmes et surtout anonymes.

Ne cherchez pas de but profond là dessous, il s'agit principalement d'en rire (jaune, parfois, mais ça fait du bien quand même). 

Le blog est la: Mammouth Universitaire

 

Mais comme il paraît que ça fait pas avancer les choses, je signale un autre site qui se veut plus pro-actif: Rogue ESR

Bon, je ne suis pas politicien ni activiste, et peut-être que c'est la façon de fonctionner, mais j'ai un peu de mal quand 50% des propositions consistent à dire "donnez-nous plus d'argent" sans justifications ni contreparties, même si je salue l'effort collaboratif. Mais, finalement, je trouve qu'on réfléchit souvent mieux tout seul (ou en petit nombre): au moins on a des chances d'être d'accord avec soi-même. Cf "mon programme"

 

 

 

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17 avril 2017 1 17 /04 /avril /2017 15:18

Difficile de faire un "programme" cohérent... Mais je vais jeter quelques idées personnelles sur l'enseignement supérieur et la recherche. Personne ne me l'a demandé, mais cela fait du bien de se confronter à la réalité de ce qu'on penserait vraiment pertinent. 

 

 

Mon affiche de campagne

Mon affiche de campagne

 

On va faire du plus utopique au plus concret.

1 - Bon, déjà je pense qu'il faudrait investir massivement dans l'ESR. Après tout, 3% du PIB, la stratégie de Lisbonne, ça a presque 20 ans maintenant, et on est toujours à 2.25% ou quelque chose comme ça. Mais la, il est à craindre que ça ne soit pas pour demain même si c'est la priorité de tout le monde en théorie, dans la pratique ça ne l'est jamais (l'Allemagne est à 2.9). 

2 - Je pense que pas mal d'emmerdes actuelles viennent de la dualité Universités - Grandes Ecoles. A l'Université l'enseignement de masse sans sélection et la recherche, aux grandes écoles l'enseignement hyper sélectif (et, hormis quelques exceptions notables, peu ou pas de recherche). Je n'ai pas d'idée claire sur la façon dont tout pourrait être remis à plat et que cela soit satisfaisant, mais je suis désormais à peu près convaincu que cette dichotomie de 2 siècles n'a plus vraiment de raison d'être. Cela dit, je pense que j'aurai le temps de mourir avant que quoi que ce soit change (le lobby des classes préparatoires et des grandes écoles est un peu plus puissant que celui des universitaires). 

Il y a aujourd'hui probablement trop d'universités en France. 2 centres régionaux (un peu plus pour Paris) semblent un bon compromis (on passerait donc de plus de 80 à une trentaine). Pour cela il faudrait un programme de logements sociaux et de bourses ambitieux.

Il faut aussi une vraie rationalisation de l'offre de formation: éviter les masters très similaires dans un même centre, éviter les masters avec 5 étudiants et/ou tournant grâce au recrutement d'étudiants dont la formation initiale est faible ou mal connue (voir point 3).

2 bis - on pourrait avoir la même réflexion avec le CNRS. Création d'un statut unique avec 128 HED ou 96 HED pour tous? (Il y a en gros 60000 EC pour un peu plus de 10000 chercheurs dont une bonne partie enseigne déjà: autant dire qu'avec l'augmentation des effectifs étudiants annoncés, il va falloir trouver des heures, d'autant qu'il manque déjà au moins 10000 ETP...).

2 ter - je suis un peu partagé sur les PRAG à l'Université, mais vu qu'il y a des manques importants en force enseignante, avec un grand nombre d'heures assurées actuellement par des vacataires dont le recrutement n'est pas toujours optimisé, et qu'un recrutement massif de 10000 EC ou plus ne se fera pas en 2 ans; vu également qu'il y a de la demande du côté des PRAG, je me dis que les intégrer dans les cours de licence générale n'est pas une mauvaise idée, surtout les jeunes (si l'alternative est de les envoyer contre leur gré en collège ou lycée...).

3 - Je suis pour une forme de sélection, sur dossier (comment la gérer?) par filière à l'Université (à l'entrée en L1 puis à l'entrée en M1, puis pour le doctorat, comme le prévoit le LMD). 

4 - Je suis pour un maintien de la gratuité ou quasi-gratuité des frais de scolarité (cf point 1). Par contre, il ne me semblerait pas déraisonnable de demander aux étrangers de payer des frais de scolarité correspondant au coût réel (donc autour de 10000€: cela rapporterait 3 milliards d'€ en supposant que le nombre d'étrangers actuel reste constant, environ 300000. Même à supposer qu'il baisse, on pourrait tabler sur 1 milliard de recettes). On pourrait imaginer des systèmes de bourse et/ou de crédits d'impôts pour ceux qui ensuite resteraient travailler en France. J'avoue que j'ai du mal à comprendre aujourd'hui la plus-value pour le pays d'étudiants se formant gratuitement et à qui on ne propose ensuite pas d'emplois...

4 bis - Bien sûr, ceci devrait être réinvesti dans la rénovation des locaux. Avouons que pas mal d'Universités françaises ne donnent pas vraiment envie de venir... (ou plutôt: gratuitement, ça passe, mais à 10k€ l'année, on attend autre chose). Même si cela s'est pas mal amélioré par endroits (je pense à ceux qui ont connu Jussieu dans les années 1990-2000).

5 - Je pense que la fin de la semestrialisation avec une forme de souplesse dans le suivi des UE, dans le choix des parcours, et l'accumulation de crédits, sur un compte personnel, au rythme choisi par l'étudiant serait une bonne chose. Cela favoriserait aussi la formation continue (on pourrait proposer une formule "à distance"). Par exemple, la licence correspond à 180 crédits ECTS, une UE est en général 3, 4 ou 6 ECTS, et dans le cadre classique, on fait 45 ECTS en un semestre. Rien n'empêcherait d'imaginer qu'un étudiant puisse faire 15 ou 60 ECTS en un semestre (il faudrait probablement définir un minimum et un maximum), et qu'un salarié puisse profiter de ce type de parcours.

