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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 10:43

Un article qui dénonce, un peu dans l'esprit de Presse qui roule (Florent Pagny grande époque).

Tel le mammouth C. Allègre*, ce visionnaire, je voudrais m'insurger contre une certaine frange de l'ecobusiness.

Plus particulièrement, contre cette nouvelle mode, visiblement bien généralisée pendant mes deux années à l'étranger, qui consiste dans les supermarchés et autres enseignes, à ne plus vous donner de sacs plastiques, mais à vous les vendre.

Alors, certes, les sacs plastiques, c'est mal, c'est caca, c'est pas développement durable.
Certes encore, je vois bien ce que la double incitation, consistant pour le consommateur à avoir à demander explicitement des sacs au caissier, puis à raquer, peut avoir de bénéfique pour remédier au moins partiellement à ce problème: ça pousse un peu les flambis dans mon genre, pleins de bonnes intentions mais pas forcément prompts à l'action, à penser plus facilement à prendre leur cabas, sac à dos ou sac réutilisable pour stocker leur PQ.
On évite ainsi les comportements caricaturaux à l'américaine, où le préposé au remplissage vous met les oeufs dans un sac, les viandes dans un autre, les légumes dans un troisième, les produits d'entretien dans un quatrième etc (comme si avoir déjà les courses bien rangées dans les sacs plastique vous dispensait d'avoir à les ranger chez vous), ce qui fait que vous vous retrouvez avec 8 sacs en main là où tout aurait pu sans forcer être casé en 3. Et donc, au bout de six mois, avec 3000 sacs plastiques roulés en boule dans le placard sous l'évier.
Alors ouais, peut-être bien que c'est la meilleure solution.

Mais tout de même, je ne peux pas m'empêcher d'être un peu agacé par ce gagnant-gagnant pour la grande distribution (mon côté gauchiste qui remonte).
Je m'explique:
Sachant que, jusqu'à nouvel ordre, on a quand même un peu besoin de sacs plastiques, pour stocker les déchets ménagers notamment, la grande distribution gagne sur tous les tableaux (le corollaire étant que le consommateur, lui, perd).
Les enseignes se la jouent défenseurs de l'environnement et se refont une petite virginité à peu de frais (hors ceux de communication): on ne fournit plus de sacs plastiques pour sauver la planète.
Et, parce qu'avoir le beurre c'est bien, mais son argent c'est mieux: ils en profitent pour se faire du pognon de tous les côtés:
- en achetant moins de sacs plastiques à leurs fournisseurs ou en en fabriquant moins eux-mêmes.

- en n'ayant pas, à ma connaissance, répercuté cette économie par une baisse des prix (prix qui comportaient une fraction représentant le coût des sacs plastiques).
- en nous les revendant (3 centimes le sac quand même). Parce que les donner, c'est contre leur politique de sauvegarde de la planète, mais si vous êtes prêts à payer, ils peuvent quand même vous dépanner.

- en nous vendant des sacs réutilisables tous plus moches les uns que les autres, et tous d'un beau vert pour bien montrer que c'est écolo sous le slogan "changeons le monde tous ensemble".

 

Voila, je crois que ça me fait autant gerber que les constructeurs automobiles qui nous expliquent que nous sommes des héros parce qu'on a acheté le dernier SUV, mais hybride... 

* Claude Allègre, qui, le premier à gueuler comme un putois pour dénoncer l'incompétence et la corruption du GIEC à cause de "la" typo dans le rapport de 1000 pages, joue la vierge effarouchée quand le journaliste du Monde relève un bon paquet de boulettes dans son dernier bouquin de 100 pages écrit gros... boulettes allant parfois plus loin que la faute de frappe (cautions scientifiques inventées, interprétations contestables - et parfois contestées par leurs auteurs même - de travaux, etc).

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 19:02

Un article placé sous le sceau de la loi de Godwin.

Je voudrais ici montrer quelques similarités, dans la méthode ou les arguments, entre les sceptiques d'aujourd'hui (les sceptiques du réchauffement climatique, les sceptiques de l'affaire du World Trade Center) et ceux d'hier (les négationnistes).
Je n'assimile pas les uns aux autres, je remarque simplement des anologies, amusantes si l'on peut dire, en tout cas intéressantes à mon sens.

Aujourd'hui, tout fait historique ou scientifique a ses négateurs; "sceptique" étant la désignation politiquement correcte donnant à la chose une légitimité n'ayant pas toujours lieu d'être.
Que le medium Internet, permettant la diffusion instantanée de tout et surtout de n'importe quoi, ait favorisé cet état de fait, probablement.
Mais le phénomène n'est pas nouveau, et quel que soit le sujet remis en cause, on trouve dans une certaine mesure les mêmes arguments transposés, les mêmes méthodes employées: potentiellement recevables, ils ne sont pourtant pas toujours utilisés de bonne foi ou à bon escient.

En voici quelques exemples.

- L'utilisation du "scepticisme scientifique" ou du "révisionnisme historique" comme caution intellectuelle.
Certes, presque par essence, le scientifique et l'historien doutent et doivent douter. Des modèles scientifiques ou des interprétations de l'histoire peuvent être remis en cause par des découvertes plus récentes. Mais, outre que cela est assez rare, cela signifie encore plus rarement "virage à 180 degrés" par rapport à l’interprétation initiale. Le plus souvent, on permet simplement de pousser plus loin le modèle, ou d'affiner la compréhension d'un fait historique. D'autre part, et cela peut sembler une évidence: si "douter" est légitime, il ne signifie pas pour autant que, parce que vous doutez, vous avez raison.

- Un peu dans le même registre: la plupart des courants sceptiques étant (ultra-)minoritaires, on les entend souvent se comparer aux exemples historiques de celui qui a eu raison seul contre tous (typiquement, Galilée). La aussi, il paraît bon de rappeler que, 999 fois sur 1000, celui qui défend une théorie seul contre tous, a, simplement, tort. Et que, sans même rentrer dans ces considérations, le fait d'émettre une opinion à contre-courant n'est pas une preuve de sa validité. 
On peut également mentionner que les courants sceptiques ultra-minoritaires sont généralement eux-mêmes divisés en différentes fractions, dont le principal ou seul point commun est de remettre en cause la théorie "officielle": dans le cas du climat, il y a ceux qui nient tout réchauffement, ceux qui contestent l'amplitude du réchauffement, ceux qui valident le réchauffement mais nient son caractère anthropique... pour le 11 septembre, on a ceux qui pensent que les avions volent encore, ceux qui pensent que tout a été organisé par la CIA, ceux qui pensent que la destruction a été aidée par des bombes en sous-sol par le propriétaire pour toucher l'assurance... en ce qui concerne la Shoah, il y a ceux qui en nient l'existence, ceux qui mettent en doute son caractère planifié, ceux qui veulent en minimiser les chiffres ou son caractère unique...

