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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 18:13

Le Kazakhstan est un pays d'Asie Centrale assez méconnu malgré Sacha Baron Cohen et le subtil Borat (qui ne se veut pas un documentaire réaliste sur le pays*) ou les exploits plein de panache (je dis ça sans ironie: dopé ou pas, le panache ne s'invente pas; demandez à Denis Menchov ou Jan Ullrich) du transfusé Vinokourov.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Flag_of_Kazakhstan.svg

Le beau drapeau du Kzakhstan, Source Wikipédia

 

On ignore par exemple souvent que ce pays est le 9ème plus grand du monde, faisant à un poil près la même taille que l'Argentine, et grosso modo 4 fois la France en superficie. 

On y compte 16 millions d'habitants (soit 4 fois moins qu'en France). Ces deux chiffres font comprendre pourquoi le pays est largement composé de steppes désertiques et de hautes montagnes (point culminant du pays, le Khan Tengri, est à 7000 mètres, dans la chaîne des Tian Shan constituée d'un bon paquet de sommets à 4000, 5000 et 6000 mètres).

Le pays possède des frontières avec la Chine et va à l'Ouest jusqu'à la mer Caspienne et au Nord jusqu'à la Sibérie avec des frontières avec la Russie, l'Ouzbekistan, le Kirghizistan et le Turkménistan.

La capitale est Astana depuis 1998, cité "futuriste" construite quasiment de rien au milieu du désert au nord du pays avec la volonté d'en faire le "Dubaï des steppes". L'ancienne capitale (pendant 70 ans) et toujours la ville la plus peuplée du pays (10% de la population) et plus ou moins son coeur économique est Almaty, au sud-est, quasiment à la frontière kirghize et pas très loin de la Chine (en tout cas à vol d'oiseau).

A l'origine peuplé quasi uniquement de nomades, ceux-ci ont été sédentarisés (et largement décimés) par Staline, qui s'est longtemps servi du pays comme une espèce de poubelle géante ("prisons" et "goulags" pour diverses peuplades, essais nucléaires etc). Il en résulte aujourd'hui une multiethnicité assez forte, avec en proportion importante des kazakhs (les descendants des dits nomades, voisins des mongols), russes, ouzbeks, dounganes, ouïghours, géorgiens, allemands, coréens, ukrainiens etc. L'assimilation et la vie en commun ne semblent pas poser de problèmes particuliers et se ressent beaucoup dans la gastronomie du pays (j'aurai le temps d'en reparler).

Il n'y a par contre presque plus de nomades (0,1% de la population ou quelque chose comme ça) et la mythologie de la vie dans les yourtes à cheval est désormais presque reléguée au rang d'attraction pour touristes (la plupart des yourtes que l'on peut rencontrer sont des "chambres d'hôtel" en plastique).

Le climat est on ne peut plus continental (c'est le plus grand pays sans accès à l'océan): donc prévoyez votre écran total en été, avec des températures de l'ordre de 35 degrés ou plus. En hiver, le voyage est je pense déconseillé (-40 dans la steppe, -10 à Almaty)

La langue officielle est le kazakhe (langue turque) mais la langue la plus utilisée reste le russe.

La religion majoritaire est l'islam, mais il y a relativement peu de pratiquants "stricts" (ils ont préféré assimilier la religion soviétique de la picole) même si on peut voir un peu partout dans le pays fleurir les mosquées.

Il semble assez nécessaire de visiter le pays avec quelqu'un parlant et surtout comprenant un minimum le russe, et sachant lire le cyrillique. L'anglais n'est ici d'aucune utilité, à part probablement dans les grand hôtels ou quand on rencontre des jeunes de la classe aisée. On apprend assez vite les 30 ou 50 mots permettant de marchander avec le taxi et de commander au resto, mais la situation peut rapidement devenir complexe, ne serait-ce que par exemple pour commander un billet de train: le site internet n'est disponible qu'en russe et en kazakhe. A la gare, les guichetiers sont directement hérités du soviétisme (ils feraient passer n'importe quel guichetier de la Poste pour un croisement entre Gandhi et l'abbé Pierre). Ils vous braillent dessus en russe au bout de 10 secondes si vous répondez mal à leur question, et la communication se fait à travers une vitre blindée par le biais d'un micro dont la qualité laisse penser qu'ii est lui aussi hérité des années soviétiques. Comme de plus tout le monde essaie de vous griller dans la queue, je pense que ça peut être un grand moment de stress et une épreuve presque impossible pour le non-russophone.

La monnaie locale est le Tengue: 180T = 1euro, 150T = 1$. On trouve des distributeurs automatiques à tous les coins de rue à Almaty, dans les centres commerciaux dans les villes de taille moyenne (Chymkent par exemple), et plus difficilement dans les petites villes. On trouve aussi beaucoup de bureaux de change pratiquant à peu près tous les mêmes tarifs et ravis de récupérer vos euros et dollars.

 

Le Kazakhstan est une "République" indépendante depuis 1991 (ancien satellite de l'ex-URSS) et dirigée depuis 1989 (comme Premier Secrétaire d'abord puis comme Président ensuite) par Nursultan Nazarbaev, brave homme présentant néanmoins quelques tendances autocratiques (réélu moult fois à 90% des suffrages et ayant modifié la Constitution pour se représenter ad vitam aeternam, le principal parti d'"opposition" était par exemple dirigé par sa fille; il a depuis fusionné avec le sien. On voit beaucoup sa bibine en 12*4 un peu partout le long des routes du pays et à la télévision aussi). 

