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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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  • Misanthrope optionnellement misogyne et Esprit Universel.

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 10:35

J'ai déjà abordé il y a plus de trois ans la thématique de la traduction, du passage "V.O." "V.F.", donc il y aura peut-être des redites et ou contradictions.

Mais:

- j'ai, comme mes lecteurs, la flemme de me (re)lire.

- je revendique le droit à dire tout et son contraire à 3 ans d'écart comme le premier analyste sportif ou politique venu. 

- le sujet stimule mon intellect (n'ayons pas peur des mots).

- les administratifs et les élèves commençant enfin à partir en vacances, j'ai la paix plus de 7 minutes d'affilée.

 

Aujourd'hui donc, petite tentative de réflexion au travers d'un écrivain aussi majeur que productif, Joyce Carol Oates.

 

En très résumé, Oates a un goût prononcé pour les ambiances ou situations glauques et la violence, psychique et physique.

 

Elle a notamment écrit deux romans où le narrateur est un tueur en série.

L'un, "The triumph of the spider monkey", est inspiré par la vie de Charles Manson, et a été écrit en 1976. L'autre, "Zombie", est sorti en 1995 et se base vaguement sur le personnage de Jeffrey Dahmer, deux des plus célèbres serial killers américains, donc.  

 

J'ai lu le second il y a quelques temps, en anglais. Et le premier dernièrement, cette fois-ci en français.

Si j'avais été scotché par Zombie, prenant, malsain, crédible (pour autant que je puisse imaginer la psyché d'un serial killer), j'ai trouvé The Spider Monkey déroutant et globalement peu accrocheur, notamment du fait d'un style (que j'imagine volontairement) difficilement compréhensible: phrases sans queue ni tête, situations mal explicitées, absence de structure du récit avec sauts temporels, etc.

 

Se peut-il que cette différence de ressenti*, pour deux romans "proches" (même auteur, même thématique, traitement similaire) soit majoritairement dûe à la traduction?

Ou l'un est-il objectivement plus réussi que l'autre, ne serait-ce que parce qu'il y a 20 ans d'écart, et donc d'expérience en plus pour l'auteur, entre les deux (comme entre Lolita et l'Enchanteur - qui n'est guère plus qu'un "premier jet" du roman culte-, de Nabokov)?

 

Pour essayer d'apporter une réponse, il faudrait sans doute que je relise Spider Monkey en version originale. Puis que j'enchaîne avec Zombie, pour une comparaison plus directe. Et que je finisse par Zombie en français pour voir le traitement qui lui a été réservé.

Autant dire que je n'ai pas que ça à foutre.

Et que ce ne serait dans certains cas de toute façon pas envisageable: j'aime beaucoup le caractère onirique, romantique et poétique des romans d'Haruki Murakami, mais je ne vais pas aller apprendre le japonais pour m'assurer de leur qualité originale. Je me contente de remercier son traducteur attitré (Corinne Atlan) pour son travail que j'imagine colossal.

 

On peut cependant évoquer certains aspects qui peuvent rendre la traduction anglais-français difficile.

- le "courant de conscience" où quand l'écriture tente de reproduire la pensée qui vagabonde. Le procédé ne me dérange pas trop en anglais, mais il me semble assez inadapté au français: je pense que c'est parce que l'anglais est une langue peut-être moins riche mais plus malléable, où la différence entre l'écrit et le parlé/pensé est donc moindre. Un roman anglo-saxon écrit "comme on parle" peut être parfaitement naturel. Au contraire, un "français parlé" à l'écrit est toujours, je trouve, quelque peu artificiel.

- l'inverse est probablement aussi vrai: je n'ai pas feuilleté les traductions anglaises de Proust, très respecté outre-Atlantique, mais je me demande comment il est possible de rendre dans une grammaire qui privilégie les phrases courtes et simples de type sujet verbe complément les écrits alambiqués et les phrases de 20 lignes à 6 subordonnées du père Marcel.

- de façon générale, les jeux complexes sur le style, comme ceux que pratiquent Martin Amis, sont probablement une gageure: je n'ai rien compris à Chien Jaune en français, mais mes limitations en anglais font que je n'aurais probablement pas compris plus en version originale. Cela dit, dans le cas d'espèce cela vient peut-être du roman lui-même: il semble que la critique anglaise n'a pas vraiment compris non plus

 

Pour conclure, revenons à nos examples Oatesques:, sans être vraiment dans le cadre du courant de conscience, on lit le récit à la première personne d'un cerveau malade et meurtrier (dans le cas de Zombie, c'est un "journal intime", dans le cas de The Spider Monkey, c'est plus vague: souvenirs, défense lors du procès, récits d'entretiens psychiatriques etc): c'est donc une expérimentation littéraire, où le traducteur va avoir un gros travail pour intuiter et respecter les buts de l'auteur**.

 

 

 

 

 

* Pour le bien de la rhétorique, on négligera ici de façon totalement fantaisiste la probable différence d'état d'esprit du lecteur entre ses deux lectures.

 

** Bref, on n'est pas ici dans la traduction d'un Kay Scarpetta écrit en roue libre par Patricia Cornwell ou dans le tome 158 des oeuvres de Stephen King, où n'importe quel bilingue sachant construire une phrase sera capable de proposer une traduction honorable.