- Souvent, les figures de proue des mouvements sceptiques sont des non-spécialistes: Courtillot et Allègre sont des géologues, Jean-Marie Bigard est un humoriste, Butz est un Professeur d'"Electrical Engineering", Faurisson était Professeur de Lettres, etc. La aussi, c'est utilisé comme argument en tant que tel ("un non-spécialiste apporte un oeil neuf, non façonné par l'establishment"). On peut rétorquer qu'un non-spécialiste a aussi plus de chances de raconter des conneries sur un sujet qu'il ne maîtrise pas complètement, voire pas du tout : voyez sur Internet tous ces "non-spécialistes" qui "démontent" la théorie de la relativité, par exemple. Encore un argument souvent entendu et qui, en tant que tel, ne signifie rien. 

- Les sceptiques aiment à se poser en victimes médiatiques, à qui l'establishment ne laisse pas la possibilité de s'exprimer. Or, c'est fou le nombre de tribunes que ces personnes obtiennent pour dénoncer cet état de fait (encore une hier dans le Monde en ce qui concerne le climat), le nombre d'interviews qu'on leur accorde, le nombre de "débats" auxquels ils participent (c’est un peu moins vrai pour les négationnistes depuis les lois Gayssot, mais Faurisson notamment a eu beaucoup de publicité dans les années 80). Si l'on y réfléchit, leur exposition est proportionnellement bien plus importante que la fraction "scientifique" qu'ils représentent, tant il est vrai qu'un medium d'information préfèrera un "non-spécialiste" charismatique qui raconte des choses simples (la véracité de ces choses étant parfaitement accessoire), qu'un spécialiste casse-burnes qui va énoncer des choses complexes diminuant le temps de cerveau disponible et obligeant le journaleux à réviser ses fiches.

- Puisque je parle de débat : on entend souvent les sceptiques "ne demandent qu'une chose, c'est qu'il puisse y avoir débat". Les media ne demandent que ça. Mais science et histoire ne sont pas culture et politique. On peut discuter des mérites du dernier film de Mickael Youn ou de l'ultralibéralisme, mais comme le disait
Tom Roud, la science n'est pas, en ce sens là, démocratique.
En science, il y a d'un côté la vérité (e.g., typiquement, des résultats expérimentaux reproductibles, et un modèle expliquant convenablement les données, modèle pouvant être affiné au fur et à mesure selon l'intérêt du problème), de l'autre le bullshit (données foireuseset modèles capillotractés ou plus simplement faux). 
Le but pour la communauté scientifique est d'arriver à un consensus: le débat peut exister pendant plusieurs décennies (dans mon domaine, la physique des films minces de polymères reste, je crois, un sujet à controverses depuis une bonne quinzaine d'années - même si on commence au moins à s'accorder sur les données expérimentales), mais lorsque 99,9% des spécialistes s'accordent sur une réponse, il n'y a plus débat pour convaincre les 0,1% restant. Lorsque 99,9% des spécialistes s'accordent sur une réponse, le fait que 55% de la population non-spécialiste n'y croit pas n'est pas une
remise en cause.
Pierre Vidal-Naquet soulignait, dans les Assassins de la Mémoire, la difficulté intrinsèque du "débat" avec les négateurs: accepter de débattre avec eux leur permet une exposition qu'ils ne méritent pas, et tend à mettre sur un pied d'égalité ce qui ne doit pas l'être (la vérité et le bullshit). Refuser le débat donne par contre un côté hautain au scientifique, et un côté victime (voir point ci-dessus) au sceptique.

- Les sceptiques considèrent toujours que les milliers de preuves qui accréditent la thèse officielle sont fausses ou sujettes à caution, mal comprises, etc. Par contre, les quelques faits inexpliqués, inexplicables, ou dont l'interprétation pourrait éventuellement remettre en cause cette thèse, sont, eux, "parole d'Evangile". Un crédit illimité est également accordé aux théories alternatives, en dépit de leur légitimité le plus souvent contestable (témoignages d'anciens SS, articles scientifiques publiés dans d'obscures revues inconnues au bataillon...).
Dans la même veine, il y a tendance par les sceptiques à assimiler toute erreur ou déontologie douteuse à une preuve irréfutable que toute la thèse officielle est erronée, voire qu'il y a complot pour étouffer l'affaire (alors que généralement, les erreurs sont parfaitement admises par ceux qui les ont commises): on peut mentionner les trois mails déontologiquement contestables envoyés par des climatologues (sur plus de dix ans d'échanges piratés), l'erreur du rapport du GIEC (sur 600 pages de rapport)... ou encore les premiers chiffres surévalués de la Shoah, les quelques pages falsifiées du journal d'Anne Franck, les rares témoignages de faux survivants mais vrais mythomanes, la reconstruction de la chambre à gaz d'Auschwitz par les polonais... S’il est bon de signaler les erreurs et de condamner les comportements non professionnels, il ne faut pas confondre pour autant cas isolé et remise en cause générale.

- Terminons par une petite analyse, de non-spécialiste, des profils psychologiques: parmi les points communs, je sens une attirance certaine pour la lumière, nécessairement plus facile à obtenir en étant l’un des rares contradicteurs que l’un des multiples défenseurs d’une thèse "à la mode". Egalement une volonté plus ou moins consciente de se démarquer, de ne pas être comme tout le monde, de ne pas être un "mouton".
Je pense qu’il y a aussi chez beaucoup de sceptiques la peur, ou l’incapacité à accepter des idées effrayantes, difficiles voire impossibles à "comprendre" (philosophiquement), justement à cause de leur simplicité même (un fanatique ultra-motivé peut déjouer sans moyens ou presque les systèmes de sécurité les plus élaborés, l’Homme est en train de détruire sa planète, l’Homme est capable d’exterminer de façon planifiée son prochain, etc). D’où l’élaboration de théories alternatives, plus complexes mais paradoxalement conceptuellement plus faciles à saisir.

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 15:23
Un titre accrocheur, pas forcément en phase avec tout ce que je vais raconter, mais qui je l'espère va m'amener plein de lecteurs (j'ai suivi "Journalism 101" dernièrement).

En fait, tout a à peu près été dit ici par Nicholas Carr (avec Google au lieu de iPhone pour faire parler de lui, mais là aussi c'était plus général), et la, sous forme plus comique.