La situation politique semble néanmoins difficile à jauger: le pays possède beaucoup de ressources (pétrole, bientôt dans le "top 10" des exportateurs, mines de fer, uranium, charbon, etc). Si Nazarbaev et sa famille font probablement partie des plus grandes richesses mondiales, il a su également dans une certaine mesure en faire profiter les habitants, dont le PIB a été multiplié par 4 en 15 ans. Il atteint aujourd'hui en gros 1000$/mois/habitant et est proche en terme de niveau de vie de celui de pays comme le Brésil, l'Argentine, la Turquie ou la Roumanie, et largement supérieur à celui de ses voisins ex-soviétiques (gouvernés par des régimes visiblement plus autocratiques, moins stables et sans profits visibles pour la population). Il y a certainement une grande disparité entre les citadins d'Almaty, Astana, Chymkent etc et les villageois ou quelques nomades restants, mais la classe moyenne des grandes villes est entrée de plain-pied dans la société de consommation et aime étaler les signes extérieures de richesse par le biais de grosses bagnoles et de tous les gadgets possibles et imaginables (de l'ipad à l'aspirateur automatique en passant par les téléphones portables dernier cri). Du coup, la population n'évoque jamais la politique, sans qu'on sache si c'est à cause des interdits ou parce qu'ils sont globalement heureux de leur sort et de la stabilité du pays, ou un peu des deux (il faut quand même mentionner des révoltes ouvrières dans la région pétrolière il y a quelques mois, réprimées avec une finesse que ne renierait pas V. Poutine).

Donc, comme dans un certain nombre de pays au régime "fort", la principale source d'emmerdes tant pour le touriste que pour le citoyen lambda semble venir de la police elle-même: la délinquance dans les villes a l'air très faible (quelques pickpockets dans les zones très peuplées et quelques faux "taxis" tard le soir, paraît-il), mais les flics ont beaucoup de pouvoir, dont celui de faire "chanter" le contrevenant qu'il soit fictif ou réel. Ainsi, le cousin de Priscilla qui était notre hôte ne conduisait jamais sans attacher une caméra à son pare-brise (pour avoir une preuve en cas de mise à l'amende abusive). On peut être contrôlé à tout moment (ne jamais se balader sans son passeport) et conduire en ayant bu ne serait-ce qu'une goutte d'alcool peut conduire au choix suivant: 2 ans de suspension de permis ou 3000$ en cash (expérience vécue par le dit cousin). 

 

En vertu de ce qui précède, le Kazakhstan n'est pas ce que je qualifierai une destination "économique", en tout cas pas plus que le Maghreb ou l'Europe de l'Est, par exemple. De façon assez semblable, il y a certaines choses très peu chères (le taxi, même en payant la "surtaxe du touriste" - voir plus bas) et d'autres extrêmement variables (on peut manger convenablement pour 5 euros mais on trouve des restos à 50, voire probablement encore plus dans les grands hôtels pour businessmen et expats). Acheter des fringues de marque ou des technologies modernes ne présente aucun intérêt, mais on trouve beaucoup de "bazars" pour acheter pas cher de la contrefaçon chinoise de tout type.

Je pense qu'il faut compter en gros 50euros par jour par personne pour des vacances "raisonnables", pas chicos mais sans privation: on peut trouver des hôtels "soviétiques" pas franchement funkys mais fonctionnels et propres pour 15-20 euros par personne. On peut déjeuner et dîner correctement pour 5 euros dans des bouis-bouis (1 plat + 1 pinte, parfois 1 entrée à partager), et faire des petits gueuletons pour 10 euros. 

Hors des grandes villes, une solution agréable peut être de loger chez l'habitant: on trouve des pensions complètes où vous serez chouchoutés pour 30 euros (bon, parfois, les toilettes sont la cabane au fond du jardin et la douche est froide, mais la bouffe à base de produits de la ferme cuisinée du feu de dieu compense largement). Difficile de trouver les adresses surtout si on ne parle pas russe, mais il existe plusieurs associations éco-touriste à Almaty (joignables par mail) qui disposent de réseaux, parlent anglais, et peuvent s'occuper de réserver pour vous si vous leur expliquez ce que vous voulez faire (avec une comm' de 10%). Nous sommes passés par l'EIRC et ça s'est bien passé, mais il y en a visiblement d'autres.

 

En ville, presque toute voiture est un taxi potentiel: il y a quelques taxis officiels qu'il ne faut pas prendre car ils sont 3 fois plus chers que tout le reste. Il y a ensuite des taxis "sauvages" (dont c'est la profession mais qui n'ont pas de licence ou équivalent). Le prix se négocie avant la course. D'expérience le taximan demande au touriste environ 2 à 2,5 fois le prix "normal" que paiera le à client local. Sauf si vous aimez négocier pendant 30 minutes (ce qui n'est pas mon cas), vous n'arriverez pas à le faire descendre à ce prix local, mais assez rapidement à +20/+50%. Il faut savoir que de toute façon, un trajet intra-muros dans une grande ville, inférieurs à en gros, 10 kms, vous reviendra à typiquement 500T, soit moins de 3 euros, donc ce n'est pas forcément très utile de s'emmerder plus que de raison pour descendre à 2,5 euros. Si on vous demande plus de 1000T, il faut fuir ou essayer de faire descendre. Les trajets plus longs sont eux aussi peu chers: 50kms * 2 (aller-retour, à 4) pour aller visiter un site archéologique nous est revenu à 25-30 euros, sachant qu'on aurait probablement pu descendre à 20.