 

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 12:52

- Je dois me faire payer 4,5 heures sup' (!!) par l'école d'ingénieurs de l'établissement, gérée de façon indépendante.

Pour cela, c'est très simple (!! bis), je dois leur envoyer le justificatif de mes heures inspecté, validé et signé par le directeur du département, puis par le directeur du pôle, pour que tout cela soit inspecté, validé et contresigné par la direction de l'école d'ingénieurs.

Pour pouvoir être payé avant août, il fallait à tout prix envoyer cette fiche à l'école d'ingénieurs avant la dernière semaine de juin.

 

Comme pour les recrutements, voila encore une deadline impossible fixée par des administratifs pour qu'eux puissent bénéficier de 4 semaines pour faire un truc qui prend 4 jours. A moins que ça ne vienne de plus haut, par exemple pour réaliser des prêts à taux zéro sur le dos des enseignants-chercheurs...: parce qu'à cette date, nous, enseignants, devions avoir fini nos activités d'enseignement (qui finissent d'après mon calendrier la dernière semaine de juin), tapé notre fiche selon les critères en vigueur (activité oiseuse qui prend une bonne demi-journée), l'avoir fait valider par la secrétaire à l'oeil de lynx qui remarque toutes les virgules qui ne sont pas exactement au bon endroit, fait signer par le directeur du département qui n'est là que 5 jours par mois, contresigner par le directeur de pôle qui n'est là que 2 jours par mois, puis envoyer par courrier à l'école d'ingénieurs.

 

Et donc, ma fiche est, comme prévu, délicatement posée sur le bureau de la secrétaire du directeur de département depuis plus de trois semaines.

En effet, celle-ci, en vérifiant méticuleusement ma fiche, a constaté une incohérence entre une note de service et un tableau récapitulant la comptabilisation des heures envoyés par la DRH en octobre 2010 (oui, visiblement, personne ne s'est rendu compte de rien depuis).

Plutôt que de risquer la boulette et bien que ce point clé ne concernait que 2 heures sur mes 196 annuelles, elle a courageusement enterré le bébé.

A chaque fois que je l'appelais, elle m'expliquait que c'était la faute de la DRH qui faisait rien qu'à pas lui répondre.

J'ai fini par prendre un peu de mon temps pour y passer moi-même en court-circuitant la secrétaire - partant du principe assez bien vérifié que si des gens ne répondent pas aux mails, ils répondront peut-être au téléphone et encore plus si on ne leur laisse pas le choix et s'incruste dans leur bureau- et réglant ainsi, comme je le subodorais, le "problème" en moins de 10 minutes.

Il m'a fallu plus de temps pour convaincre la susmentionnée secrétaire que bon, maintenant, tout roule et est-ce que ça pourrait avancer s'il te plaît (que j'aie fait le boulot à sa place ne semble bizarrement pas l'avoir réjouie).

 

Mais, de toute façon, le directeur de département n'est pas là jusqu'à la semaine prochaine: quand je parviendrai enfin à envoyer tous ces papelards, il n'y aura plus personne dans les bureaux pendant au bas mot cinq semaines... et l'école d'ingénieurs nous a informé que, quoi qu'il en soit, les heures complémentaires demandées après la fin juin ne seraient pas payées avant au mieux le vote du prochain budget, donc probablement à l'horizon automne-hiver 2011-2012.

 

 

 

- J'ai entièrement retapé le site web du labo cette année. Il a été mis en ligne avec l'aval de l'établissement en avril. Depuis, je reçois, pour je ne sais quelle raison, un courrier par mois de la part de plusieurs services dont j'ignorais jusqu'à l'existence, paraphés par diverses personnes toutes plus éminentes les unes que les autres, m'informant (c'est gentil de leur part) qu'un nouveau site web du labo a été crée et mis en ligne, et que le responsable en est Mixlamalice, enseignant-chercheur.

Ces courriers finissent illico à la poubelle dans mes archives, mais le truc con, c'est qu'ils diffusent aussi mon login et mon password pour l'administration du site web. Et qu'à vue de nez, au moins une bonne vingtaine de personnes les a eus sous les yeux... 

Le courrier a fini par revenir dans les mains du service informatique qui gère les sites web, qui, se rendant compte du côté pas très "charte informatique" de l'affaire, m'a donc envoyé un nouveau mot de passe... 

 

 

 

Tout ce petit monde ne se repose donc jamais?

Même quand je crois que je vais pouvoir faire un peu de recherche, ça* m'épuise.

 

 

 

 

 

* Je parle notamment de cette faculté à dépenser des ressources folles en personnel, en temps, et donc en pognon, pour essayer souvent sans succès de régler des situations qui ne sont problématiques que parce qu'on a décidé qu'elles devaient l'être ou pensé, souvent à tort, qu'elles pouvaient l'être.

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 10:09

Le Parisien-Aujourd'hui en France est un très bon journal: c'est le seul quotidien national bâti comme un quotidien régional.

 

Aucune analyse politique/économique/sociale, beaucoup de reportages people ou d'interviews de (semi-)stars, et une grande part consacrée aux faits divers. L'avantage par rapport à un quotidien régional, c'est qu'on n'y trouve que la "perle" des histoires sordides: pas de place pour mamie qui s'est fait voler son sac à Las Planas, on ne fait que dans le cadavre démembré ou le chauffard alcoolique qui tue deux gamins et paralyse le troisième minimum.