5 bis - développement en parallèle de l'apprentissage (dans le secondaire mais aussi le supérieur) et des procédures de validation d'acquis.

6 - Je crois que la fonctionnarisation des chercheurs et enseignants-chercheurs reste une bonne chose. Une revalorisation des grilles serait appréciable. Néanmoins, je pense que l'autonomie des universités est une bonne chose. Maîtrise du calendrier, développement raisonné de certaines disciplines etc. On pourrait imaginer dans cette optique un statut de fonctionnaire territorial. Cela ne faciliterait néanmoins pas les mutations, aujourd'hui extrêmement complexes, alors qu'il faudrait un peu "libérer les énergies". Alors, comment faire? 

6 bis - Suppression du recrutement local (définition du localisme: 3 ans dans le même labo, reset après 2 ans dans un autre labo). Augmentation significative du temps de l'audition (mise en place qui existe déjà parfois d'une partie enseignement), visite du laboratoire obligatoire avant l'audition (financée par les labos). Il faudrait probablement diminuer le nombre d'auditionnés, et pour cela définir des profils plus précis pour le recrutement.  

7 - Il faut redonner des moyens à l'ANR. Probablement revenir aux financements de 2009 voir à 800 millions d'€ ou plus (aujourd'hui, environ 450 millions). L'idée serait que 25% des projets (environ) seraient financés. 

7 bis - mettre en place une procédure robuste et pérenne pour l'évaluation des projets ANR, procédure qui actuellement change chaque année. La procédure de cette année semble plutôt moins mauvaise que les années précédentes (phase 1 évaluée par un comité, possibilité de réponse aux évaluateurs en phase 2). Mettre en place un meilleur suivi des projets par l'ANR en améliorant les recrutements, conditions salariales et perspectives d'évolution des chargés de projets ANR (aujourd'hui, il n'est pas rare d'avoir 3 interlocuteurs différents sur la durée d'un projet de 4 ans...).

7 ter - passer de 3 à 5k€/C-EC pour les crédits récurrents (budget: environ 200 millions).

8 - Incitation au développement des ressources propres dans les universités et les laboratoires.  

9 - Je suis pour le maintien de l'HCERES et la mise en place d'une évaluation des EC sur le modèle de ce qui existe au CNRS. Je suis pour la prise en compte de l'avis des étudiants sur les enseignements prodigués.

Je ne suis pas défavorable à la modulation des services. S'il me semble important qu'un EC ou C conserve une activité de recherche au moins a minima (en ce sens, les premiers critères définis par l'HCERES: 2 articles - ou proceedings selon les communautés - sur une période de 4 ans pour les EC, et 4 pour les C, m'apparaissaient plutôt conservatifs), il ne me déplairait pas qu'un certain nombre d'activités "administratives" (même si je plaiderai pour moins d'administratif pour les C et EC) soient mieux reconnues et valorisées (gestion de filière notamment). Rien ne devrait s'opposer à des carrières d'EC "enseignants administratifs" (en faisant la distinction entre les postes de gestion lourde et les postes honorifiques).

10 - Suppression de la qualification (et donc probablement du CNU) et de l'HDR. Un jeune recruté doit pouvoir obtenir une certaine forme d'indépendance en répondant à des AAP dédiés (dans lesquels on ne lui reprocherait plus d'être "trop jeune" ou pas assez "mentoré"). 

11 - Réserver l'accès au CIR aux TPE et PME. Développer les mécanismes CIR d'incitation à l'embauche des docteurs dans le privé. Rebasculement d'une large partie du CIR (celle non affectée au recrutement de docteurs) des grandes entreprises vers le budget de la recherche publique.

12 - Financement des thèses obligatoire. Pour les salariés ou enseignants: possibilité de thèse en 6 ans si décharge à mi-temps. Faciliter les mécanismes de détachement/congés pour effectuer la thèse. Thèse en 3 ans avec 2 réinscriptions max possibles si contraintes spécifiques disciplinaires justifiées. Généralisation des comités de suivi de thèse. Prise en compte des temps caractéristiques de soutenance et du devenir des docteurs dans la promotion des directeurs de thèse.

12 bis - mise en place de collaborations industrie/université (ou d'un meilleur dialogue) par mise en place d'un guichet unique chargé de valoriser les diplômes (le doctorat mais pas que) sur le marché de l'emploi. Cela permettrait aussi de développer le concept de doctorant/conseil. 

13 - Maintien de la loi Sauvadet. 

14 - Rebasculement du personnel administratif des services centraux vers les laboratoires.

15 - Généralisation de la CB professionnelle pour les C et EC.

16 - pas de fermeture budgétaire annuelle.

17 - Simplification des achats: fin des marchés publics et marchés agences de voyage. Mise en place d'un système de déclaration en ligne (fin des ordres papier) pour la déclaration des missions, congés etc.

17 bis - En ce sens, revalorisation de certaines fonctions support dont les grilles actuelles ne permettent que trop rarement sur le long terme des recrutements de haut niveau (par exemple: secrétariat pédagogique, gestion, DSI). On ne peut pas toujours miser sur la bonne volonté ou le sacerdoce.

18 - Généralisation des délégations de signature au directeur de labo ou d'équipe pédagogique.

 

Bon, je suis sûr que j'ai plein d'autres idées et en même temps ce dont j'ai toujours peur c'est que certains points se contredisent, mais ça fera une base pour retravailler.... J'amenderai au fur et à mesure. 