Il y a d'autres choses très justes (comme le fait de ne plus écouter d'album en entier ou la disparition de la pause déjeuner), mais l'essentiel est selon moi résumé ici:
- Memory: When almost any fact, no matter how obscure, can be dug up within seconds through Google and Wikipedia, there is less value attached to the "mere" storage and retrieval of knowledge.
- Dead Time: When was the last time you spent an hour mulling the world out a window, or rereading a favourite book? The internet's draw on our attention is relentless and increasingly difficult to resist.
- Respect of professionals: The proliferation of health websites has undermined the status of doctors (and other professionals), whose diagnoses are now challenged by patients armed with printouts.
- Privacy: We may attack governments for the spread of surveillance culture, but users of social media websites make more information about themselves available than Big Brother could ever hoped to obtain by covert means.
- Concentration

Je ne suis pas statisticien et je ne prétends pas que l'observation de dix personnes fait office de vérité générale (je ne suis pas un institut de sondages), mais d'après mon expérience personnelle et l'observation de mes con-citoyens, j'aurais tendance à croire que c'est assez vrai.
J'ai toujours eu des problèmes d'attention, mais j'ai l'impression que j'ai désormais plus de mal à me concentrer sur un bouquin, ou sur des analyses de données, un match de sport, et même sur un film quand je le regarde à la télé (c'est pour ça entre autres que je préfère aller au cinéma).
Je pense avoir une bonne mémoire, surtout des trucs les plus inutiles, mais il m'arrive de plus en plus de relire 3 fois en 4 jours la même page wikipédia parce que je n'ai rien retenu de l'information que je cherchais.
Quand je m'emmerde et que je n'ai rien à foutre, je vais de plus en plus devant Internet et de moins en moins devant la télé (ça c'est pas forcément trop grave), mais aussi de moins en moins derrière un bouquin (ça ça me mine plus).
Pour les deux autres faits, je ne me sens pas trop visé mais je suis assez persuadé de leur véracité.

Même si vous êtes d'accord avec moi, vous allez me dire "qu'est-ce que l'iPhone a à voir là-dedans, parce que tu causes que d'Internet, connard?".
J'y viens.
Les iPhone et autres GooglePhone, Blackberry, Smartmachin et je ne sais quoi ne font qu'amplifier le phénomène. Il y à peine deux ans, on se contentait de se décérébrer au boulot ou chez soi, en tout cas pas loin d'un bureau. Avec ces petites merdes de 20cm2, on peut être connecté en permanence, dans son bain, aux chiottes, au resto, dans son pieu, n'importe où. Et quand on peut facilement, on ne se prive pas, j'en ai la démonstration sous les yeux en permanence.
Dans le bus tous les matins, la moitié des blaireaux sont en train de doigter leur substitut pénien ou clitoridien (remarque, ça fait toujours ça de moins qui n'est plus en train de brailler sa vie privée au téléphone: maintenant, ils twittent, c'est plus silencieux). Mon chef ne peut pas s'empêcher de checker ses emails toutes les 20 minutes en group meeting. Mais je crois que le pire, c'est au restaurant: je vois de plus en plus de couples chacun sur leur iPhone dès qu'ils attendent un plat. Ou d'abruti qui se fait un petit coup de Google dès que sa moitié part pisser. Si encore c'était un déjeuner d'affaires avec un casse-burnes... mais pendant un dîner romantique, franchement, ça me fait peine. Idem les dernières fois que je suis allé au pub: toujours un ou deux gars à la table qui se mettent à surfer pendant que le reste discute et boit des bières.

Dans quelques dizaines de génération, si l'Homme est encore là, je l'imagine bien muet, avec un cerveau ne permettant que la mémoire immédiate (comme le poisson rouge), et muni d'un index et de pouces surdéveloppés (l'adolescent ricain moyen est déjà à 100 mots/minute en mode texto).

Voila. C'était ma petite minute mensuelle passéiste, "c'était mieux avant même si j'étais pas là avant". Et j'aimerais bien savoir ce que glandaient les thésards quand internet n'existait pas. Moi, en attendant les retours sur mon draft et le meeting de cet aprèm, je vais aller consulter lequipe.fr.
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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 15:51
Récemment, en jetant un oeil à Facebook via la session de Priscilla que j'ai piratée, je me suis fait cette réflexion:
Facebook a remis au goût du jour le principe de la soirée diapos.

Quand j'étais gamin, j'ai eu de rares fois droit à ces soirées où certains amis de mes parents, pourtant usuellement raisonnablement cultivés, retrouvaient leurs instincts beaufs et montraient leurs photos ou films de vacances, même les plus embarrassants à leur amis tentant de cacher leur gêne mêlée d'ennui.
Et puis, ça s'est perdu. Et franchement, je trouve que l'Humanité ne s'en portait pas plus mal.

Parmi les "amis" de Priscilla, que je ne connais pas tous, j'ai retrouvé cette perte de pudeur que je pensais un peu disparue.
Bon, ok, faute avouée à moitié pardonnée, je suis moi-même un voyeur à tendance exhibitionniste, mais si j'avais mon propre profil Facebook, je ne posterais pas en "semi-public" des photos privées de Priscilla et moi. Ou des photos de l'échographie ou de mon mioche en train de faire popo, si j'en avais un. Déjà que je ne les montre pas spontanément à mes potes...
Je remercie d'ailleurs Priscilla de faire de même: après tout, parmi ses "amis", il y a des personnes qu'elle n'a plus vu "en vrai" depuis le collège.
Avouez que voir ce genre d'"amis" en train d'allaiter ou de dégueuler en soirée, ou leur laisser voir des choses similaires, ça relève plus de l'indécence que de l'amitié.