 

Bref, dans l'avion ou dans le taxi, c'est bien, ça se lit facilement et vite.

 

En allant sur Toulouse le week-end dernier, je l'ai donc récupéré.

 

C'était le lendemain de l'"agression" de Sarkozy au milieu d'un bain de foule (de deux rangées, comme on le voit dès que la caméra fait un plan large).

 

 

Et là, même dans le Parisien, on n'ose pas croire ce qu'on lit:

"Le profil psychologique d’Hermann Fuster pose également question. Fan de hard rock, souvent vêtu de noir, l’agent municipal est décrit comme très casanier."

 

Je croyais le cliché des "gothiques ténébreux qui égorgent des chats dans les cimetières avant de passer aux vierges puis au Président" éculé depuis les investigations de Karl Zéro dans les années 90, mais visiblement, non.

 

Cette petite phrase a été élue Noix d'Honneur de la semaine par le Canard.

 

Ils auraient pu aussi relever celle-là: "On le sait peu, mais le président a quelques notions d’autodéfense : il a été ceinture marron de judo!"

 

 

 

 

PS: les hardos sont des gens gentils qui respectent la nature. La preuve avec ce programme, le chef black métal végétarien.

 

 

 CUT THE TOFU!! 

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 13:30

J'ai déjà parlé, lorsque j'étais expatrié, de la relation bizarre entre américains et (mal)bouffe.

Sans évoquer nécessairement l'obésité, encore que cela peut contribuer à l'expliquer, j'avais été marqué par l'existence même d'une émission intitulée Man vs Food, de son concept, et de celui des restaurants qu'elle présentait.  

 

 

Cela symbolise, selon moi, plutôt bien, les dérives que peuvent engendrer certains éléments clés de la culture américaine: un sens aigu de la compétition à propos de tout et surtout de n'importe quoi, consommation et "pousse-à-la-consommation" extrême, adulescence globale marquée notamment par l'obsession pour la junk food régressive, et aussi la possibilité de bâtir un business viable sur ces fondations.

A savoir, entre autres, un restaurant où on gagne un T-shirt et sa photo sur un mur si on bouffe le plus gros burger du monde à 50$, où la clientèle se presse pour essayer, quitte à en crever comme dans Seven ou la Grande Bouffe.  

 

Bref, aussi gerbant que fascinant.

 

J'étais donc déjà sensible à cet état de fait, mais malgré tout, ils ont encore réussi à me bluffer.

 

Hier, alors que je consultais le site web de l'équivalent US de l'Equipe, à savoir ESPN, je vois que la "une" est consacrée au vainqueur du concours de Hot Dogs de Coney Island.

 

La preuve:

 

hotdog

 

Un peu comme si l'Equipe ouvrait sur le vainqueur du concours de cri de cochon du Salon de l'Agriculture...

 

En tout cas, ce concours est si fameux que des panneaux publicitaires font le compte à rebours avant le début du prochain:

 

P1020925.JPG

 

Comme le disait le regretté B. Carette, et malgré tout le respect que j'ai pour eux, "sont cons ces ricains".

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 14:19

Histoire de reprendre le pli de la mise à jour, quelques restos.

 

Rien d'exceptionnel, mais du solide. Et une grosse bouse.

 

- Pramil: (75003, métro Arts et Métiers) presqu'un an pour y aller alors que c'est à deux pas de mon taf' et que tout le monde en dit, à intervalles réguliers et depuis pas mal de temps, beaucoup de bien. Sans parler du bibendum gourmand depuis x années. 

Bistrot tenu par M. Pramil, qui est, si je me souviens bien, autodidacte, dans une petite rue assez gourmande (le touristique Ami Louis, un argentin paraît-il honorable, le Vertbois etc) à l'extrême nord du Marais, pas loin de République d'un côté, et de Strasbourg Saint-Denis de l'autre.

 

Donc, un déjeuner rapide avec la formule entrée-plat plat-dessert à 20 euros. 5-6 choix de chaque, il y a de quoi trouver son bonheur.

Un plat terre et mer, Saint-Jacques avec sauce crême et morilles, et des pommes de terre écrasées: beaucoup de goût, bien.

Un dessert tarte aux framboises avec un coulis de poivrons, plutôt subtilement dosé, même si je n'ai toujours pas compris l'intérêt des poivrons dans un dessert: si le mieux que l'on puisse en tirer, c'est de réussir à ne pas trop le sentir, pourquoi diable en mettre?

Le service est avenant, M. Pramil, dont on ne peut pas soupçonner qu'il ne goûte pas ses plats, passe en salle demander si tout s'est bien passé.

Déco neutre, salle au fond assez lumineuse.

Avec un verre de vin et un café, pas loin de 30 euros donc je n'y retournerai pas tous les midis, mais une première approche encourageante qui m'a donné envie d'essayer un soir (menu à 30 euros et peut-être quelques poussières).

 

Dans le registre bistronomique, je dirais que c'est plus une valeur sûre que la nouvelle pépite qui sort des sentiers battus, mais il en faut aussi. 

 

- FL Restaurant: (75007, Ecole Militaire, à deux pas de la rue Saint-Dominique et du Café Constant). Restaurant ouvert fin 2010 par un jeune picard passé par de bonnes maisons.

Le resto n'a pas eu droit aux grands honneurs de la blogosphère, mais il a été bien apprécié par les media traditionnels, de la presse à la télé (Petitrenaud y est passé).