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24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 21:43

La nature produit du plastique! Tout au moins les briques moléculaires élémentaires permettant de synthétiser certains plastiques, plus précisément des bioplastiques. 

Les plastiques, ce sont ces matériaux extraordinaires, qui pour certains, ont une meilleure résistance mécanique que l'acier à masse équivalente! Ces matériaux dont le Prix Nobel français Pierre-Gilbert De Gênes disait déjà, lors de la remise de son prix à Stockholm en 1992 "le plastique c'est fantastique".

Prenez le PLA (poly(acide lactique)) par exemple: il est fabriqué à partir d'acide lactique. Oui, cette même molécule que vos muscles produisent après un effort. Mais aussi par des bactéries se nourrissant de déchets alimentaires. Ce plastique possède, outre des propriétés extraordinaires (son module d'Young est de 3 GPa...), la capacité d'être biodégradable. On peut donc récupérer in fine les briques élémentaires du matériau et recommencer indéfiniment son cycle de production. Plus de sacs plastiques tels que je peux les voir abandonnés le long de la plage ou enfoncés dans la gorge d'une majestueuse tortue marine lors de mes séjours à San Francisco ou Pékin.   

Aujourd'hui, les sacs plastiques, les gobelets ou les assiettes de pique-nique recyclables à l'infini, mais demain, les ailes d'avion, les hyperbarrières du futur ou les nouveaux "drug delivery controlled released systems" pour les antibiotiques "quorum sensing disruptors"?

Imaginez: la nature, et l'Homme lui-même, fabriquent sans le savoir ces constituants indispensables du matériau du futur? Pourtant, aujourd'hui, que fait-on quand on a une crampe, à part se reposer et boire beaucoup d'eau? Rien! Que font les chercheurs quand ils ont une crampe au cerveau: ils vont boire un café! 

Alors que la valorisation de cet acide lactique, qui a conduit à la publication de 8762 brevets depuis une demi-douzaine d'années, pourrait se chiffrer à plusieurs de centaines de milliards de dollars! Et pourquoi ne pas imaginer du "genetic engineering" sur les bactéries pour produire à façon, non l'acide lactique, mais directement le PLA?

 

 

Ce petit texte parodique (encore que) des chroniques de l'hyper-docteur du Point, chercheur affilié au CNRS, à Stanford, Centrale et Polytechnique, reprend les mêmes "codes": quelques points globalement corrects, souvent des banalités présentées sous un jour extraordinaire, erreurs factuelles, approximations grossières, chiffres sortis du chapeau (surtout, jamais de sources, on a la science infuse), name-dropping et anglicismes à foison, imagination débordante pour ne pas dire délirante, et remise en cause plus ou moins directe du travail des chercheurs.

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 09:09

Dans le milieu académique, on aime bien les indicateurs, surtout simples. Il y a le h-index (du nom du physicien Hirsch qui l'a "développé") bien sûr, censé déterminer ton "niveau scientifique" (il peut avoir du sens si on compare ce qui est comparable: au sein d'une communauté, pour un âge similaire, et si on accepte le fait que c'est quelque chose de plutôt logarithmique. On peut dire quelque chose si on compare 48 et 9, pas vraiment si on compare 9 et 11...).

Plus récemment, à moitié pour rigoler, un Kardashian index (K-index) a été proposé: il est censé évaluer le degré de célébrité publique par rapport à la reconnaissance scientifique, en comparant le nombre de followers sur twitter au nombre de citations de vos articles. Supérieur à 5, cet indice fait de vous un "scientifique Kardashian", quelqu'un de "famous for being famous".

 

J'ai eu ce matin une illumination et je vais à mon tour proposer un index, le m-index (pour Mix). Il aurait pour but d'évaluer le degré d'"importance" des gens dans une organisation en comparant le temps qu'ils mettent à répondre à une demande par rapport au temps de réponse qu'ils attendent des autres.

Par exemple, un RH qui met 3 mois à répondre à ton mail mais t'envoie un dossier le vendredi 12h en t'expliquant qu'il est à rendre pour la "fin de la semaine" aurait un m-index de 3*30*24/4 = 540, bref quelqu'un d'hyper important.

Au contraire, toi le blaireau qui répond dans l'heure au dit RH avant d'attendre patiemment ta réponse 3 mois, tu aurais un index de 0.002, une sous-merde quoi.

 

Comme le h-index avec les auto-citations et le saucissonnage de papiers, ça présente l'avantage d'être aisément manipulable.

Il suffit d'arrêter de répondre lorsqu'on vous sollicite d'une part et d'autre part de fixer dans vos messages des délais intenables.

Ceci fera augmenter votre index et en conséquence vous rendra plus "important", cercle vertueux qui vous permettra d'encore moins répondre et d'être encore plus pressant.

Ce n'est pas la réalité qui compte, mais la perception qu'on en a, et un indicateur unique est idéal pour définir cette perception.

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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 11:05

Cet été, avec un peu de retard, j'ai eu la chance d'avoir une ANR financée. Oh, un relativement petit projet (265k€ pour 4 ans, 3 partenaires) dans lequel notre équipe n'est que partenaire à hauteur d'un post-doc de 18 mois et 30k€ d'accompagnement.

Bien sûr c'est une bonne nouvelle, et je préfère cela à une absence totale de financement, risque qui commençait à me pendre au nez.

 

Néanmoins, soit parce que je suis trop cynique soit parce que je ne le suis pas assez, cela laisse un petit goût amer, notamment quand je pense à d'autres projets (les miens ou ceux de collègues) non financés. Je vais vous expliquer pourquoi.