On me répondra encore qu'on ne poste que ce que l'on veut et qu'on "choisit" ses amis: je remarque aussi qu'au bout de six mois de facebookage, on a vite fait d'avoir 3000 amis dont la plupart sont des parfaits inconnus (c'est pas parce qu'on a été dans la même classe au CP et au CE1, ou qu'on boit un café ensemble au bureau 1 fois par mois qu'on connaît quelqu'un), et, par habitude, de poster des trucs plus osés que ce qu'on aurait cru de prime abord.
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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 02:42
Ca fait longtemps, j'en suis assez content, et il semble que personne ne l'a fait avant moi:

"Si les pauvres s'assumaient vraiment, ils ne feraient pas tout ce qu'ils peuvent pour ne plus l'être."
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28 octobre 2009 3 28 /10 /octobre /2009 14:25

Plutôt qu'une réflexion, deux interrogations au sujet de l'"affaire" Jean-Jean et de la douche à 200000 euros. Comme disait un pote, ça laisse toujours un goût amer. Ou bien une petite démangeaison anale. Mais surtout:

- Je me demande en fait si ce genre d'"abus de pouvoir", "népotisme", "abus de bien sociaux" ou whatever, s'est vraiment multiplié. Je n'en suis pas sûr: je pense que ce sont plutôt les sources d'informations qui ont été décuplées. Les media alternatifs, qui certes racontent aussi beaucoup de conneries, ont sans doute quand même contribué à sortir un peu le journalisme français de sa léthargie.
Auparavant, seul le Canard sortait ce genre d'affaires, et le Canard n'est pas un journal qui a l'ambition d'être un redresseur de torts: ça faisait rire (jaune) les mauvais esprits, les politiques jouaient aux vierges effarouchées. Les autres media se contentaient souvent de relayer l'info en bas de page six mois plus tard quand elle se trouvait confirmée.
Désormais, certains journaux en ligne (Rue 89 etc) ou blogueurs aiment fouiller la merde faire leur boulot (pour la douche, ça voulait dire lire le rapport de la Cour des comptes) et sont plus engagés dans le "combat politique".

- L'autre hypothèse, c'est que ce genre de frasques se fait maintenant au vu et au su de tout le monde, façon "décomplexée": il n'y a pas de honte à être politique et kiffer sa life, la politique est une carrière lucrative au même titre que le showbiz ou les affaires, et plus un sacerdoce depuis un bail. Du coup, même pas besoin que les journalistes aient besoin de fouiller, tout est là sous nos yeux, ça a commencé le soir des élections au Fouquet's. J'ai l'impression qu'il n'y a pas si longtemps - quand j'étais gamin -, quand les politiques se faisaient construire une piscine aux frais du contribuable, ils se cachaient un petit peu. Aujourd'hui, tout ça se fait avec moins de peur ou de gêne et plus de sourire façon "oui on vous encule se fout de votre gueule,et alors?".
Dans l'ensemble, ils auraient tort de se gêner: quand ils nous prennent le bras et que ça devient trop gros, ils nous rendent généreusement un doigt et font passer ça pour du "courage politique".

Il te ressemble ; il est terrible et pacifique.
Il est sous l'infini le niveau magnifique ;
Il a le mouvement, il a l'immensité.
Apaisé d'un rayon et d'un souffle agité,
Tantôt c'est l'harmonie et tantôt le cri rauque.
Les monstres sont à l'aise en sa profondeur glauque ;
La trombe y germe ; il a des gouffres inconnus
D'où ceux qui l'ont bravé ne sont pas revenus ;
Sur son énormité le colosse chavire ;
Comme toi le despote il brise le navire ;
Le fanal est sur lui comme l'esprit sur toi ;
Il foudroie, il caresse, et Dieu seul sait pourquoi ;
Sa vague, où l'on entend comme des chocs d'armures,
Emplit la sombre nuit de monstrueux murmures,
Et l'on sent que ce flot, comme toi, gouffre humain,
Ayant rugi ce soir, dévorera demain.
Son onde est une lame aussi bien que le glaive ;
Il chante un hymne immense à Vénus qui se lève ;
Sa rondeur formidable, azur universel,
Accepte en son miroir tous les astres du ciel ;
Il a la force rude et la grâce superbe ;
Il déracine un roc, il épargne un brin d'herbe ;
Il jette comme toi l'écume aux fiers sommets,
Ô peuple ; seulement, lui, ne trompe jamais
Quand, l'oeil fixe, et debout sur sa grève sacrée,
Et pensif, on attend l'heure de sa marée.

Victor Hugo, les Châtiments, Au Peuple.

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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 15:05

Ci-dessous une petite liste, sans ordre particulier, des comportements de mes contemporains qui m'exaspèrent toujours. Quand je dis "exaspérer", ce n'est pas un vain mot, ça peut vraiment ruiner ma journée, ou au moins une part substantielle de celle-ci.
Ce sont souvent des choses liées au savoir-vivre tel qu'on me l'a enseigné (merci maman, merci papa, merci certains Professeurs de l'Ecole Publique et Laïque) et que je tolère mal de voir foulé aux pieds par des barbares bas du bulbe.

- A tous seigneurs, tout honneur: les blaireaux qui exhibent toute honte bue leur vie privée dans des lieux publics. J'excuse parfois (parce que, soyons honnêtes, j'en ai déjà été) la bande de potes bourrés, déjà moins la bande de pétasses en chaleur (parce que je suis misogyne). Mais je parle surtout des téléphoneurs impénitents qui, que l'on se trouve dans le métro, au restaurant ou au supermarché, ne ressentent aucune gêne à exposer en braillant leurs problèmes les moins intéressants à l'assemblée entière qui n'en demande pas tant.
La aussi, je veux bien tolérer ceux qui oublient de mettre leur téléphone sur veille, qui répondent d'un air gêné et chuchotent "j'arrive" ou "je te rappelle". Mais n'y revenez pas, ok?
Dans son dernier ouvrage, Deaf Sentence, David Lodge montre avec justesse que le plus énervant est qu'il n'y a pas de réaction possible qui soit efficace: soit, comme la majorité des gens que ça fait chier aussi, on se contente de soupirs, d'yeux levés au ciel, et de foutre son walkman à fond, soit on intervient et passe pour un "fasciste" (qui avait pensé que la liberté d'expression reviendrait à la liberté de raconter sa soirée de la veille à 100 personnes qui s'en battent le steack, et accessoirement à un interlocuteur au bout du fil - qui s'en bat probablement le steack lui aussi?), soit on se pourrit vraiment la journée par une engueulade inutile, pour peu que le goujat se sente offensé dans sa goujaterie.

- Puisque j'ai mentionné les supermarchés, je ne supporte pas les consommateurs moyens qui restent, l'oeil bovin, plantés trois plombes devant deux pots de yaourts ou de confiote, probablement les mêmes que ceux qu'ils achètent chaque semaine, à effectuer mentalement des comparaisons aussi mystèrieuses qu'inutiles. Ca pourrait se comprendre au rayon "boucherie", et encore: l'avantage, si on veut, de la grande distribution, c'est que les 50 morceaux de viande ont la même gueule, le même poids, et la même date d'emballage. 
Bref, ces indécis lobotomisés retardent ceux qui, comme moi, estiment qu'ils ont mieux à faire de leur vie (par exemple regarder American Idol à la télé) et ont donc beaucoup travaillé pour optimiser le temps qu'ils passent au supermarché (je dois être à 30-45 minutes pour deux semaines).   