La "taxe touriste" a aussi cours dans les marchés, bazars, et globalement partout où le prix n'est pas affiché.

N'importe quel automobiliste est également susceptible de s'arrêter si vous vous postez au bord de la route en faisant du "stop" (bras en avant et pointé vers le bas, pas pouce levé). En gros, vous ne resterez pas plus de 2 minutes sans qu'une voiture ne s'arrête. Le principe est en fait plus proche du covoiturage: vous donnez votre point d'arrivée au chauffeur, et si c'est sa direction il vous embarque. En échange, vous lui filez une petite contribution, un peu moins que le prix d'un taxi (et la généralement la "taxe touriste" ne s'applique pas). 

Il y a aussi beaucoup de bus décatis qui vous emmènent n'importe où pour 80T (moins de 50 centimes d'euros, à Almaty), mais il n'existe aucun plan aux arrêts, donc il faut demander au chauffeur ou au contrôleur (à qui là, on paye au moment de descendre), ou qu'un contact vous donne le numéro de bus à prendre. On notera aussi l'ouverture d'un métro flambant neuf à Almaty, avec beaucoup de stations encore en construction: assez grandiose (inspiré des métros soviétiques), peu cher (comme le bus), il semble plutôt affaire de "prestige" pour l'instant, et son utilisation n'est pas encore tout à fait rentrée dans les moeurs locales.

Le train est également plutôt économique (moins de 40 euros l'aller retour en train couchette pour Almaty-Chymkent).

 

Autres informations pratiques: On trouve des billets d'avion aller-retour Paris-Almaty pour un peu moins de 500 euros par des compagnies turques ou ukrainiennes (avec une escale). Notre voyage avec Pegasus, low-cost turque, s'est passé sans souci, mais par contre les avions arrivent et repartent à 4 ou 5h du matin. La seule ligne semblant proposer des horaires "raisonnables" est Lufthansa, mais les tarifs sont loin d'être équivalents (on est plutôt dans les 2000 euros)... Tarifs à peu près similaires pour Astana.

Un visa est nécessaire pour rentrer au Kazakhstan, mais c'est quasiment une simple formalité pour les ressortissants français. Il y a un petit formulaire à donner, 35 euros à payer, et votre visa vous est normalement remis sous les 10 jours. Il est conseillé de fournir une adresse "contact", qui, je pense, peut être celle de l'hôtel où vous prévoyez de loger au début. Les choses peuvent être un peu plus complexes si vous souhaitez visiter les pays voisins (Ouzbékistan, Kirghizistan) qui eux aussi nécessitent un visa: vous devrez alors demander un visa kazakh double ou triple entrée, un peu plus cher et sur lequel l'administration kazakhe est peut-être plus regardante. Dans ce cas-là, il est semble-t-il plus simple de s'adresser à une agence spécialisée qui gère tout pour vous, comme quand on va en Russie.

 

Ce qui peut finir par revenir cher, ce sont les excursions "organisées" auxquelles il est difficile d'échapper si on ne dispose pas d'un contact local disposé à vous emmener presque n'importe ou gratos comme c'était le cas pour nous. Il y a énormément de randonnées et sites magnifiques (parcs naturels, canyons, lacs, montagnes) au voisinage d'à peu près toutes les grandes villes, mais le réseau routier n'est pas fameux (même si d'énormes chantiers laissent espérer que ça va changer rapidement) et il faut souvent faire de la piste. Les kazakhs conduisent de façon très rock'n'roll donc louer soi-même une jeep ou une bagnole semble assez périlleux donc ce n'est pas facile à faire en "totale autonomie" si on n'est pas un routard professionnel.

Beaucoup d'agences (dont celles mentionnées ci-dessus et d'autres plus locales) proposent des excursions en relativement petit nombre sur 1 jour ou 2: les prix ne sont pas très élevès (de 15 euros la journée pour les plus simples à 30 ou 40 si il y a nuit au refuge et bouffe prévue), mais ça peut finir par peser lourd sur le budget si on en fait une dizaine. Heureusement, certains sites sont quand mêmes accessibles en taxi, ce qui permet de limiter les frais et d'éviter les "bus à touristes" quand on n'est pas fan.

Mais il faut comprendre qu'on ne va pas au Kazakhstan pour passer 10 jours à Almaty ou Astana: je n'ai pas visité la capitale, mais Almaty est une ville au "charme" profondément soviétique. Il y a des choses à y faire (le marché central, le bazar en périphérie, les bains, le centre-ville "européanisé", le quartier d'affaires ultra-moderne, quelques parcs etc), mais ce n'est ni Budapest ni Paris. C'est avant tout un "point d'appui" pour la nature avoisinante et des randonnées qui peuvent aller de la balade pépouze de quelques heures au trek musclé d'une semaine avec guide et cols à 5000 en passant par la promenade plus ou moins longue à cheval.

Almaty, à 900 mètres d'altitude, est vraiment au pied des montagnes: c'est à dire qu'en moins d'une heure de route depuis le sud de la ville vous êtes à 1500-2000 mètres d'altitude, et vous pouvez vous retrouver à quasi 3000 après 2 ou 3 heures de rando.

La ville est entourée d'un immense parc national comprenant la chaîne de montagnes, il y a donc pléthore de sites magnifiques, canyons, lacs naturels ou artificiels, plateaux etc, à des distances comprises entre 1h et 4h de route de la ville.