Je crois que c'est un article d'Alain Neyman chez Gilles Pudlowski qui m'a donné envie d'y aller: j'essaie comme vous l'avez remarqué en ce moment de me constituer une petite bibliothèque interne de restaurants à tester dans le 15ème-7ème.

Je profite d'une flemmite aigüe un mercredi soir après être rentré du boulot à presque 20h, et constaté qu'hormis des pâtes, il n'y avait pas l'embarras du choix, pour proposer ce resto à Priscilla, qui se laisse convaincre.

On appelle à 20h pour une "réservation" à 20h30, no problemo. C'est un tout petit restaurant, 20 places environ, à la déco assez passe-partout. Il y a une cuisine ouverte avec le chef-proprio, et visiblement une cuisine en sous-sol où se font les préparations, montées ensuite par un passe-plat.

 

Commençons par l'essentiel: tout est très bon, de la ficelle picarde en entrée (pour ne pas lui rendre hommage, c'est une crêpe jambon fromage champignon) ou de la tarte aux maquereaux (pissaladière revisitée), en passant par un beau morceau de thon ou le cabillaud avec sauce soja, jusqu'au fromage de Picardie musclé et à la tarte au citron.

Un léger bémol sur les accompagnements des plats principaux (bonnes asperges blanches mais dont le mariage avec le thon et une compotée d'oignons ne m'a pas semblé évident, et petite julienne de légumes goûtue mais un peu secos avec le cabillaud).

Les entrées sont à 9-11, les plats entre 17 et 20, les desserts autour de 7.

Carte des vins ramassée avec des prix entre un peu en dessous de 20 et un peu au-dessus de 30.

On s'en tire donc à environ 45 euros pour entrée-plat-dessert et demie bouteille, très honnête.

 

Les bémols: je ne parlerais pas du service, que je trouvais un peu irritant au départ (attention loin d'être uniformément répartie sur toute la clientèle, ce qui a franchement tendance à me brouter), jusqu'à ce que j'apprenne que le serveur, finalement plutôt sympa d'ailleurs, était en fait un pote du chef remplaçant sur le pouce la personne habituelle, indisposée. Du coup, plus facile d'être compréhensif et tolérant: rien de bien grave, en fait.

Néanmoins, on peut mentionner: 

- une localisation, je pense, délicate. Clientèle majoritairement touristique, pas forcément très "foodies", et quartier phagocyté par C. Constant... il me semble que le potentiel serait mieux exploité dans un quartier plus djeun's cadre moyen-sup', 10-11-12, voire 13 ou 14ème. 

- la formule choix unique à 29 euros. Ca me semble d'un intérêt commercialement limité, surtout que ce sont des plats qu'on retrouve à la carte. Celle-ci est déjà plutôt courte (4-5 choix), et les prix sont extrêmement resserrés: on doit osciller entre 32 et 36 euros entre le moins cher et le plus cher pour un repas complet.

Du coup, je trouverais a priori (je ne suis pas marketteux) plus judicieux de foutre tout bonnement un menu-carte à 33 euros: "concept" certes usé jusqu'à la corde, mais quand il n'y a pas mieux, pourquoi s'emmerder?

- le fait de nous avoir foutus sur la table haute au bout du couloir au fond de la salle alors que le resto était vide. Et qu'il n'a jamais été plus qu'à moitié rempli de la soirée. J'imagine que c'était pour se laisser la possibilité de recevoir une table de 6, mais bon, planquer ses 4 seuls clients pendant la moitié de la soirée au fond près des toilettes ne m'apparaît pas un très bon plan: ça ne les incitera pas à revenir, et de dehors, la vision d'une salle vide n'est pas ce qu'il y a de plus motivant pour un client potentiel...

 

Un resto à potentiel, mais qui ne me semble pas encore géré de façon optimale. A suivre, donc.

 

- 7ème Vin: le nanard de la semaine, pardon Papa. (http://www.septiemevin.fr/, Ecole Militaire aussi).

En fait, je souhaitais aller au susmentionné Café Constant, ouvert le dimanche, qui ne prend pas de réservation. Quand on nous informe qu'il faut compter une heure, je réponds qu'on ne les comptera pas, et nous nous mettons en quête d'un plan B.

J'aurais sans doute été plus inspiré de m'arrêter à Gusto Italia, où même au resto créole décati que nous avons croisés.

Hélas, mon père et moi avions repéré un "bistrot à vins" à côté du métro, qui s'est vite révélé une version "Ratatouille" indigeste de ce genre d'endroits, un peu comme le Vin qui Danse, mais en peut-être pire.

On a droit à tous les clichés du genre: tables en bois, poutres et briques, nappes à carreaux pour ceux qui mangent dehors, grosses ardoises que le serveur trimbale de table en table sans jamais savoir où les poser, etc. Disons que ce n'est pas nécessairement rédhibitoire, mais quand le repas est raté, ça aggrave la situation.

 

Clientèle 100% anglophone: ce ne serait pas grave si ça ne rendait pas le service déplorable pour les "locaux": les deux serveurs attendant probablement de larges pourliches des Amerloques fortunés du 7ème, nous fûmes tout le repas durant la 7ème roue du carrosse. Servis 3 plombes après les autres, mon père bousculé toutes les deux minutes pour laisser le passage, serveur à la rue qui ne nous écoutait même pas pendant la commande, me rabrouant que je lui suggère qu'il a l'air de s'être trompé dans ses notes, revenant deux minutes plus tard "ouais y a une erreur", etc.