- J'ai horreur des gens malpolis: par exemple, ceux qui ne disent pas "bonjour" lorsqu'on se croise dans un couloir ou un ascenseur. Pire encore, ceux qui ne répondent pas et fixent leurs chaussures. Je tiens d'ailleurs à remarquer que cela arrive beaucoup moins souvent aux US qu'en France. Dans le même genre, je balance souvent un "dis surtout pas merci, connard" à ceux qui pensent que le fait que je leur tienne la porte ou que je leur cède le passage en bagnole est un dû.

Tiens, en parlant de bagnole: comme 80% des gens, j'estime que je conduis mieux que la moyenne (un des paradoxes de la conduite). Bon, je veux bien relativiser, mais la ça ne souffre aucune discussion: je conduis mieux que la moyenne américaine (je rappelle que l'une des épreuves les plus dures du permis de conduire ici consiste à faire une marche arrière tout droit sur 30 mètres). Donc, je voudrais mentionner quelques comportements, irritants en eux-mêmes, mais qui deviennent franchement insupportables lorsqu'appliqués au volant:
- Le manque de bon sens. C'est un peu à la voiture ce que Ben Arfa est au football. On peut effectuer une manoeuvre conforme à la loi du code de la route, et créer une situation dangereuse. Il vaut souvent mieux décélerer et se rabattre que piler sur la voie de gauche de l'autoroute, par exemple. Ou ne pas rouler à 65 sur  la voie de gauche même si c'est la limite technique de vitesse, si tout le monde roule à 85.
En fait, le manque de bon sens est assez insupportable en général: qui n'a pas eu envie de boxer un(e) abruti(e), qui, bloquant la porte du bus de toute son obésité, se met sur la pointe des pieds avec un sourire d'excuse signifiant "ah la la y a du monde aujourd'hui" plutôt que de sortir du bus et d'y remonter une fois la foule descendue? 
- La gentillesse: c'est assez relié au bon sens ou à son absence, mais parfois il vaut mieux ne pas laisser passer quelqu'un que créer un embouteillage. Ou ne pas s'arrêter pour un piéton qui de toute façon ne pourra pas traverser à cause du trafic en sens inverse (alors que si on était passé, il n'y avait pas de voiture derrière et plus de voitures en face).
- Enfin, l'indécision: Rien de plus insupportable que ceux qui mettent trois heures à déboîter, ont besoin de 6 appels de phare pour se lancer quand vous leur cédez la priorité etc. "Les mous de la bite", de façon générale, me gavent: c'est aussi valable pour ceux qui hésitent deux heures entre le cheeseburger et le bacon-burger quand le pub est bondé ou essayent 50 paires de pompes pour partir sans rien. 

- Je maudis ceux qui ne répondent pas aux mails. Je ne parle pas des potes, il m'arrive aussi de zapper et les vrais potes sont au-dessus de ça (mais qu'ils ne viennent pas me pipoter avec des "je suis overbooké en ce moment" alors qu'ils passent deux heures par jour sur fessebook). Je parle plutôt des relations professionnelles, au taquet quand elles ont "besoin" de vous et muettes lorsqu'elles n'estiment pas pouvoir tirer quelque bénéfice de votre correspondance.

- J'ai une tendresse particulière pour la colère teintée de lassitude que provoquent en moi ceux qui 1. s'expriment à coup de clichés ou lieux communs (exemples: "les fonctionnaires sont des feignasses", "les américains sont des bouseux incultes", "les patrons sont méchants", "la société est machiste") et 2. ont l'impression d'enrichir considérablement le monde de la pensée - économique, politique, sociale, artistique etc.
Si les clichés et lieux communs ont la vie dure, c'est probablement parce qu'ils recèlent une part plus ou moins grande de vérité. Donc, les utiliser, si possible en fixer les limites d'usage pour aller au-delà dans l'analyse, pourquoi pas? Mais de grâce, ne vous prenez pas pour des penseurs quand vous vous exclamez "l'écologie, c'est bien" et "la faim dans le monde, c'est caca". 
Un exemple: mon coeur penche plutôt à gauche, mais généralement, sur un sujet politique ou économique, je préfère écouter un patron de PME affilié UMP à un président de syndicat lycéen de gauche...

- Dans le même genre, je peux ranger ceux qui ont une perception du monde totalement manichéenne (exemple: "les arabes sont des gentils et les juifs et les américains sont des méchants" ou l'inverse) et les adeptes de théories du complot diverses et variées, qui pensent sincèrement que la complexité du monde peut être entièrement résolue par des arguments binaires, des argumentaires définitifs de 500 caractères et des vidéos Youtube.

- Il y a une catégorie de personnes très représentée dans le monde scientifique qui me donne des envies de coup de boule: ceux qui aiment s'écouter parler (j'en suis parfois), mais qui, pour diverses raisons, apprécient d'autant plus leur logorrhée qu'elle concerne un sujet qu'ils ne maîtrisent absolument pas. Or, de ce point de vue là, je suis plutôt adepte du "mieux vaut ne rien dire et passer pour un con que l'ouvrir et ne laisser aucun doute à ce sujet". Bref, ceux qui parlent pour ne rien dire, ou pire pour raconter des conneries, ou pire encore pour parler d'eux ou de leur recherche même et surtout si le sujet de départ n'a rien à voir, me sortent par les trous de nez. 

- Une certaine élite intellectuelle a aussi la fâcheuse tendance à me donner des hémorroïdes, d'autant plus que j'en fais peut-être partie à mon corps défendant, au moins jusqu'à un certain point. Je parle de ceux pour qui l'Art est forcément élitiste, ceux qui, comme Desproges disait, "préféreraient crever plutôt que d'être plus de douze à avoir compris le dernier Godard". Qui pensent que tous ceux qui conçoivent l'Art comme une initiation populaire plutôt que comme de la branlette intellectuelle pour désoeuvrés plus ou moins fortunés sont des ploucs ou des vendus. Et qui pensent qu'un truc est bon simplement parce qu'il est imbittable.  

- Enfin, une pensée particulière pour ces vieux qui regardent tout ce qui a moins de 50 ans comme un probable assisté social ou un criminel qui en veut à leurs économies (là aussi, je dois admettre que ça se voit peu ici). Et pour ces jeunes qui regardent tout ce qui a plus de 25 ans comme un vieux con de droite sans coeur et à tendance fascisante.

