Suite à une discussion quelque peu houleuse avec ma (future) belle-sœur, et à la lecture d’un entretien Onfray-Sarkozy par ailleurs peu intéressant, mon aimée me fit remarquer l’existence d’un argument commun chez la droite décomplexée.
Le voici, peu ou prou : lorsqu’on parle de nazisme, de terrorisme, voire simplement de violences urbaines, il est de bon ton de dire qu’ « il n’y a rien à comprendre, on ne peut pas comprendre ». Je vais tenter d’expliquer un peu ce qui se cache derrière cette massue.
Grosso merdo, cela signifie que ces gens là ne sont pas comme nous, qu’il y a d’un côté les bons (qui respectent l’ordre) et de l’autre les mauvais (on commence par brûler une poubelle ou jeter des cannettes sur des policiers, puis on finit par détourner des avions où manger des enfants juifs). Sarkozy va même plus loin dans le même entretien en évoquant des tares génétiques pour évoquer la pédophilie (lire la réponse cinglante du généticien Axel Kahn à ce sujet -certes peu partisan de notre ministre, dans Marianne il me semble).
L’autre sous-entendu de l’assertion, c’est que ceux qui essayent de comprendre sont forcément du côté des méchants (voir par exemple les déclarations tout en finesse suite aux "émeutes" Gare du Nord).
Or, je crois pouvoir affirmer que, ne serait-ce que d’un point de vue purement sémantique « comprendre » est fort différent d’ « excuser » ou d’ « absoudre ».
On peut rechercher les causes, d’un point de vue social, psychologique, historique, économique, politique ou autres, d’actes que par ailleurs on réprouve de toute son âme.
Il me semble également important d’assumer « la banalité du mal » dont fait mention Hannah Arendt (Eichmann à Jérusalem). Il est trop facile de dire qu’en 40, nous aurions tous été résistants, que si nous avions été allemands nous aurions dénoncé la barbarie nazie, que si nous étions palestiniens nous nous opposerions à l’intifada, ou, plus proche de nous, que si nous étions jeunes des cités, nous serions des modèles de vertu pointant à l’ANPE tous les matins avec bonhomie. Certes, se dire que la « barbarie » (j'emploie ce terme générique bien qu'évidemment, les exemples pris ci-dessus n'aient rien à voir les uns avec les autres) peut potentiellement venir de chacun d’entre nous, est moins sécurisant pour le confort moral du bon citoyen, mais c’est, je le crois fermement, bien plus proche de la vérité.
Non, le mal n’est pas une tare génétique ou quelque chose qu’il faut de toute façon, refuser de comprendre. Non, chercher des explications contextuelles ne revient pas à absoudre mais permet, peut-être, un peu, d'essayer de faire en sorte que de tels actes ne se (re)produisent pas (plus).