 

Cela fait 3 fois que l'on soumet ce projet. Les deux premières fois nous n'avions pas passé le premier tour. Les critiques étaient assez concordantes et pour une fois, me semble-t-il, pas trop subjectives (e.g. pas liées à l'âge du capitaine ou au sens du vent): le projet, quoique très appliqué, ne suscitait pas vraiment l'intérêt des industriels contactés car, certainement, trop "long shot" pour eux... gains de propriétés espérés a priori trop faibles par rapport à la hausse de coût induite, leur frilosité était assez compréhensible.

Bref, on reprochait au projet d'être un peu le cul entre deux chaises: pas vraiment hyper excitant du point du vue académique ni du point de vue industriel. Dans un contexte budgétaire contraint, il n'était pas scandaleux de passer à la trappe... Honnêtement, je pense qu'on était tous un peu d'accord avec ça même si ce n'est jamais facile à entendre. Je précise, cela va sans dire, que cela ne remet pas en cause la qualité scientifique et humaine du consortium, ni sa capacité à bosser ensemble sur des projets mieux ficelés.

 

Il se trouve que le porteur, n'ayant rien de mieux à proposer cette année là, a décidé de resoumettre une troisième fois.

Miracle, le projet passe au second tour, sans que l'on ait pu vraiment gommer les défauts soulignés les années précédentes (pour cela il aurait principalement fallu convaincre un industriel ce qui ne fut pas le cas).

Le projet est passé au ras des pâquerettes, avec quelque chose comme 0.2 ou 0.3 point au-dessus de la barre (note sur 45). Sachant que l'un des rapporteurs du premier tour, à la case "points forts" a écrit textuellement et in extenso "difficult to find any" (mais a quand même attribué une note de 28/45 au projet, ce qui a défaut d'être bon, n'est pas éliminatoire comme peut l'être une note de 12 ou 15, quand la barre est vers 35 et que la note est une moyenne de 4 à 7 évaluations...). Et que deux autres rapporteurs ont encore reproché au projet de ne pas avoir de partenaire industriel.

 

Au deuxième tour, le projet détaillé a été écrit, comme souvent lorsque l'on n'a pas de premier jet sous la main, dans l'urgence. Tout le monde s'est impliqué, mais au moment de la soumission, c'était encore très perfectible (même dans la limite de l'intérêt du projet lui-même).

J'ai su de source sûre que le projet avait été envoyé par l'ANR pour évaluation à deux proches collaborateurs de partenaires du projet: l'un a publié 3 papiers en commun avec le porteur du projet en 2015. L'autre était professeur associé dans l'équipe pédagogique de partenaires du projet. L'un des deux a refusé de rapporter le projet, mais pas l'autre. A la lecture des rapports, sans que cela soit certain, il semble qu'un autre rapporteur soit également un collaborateur d'un des partenaires. Vous me direz, tant mieux pour nous, mais niveau professionnalisme de l'ensemble c'est léger.

Je dirais même plus: l'un des rapports nous complimente chaudement et longuement pour une réussite collaborative passée sur un système que nous n'avons pourtant jamais étudié (et donc sur lequel a fortiori nous n'avons jamais rien publié, ensemble ou individuellement)...

Bref, voila, les rapports sont bons, et le projet financé. Aucun des défauts soulignés précédemment n'a été gommé mais cette fois-ci c'est passé. Le projet a été expertisé par des copains qui nous ont donné un coup de pouce ou par des gens qui ont regardé ça de tellement loin qu'ils nous ont attribué des travaux qu'on n'a pas menés, ça compense les fois où on tombe sur un mec obtus qui vous défonce par plaisir ou par intérêt, mais je trouve que ce n'est pas pour autant très satisfaisant. On va quand même essayer de sortir des choses intéressantes, allez...

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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 09:27

J'ai eu une petite discussion téléphonique avec R. Pierronnet, doctorant en sciences de gestion, actif sur twitter (@rpierronnet) sur tous les débats ayant trait au fonctionnement de l'ESR français, qui m'a sollicité pour parler un peu du CIR (crédit impôt recherche).

Ce dispositif de crédit d'impôt alloué en fonction des sommes dédiées aux activités de recherche des industriels, est discuté, souvent critiqué, tant par les universitaires que parfois par les politiques eux-mêmes (d'autres évaluations sont plus mesurées).

 

Mes sentiments personnels sur le dispositif sont mesurés, notamment parce que je maîtrise mal la politique fiscale, sujet qui je l'avoue ne me passionne guère. Je vois cependant passer beaucoup d'avis tranchés qui me semblent, volontairement ou non, basés sur des arguments erronés, ou au moins des raccourcis violents (par exemple quand je lis que ce sont 5 milliards d'€ "détournés" des laboratoires: ce sont des recettes fiscales non perçues, absolument rien ne dit que ces sommes seraient dans leur totalité allouées au budget de l'enseignement supérieur et de la recherche...). Je pense, naïvement, qu'il y a de "bonnes choses" dans le dispositif en soutien aux "start-up innovantes", avec également le J.E.I. (en tout cas c'est un choix politique de soutien à "l''innovatin" que je peux comprendre, surtout vu l'état de l'industrie française). Le fait qu'une large part du CIR bénéficie aux grandes entreprises pour une vision de la recherche ne paraissant pas toujours, de l'extérieur, très enthousiaste, me laisse plus sceptique. Mon avis, pas forcément hyper documenté, ne va pas plus loin que ça. 

 

Il se trouve que de façon complètement fortuite, j'ai eu l'occasion de devenir "expert" pour le CIR. Car, malgré tout, la "recherche" déclarée par les entreprises est, de temps à autre, "évaluée" par des scientifiques (et les sommes déclarées par des fiscalistes), avec un risque non nul de redressement fiscal en cas d'entourloupes.