Voila. Je crois que j'ai suffisamment expectoré pour aujourd'hui. J'y reviendrai peut-être.
N'hésitez pas en attendant à titiller mon inspiration avec vos exécrations à vous.

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 18:26
Quelques réflexions suite aux tristes évènements survenus la semaine passée chez France Télécom: une salariée qui se défenestre sur son lieu de travail, un autre qui se poignarde pendant une réunion.

Depuis février 2008, 22 suicides ont été recensés chez France Télecom. Soit un peu plus d'un par mois.

Tout d'abord, notons que statistiquement, ce chiffre n'est pas si élevé que ça: la France est un des pays "développés" présentant un fort taux de suicide, environ 17 par an pour 100000 habitants. Si l'on ramène ce taux à la population "active" (i.e. entre 20 et 65 ans), on est autour de 25. Difficile ensuite d'avoir des chiffres plus précis (taux de suicide chez les chômeurs, les divorcés etc), mais l'ordre de grandeur est là. 

France Télécom emploie environ 100000 personnes en France, donc qu'il y ait une quinzaine de leurs salariés qui se suicide par an n'a rien d'"extraordinaire" (je parle en terme de chiffres, pas en terme de tragédies individuelles). 

Plus que le chiffre brut, le fait qu'ils se suicident sur leur lieu de travail est certainement indicatif de conditions de vie déplorables et que le suicide est lié directement à cet état de fait (cf ces commentaires). Comme chez Renault il y a quelques temps, c'est là qu'est la "nouveauté" du phénomène: le suicide du au travail et à ses conditions, et non à son absence (chômage, problème d'insertion dans la société) ou à des évènements plus personnels (rupture, divorce, décès d'un proche, etc).

Mais ce qui me défrise le plus, ce sont certains commentaires des lecteurs de Monde, qui me donnent vraiment une image déplorable de l'humanité en général, et de notre société en particulier (Hasta Siempre).
Un petit florilège pas vraiment ragoûtant:

- C'est sûr la culture du résultat dans un monde ou régnait la culture de la glande, du bien-être des syndicats tout puissants et du "je fais ce que je veux je suis fonctionnaire a vie" et des CE plus riches que bon nombre de sociétés, effectivement, ca crée un choc! Y a donc de la casse, rien d'étonnant à cela! A partir du moment ou un milieu se durcit, les plus faibles cèdent rapidement! L'administration était avant un refuge, nécessaire !

- Quand on pense que ce sont tous des anciens fonctionnaires des PPT. On imagine le massacre lorsqu'on va demander à la Poste et à la SNCF de devenir enfin efficace ! Pas facile de se mettre à bosser à 50 ans, n'est ce pas ...

- Les corporations fonctionnaires et assimilées qui nous ont gratifiés du taux de grève si excessif qu'il nous a valu la caricature mondiale commencent par morceaux à goûter à ce que 80% des français vivaient et vivent au boulot (et qui en sus se coltinaient les grèves des 20% d'autres aveugles n'ayant eu aucune pitié pour eux, se regardant le nombril). Dur de vivre comme l'immense majorité des français ? Oui. Et encore pas de grève en ce moment.

- Attribuer un suicide aux conditions de travail chez France Télécom ? C'est limite indécent. Des centaines de milliers de chômeurs rêveraient d'avoir ces conditions de travail.

Cela va un peu au-delà de la diatribe anti-fonctionnaires classique, je n'avais jamais lu une telle ''haine'' dans des commentaires pourtant généralement gratinés, pondus par des gens un minimum éduqués et pas par le pochtron de PMU qui lit plutôt Paris-Turf: on peut presque sentir un certain réjouissement face à la mort d'un parasite qui avait enfin été remis dans le droit chemin de la productivité et n'a pas su le supporter, une espèce de darwinisme social radical ("plutôt crever que de devoir bosser au boulot", j'imagine que c'est exactement ce que la jeune femme s'est dit avant de sauter).
Et puis, j'aime beaucoup la justification des conditions de travail: sous prétexte que des chômeurs seraient bien contents d'avoir le boulot, on n'a pas vraiment le droit de se plaindre. Ce qu'il y a de bien avec cet argument, plus répandu qu'il n'y paraît, c'est qu'on le pousser assez loin: les chômeurs devraient la fermer parce qu'il y a des sans-abris qui sont plus malheureux, les RMIstes français feraient mieux de ne pas l'ouvrir parce que être pauvre en France c'est quand même être un privilégié social comparé aux pauvres du Tiers-Monde, et coetera et coetera.
Avec cet argument, on peut, une fois qu'il est bien ancré dans la population, justifier une espèce de retour au 19ème siècle, parce que si tu veux pas bosser le dimanche, les jours fériés et même la nuit, si t'es pas content d'être payé à peine de quoi survivre et de te faire traiter comme une sous-merde par des petits chefs bien lobotomisés "corporate", on trouvera toujours quelqu'un prêt à (voire content de) jouer le jeu.

Un peu gerbant, tout ça.
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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 16:23
Il y a eu en France il y a quelques temps beaucoup de bruit autour de la burqa. Je n'ai suivi que de loin, mais je me faisais à peu près la même réflexion que M. Bartolone: "par rapport au nombre, moins de 400 cas sur 60 millions de français, une loi, un débat parlementaire serait comme sortir un gros pilon pour écraser une mouche".

Au-delà de ça, j'ai trouvé une réflexion intéressante dans un article du Courrier International sur ce sujet (par Ms. Sophie Morris, The Independent):
"Le système des valeurs françaises est très différent du nôtre (NdMix: anglais). Dans sa lutte pour l’égalité, la France, au lieu d’encourager le multiculturalisme comme nous le faisons au Royaume-Uni (NdMix: c'est également la méthode américaine), s’efforce d’aplanir les différences et préconise l’intégration."

Il est au premier abord aisé, comme la suite de l'article le montrait, de voir les problèmes liés au système français et les solutions que le système anglais ou américain apportent: lorsque l'Etat prône l'Egalité mais qu'en pratique, la société a peu évolué et reste faite dans une très large mesure par les "blancs de souche" pour les "blancs de souche", l'intégration est en échec. Et le communautarisme qu'on avait tenté de gommer ressurgit d'autant plus fort.
Je trouve qu'aux US, tout au moins dans les milieux "favorisés" (tout n'est pas rose non plus, leurs "ghettos" sont probablement pires que les notres), le multiculturalisme a dans une large mesure réussi. Dans les classes dirigeantes, dans les classes moyennes, aux postes à responsabilité ou dans les sphères universitaires dans lesquelles j'évolue, on a beaucoup plus le reflet d'une société multiethnique qu'en France. Je n'ai pas l'impression qu'obtenir ici un emploi correspondant à ses qualités et rémunéré au juste prix pour un membre d'une "minorité visible" (j'entends tout ce qui n'est pas blanc et mâle) soit le parcours du combattant que doivent souvent affronter en France les femmes, les noirs ou les arabes.