Résultat, pour ne pas déroger à notre réputation de radins, et comme ça m'arrive probablement 2 fois par an en moyenne, je n'ai pas laissé un centime de pourboire, petite satisfaction mesquine mais on fait ce qu'on peut.

 

Niveau bouffe, c'est assez inégal. Rien de proprement scandaleux, mais ça s'effondre largement au cours du repas et c'est bien entendu beaucoup trop cher. Les entrées ne sont pas mal, en tout cas pour les oeufs meurette et les harengs marinés (la tomate mozza n'est pas très bandante). Les plats sont corrects, tartare sans plus (un peu sec en surface, frites pas mal), l'agneau est bon mais découpé de façon dégueulasse et les petits légumes font peine à voir, un peu noirçis, tous mous...

Quant à la tarte aux abricots en dessert, c'est la chose la plus triste qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps: pâte détrempée et mal cuite, abricots eux aussi franchement fatigués... la boule de glace vanille Berthillon ne suffit pas à masquer le désastre. Je regrette presque de ne pas avoir pris de photo.

 

Bilan: 30 euros par tête pour 3 plats, 3 entrées, 2 desserts et une bouteille de Valençay à 18 (la carte des vins fait certes la part belle aux Bordeaux mais m'a semblée mieux foutue que celle du VqD - tous les vins sont de plus disponibles au verre).

Quand on voit qu'il y avait la queue dehors pour bouffer, malgré la terrasse pas trop mal foutue (grand boulevard mais large trottoir), ça donne des idées noires... J'imagine qu'un guide a du le mentionner... shame.

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 17:15

Comme je le disais dans un commentaire, cette maxime était le motto de notre Prof. de "Comm'" en école d'ingénieur.

 

En gros, ça voulait dire "ne racontez pas de bobards, mais sachez vous vendre".

 

Comme à peu près tout le monde à l'époque, je trouvais que c'était du flan, mais après deux ans aux US, je comprends un peu mieux ce qu'il voulait dire.

 

Pour ne parler que de recherche, si vous assistez à une conf' par un Prof. ou un étudiant ricain, si vous visitez un labo US, ou que vous lisez certains papiers dans certaines revues, vous avez toujours l'impression qu'on n'a rien fait de mieux depuis Newton.

Ca devient même assez vite agaçant, quand on y est confronté en permanence, alors qu'en bon français pessimiste de nature, on voit toujours le verre à moitié vide et les manipes qui chient.

J'appelais ça leur côté "vendeur de bagnoles": dynamique, sourire ultra-brite, vocabulaire ronflant ("great", "awesome"...), attitude virile et "ultra-confident", et en même temps un peu pénible au bout d'un moment.

Pénible parce qu'omniprésent, et pas qu'au boulot...

 

car-dealers-launch-green-scheme.jpg

 

Je ne m'y suis jamais vraiment habitué. D'autant plus que je bossais pour un jeune Prof. qui n'a eu sa tenure (synonyme: titularisation) qu'au milieu de mon séjour, et qui donc, aussi brillant qu'il soit, avait coutume d'un peu "survendre" ses résultats, son groupe, son oeuvre, pour le bien de sa carrière.  

 

Et donc, à mon retour, j'ai apprécié le confort d'un discours, honnête aussi, mais moins positif. Ah, qu'il était bon d'entendre parler de manipes "qui n'ont pas marché" ou qui n'avaient pas donné le résultat attendu.

Ah, que j'ai bu les paroles du directeur de mon désormais labo, qui, au moment de mon recrutement, m'a parlé en toute franchise de notre futur mariage de raison...

 

Cela dit, j'ai aussi fini par concevoir qu'il existe un certain nombre de situations où un brin de positivisme peut être de bon aloi: notamment, la deuxième équipe de mon laboratoire a du récemment convaincre une candidate d'accepter le poste de Maître de Conférences, alors qu'elle avait été classée première également ailleurs.

Mon collègue et moi étions conviés, dans la mesure où nous sommes la "caution dynamique" du labo (en tout cas encore pour l'instant).

J'en suis resté comme deux ronds de flan. Entre le directeur du labo et mes collègues, il n'y a quasiment eu que du négatif abordé pendant les 15 premières minutes: difficulté à recruter, "deadwoods", administration tyrannique et incompétente, financements délicats à obtenir, etc. Même mon collègue qui a mentionné l'"avantage d'être à Paris" a parlé des inconvénients de la vie parisienne plusieurs minutes avant d'aborder le caractère facilité de certaines collaborations scientifiques...

Voyant le visage de la demoiselle, qui elle n'était pas passée par les US, était visiblement dans le doute et semblait avant tout avoir besoin d'être rassurée (car elle était aussi classée première dans un labo qu'elle connaissait), je me suis senti obligé d'intervenir pour parler des avantages liés à l'enseignement que nous dispensons, public intéressé que l'on suit plusieurs années et avec qui on crée une relation de confiance sur le long terme.