Il me semblait intéressant de voir un peu ce qui peut se faire en entreprise en France sur des thématiques proches des miennes; de façon générale, expertiser est une activité "annexe" mais inhérente à mon boulot, que j'apprécie. Cela met un peu de beurre dans les épinards aussi, même si les sommes en jeu sont relativement faibles (je ne cherche pas à en faire beaucoup, cela représente donc un complément de revenu de moins de 1000€ sur l'année). Tout en, me dis-je, agrémentant mon CV d'une petite ligne qui ne fait pas de mal.

Et puis je trouvais marrant de voir un peu de l'intérieur, loin des rapports et bilans d'activité et même plutôt dans la soute, comment ça fonctionne.

 

Romain m'a posé des questions à ce propos, sur un mode "interview" et en a donc tiré un article de blog que je vous invite à lire ici: http://blog.educpros.fr/romain-pierronnet/

 

En complément, une petite anecdote: j'ai participé à une rencontre organisée par le responsable du service au Ministère, suite à une demande d'une entreprise qui contestait une expertise précédente (ayant résulté en un redressement fiscal un peu violent). J'étais donc dans le rôle de "contre-expert". Ce que je n'ai compris qu'a posteriori c'est que la réunion, même si cela n'a pas été le cas, aurait pu déboucher sur un "deal" verbal (du genre "ok, on vous accorde ça mais pas ça", "banco"). Ceci s'ajoute à une autre chose qui me frappe et dont Romain parle dans son article: l'absence de définition claire, non ambiguë, de ce qu'est ou de ce que n'est pas la recherche, avec plusieurs "définitions" possible selon les documents consultés, définitions qui sont généralement elle-mêmes verbeuses et par conséquent floues.

Donc on se rend compte que, derrière quelque chose qui paraît de prime abord très codifié, il y a finalement beaucoup de "feeling" mis en jeu. Voila, je crois que c'est ça qui m'a le plus surpris, même si ça ne devrait pas: finalement c'est quasiment toujours le cas; quelle que soit la "rigidité" de façade d'une organisation, il y a toujours des humains derrière.

 

Une autre petite anecdote plus classique: pour faire des expertises pour le Ministère, le Ministère demande que mon employeur (qui est le Ministère) m'autorise à exercer une activité secondaire. D'où un dossier d'autorisation de cumul très fastidieux à remplir, tous les ans, comprenant des informations essentielles comme la date de mon PACS, à faire signer d'un côté comme de l'autre par 4 ou 5 niveaux hiérarchiques. En général, la remise du dossier complet à l'agence comptable prend 6 bons mois (le paiement prenant environ la même durée). 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 11:02

Je rebondis brièvement sur le "mythe" des doctorats "de complaisance", dont on a beaucoup parlé ces derniers temps avec les doctorats par VAE.

D. Monniaux a notamment expliqué que la VAE ne simplifiait pas franchement les possibilités qui existent déjà par les "voies traditionnelles" de délivrer de tels diplômes. 

 

Avouons-le, on a tous assisté à des soutenances qui n'auraient probablement pas du avoir lieu (ou alors qui n'auraient pas du aboutir à la délivrance du diplôme) ou au moins entendu des histoires de doctorat délivrés à des anonymes ne le méritant pas forcément, sans même avoir besoin d'évoquer des affaires médiatiques (astrologues, présentateurs télés etc). 

 

Mais il n'y a pas d'un côté les thèses exceptionnelles (ou même simplement bonnes) et de l'autre les thèses dysfonctionnelles où il est clair que l'on aurait du agir et qu'on ne l'a pas fait (les raisons possibles pour ne pas avoir agi avant la soutenance sont multiples et un peu hors du cadre de ce que je voudrais dire ici, même s'il serait intéressant d'en faire un article à part entière).

 

Il y a aussi tout un tas de situations embarrassantes où il n'y a, semble-t-il, que des mauvais choix à faire.

 

Je vais raconter une histoire vraie (bien qu'anonymisée au mieux) qui rentre, selon moi, dans ce registre.

 

 

En 2010 un jeune syrien est venu voir un collègue. Il était titulaire d'un bac + 5 (syrien), avait quelques années d'expérience profesionnelle en tant qu'ingénieur en Syrie. Il souhaitait venir faire une thèse en France sur des thématiques scientifiques en devenir et pertinentes dans un cadre industriel (le tout dans le domaine de compétences de mon collègue), pour ensuite retourner en Syrie créer son entreprise en lien avec cette thématique. Il disposait d'une bourse du gouvernement syrien pour ce faire. Le montant de celle-ci était faible (entre 800 et 1000€ mensuels nets), mais la personne disposait de ressources personnelles familiales.

A ce stade, 2 premières erreurs: le directeur du laboratoire a plutôt poussé à accepter la proposition, en regard de la maturité du candidat vis-à-vis de son projet professionnel et de son parcours personnel tout à fait raisonnable, le collègue initialement pas convaincu a fini par se ranger à ces arguments.

2ème erreur: l'école doctorale a accepté d'inscrire le doctorant malgré la faiblesse de la bourse, sachant que le laboratoire ne pouvait lui garantir de compléments de revenus. D'autres écoles doctorales auraient probablement imposé un complément de l'ordre de 500€ mensuel pour accepter le dossier, et tout aurait été terminé à ce stade.

 

Et puis, quelques mois plus tard, la guerre civile éclate en Syrie. Rapidement, la bourse n'est plus versée au doctorant. Une partie de sa famille proche est directement touchée (des membres de sa famille sont portés disparus). 

Le doctorant d'une part n'a plus vraiment la tête à sa thèse, d'autre part doit trouver un petit boulot (au noir) pour subsister. 

Bien sûr, la thèse n'avance plus vraiment, le doctorant ne vient plus beaucoup au labo. 

