N'ayant souvent rien de mieux a foutre, et vu que c'est soit ça soit des jeux télévisés on ne peut plus débiles (genre celui des boites, présenté chez nous par Arthur) ou des séries qui finissent par se ressembler, comme de plus ces incultes ne diffusent pas la L1 ou le Top 14 (heureusement pour ma santé mentale, une ou deux fois par mois je me fais un plaisir régressif grace a TV5 ou en streaming sur internet), je me suis mis au sport américain. A la télé, hein, pas en vrai.
En gros, il y en a trois: le basket (NBA), le base-ball (MLB), et le foot américain (NFL). Il y a aussi le hockey (NHL) mais c'est quand meme un peu en retrait, sauf dans certaines villes.
Premiere remarque, un peu comme pour les jours fériés, les américains sont plus pragmatiques que nous: les saisons de chaque sport sont décalées les unes par rapport aux autres, ce qui permet de pouvoir se lobotomiser toute l'année, sport apres sport: quand le basket se termine, le base-ball reprend, puis c'est le foot américain qui prend le relais and so on. Pas de treve estivale ou on s'emmerde, ou l'Equipe fait six pages, bref, pas de moments creux ou la vie semble vaine au fan de sport. D'autre part, hormis le football américain qui propose des calendriers "a l'européenne" (en gros un match par semaine), les équipes de basket disputent entre 80 et 100 matchs par saison, et les équipes de base-ball quasiment 200. Autant dire qu'il ne se passe presque pas un jour sans qu'on puisse voir jouer une de ses équipes (pour peu que l'on soit supporter), histoire de bien se lobotomiser.
Deuxieme remarque, aux Etats-Unis, le sport universitaire est extremement populaire. Un grand nombre d'universités ont un stade aussi grand que le Stade de France, le tournoi de basket universitaire est la compétition sportive la plus suivie (March Madness), les résultats font la une des journaux... J'ai meme pu voir sur ESPN (LA chaine de sport) des matchs de base-ball de prépuberes. Globalement, il me semble que les américains s'intéressent plus au sport que les européens (il n'y a qu'a voir l'impact des JO ici) et sont surtout fervents supporters des équipes de leur région. Meme ceux qui se foutent du sport regarderont probablement les finales si l'une des équipes de leur ville (ou état) y figure. Un peu comme chez nous avec la finale de la Coupe du Monde de foot s'il y a la France, mais a un échelon plus local donc (je ne suis pas sur que les parisiens qui ne s'intéressent pas au foot aient regardé la finale de la Coupe de la Ligue l'an dernier parce que le PSG la jouait...). Il existe aussi des rivalités entre équipes et supporters qu'on voit assez peu en France, un peu sur le modele anglais: en base-ball il y a les NY Yankees et les Boston Red Sox, en basket les Boston Celtics et les Los Angeles Lakers, anciennement les Chicago Bulls et les Detroit Pistons...
Troisieme remarque, les sports américains sont faits pour la télé, faits par la télé, avec tout le pognon que ça rapporte. Je crois que le foot américain arrive en tete: il y a quasiment autant de pubs que de temps de jeu. D'ailleurs, les meilleurs pubs de l'année sont diffusées pendant le Superbowl (la finale du Championnat). Le basket et le base-ball sont un peu moins prolifiques, en gros 10 minutes de jeu pour 5 minutes de pub. Ce qui est amusant, au baket, c'est quand aucune des deux équipes ne prend de temps mort pendant une trop longue période: dans ce cas la, le diffuseur annonce un temps mort, le temps mort télé, pour passer un peu de pub. Bref, c'est la télé comme j'aime, idéale pour faire autre chose en meme temps (manger, jouer au poker en ligne, envoyer des mails, tenir son blog, lire le journal...). C'est probablement aussi pour cette raison que les sports "européens" (ou mondiaux), tels le foot "soccer", le rugby ou le handball, n'arrivent pas a percer ici, meme pour ceux qui essayent comme le "soccer": a moins de changer les regles, 45 minutes sans pub, c'est proprement impossible.
Quatrieme remarque, les américains, par leur culture, considerent les sports collectifs comme une somme d'individualités. Ainsi fleurissent pour chaque joueur les statistiques les plus completes (et inutiles) qui soient, la palme allant cette fois au base-ball. Chaque sport sacre son meilleur joueur (MVP, most valuable player), mais aussi son meilleur remplaçant, son meilleur défenseur, son meilleur marqueur, j'en passe et des moins intéressants.
Du coup, les analystes sportifs reviennent plus souvent sur les performances individuelles des joueurs plutot que de s'intéresser au tout que constitue l'équipe. Je crois que du coup, ils perdent une dimension essentielle de ce qu'est un sport collectif: si l'équipe constituée des meilleures individualités était forcément la plus forte, ça se saurait. Il n'y a qu'a voir ce que cette approche du sport a donné pour Chelsea, certes une bonne équipe, mais qui comparativement au pognon dépensé et a la liste de ses joeurs n'a pas un palmares fantastique.
Ainsi, depuis que je suis la, tous les analystes donnaient vainqueur les Patriots dans le Superbowl. Ils ont perdu contre les Giants. Puis en finale NBA, tout le monde voyait les Lakers en favoris. Ils ont pris une belle branlée contre les Celtics. En ce moment, en base-ball, les Chicago Cubs, plébiscités par les journalistes, sont en train de prendre une branlée au premier tour des playoffs contre les LA Dodgers que personne ne prenait vraiment au sérieux. Avouez que ça fait beaucoup de mauvaises prédictions en moins de six mois. Et autant en base-ball et en football je n'y connais pas grand chose, autant je suis un peu le basket, et il était assez clair pour qui avait regardé 10 matchs, que les Celtics étaient une meilleure équipe que les Lakers, meme si les Lakers possedent probablement le meilleur joueur du monde (Kobe Bryant) et le meilleur coach (Phil Jackson). Bref, les analystes sportifs ont beau connaitre 12876555 statistiques par sport et par joueur, ils n'en demeurent pas moins totalement inaptes a faire un pronostic crédible, insensibles qu'ils sont a ce qu'en jargon sportivo-abruti on appelle la "force du collectif".
Cinquieme remarque, j'arrive a Boston et ils font finale en foot, ils gagnent en basket et ils sont qualifiés pour les play-offs en base-ball. Vous n'allez pas croire que c'est un hasard, si?
Bon, c'était pas tres intéressant tout ça, mais on est vendredi, et je participe actuellement a plusieurs discussions sur la
République des Livres. Comme en plus je mene quelques expériences, je ne peux pas tout faire. Ou plutot si je peux tout faire, mais pas tout bien.