Puis mes collègues ont finalement embrayé, et on a pu passer aussi, cahin-caha, toujours en demi-teinte, à tout l'aspect positif concernant la recherche: 3 recrutements en 3 ans, plus un poste d'ingénieur et un de technicien, une thématique scientifique qui se tient, une assez bonne évaluation de l'AERES, des collaborations qui commencent à être solides, quelques financements qui tombent et la possibilité de recruter des étudiants, et finalement un labo plutôt bien équipé pour sa taille, un rattachement à un laboratoire reconnu à la rentrée, etc.

 

En partant, j'ai dit à mon collègue que j'étais sûr qu'elle ne viendrait pas, qu'on lui avait foutu les jetons et qu'on aurait dû la jouer "à l'américaine". Il a mis un peu de temps à comprendre, avant de me dire qu'on avait été honnêtes: je lui ai répondu que nous n'avions par contre pas été positifs, en abordant trop tard les bonnes choses, alors qu'on l'avait déjà perdue.

Le directeur du labo et les collègues ont, eux, pensé que nous avions fait très bonne impression et se montraient plutôt confiants.

Mais elle n'est pas venue.

Ils continuent à penser que je réécris l'histoire, que nous avons fait au mieux et qu'elle serait de toute façon restée dans son labo.

Peut-être, effectivement.

Mais je continue à penser que nous n'avons absolument pas su nous vendre.

Notre labo part de loin, mais va dans la bonne direction, les progrès accomplis en quelques années sont énormes, et l'avenir est plutôt rose. Je reste persuadé qu'on a largement trop insisté sur le "part de loin", qu'elle n'a retenu que ça, et qu'il fallait commencer par la couleur de l'avenir. 

 

La confiance en soi quasi-culturelle de nos amis outre-Atlantique, issue certainement de trois siècles du concept d'"American Dream" qui a bâti leur nation, ne "s'apprend pas".

D'ailleurs, certains français l'ont, ceux qui comme notre Président kiffent à donf les US... Mais il me semble qu'on peut, en passant un peu de temps avec eux ou chez eux, dans une certaine mesure tenter de s'en imprégner.

 

Histoire d'être positif mais honnête, plutôt qu'honnête mais positif.

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 17:03

Comme beaucoup d'autres choses, le petit milieu de la littérature française contemporaine semble bien sclérosé pour que:

- l'on jase depuis près de 10 ans sur l'insoumission d'A. Robbe-Grillet (le pape du Nouveau Roman dont les oeuvres ont déjà été largement oubliées par le public 5 ans après sa mort) qui fit tout pour ne pas siéger à l'Académie Française où il venait d'être nommé*.

- le Monde ponde une page sur les 15 minutes de retard de F. Weyergans à la même Académie pour sa réception.

- un écrivain soit médiatisé pour sa conduite déplorable plutôt que pour ses écrits: Weyergans a fait jouer des réseaux pendant deux ans pour être nommé à l'Académie, puis, une fois élu, à subitement fait la coquette -ou le rebelle de salon- en retardant de deux ans son intronisation, avant de se permettre d'arriver en retard.

Pathétique, mais l'important est que ça fasse causer dans les journaux et les dîners en ville.

 

Pas étonnant qu'il n'y ait plus que de l'auto-fiction et qu'on ne sache plus qu'écrire sur les partouzes, quand on en est à se tirlipoter le schmilblick entre soi à ce point...

 

http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/06/16/francois-weyergans-en-habit-vert_1537108_3246.html#ens_id=1537109

http://www.liberation.fr/culture/01012343512-trois-hommes-dans-un-fauteuil

 

Le caractère unique de Saint-Germain-des-Prés est probablement ce qui pouvait arriver de mieux à la littérature anglo-saxonne...

 

Heureusement que quelques petits jeunes, Laurent Binet ou Vincent Message par exemple, semblent apporter un petit vent de fraîcheur.  

 

 

* Dans le même style, Paul Valéry s'est sans doute cru très malin en dégommant de façon "subtilement évidente" le prédécesseur de son siège, Anatole France, symbole pour les modernistes du conservatisme littéraire le plus bourgeois, dont il était censé faire l'éloge comme il est de coutume. Quel courage dans l'ironie mordante.
http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=550
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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 10:11

- Dernier cours magistral de l'année hier soir, devant un public en délire de 11 personnes (sur une promo de 35-40 - seul cours de la journée, dernier cours de l'année, examens qui approchent, prof casse-couilles, etc).

Un bien-être relaxant m'a envahi en sortant de la salle pour la dernière fois.

Il me reste quelques TPs à assurer, beaucoup de copies à corriger, quelques jurys, mais le plus dur - cette année où j'ai du préparer tous mes cours en partant de presque 0, avec souvent pas beaucoup plus de 2h d'avance sur les élèves- est derrière moi.

 

- Je me remets aux manipes, je commence à piger ce que je fais et à voir où je veux aller. On est encore bien loin d'une publi, mais je commence à avoir une idée claire de la démarche expérimentale et des résultats qui me manquent pour un jour à nouveau en écrire une. Sur un sujet neuf pour moi, il fallait bien ces 8 mois de tatônnement, surtout en n'étant à la paillasse que deux-trois jours par mois.

 

- L'ANR à laquelle j'ai participé a été classée, mais sur liste complémentaire.

Mes sentiments sont mitigés: pour une "première" dans le joyeux monde de l'écriture de projets pour financements, je suis content d'être dans la "shortlist" (même si mes co-auteurs, vrais moteurs du projet, sont eux loin d'être des puceaux de l'ANR). Ceci d'autant plus que la section Matière Condensée a fait la part belle à la Matière "dure" au détriment de la Matière "molle", hormis quelques projets d'hydro.