Cela dit, cette volonté à tout crin d'accepter, voire de valoriser les différences, plutôt que de les mettre au second plan derrière quelques principes unificateurs, a aussi ses faiblesses.
La principale est de rendre chaque "communauté" (ou "minorité", mais la "minorité" féminine n'en est pas vraiment une, par exemple) hyper-sensible, avec une tendance à interpréter chaque évènement un tant soit peu désagréable, aussi futile soit-il, sous l'angle vaguement paranoïaque d'une probable discrimination consciente ou inconsciente (l'argument de l'inconscient est imparable pour fermer la porte à toute réponse argumentée, je vous le conseille). Bref, à devenir comme ceux dont ils pourfendent l'attitude, voire pire.
Un exemple: ce blog, pourtant souvent intéressant, devient je trouve franchement "too much" lorsque l'auteur(e) s'attaque à ce genre de sujets, et je ne parle pas des commentatrices -eurs- et leurs explications et justifications socio-culturelles ou psychologiques à deux sous et à n'en plus finir*.
On peut également citer l'affaire Gates, qui d'un fait divers assez anodin du à deux personnes probablement un peu trop susceptibles, arrogantes et convaincues de leur bon droit, est devenue pendant un temps, véritablement, une affaire d'Etat.
Ou, plus près de chez moi, cette thésarde de première année qui a quitté le groupe pour aller suivre le progamme "women studies" de la fac (voir plus bas), après avoir qualifié mon boss de sexiste: intrigué par des résultats contre-intuitifs, il avait eu l'impudence de lui demander si elle était sûre de son protocole expérimental.
Certaines comédies moins débiles qu'il n'y paraît se sont d'ailleurs délectées de ce phénomène, avec les fameux "What do you mean "you people"?" (Tropic Thunder, Me myself and Irene, Bad Santa etc) - "you people" pouvant à la fois désigner innocemment n'importe quel groupe de deux personnes ou plus auquel on s'adresse mais aussi être une injonction méprisante à l'égard d'une "minorité", noirs, nains... ou les deux-.

L'autre conséquence, c'est la multiplication de micro-communautés**, la tendance à se considérer comme membre de sa communauté plutôt que d'une nation ou d'un peuple: par exemple, on peut suivre à l'université des programmes intitulés "women - ou afro-american- ou native american- gay/lesbian- ...-  studies". S'en suivent un abus de précautions oratoires (le "politiquement correct") aussi ridicules qu'abrutissantes, de quotas farfelus à propos de tout et surtout n'importe quoi, et de procès tout aussi farfelus. 

Tout cela conduit, à mon sens, à des situations paradoxales et potentiellement dangereuses: la communauté homosexuelle se bat pour l'évolution des valeurs et l'acceptation de l'homosexualité dans la société, mais réaffirme dans le même temps, par exemple par la gay pride, son statut de communauté, et donc sa différence.
Ou ces féministes qui défendent la burqa au nom du droit des femmes à porter les vêtements de leur choix sans être jugées...
Il n'y a plus de règles, que des exceptions: et l'idée de légiférer pour des questions touchant 0,001% de la population ne devient, malheureusement, plus si absurde. Après tout, c'est dans la droite lignée de la politque du fait divers... 




* pour ceux qui souhaiteraient mieux connaître le fond de ma pensée, j'ai laissé quelques commentaires en mauvais anglais sur les articles mis en lien.
** suite à diverses situations désagréables qui ont porté atteinte à ma virilité, après quelques difficultés pour trouver chaussure à mon pied (étant mâle, blanc, blond pas chauve, de taille moyenne, de corpulence moyenne et hétérosexuel) j'ai rejoint la communauté des "déficients pileux".
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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 15:27
Comme un grand nombre de gens de ma génération, je suis un peu écolo.

J'essaie de ne pas gaspiller l'eau en la laissant couler quand ce n'est pas nécessaire, en ne prenant pas des douches de 20 minutes ou en tirant des demi-chasses d'eau si possible, j'essaie de ne pas prendre ma bagnole pour faire 500 mètres - je serais même ravi de ne plus avoir de bagnole (qu'est-ce que ça coûte cher quand on y pense) quand je retournerai "à la ville"-, je fais en sorte de ne pas prendre l'avion quand il y a un moyen de transport équivalent en concurrence ou quand je pars pour 48 heures, j'évite d'acheter des produits surgelés ou de surconsommer sacs plastiques et autres emballages, j'essaie d'acheter "local" ou organique quand je peux, je trie un peu mes déchets, au moins le plastoque, le papier et le verre, j'essaie de ne pas chauffer ou climatiser mon appartement au-delà du raisonnable, d'éteindre les appareils électriques que je n'utilise pas plutôt que de les laisser en veille, de m'informer sur le bilan carbone de certains produits, ce genre de choses.

Après, je suis loin d'être un "Role Model": de par mon travail, sans être un businessman à 1 million de miles, je prends plus l'avion que le pékin moyen. De par mon travail également, j'utilise un certain nombre de produits chimiques pas très bons pour la planète. J'ai conduit quasiment 10000 bornes cette année. Je congèle pas mal de produits que j'achète frais (consommation d'énergie et de plastique) parce que je déteste aller faire les courses, j'aime bien prendre un bain de temps en temps, je n'aime pas vivre avec deux pulls chez moi en hiver, je possède un nombre certains d'appareils électriques qui sont loin de m'être indispensable, je n'ai pas la foi pour aller faire les courses dans 15 endroits différents pour acheter ce qu'il y a de plus écolofriendly et je prends ce que je trouve au supermarché le plus proche, et je ne participe pas aux opérations à la con genre "1 minute de répit pour la planète". D'autre part mes motifs sont loin d'être toujours purement désintéressés.

Bon, en gros, je cherche à me donner bonne conscience sans trop faire d'efforts et sans trop nuire à mon petit confort de vie d'occidental noyé dans son cholestérol*. Comme à peu près tout le monde en fait: au moins en suis-je conscient, et j'essaie en conséquence de ne pas trop faire la morale. Quoi de plus pénible que d'entendre les leçons enfiévrées de jeunes militants qui après être allés acheter leurs mouchoirs, leur café et leurs bonnets péruviens estampillés "développement durable" et "fibres recyclées", prennent l'avion le coeur léger pour passer le week-end à Marrakech dans un hôtel avec piscine au milieu du désert.  