Le gros plus qui fait beaucoup de différence est lié à la méconnaissance occidentale de ce pays dont je parlais**: le touriste y reste une espèce rare, ce qui est très agréable quand on est un touriste en short qui n'aime que moyennement la compagnie des autres touristes en short. Plus sérieusement, visiter un site qui n'est pas sans rappeler le Bryce Canyon ou les ruines d'une ville de la Route de la Soie au milieu du désert en n'entendant d'autre bruit humain que ses propres pas a quelque chose de magique et s'avère encore plus agréable qu'imaginé.

 

 

Quant à nous, nous étions logés et souvent nourris chez les cousins de Priscilla (sa famille paternelle est kazakhe, bien que celui-ci soit désormais naturalisé français***), qui comme souvent dans les pays où l'hospitalité et la famille sont encore des valeurs importantes, nous ont donné énormément de leur temps, et même de leur argent (indirectement, hein, et malgré nos protestations) sans parler de leur confort (ils ont dormi dans le canapé du salon avec leur bébé de 8 mois pendant la totalité de notre séjour, nous laissant leur chambre, même quand nous sommes partis une semaine en vadrouille). 

Etant donné l'immensité du pays, nous nous sommes concentrés sur le sud du pays, la région d'Almaty donc, plus un voyage vers l'Ouest à Chymkent (proche de l'Ouzbékistan, et d'un autre parc national) et au site historique de Turkestan.

On reviendra j'espère dans quelques années pour voir le nord autour d'Astana et l'Ouest autour d'Aktau (sur la Caspienne) jusqu'à ce qu'il reste de la mer d'Aral (ils sont forts, ces Soviets: dans le même genre que Lyssenko et le blé en Sibérie, il y a eu le coton en Ouzbékistan qui leur a permis de réussir à assécher la mer). 

 

Désolé pour cette longue introduction (et félicitations à ceux qui ont lu jusqu'au bout), mais les articles suivant seront du coup beaucoup plus "entertainings": beaucoup de photos, peu de texte.

 

 

* De façon amusante, le gouvernement kazakhe a d'abord interdit le film (on peut les comprendre) avant de remercier Sacha Baron Cohen en 2012, déclarant que le film avait décuplé le nombre de visas et donc le tourisme dans le pays.

 

** Le seul guide touristique disponible est celui consacré à la route de la Soie de Lonely Planet, plutôt bien d'ailleurs même si parfois un peu lapidaire (puisque traitant 5 pays) et comportant quelques erreurs de réactualisation (comme l'adresse de l'EIRC par exemple).

 

*** C'est d'ailleurs pour cette raison que nous y sommes allés (et pas à cause de Borat): Priscilla n'y était pas allée depuis longtemps, j'aime voyager et en particulier les destinations un peu rock malgré la réputation de bobo urbain que certains camarades me donnent, et les cousins passés par Paris cet hiver nous avaient presque demandé nos dates et ce qu'on voulait faire quand on leur avait dit en plaisantant à moitié qu'on passerait peut-être les voir prochainement. 

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17 août 2012 5 17 /08 /août /2012 17:03

Venant de rentrer du Kazakhstan (voir post ci-dessous pour ceux qui n'avaient pas deviné), destination relativement peu courue mais tout bonnement exceptionnelle (sous réserve de quelques conditions que j'expliciterai plus tard), je tenterai de faire un petit compte-rendu avec photos et tout et tout, si la rentrée n'est pas trop chargée. D'autant qu'il y a eu un certain nombre de restos sympas à Paris et ailleurs dont il faudrait que je dise quelques lignes.

 

Bref, en attendant, un groupe de métal kazakh. Qui présente la particularité de jouer de la guimbarde et de la dombra (une sorte de guitare à deux cordes).

 


 

 

 

Sinon, niveau musique, ils sont assez branchés "dance" comme on ose à peine en refaire après 20 ans d'abstinence. Nous avons d'ailleurs raté un concert avec Sabrina et Dr Alban, pour ceux qui s'en souviennent...

Et occasionnellement, on peut entendre les fleurons de la chanson française (Joe Dassin, Patricia Kaas, Alizée, Amel Bent...).

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 09:49

Comme souvent en période estivale, ce blog connaîtra une interruption plus ou moins complète d'environ 4 semaines. De toute façon, les lecteurs eux-mêmes ont autre chose à foutre, donc ça convient à tout le monde.

 

Je pars dans le berceau de mes ancêtres (par alliance), récemment popularisé par certains sportifs et un film comique de bon goût.

 

Je vous laisse deviner à l'aide des photos...

 

where

 

 

where 2

 

 

food 

 

Souces Wikimedia Commons, Dmitry A. Mottl (Creative Commons Attribution 3.0 Unported), 

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 17:14

Henri Guiano a déclaré le plus sérieusement du monde, sur I-Télé: "Si les députés sont obligés de justifier chaque dépense, alors ils ne vont plus être des députés libres."*

 

Appliquons mot pour mot ceci à la recherche: "Si les chercheurs sont obligés de justifier chaque dépense, alors ils ne vont plus être des chercheurs libres".

 

A vue de nez, ça n'a pas l'air plus con.

Par contre, entre notes d'opportunités pour rachat de matériel informatique, ordres de mission et formulaires pour se faire rembourser les tickets de RER, administratifs qui demandent à étudier le programme des congrès pour daigner procéder au remboursement ou vérifient les devis ligne par ligne même pour les marchés publics ou les financements obtenus en propre (et je ne parle pas que pour les appareillages à 100k€), ça fait un moment que la liberté n'est déjà plus une option pour nous...

 

Bref, on se marre bien avec les politiciens professionnels, toujours prompts à défendre leurs intérêts tout en expliquant en parallèle que la situation est grave et qu'il faut se serrer la ceinture.