Je vous passe les détails, les problèmes innombrables, tant avec la préfecture et menaces d'expulsion avant d'obtenir le statut de réfugié, que les tentatives pour, via des crédits du labo, le financer à hauteur de 1000€ au moins pendant une partie de sa thèse, en passant par l'école doctorale en cours de dissolution à cette même époque, etc.

A cause de tout ça, le doctorant n'est jamais vraiment rentré dans son sujet, et probablement que ses bases et son niveau n'étaient pas aussi solides qu'escomptés non plus. Mon collègue et un autre ont mis les mains profondément dans le cambouis, l'ont aidé sur les manipes, en ont fait certaines eux-mêmes. Après une prolongation d'un an, il y a eu suffisamment de résultats pour faire un manuscrit, très moyen certes, mais "crédible" (il pourrait éventuellement sortir 2 articles de la thèse, même si à l'heure actuelle rien n'a été encore publié: la encore, l'école doctorale a laissé couler là où d'autres auraient peut-être posé un veto).

Les collègues ont largement aidé à la rédaction du manuscrit (voir, pour certaines parties, l'ont écrit eux-mêmes). 

 

Un jury a été réuni. Quelques mots sur le "jury de complaisance": tout dépend ce que l'on entend par là. Il est difficile d'avoir assez de bons copains, qui en plus sont suffisamment crédibles sur la thématique pour constituer un jury entier (sauf peut-être si l'on est senior ou avec un réseau monstrueux). Et puis, on a pas forcément envie de griller toutes ses cartouches "bons potes qui me rendront service" d'un coup. Bien sûr, on n'a pas envie d'inviter des pontes ou des gens avec qui on aimerait bosser un jour. Alors, on prend un ou deux bons copains, et pour le reste on va chercher des personnes un peu à la marge de ses activités, des personnes en fin de carrière, des personnes dont on estime que la recherche est "pépère" ou les standards pas trop élevés, etc.

Bref, la soutenance s'est plutôt bien passée, le doctorant avait bien préparé, il s'est sorti sans trop de problèmes des questions face à un jury plutôt bienveillant.

 

 

Voila, il y a un docteur de plus.

Sur le niveau et les résultats, il n'aurait probablement pas fallu le diplômer. Sur le plan humain, sur l'histoire personnelle, comment faire autrement? Y avait-il un bon choix, une bonne façon de procéder? Une fois le train en marche, cela semblait innarêtable. Je pense que ce qui pouvait et devait être fait a été fait, mais rien de tout ça n'a été facile et satisfaisant, et je pense qu'on pourrait argumenter raisonnablement sur des positions opposées.

Qu'auriez-vous fait? 

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 15:32

Le sujet avait déjà fait couler beaucoup d'encre lorsque le projet de nouvel arrêté doctoral avait fuité il y a quelques mois. La propension qu'ont les gens (même les universitaires) qui ne savent pas de quoi ils parlent d'avoir un avis tranché étant parfois assez pénible, j'avais déjà fait un article à l'époque.

 

Las, le mot VAE (validation des acquis de l'expérience) apparaît de nouveau dans le nouvel arrêté (nouvel arrêté qui par ailleurs ne propose, en vrai, rien de bien nouveau comme l'a expliqué M. Clavey).

Peu importe qu'il ne concerne pas le doctorat, comme l'explique bien E. Ruiz (franchement, allez lire son billet), mais bien l'obtention d'un master permettant l'inscription en doctorat. 

Peu importe également que le dispositif d'obtention du doctorat par VAE existe en théorie depuis 2002, et en pratique depuis 2009. Peu importe qu'il ne concerne qu'une dizaine de cas par an (voir mon précédent article ou ces documents).  

Peu importe que des universités réputées le pratiquent depuis cette date (UPMC entre autres). Et qu'elles sont parfaitement conscientes qu'elles seront scrutées sur ce point et n'ont donc pas vraiment intérêt à faire n'importe quoi (cf ci-dessous, le profil des "bénéficiaires").

Peu importe que la démarche à accomplir soit tout sauf une sinécure, comprenant la rédaction d'un manuscrit, une soutenance devant un jury d'enseignants-chercheurs, d'avoir à justifier au cours de sa carrière en entreprise d'un travail de recherche ayant donné lieu à publications, brevets etc. 

Peu importe que les quelques cas dont on peut voir des témoignages aient tous un pedigree très solide et pouvant démontrer des résultats scientifiques "académiques" que beaucoup de doctorants aimeraient avoir à la fin de leur thèse: voir par exemple ici, la ou la. 

Peu importe que, selon toute vraisemblance, le nombre tendra plutôt à diminuer qu'à augmenter (le profil, en sciences dures, des candidats à cette voie d'obtention du doctorat, est plutôt celui de personnes qui ont intégré des centres de R&D de groupes industriels il y a une vingtaine d'années, à une époque où le doctorat n'était pas "obligatoire" pour cela. Aujourd'hui, de ce point de vue, la France s'est uniformisée avec les pratiques internationales, en tout cas dans les grands groupes et dans les start-ups: par exemple, dans le centre R&D de Saint-Gobain, 90% des "ingénieurs de recherche" sont docteurs)

 

Non, malgré tout ça, on voit fleurir tout un tas de tribunes aussi mal informées, alarmistes, et disons le franchement, je n'ai pas d'autre mot, plus nullissimes les unes que les autres, sur ce qui serait la porte ouverte à toutes les fenêtres. 

Hélas, elles se sont répandues comme une traînée de poudre: moi qui pensais que ce qui était excessif est insignifiant, je suis bien naïf.

 

On y trouve de la théorie du complot à la petite semaine, comme quoi le but caché est que les ingénieurs et hauts fonctionnaires fainéants mais désireux de briller à l'international  - où seul le beau doctorat est reconnu - pourront en obtenir un sans transpirer un bon coup.