Mais il y a aussi l'impression d'échouer à 2 mètres du bol de sangria... Un peu comme celui qui fait 4ème au J.O., par exemple: on est content d'être là, mais on se sent con et déçu aussi. Ambivalence...

Il faut maintenant attendre la décision finale et les rapports des examinateurs, même si l'espoir est visiblement assez mince. Après, il y a paraît-il, comme pour les classements CNRS, une certaine forme d'effet mémoire, donc c'est encourageant pour l'année prochaine.

 

- En tout cas, l'équipe est dans une phase dynamique: il y a des stagiaires, des étudiants extérieurs qui viennent maniper, on recrute un thésard, un ATER, probablement un Prof. Associé... l'ANR a toujours une petite chance de passer, de même qu'un projet européen qui a passé le premier écrêmage. Nous commençons à recevoir des candidatures spontanées pour des post-docs, nous rejoignons un grand labo bien équipé en septembre en tant qu'équipe indépendante, etc.

Tout ça se décante pas mal. Il ne nous reste plus qu'à (bien) publier.

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 09:41

"If you're going to talk the talk, you've got to walk the walk"*.

 

Juillet 2010:

 

 

Emission en direct pompeusement appelée "The Decision", où LeBron James annonce qu'il quitte les Cleveland Cavaliers pour rejoindre le Miami Heat, et déclare notamment "I'm taking my talents to South Beach"**.

 

 

La "Celebration Party" de pré-saison, où les "Tres Amigos" affirmeront qu'ils sont là pour gagner 7 titres***. Et que, comme ils déclenchent l'hystérie partout ils passent, on peut les appeler les Heatles.  

 

Juin 2011:

 

bron-bron.jpg

 

Dallas bat Miami 4-2 en finale NBA.

LeBron James, "monstrueux" quand son équipe dominait dans les tours précédents (Chicago, Boston), se cache dès que ça devient chaud aux deux coins du terrain, refuse les shoots ouverts et adopte un body language digne d'une version testostéronée et tatouée de Richard Gasquet: 8 points de moins en moyenne qu'en saison régulière, 18 points sur les 6 quatrièmes quart-temps de la finale (dont 3 dans le match 6 alors que le match était déjà plié).  

 

Le "King", le "Chosen One", en NBA à 18 ans avec un contrat de 90 millions avec Nike, n'a toujours pas de bague ni montré qu'il avait un tant soit  peu "l'oeil du Tigre". Son indéniable talent de basketteur, associé à un ego d'autant plus hypertrophié qu'il est starifié depuis ses 15 ans, et à un mental de "chicken" (comme Connors disait de Lendl) ne finissent pas de faire causer public et media US.

La psychanalyse à deux sous, s'est, il faut le dire, pas mal muée en sarcasmes goguenards depuis hier, après cette saison grandguignolesque.

Avec élégance, bon joueur, LeBrique a déclaré: "All the people that were rooting me on to fail, at the end of the day they have to wake up tomorrow and have the same life they had before. They have the same personal problems they had today. I’m going to continue to live the way I want to live and continue to do the things that I want with me and my family and be happy with that. They can get a few days or a few months or whatever the case may be on being happy that not only myself, but the Miami Heat not accomplishing their goal. But they’ll have to get back to the real world at some point.”
Comme le dit Jacques Monclar, "il va prendre cher pendant l'été, pépère": ça a déjà commencé.

 

 

 

* grosso modo: "quand on a une grande gueule, il faut assurer derrière".

 

** autre expression sur le point de devenir idiomatique, puisqu'apparemment elle est désormais utilisée par les fans NBA quand ils vont aux gogues démouler un cake, ou alors en tant que métaphore pour "se masturber".

 

*** à propos de cette petite fête toute en finesse, Stan Van Gundy, coach des Orlando Magic, dira en cours de saison:

“I do chuckle a little bit when they sort of complain about the scrutiny when they get. My suggestion would be if you don’t want the scrutiny, you don’t hold a championship celebration before you’ve even practiced together. It’s hard to go out yourself and invite that kind of crowd and celebration and attention, and then when things aren’t going well, sort of bemoan the fact that you’re getting that attention. To me, that doesn’t follow.”

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 13:32

Après mes fameux "conseils aux candidats" aux postes de Maître de Conférences (MC) ou de Chargé de Recherches (CR), billet dont la fréquentation explose entre mars et mai, quelques mots pour ceux qui sont à la recherche d'un poste d'ATER (toujours dans le cas des sciences dures)*.

En effet, je suis en charge du suivi des dossiers pour le recrutement sur le poste d'ATER ouvert au labo, et j'ai donc pu voir en quelques semaines à peu près tout ce qu'il ne fallait pas faire, et en déduire un certain nombre de choses qu'il était bon de faire.

 

Mes conseils peuvent être résumés comme suit, je détaillerai ensuite:

- si vous avez déjà une bonne expérience d'enseignement (typiquement au moins une centaine d'heures), et/ou si vous n'envisagez pas spécifiquement une carrière d'enseignant-chercheur, fuyez ces postes.

- évitez à tout prix d'avoir l'air complètement "clueless" dès le premier contact.