Après, je suis tout à fait partisan de directives à l'échelle européenne ou mondiale, d'une vraie politique environnementale, pour je ne sais pas, diminuer la production automobile et le trafic aérien (je pense à ces aéroports américains construits à 50 bornes les uns des autres), investir dans la recherche sur les énergies alternatives, et éviter de faire faire 3 fois le tour de la Terre à des pommes ou qu'un Etat soit contraint à importer un consommable qu'il produit mais consacre exclusivement à l'exportation. Ce genre de choses évidentes qui auraient bien plus de conséquences que mon "ah j'ai encore fermé le robinet pendant que je me lavais les dents" (geste qui n'est pas inutile, mais qui ne suffira pas, that's my point).
Cela dit, à l'heure actuelle, les réunions au Danemark, ça a plutôt abouti à X tonnes de papier, Y miles en avion et Z heures de discussions stériles entre politiques qui pensent pour la plupart plus à leur prochain mandat et à leurs bonnes relations avec les géants de l'agroalimentaire qu'à sauver le monde (avec X, Y et Z grands).
Chez nous, la taxe carbone va probablement surtout faire douiller les petites classes moyennes qui n'ont pas d'autre choix que d'habiter à 50 bornes de leur lieu de travail: rien de nouveau sous le soleil, quoi. Taxer les veaux, c'est toujours plus facile que d'essayer de changer les comportements en profondeur.

Enfin, tout ça pour dire que, quand même, les ricains me trouent le fion. Même les bobouilles de la Côte Est ou de la Pioneer Valley, qui recyclent et achètent du ''local".
Quelques exemples:
- je l'ai déjà dit, mais en été, on bosse en pull dans le labo, même s'il fait 35 degrés dehors. Eh ouais, la clim est réglée sur 17. Pareil dans les chambres d'hôtel (où au moins on peut l'arrêter), dans les cinémas et plus généralement dans tous les magasins où il faut bien garder l'obèse tout suant de ses 200 mètres à pied au frais.
- Il y a au labo une coloc de 6 thésards qui bossent dans mon département, tous dans le même bâtiment. Ils ont 6 bagnoles. Il y a un bus qui passe, certes peu fréquemment, devant leur maison (quand je dis devant, c'est vraiment à 100 mètres) et qui s'arrête à 50 mètres de notre building (il y a un autre bus qui lui passe plus souvent mais qui demande bien 1 km de marche). Il y a UN gars dans la coloc qui prend régulièrement le bus, les autres vont bosser en bagnole (sachant qu'en plus le parking est payant et le bus gratuit). Pire, ils y vont à 5 bagnoles: le covoiturage, connaissent pas. Faudrait pas risquer de pas avoir la liberté de partir plus tôt ou plus tard que prévu, alors qu'ils font tous 9h30-17h30 à 30 minutes et de rares exceptions près.
- Il y a sur l'autoroute du Connecticut une file spéciale covoiturage justement. Covoiturage en fait, ça veut juste dire qu'il faut être au moins deux dans la bagnole. Il y a donc une file réservée, et 3 ou 4 files "normales". Eh bien, la file réservée est toujours ultra-fluide, alors que les 3 autres files sont souvent en mode "stop and go": à la louche, ça veut dire que 90% du trafic est constitué de bagnoles (dont 50% de SUV et autres 4*4) à un occupant. En gros, dans une famille lambda pas trop pauvre avec deux parents et deux ados, il n'est pas rare d'avoir quatre bagnoles, les quatre servant régulièrement...
- Il y a aux US une chaîne de supermarchés à succès, orientée "bio" et qui se veut écolofriendly (par exemple ils vous foutent les courses dans des sacs en papier), nommée Whole Foods. C'est le lieu de rendez-vous du samedi des djeuns cools, barbus, et friqués (parce que comme chez nous, le bio ça se paye). J'admets qu'ils ont de bons produits, du vrai fromage, un beau choix de pinards, du pain pas en plastoque, de la belle viande etc. 
Cela dit, on y voit des choses amusantes: ils ne vendent pas de Coca (Coca c'est corporate, c'est mal) mais on y trouve de l'Orangina (Orangina, c'est Frenchy, c'est trendy). Ils vendent aussi un tas de junk food (chips et autres saloperies) mais vendues dans des emballages en carton qui font roots et pas dans du plastique flashy, les légumes sont souvent emballés individuellement: ton aubergine elle vient peut être du petit producteur local qui a pas utilisé de pesticides, mais elle est vendue avec 6 couches de cellophane autour. Ils ont enfin un espèce de bar à salades (hachement mieux que la cafèt Casino, soyons franc)  mais qui lorsque vous y mangez, vous conduira à dix fois plus de déchets qu'un repas au McDo, entre les doubles emballages fermés par un élastique, les couverts en plastique emballés individuellement, etc.
- Dans les supermarchés traditionnels, tels que celui où je vais, il y a toujours un gars, dont je vous ai déjà parlé, payé pour remplir les sacs du client. En bon "écocitoyen", je ramène mes sacs en tissu réutilisables pour diminuer la consommation de plastique. Las, malgré mes protestations répétées, l'immense majorité insiste pour me foutre la viande, les oeufs, les fruits, le dentifrice, et je ne sais quoi encore, dans des sacs en plastique séparés: pas tâcher le sac en tissu à 1$99, c'est important; et avoir déjà tout bien classé pour gagner deux minutes de rangement en rentrant chez soi aussi. Bref, une fois sur deux je me retrouve avec autant de sacs plastiques que ce que j'aurais utilisé si j'avais fait mes sacs moi-même (en supposant que je ne possède pas mes sacs réutilisables).

No wonder que, représentant moins de 5% de la population mondiale, ils soient responsables de 25% des émissions de gaz à effet de serre (dépassés seulement récemment par les chinois, qui eux représentent environ 15% de la population mondiale)...

Bref, c'est pas gagné: quand j'aurai un mioche, si Dieu veut, mes premiers mots seront "bonne chance: nous on crèvera sûrement à temps, mais toi, à mon avis, tu vas en chier". 

Ah oui, tant que j'y suis, un site sur la "boboïtude" version américaine (dans certains cas, c'est facilement généralisable) assez rigolo: http://stuffwhitepeoplelike.com/


* Oui, tiens, comme avec les pauvres.
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