Le fait que le procédé existe depuis près de 10 ans, qu'il ne concerne que 10 personnes par an depuis tout ce temps, ne semble hélas calmer personne.

Le fait qu'aujourd'hui, quelque chose comme 1/3 des nouveaux doctorants soient des diplomés de grande école non plus.

On y évoque un aspect financier que les universités cupides chercheraient à développer quitte à brader le diplôme. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais j'ai en tête un coût pour une demande VAE qui dépend du nombre de "crédits" demandés (fixés par le LMD) et qui est de l'ordre de grandeur du k€. On m'a parlé dans certaines disciplines d'un chiffre plus élevé (plus proche de 10k€) sans que je puisse le vérifier. Quoi qu'il en soit, le budget typique d'une université chiffrant dans les environs de 100M€, et en vertu des volumes discutés plus haut, on voit qu'il y a quand même plus à miser sur les contrats de recherche, européens ou même CIFRE, ANR etc. Et qu'au niveau de l'enseignement, les formations directes pour industriels sont par exemple une voie largement plus rentable (4 jours de formations dans le cadre du DIF peuvent se chiffrer facilement à 10k€, avec beaucoup plus de demande potentielle...).

 

Et puis, on y trouve (non seulement dans ces tribunes mais également dans les commentaires de ceux qui les ont diffusées, bien souvent des doctorants) une certaine idée "romantique" du doctorat qui me paraît bien éloignée des réalités du terrain. 

Non, un doctorat n'est pas toujours un travail fondamental, ni un projet unique de 3 ans (ou plus) "indépendant" mené de A jusqu'à Z, ni un travail qui fera date dans le domaine. 

Il peut s'agir de quelque chose de très appliqué, il peut s'agir de multiples projets autour d'une thématique donnée (regardez certaines thèses de physiques, par exemple: "quelques processus dynamiques aux interfaces" dont la 1ère phrase est "this work presents three topics of research"). Il peut s'agir d'un petit bout d'un énorme projet (cf les thèses sur projets européens). Il peut s'agir, soit parce que l'étudiant est moyen soit même parce que le sujet n'est finalement pas si bon que ça, d'une thèse médiocre, moyenne, ou même bonne, mais sans impact majeur. Il peut même dans certains cas s'agir d'un travail qui ne serait pas si éloigné que ça d'un travail "d'ingénierie" pour un ou plusieurs industriels dont la valeur ajoutée du point de vue recherche est difficile à cerner (je pense à certaines thèses CIFRE ou financées par des FUI ou autres). 

Pour moi, ce que le diplôme de doctorat valide, ce n'est ni une hyperspécialisation sur un sujet bien précis (dans la majorité des cas, on n'a, il faut l'admettre, plus jamais l'occasion de retoucher à ce sujet), ni une capacité à "survivre" (certains doctorants se vivent visiblement comme un Soljenitsyne masochiste au goulag, et on retrouve parfois cette conception chez certains encadrants pour décerner le diplôme: "untel n'est absolument pas qualifié pour être docteur, mais ça fait 3 ans qu'il s'acharne"), ni l'accomplissement d'un chemin personnel vers la sagesse (ce n'est pas Shaolin non plus).

Ce que ça valide, c'est une certaine capacité à s'imprégner d'un sujet (qu'on a souvent pas vraiment choisi), développer une méthodologie, pour aller (plus ou moins) au-delà de l'existant. Et à être capable de restituer ceci via un manuscrit, des articles ou des brevets, et une soutenance. Je ne vois rien qui ne puisse se faire, en théorie, dans un cadre industriel.  

 

Je trouve d'autre part étonnant que cette mythologie de la thèse comme le grand oeuvre d'une vie, cette quête personnelle dont la pureté est mise sur un piédestal, soit véhiculée majoritairement par des gens provenant de disciplines où l'on tolère que 2/3 des thèses soient effectuées comme un (pardonnez-moi, je vais être provocant) "hobby", e.g. en dehors d'une activité principale, le soir et le week-end, sans être financé spécifiquement pour ce travail. Qu'il s'agisse, au mieux, de personnes avec un emploi stable (par exemple, professeurs du secondaire), au pire de personnes sans sources de revenus connues et qu'on voit, en parallèle, se plaindre de leur précarité. Tout en défendant, bien sûr, son caractère de "première expérience professionnelle".

Je vois plus de dangerosité à ce que des directions d'écoles doctorales tolèrent encore, allant à l'encontre des missions qui leur sont confiées ("le directeur de l'école doctorale s'assure que les conditions scientifiques, matérielles et financières sont réunies pour garantir le bon déroulement des travaux de recherche du candidat et de préparation de la thèse" dit l'arrêté), l'inscription en thèse de personnes en grande précarité, que dans la possibilité pour un actif ayant, dans le cadre de son activité professionnelle, effectué une activité de recherche quantifiable, d'obtenir un diplôme que pour une raison X ou Y il n'a pu obtenir en "formation initiale". Je vois aussi, finalement, plus de facilité à évaluer un tel travail qu'un travail qui aurait été mené en "hors temps de travail".

Je pense aussi qu'il y a eu et qu'il y a encore suffisamment de doctorats de "complaisance" décernés, à des célébrités (les frères B., Elizabeth T., Jean-Christophe C.) mais aussi à des anonymes (qui n'a jamais assisté à une soutenance dont on se dit à demi-mot qu'elle n'aurait jamais du avoir lieu mais qu'on a fini par accepter pour sauvegarder les apparences ou quelle que soit la raison?) pour que l'on s'inquiète plus de ce contrôle de qualité là, dans un cadre de "revalorisation" du diplôme, que d'un phénomène qui ne sera de toute façon jamais plus qu'epsilonesque. En ce sens d'ailleurs, je suis un fervent partisan des comités de thèse mis en place dans un certain nombre d'écoles doctorales depuis quelques années, et qui sont généralisés dans le nouvel arrêté. 