 

Point 1: il faut bien comprendre que dans la majorité des cas, et ce phénomène s'accentue depuis la mise en place de l'AERES et autres, les recrutements d'enseignants-chercheurs sont axés sur la production scientifique du candidat. Il y a probablement encore quelques exceptions dans les petits labos "familiaux", mais dans la plupart des cas, il n'y aura pas photo entre un candidat présentant un CV avec 10 publis et 150h d'enseignements, et un candidat à 2 publis et 500h d'enseignements, même si un "minimum vital" est souvent demandé (typiquement trois années de monitorat, des vacations substantielles ou déjà une année d'ATER).

Pour un poste de CR, c'est clair, l'enseignement ne représente rien d'autre qu'un (tout petit) plus éventuel, et la qualité scientifique est tellement compétitive que faire un ATER revient quasiment à se tirer une balle dans le pied. 

 

Bref, les postes d'ATER, qui impliquent une grosse charge d'enseignement sur un temps réduit et rendent difficile une grosse production scientifique, ne sont, je pense, qu'utiles à ceux qui doivent absolument étoffer leur dossier enseignement dans le cadre d'une candidature à un poste de MC.

Si vous ambitionnez uniquement le CNRS, que vous avez déjà un bagage d'enseignant potable, ou que vous envisagez de postuler à terme dans le privé, optez pour un post-doctorat 100% recherche.

C'est un conseil qu'on m'a donné il y a longtemps déjà, et avec un peu plus d'expérience, j'y adhère totalement: il faut bien prendre conscience qu'"aimer l'enseignement et y consacrer beaucoup de temps" n'est en aucun cas un critère suffisant (ni parfois même nécessaire) pour un recrutement MC**.

Les exceptions acceptables pouvant être pour finir la rédaction de son manuscrit de thèse en évitant de passer par la case chômedu, ou lorsqu'un labo a de grandes chances de recruter l'année d'après et considère donc son recrutement d'ATER comme une espèce de pré-recrutement (c'est notre cas).

 

Point 2: les postes d'ATER étant ce qu'ils sont, à savoir, parlons franchement, globalement assez peu considérés, j'admets que la situation n'est pas toujours facile. Peu ou pas de pub sur les postes, calendrier et procédures de recrutement floues et à géométrie variable, c'est pas le paradis du candidat.

Mais tout de même, quand on fait l'effort d'afficher un profil détaillé, de le transmettre aux sociétés savantes, de fournir des liens vers les pages où la procédure de candidature est explicitée, d'encourager les candidats à nous contacter, on attend au moins qu'ils en fassent la lecture attentive.

Donc:

- les mails qui commencent par "votre thèse (ou votre post-doctorat) m'intéresse" finissent directement à la poubelle (et, si j'étais plus méchant que je ne le suis pour l'instant, contribueraient à discréditer toute candidature future de l'étudiant).

- les mails "candidature-type" avec juste le nom du poste qui change sont à proscrire.

- les candidatures "hors profil" peuvent être appréciées, mais dans une certaine limite: si vous avez fait de la physique théorique, ne candidatez pas sur un poste d'ATER de chimie organique. Si vous sentez que votre profil se situe à la marge, signalez-le d'emblée et indiquez que vous souhaitez élargir vos domaines de compétences. N'attendez pas qu'on vous en fasse la remarque pour vous montrer surpris, et évitez le vieux bluff ridicule du type "non, mais ça je connais, j'ai fait un projet de deux mois en licence sur ces questions". 

- les mails "je candidate" envoyés à l'enseignant-chercheur quand il est clairement indiqué sur la fiche que pour candidater il faut envoyer un dossier à la DRH ne font pas sérieux (même s'il est toujours apprécié de contacter en parallèle directement l'équipe d'accueil, je pense).

- les mails "comment faut-il faire pour candidater?" ou encore "je vous envoie les pièces et je compte sur vous pour les transmettre à qui de droit" quand tout est expliqué dans la pièce jointe, encore moins.

- proposer une visite ou en cas d'impossibilité géographique un contact téléphonique sera toujours apprécié, car montrant un certain intérêt pour le poste: dans ce cas-là, allez jusqu'à consulter le site web du labo et éventuellement jusqu'à lire un ou deux abstracts sur les travaux récents, plutôt que de répondre "pas du tout" quand on vous demande si vous êtes un peu au courant des activités du labo.

- etc

 

Bref, globalement, faites preuve, une fois de plus, de bon sens et ne vous sabordez pas en passant pour le clampin type "j'ai vu de la lumière alors j'ai sonné".

Conseil apparemment stupide, mais qui, s'il est bien suivi, suffit déjà à faire sortir du lot votre candidature: dans mon cas, sur une quinzaine de candidatures, un gros tiers seulement en faisait preuve. Si on rajoute la courtoisie élémentaire et l'adéquation entre le profil du candidat et celui du poste, j'ai déjà probablement mon top 3...

 

 

 

* je vais bien entendu partir du principe qu'une candidature à un poste d'ATER est un choix motivé relevant d'un plan de carrière, et pas uniquement "parce qu'il faut bien manger" ou parce que c'est un moyen de renouveler sa carte de séjour, raisons compréhensibles mais qui rendent l'analyse un poil plus complexe (je peux juste dire qu'à mon avis, c'est toujours une mauvaise idée).

 

** on peut le déplorer et oeuvrer pour ou espérer que cela change, mais c'est un fait.

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