 

 

 

* ceci à propos d'une proposition de loi bien vite enterrée, consistant à encadrer et imposer les frais de représentations des députés (6400€ brut/mois, une paille - ou, comme le dit Guiano qui n'a pas peur de l'emphase et de faire pleurer dans les chaumières: "Il n’y a pas une seule démocratie au monde où les députés ont aussi peu de moyens pour faire leur travail !").

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 12:55

Voici quelques unes des informations simples que j'essaye de faire passer à mes élèves en cours d'introduction aux polymères (sans grand succès):

 

- Les matériaux polymères sont constitués d'un grand nombre (on va dire typiquement le nombre d'Avogadro, 6.10E23 molécules) de macromolécules. On parle aussi de "chaînes polymères".

- Ces macromolécules sont le plus souvent organiques (base C, H, O, N etc). Ce sont des produits issus la plupart du temps de la synthèse chimique. Certaines (comme par exemple les protéïnes) sont cependant naturelles.

- Comme leur nom l'indique, ces macromolécules sont de grandes molécules, constituées de 1000-10000 atomes (là ou l'eau, par exemple, est constitutée de 3 atomes, l'éthanol de 9).

- Ces grandes molécules ne sont pas constituées d'enchaînements au hasard d'atomes, mais d'"unités de répétition", répétées un grand nombre de fois, et reliées entre elles par des liaisons covalentes. Ceci permet de simplifier la nomenclature, en représentant par exemple le polyéthylène par (CH2-CH2)n où (CH2-CH2) est l'unité de répétition (dérivée de l'éthylène), et n le nombre de fois où cette unité est répétée.

- On peut contrôler le nombre d'unités de répétition par le biais de la méthode de synthèse. Deux polymères avec la même structure chimique en terme d'enchaînements d'atomes (par exemple deux polyéthylènes) mais des nombres d'enchaînements (et par voie de conséquence des tailles de chaînes différentes) conduiront à des matériaux aux propriétés différentes (viscosité, par exemple).

- On ne sait pas faire de synthèse "parfaite", donc on a toujours une distribution du nombre d'unités de répétition (donc de la taille, donc de la masse des objets) autour d'une valeur moyenne. La valeur moyenne, en plus de la largeur de la distribution, influent sur les propriétés du matériau.

- En lien avec leur structure chimique, l'organisation microscopique de la majorité des polymères (dits thermoplastiques) peut être de 2 sortes: désorganisée (ou "amorphe") ou semi-organisée (ou "semi-cristalline"). Un matériau polymère ne peut être totalement cristallin, notamment à cause de la taille des objets agissant comme des "défauts" en terme d'organisation. Il est donc au mieux partiellement organisé ("semi-cristallin" = assemblage de zones "amorphes" et de "zones cristallines").

- Cette organisation implique l'existence d'une température caractéristique (amorphe: température de transition vitreuse Tg) ou de deux températures caractéristiques (semi-cristallin: température de transition vitreuse Tg + température de fusion Tf avec Tf > Tg). La valeur "absolue" de ces températures caractéristiques dépend de chaque polymère, notamment de sa structure chimique.

- Ces températures caractéristiques définissent les conditions de mise en oeuvre des matériaux (par le biais du passage d'un état solide vitreux à liquide visqueux, par exemple), mais aussi leurs propriétés mécaniques (module d'Young, ductilité, etc), notamment en fonction de la température d'utilisation du matériau.

 

Bref, tout ça pour faire comprendre que mon domaine d'études est à la frontière entre:

- la mécanique

- la physique (expérimentale ou théorique)

- la chimie (synthèse)

- la science des matériaux ("engineering")

voire même

- la biologie

 

Des personnes de chaque communauté travaillent sur les polymères et apportent des résultats pertinents.

La gageure est désormais, me semble-t-il, pour les "grands résultats de demain", de réussir à faire collaborer et même dans un premier temps communiquer ces personnes issues de communautés si différentes.

Un mécanicien n'a a priori pas grand chose à faire de la structure chimique ou de l'architecture microscopique de son matériau tant qu'il peut écrire des équations; un physicien va mieux prendre en compte ces aspects mais va faire des calculs approchés type "lois d'échelle" qui déplaieront au mécanicien; le chimiste n'a pas forcément envie de voir des tenseurs chaque matin; le spécialiste des procédés se contrefout le plus souvent de savoir que le produit qu'il utilise n'est pas ultra pur ou de connaître la physique des écoulements dans sa machine. Le biologiste se pose peu de questions liées à la mécanique des objets qu'il étudie.

 

 

Pour ma part, j'ai eu l'occasion au cours de mon cursus de me frotter, de plus où moins près, à presque tous ces aspects.

Inconvénient: j'ai un profil flou, "bâtard", pas forcément conforme aux canons en vigueur où, avec les évaluations AERES, h-index, et autres "critères objectifs d'excellence", on aime bien ranger les gens dans des cases bien définies.

Avantage: je parle un peu tous les langages, donc je peux faire le "tampon" entre différentes communautés, ou en tout cas essayer. Je tente de jouer cette carte, pour l'instant ça ne se passe pas trop mal.

 

Il me semble qu'il n'est que tant de développer cette approche transverse qu'on trouve assez classiquement dans la recherche US, avec les départements "Materials Science" et "Polymer Science", allant de la synthèse chimique jusqu'au "procédé", du microgramme au kilo.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:01

Il est étonnant de voir comme, quand un sujet n'intéresse pas vraiment ni les médias ni le grand public*, la "comm' gouvernementale", si chahutée dans le cas contraire, est relayée sans aucune remise en question.