 

Pour conclure, je reviens vers une considération plus générale: il y a en France une obsession du diplôme obtenu en formation initiale. Je peux comprendre qu'au moment de la première embauche, avoir tel diplôme ou tel niveau d'études ouvre la porte à certains métiers et à certaines rémunérations. Je suis par contre toujours surpris quand 25 ans plus tard, des gens de toute évidence extrêmement compétents, à qui on a confié des responsabilités, ne peuvent, par exemple, passer "ingénieur" ou obtenir un "statut cadre" dans leur entreprise parce que leur diplôme "initial" n'est pas suffisant. Je me leurre peut-être mais j'ai l'impression que les anglo-saxons sont plus pragmatiques de ce point de vue là (eg qu'au bout d'un certain temps, celui que tu es devient plus important que celui que tu as été pendant tes études). Et je suis donc favorable à toute démarche qui tendrait à diminuer un peu ce qui m'apparaît comme une ineptie. Si le développement de la formation continue et de la VAE en est une, je prends. 

 

 

PS: je ne blâme pas ceux qui ne connaissent rien à la VAE. Moi-même, pur produit "formation initiale", je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à il y a 5 ans. Mais il se trouve que depuis, j'ai été amené à participer en tant que jury/examinateur de dossier, à 2 à 3 VAE par an, du niveau bac+2 au niveau bac+5 (jamais doctorat pour l'instant, notamment pour les raisons de rareté expliquées ci-dessus...). Je blâme plutôt leurs opinions tranchées sur des sujets sur lesquelles ils n'ont fait aucun effort pour se renseigner. Pas vraiment très "pro" pour des universitaires.

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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 11:09

Nos doctorants dépendent d'une école doctorale sur laquelle j'ai, en tant que chercheur, beaucoup à redire notamment au niveau de la modernité des conceptions de ce qu'est la recherche.

 

J'avais déjà eu quelques problèmes à l'époque où nous avions accueilli pendant 1 an un étudiant américain dans le cadre d'une cotutelle, que je peux rappeler ici:

- on m'avait envoyé un canevas pour la rédaction de la convention de cotutelle, en m'expliquant que c'était à moi d'établir le document. Quand j'avais osé prétendre que ça ne me semblait pas être mon travail, la gestionnaire m'avait répondu que ce n'était pas le sien non plus. Pendant deux mois, je lui ai donc envoyé des versions du document, qu'elle me renvoyait annotées pour corrections (je pense que le faire elle-même lui aurait coûté in fine, beaucoup moins d'efforts).

- on m'avait expliqué qu'être co-encadrant de la thèse avec un Full Prof américain (juste pour expliquer que ce n'est pas un perdreau de la veille, je signale que son h-index > 50) ne suffisant pas, mais qu'il fallait quelqu'un avec la HDR. Si si. On a donc rajouté un troisième larron qui, si je veux être objectif, n'a pas énormément apporté au projet (je reste sobre). J'aurais pu m’accommoder de ça si on ne m'avait pas en sus expliqué avec condescendance que rien de tel qu'être chaperonné pour progresser.

Je vous passe les détails des discussions concernant la durée de la thèse ("ah bon la thèse ne fait pas partout 3 ans 0 mois 0 jours 0 heures? ah ben ça va pas être possible alors. Allez, si, mettez des fausses dates et puis c'est tout").

 

J'avais également été quelque peu irrité de m'entendre dire qu'on m'avait "oublié" dans l'encadrement d'une autre thèse dont j'étais le véritable porteur (voir ailleurs).

 

Et puis récemment, j'ai parcouru les documents transmis aux étudiants et encadrants concernant les modalités de rédaction du mémoire et de soutenance pour la thèse, et j'y ai lu des perles hallucinantes (à mon sens).

Par exemple:

" Le mémoire est en français (sauf accord si convention de cotutelle*).

Si pour des raisons autres que « pour donner plus de visibilité à ma thèse » (car pour cela il y a les publications), le doctorant souhaite écrire son mémoire en anglais, celui-ci doit en faire la demande"

Mais aussi, dans le cas d'une thèse par articles

"Le doctorant doit être l’auteur principal des articles" et encore "Hors les articles le cas échéant, la thèse doit être rédigée en français sauf si une dérogation de rédiger en langue anglaise a été accordée"

Actuellement, j'ai un doctorant qui est sur un projet assez ambitieux et légitimement "trop gros" pour lui. Dans le cadre de son projet de thèse, il y aura probablement 2 papiers qui sont le fruit de stages de master effectués en parallèle de son travail principal et en partie sous sa supervision. L'un de ses articles est déjà paru, et comme le stagiaire de master a été très bon et a finalement quasiment produit toutes les manipes que nous analysons, il m'a semblé légitime de le mettre en premier nom, le doctorant étant 2ème nom. Selon ce "règlement", ce papier ne devrait pas être introduit dans la thèse, ce qui serait une hérésie, à mon sens.

 

Bref, je suis assez remonté contre notre école doctorale. Le fonctionnement me semble relever très clairement du fonctionnement français "d'avant", qui perdure encore par endroits mais n'est plus du tout en phase avec les évolutions actuelles (de financement, d'encadrement, de recrutement etc). Je m'abstiendrai de faire le lien avec le CV du directeur de l'ED, et avec la qualité globale scientifique de notre établissement. Je dirais simplement qu'on se croit bien meilleurs qu'on ne l'est.

 

 

 

* Nota: dans le cadre de la cotutelle dont je parle plus haut il avait été exigé que 50 pages au moins soient en français. Ce que nous avions réussi à réduire, après moult tractations, à 20.

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