 

Ainsi, tout le monde ou presque répète à l'envi que "la LRU (autonomie des universités) est l'une des grandes réussites, si ce n'est LA réussite du quinquennat Sarkozy", soit à peu de choses près ce que répètent Pécresse et consorts depuis 5 ans.

Il n'est pas rare d'entendre dans les milieux non autorisés:

"Il a quand même fait des choses bien Sarko"

"Comme quoi par exemple?"

"Ben, la réforme de l'autonomie des universités".

 

Alors, je n'ai pas forcément d'analyse très poussée à proposer moi-même, car je ne vois que le petit bout de ma lorgnette (qui est déjà bien moins réjouissant que ce que l'on pourrait penser).

Mais j'aurais bien aimé que l'on relaie un peu plus la précarité galopante et les problèmes budgétaires graves de certaines petites universités, que l'on s'interroge sur l'impact réel des Bidulex et des grands chantiers, voire même les aspects vraiment positifs, et que l'on fasse une analyse un peu globale ce qui se passe, au lieu de régler en deux mots ce que, pour se donner bonne conscience deux fois par an avant de reparler des partouzes de DSK, l'on décrit comme un enjeu capital pour l'avenir du pays (je parle de la recherche et de l'innovation).

 

Mais il faut dire que les chercheurs sont inaudibles: d'une part parce qu'ils n'ouvrent pas beaucoup spontanément leur gueule (hormis Claude Allègre), et que quand ils le font ce qu'il raconte ne fait pas rêver, ni le journaleux ni le client du café du commerce qui ne voit pas pourquoi ça coûte des sous comme ça le boson de Higgs alors que ça va pas changer la bagnole et qui annone mécaniquement que les chercheurs on en trouve, les trouveurs on en cherche.

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 11:58

Gilles Simon, tennisman suisse français de son état, est au coeur d'une polémique pour avoir déclaré: " L'égalité des salaires hommes-femmes ne marche pas dans le sport. On fournit un spectacle plus attrayant que les filles. Si Rome est devenu un tournoi mixte c'est pour sauver l'épreuve féminine, je me souviens d'une finale qui avait attiré 20

 

Du coup, entre autres joueuses ulcérées, la patronne de la WTA a déclaré "A notre époque j'ai du mal à croire qu'on puisse encore penser comme ça". Quant à l'Equipe dans un article d'aujourd'hui, ils manient l'ironie en disant qu'à ce compte là, il faudrait payer au spectacle proposé ou au nombre de jeux marqués, et qu'on ne s'en sortirait pas.

 

Et pourtant...



Commençons par une précision: je ne suis pas de ceux qui pensent que les sportifs gagnent trop de blé et méritent le lynchage pour ça. Tant qu'il y aura des millions de connards comme moi prêts à dépenser 50 ou 100€ pour aller voir un match, 20€ par mois pour s'abonner aux chaînes diffusant leurs sports préférés, 40€ pour des maillots de leurs équipes favorites, bref, tant que le sport générera des milliards de revenus, je ne vois pas pourquoi les têtes d'affiches qui les génèrent ne croqueraient pas une partie, plutôt faible d'ailleurs, du gâteau.

Et je préfère même que les sportifs touchent le blé plutôt que les agents de joueurs, les présidents homme de paille de clubs ou de fédération, et autres parasites du système pourtant riches à en crever.

 

Je suis d'autre part tout à fait pour l'égalité salariale hommes/femmes, à compétences et fonction équivalentes, et j'admets volontiers que de ce point de vue là, il y a encore du boulot.

 

Mais si l'on se place justement dans une optique purement économique ou capitaliste, reliée si l'on veut à la "fonction" de sportif ou de sportive: il faut reconnaître que le tennis féminin génère infiniment moins de revenus que son pendant masculin. La WTA a des difficultés financières, les sponsors et diffuseurs sont franchement méfiants, le public ne se presse pas aux matchs depuis qu'il n'y a plus vraiment de "stars"*. Le fait qu'elles jouent moins longtemps (2 sets contre 3 dans les Grands Chelems) est finalement anecdotique.

 

Bref, j'ai du mal à comprendre où est le machisme là-dedans: vu que dans le cas présent les femmes ne font "pas le même boulot" en ne "rapportant pas autant", il me semble anormal qu'elles touchent les mêmes revenus.

De même que le mec moyen qui ne passe jamais le 2ème tour en tournoi ne gagnera pas autant que Federer dans sa carrière. Et de même que personne n'a à ce jour trouvé foncièrement illogique que les meilleures footballeuses gagnent 1000 fois moins que leurs homologues masculins alors qu'elles sont nettement plus sympathiques sur et en dehors du terrain (mais qui a déjà été voir ou a déjà regardé un match de L1 féminine?).

 

 

Pour généraliser, j'ai quand même l'impression que l'égalitarisme à tous crins poussent à raconter pas mal de conneries, on le voit aussi dès qu'il est question de parité.

On parle beaucoup en ce moment de l'Assemblée Nationale, qui très clairement reste aujourd'hui un repère d'homme blanc d'âge mûr.

Ok pour le constat, mais faut-il pour autant "imposer" la parité? Est-ce aussi simple que cela?

Imaginons une question similaire dans un laboratoire de recherches en sciences dures, aujourd'hui encore, de façon générale, autre repère d'homme blanc d'âge mur, en tout cas aux postes élevés.

Doit-on imposer la parité dans les recrutements PU ou DR? Mais s'il y a moins de femmes que d'hommes au niveau inférieur, MCF ou CR, cela ne revient-il pas de facto à "avantager" les femmes lors de ces recrutements? Si on impose la parité au niveau MCF/CR, on a le même problème s'il y a plus d'hommes docteurs que de femmes docteurs. Faut-il imposer la parité dans les écoles doctorales? Mais s'il y a moins de femmes que d'hommes en école d'ingénieurs ou à la fac? Etc Etc

 

En conclusion, il me semble qu'une approche top down similaire à l'affirmative action à l'américaine est inappropriée pour toutes ces questions, et qu'une approche bottom up serait plus pertinente.

 

 

 

* il n'y a plus vraiment de rivalités marquantes depuis le déclin des soeurs Williams et la retraite de Justine Hénin, qui étaient déjà loin des Graff Seles ou autres. Aucune numéro 1 mondiale ne s'est imposée sur la durée depuis probablement 5 ans, à tel point que S. Williams à mi-temps et en surpoids ou K. Clijsters revenant de 2 ans d'interruption et 1 grossesse gagne à nouveau des Grands Chelems. Les seules joueuses générant beaucoup de sponsoring, hormis Sharapova qui allie les deux, le sont plus pour leur physique que pour leur palmarès (Wozniacki, par exemple).

spectateurs. Résultat, quand toi tu veux un cours d'entraînement y en a plus".

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 16:09

Petite réflexion rapide de fin de journée:

 

Il y a une tribune publiée dans Libération d'hier, avec laquelle on peut ne pas être d'accord, mais qui énonce néanmoins, me semble-t-il, une vérité intéressante: les vingtenaires et trentenaires d'aujourd'hui n'ont, en général, pas le même rapport à l'entreprise et de façon plus globale au travail que nos parents.

 

On peut trouver plein de raisons à cela, mais l'une d'elles est probablement qu'il est désormais clair pour tout le monde que la "carrière à la papa", 40 ans dans la même crèmerie en arrivant relativement en haut de l'échelle quel que soit le degré d'études initial, ça n'existe plus. Même s'il y a beaucoup de monde que ça n'intéressait pas de toute façon, cela avait un côté rassurant, un peu flatteur aussi, donnant l'impression d'être "quelqu'un", comme avoir la possibilité de devenir propriétaire.

Désormais même les plus qualifiés peuvent être soumis à des périodes de chômedu, délocalisations intempestives et plus généralement accidents de carrière en tout genre.

Les entreprises en jouent souvent et font pression sur leurs salariés (mutations à intervalles réguliers qu'on ne peut pas vraiment refuser, par exemple) et ne semblent plus faire beaucoup d'efforts pour les fidéliser. La mode est plutôt au "si t'es pas content, on a 150 connards prêts à tuer pour prendre ta place ici, et dix fois plus en Roumanie" (même si ce n'est probablement pas dans le milieu des cadres sups, que je connais le mieux, que c'est le plus marqué).

Malgré tout, il semble que dans les cabinets de direction (et donc principalement parmi des gens appartenant à la génération de nos parents), on ait du mal à concevoir que cette évolution du cadre de l'entreprise s'accompagne nécessairement d'un certain "désintéressement": non, les jeunes ne considèrent plus leur gros employeur mondialisé ou leur petite start-up ultra préssurisée comme un substitut familial, et oui, ils ne s'impliquent pas autant qu'eux à leur époque dans les réunions à 19h, les déplacements le week-end, et autres contraintes, qu'on peut être heureux de faire si l'on se sent respecté et utile mais moins si l'on n'a l'impression de n'être qu'un numéro facilement interchangeable.

 

 

On retrouve un phénomène similaire dans la fonction publique. Pour ne parler que de l'Université: quand on instaure la précarité avec plus de 40% de CDDs payés au lance-pierre, que sous couvert d'économies on flique le petit personnel en faisant vérifier par 5 instances différentes chaque mission effectuée ou chaque achat de crayon papier, qu'on dégrade les conditions de travail, du chauffage à l'entretien des amphis, les hautes instances ne devraient pas s'étonner si le "sacerdoce" de la mission de fonction publique n'est plus qu'un vain mot, et que les jeunes enseignants et personnels techniques refusent désormais de résoudre des problèmes (surtout s'il s'agit de se confronter au mécontentement des "usagers") "pour la bonne cause" lorsque cela ne fait pas partie explicitement de leur service ou de leurs attributions.

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 11:20

1: "Ah Monsieur je vous ai bien prévenu qu'il fallait faire attention en remplissant le document de cotutelle, sinon je vais perdre beaucoup de temps pour le relire et vous pour le corriger".

 

"Oui, cela dit, Madame, mon collègue américain, pour remplir sa partie, l'a transmis à un personnel du staff de l'Université dont c'est le métier, alors que moi je ne suis pas juriste".

 

"Ah oui, mais Monsieur, vous comprenez aux Etats-Unis les services sont pléthoriques, nous ce n'est pas notre métier non plus de remplir pour vous ces documents administratifs, nous sommes juste là pour les valider, estimez-vous déjà heureux qu'on les relise".

 

(en fait, le métier de la personne en question semble être, au moins pour partie, de relire le document que j'ai rempli, et de m'envoyer les commentaires pour correction: là où il faudrait 10 minutes pour le faire elle-même, ou 5 pour corriger directement dans le texte mes erreurs, il lui en faut 30 pour relever les erreurs et écrire dans la marge ce qu'il faut mettre à la place. Mais je suis sans doute un béotien).  

 

2: "Monsieur vous n'avez pas mis dans le document le nom du directeur de l'Ecole Doctorale américain"

 

"Euh oui, mais ça n'existe pas là-bas donc je ne risque pas d'y arriver"

 

"Ah mais alors il faut trouver son équivalent"

 

"Certes, mais je n'ai aucune idée de qui c'est"

 

"Eh bien demandez à l'Université Américaine"

 

"Donc je leur demande de trouver qui a la responsabilité équivalente à un concept qui leur est inconnu?"

 

"Exactement" 

 

 

3: "Sinon, le doctorant arrive en septembre, il faudrait que le document soit prêt à ce moment là, donc ça veut dire fin juillet puisqu'après nous sommes en vacances, mais là ça va être difficile car on a beaucoup de choses à faire".

 

4: "Pour remplir ce paragraphe, il faudrait que vous contactiez les relations internationales".

 

 

On sent que la cotutelle est un principe bien rodé.

Le drame est que beaucoup de ces gens sont des docteurs, voire des Professeurs. 

Les deux autres drames sont:

- l'étroitesse d'esprit des administratifs français (même les "reconvertis" qui ont pourtant probablement fait de la recherche à un moment ou à un autre) qui les empêche simplement de concevoir que tous les systèmes du monde ne sont pas exactement identiques au nôtre. Exemple type: la thèse ne dure pas partout 3 ans 0 heures 0 minutes avec suspension automatique du financement à 00h00 le dernier jour.

- que le chercheur français est au service de l'administration de la recherche (au point de devoir remplir lui-même leurs papiers et de pas trop les déranger si possible, ni trop tôt ni trop tard ni pendant les vacances scolaires) et non l'inverse.

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 15:04

Je donne des cours à des étudiants en 2ème année d'IUT, et également à des étudiants de 2ème année d'école d'ingénieurs.

Ce ne sont pas des établissements de grande renommée, surtout en ce qui concerne l'école d'ingénieurs. Les deux cursus sont "cousins" (à savoir que les cours ont lieu sur le même centre, et qu'un tiers au moins des diplômés de l'IUT poursuit dans l'école d'ingénieurs).

 

Il se trouve que ce sont des cours "d'introduction" sur un sujet qui n'est pas forcément au coeur du diplôme et jamais vraiment abordé avant, donc il y a des similitudes assez fortes entre les deux cours, même si celui d'école d'ingénieurs est un poil plus poussé (ne serait-ce que parce qu'il y a environ deux fois plus d'heures). Bref, ça ne casse pas des briques... 

Le cours est accompagné dans les deux cas d'une douzaine d'heures de travaux pratiques.

 

Eh bien, je m'étonne de constater qu'à tous points de vue, les élèves d'IUT sont meilleurs que les élèves ingénieurs:

- sur le plan "théorique", ce n'est globalement pas fameux, mais on peut plus facilement faire appel à des acquis passés (type "chimie de lycée") pour les élèves d'IUT que les pour les futurs ingénieurs. Il me semble aussi que les bac+2 font preuve d'un peu plus de "curiosité intellectuelle" que leurs grands frères un poil lobotomisés.

- sur le plan pratique, là aussi il n'y a pas photo, les élèves d'IUT étant conformes à leur réputation de "débrouillards", habitués à maniper et à prendre l'initiative facilement une fois qu'on leur a expliqué le truc. Alors que les élèves ingénieurs ont souvent un baobab dans la main, n'écoutent et donc ne mémorisent absolument rien, ce qui fait qu'il faut les surveiller en permanence et leur réexpliquer trois fois les choses les plus simples.

 

 

Quelques bases de réflexion pour expliquer ce qui ne semble pas relever de l'évidence:

- les élèves d'IUT ne sont pas encore complètement blasés par les études.

- (liée à la précédente) les élèves ingénieurs arrivés en 2ème année savent qu'à moins de vraiment abuser, ils auront leur diplôme. On est un peu dans le phénomène de "décompression" que mes profs ont probablement ressenti à mon égard à l'époque où j'étais élève ingénieur et qui est assez général (même si ces élèves là ne sont pas passées par les 3 années un peu abrutissantes et éreintantes de la prépa). Toutefois, les cours d'IUT ont lieu en juin de la 2ème année, donc ces élèves là aussi savent qu'ils iront au bout...

- un phénomène du type "nez dans le guidon" qui frapperait les élèves ingénieurs, les rendant insensibles à tout ce qui ne relève pas de l'"utilitaire immédiat", les élèves d'IUT pouvant encore apprécier d'"apprendre" des choses même s'ils s'imaginent qu'elles ne leur sont pas d'une utilité folle.

- on peut aussi invoquer d'éventuels "effets de compensation" qui deviennent de plus en plus fréquents en écoles d'ingénieurs, qui font que l'élève "moyen" visera le 7 à une matière qui l'emmerde parce qu'il sait que s'il a 14 dans la matière pipot d'à côté, type "soutenance d'émerveillement de la découverte de l'entreprise" ou "notions de management pour le conflit relationnel dans un cadre de travail", et qui n'existeraient pas autant à l'IUT. Il faudrait que je me renseigne... en tout cas il est clair qu'un certain nombre de mes élèves ingénieurs vise le 7 et non plus le 10, ce qui n'améliore pas ma moyenne d'exams...

 

L'an prochain, je croiserai pour la première fois en école d'ingénieurs des élèves que j'aurais eu en IUT: ça sera l'occasion de voir s'ils sont devenus plus nuls avec le temps, et d'affiner mes théories...

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