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  • : La vie au labo
  • : Les pensées - j'ose le mot- diverses d'un jeune scientifique ayant obtenu un poste académique à l'Université, après presque trois années en post-doctorat dont deux au fin fond du Massachusetts. Ca parle de science (un peu) mais surtout du "petit monde" de la science. Et aussi, entre autres, de bouffe, de littérature, de musique, d'actualité, etc. Et de ma vie, pas moins intéressante que celle d'un autre.
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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 11:08

Année scolaire même pas finie que commencent déjà les tractations pour les ouvertures (ou plutôt fermetures) d'UE, de formations etc pour l'an prochain.

 

Chaque année, le même cirque, toutes les structures, toutes les strates, nous envoient des tableaux excel imbittables, complètement faux, desquels ils tirent des conclusions définitives sous couvert de "la discussion est ouverte, expliquez-nous pourquoi il faut continuer à dispenser cet enseignement" (sachant que la décision de fermer est à 99% déjà prise).

 

Au bout du 10ème mail en 2 semaines, demandant de réagir sous 1h30 (pour une fois, je n'exagère même pas: reçu à 10h40, réponse attendue "fin de matinée"), j'ai craqué.

 

Voici donc ce que j'ai envoyé avec en copie pas mal de monde (j'enlève les détails trop personnalisants et peu intéressants). 

 

"Bonjour,


J'espère m'exprimer au nom de mes collègues de l'équipe pédagogique

1. Ce qui est écrit concernant ces UE ne correspond en rien à ce qui d'une part ressortait des multiples tableaux précédents ni d'autre part à ce qui avait été discuté et quasiment conclu de visu.

2. Ces UE font partie du cursus proposé et défini par les instances nationales. Elles doivent donc être validées pour obtenir le diplôme. On peut bien sûr les fermer, mais dans ces cas là, autant ne pas laisser les étudiants s'inscrire au diplôme concerné tout court, puisqu'ils ne pourront aller au terme.
On ne peut pas réfléchir par "seuil de fermeture individuel pour une UE", il faut raisonner par diplôme. Si l'UE est obligatoire pour l'obtention d'un diplôme, il faut s'affranchir des seuils. Ou bien on ferme le diplôme. Nous expliquons ceci depuis 4 ans.

3. On nous fait remplir 3 tableaux par semestre, demandant chaque fois les mêmes informations pour diverses entités. Il serait bon que quelqu'un quelque part prenne note de ces tableaux, regroupe et fasse circuler l'information. Si c'est pour nous donner du travail, je pense que nous savons nous occuper autrement, avec des choses plus intellectuellement stimulantes. 

4. Je me propose donc de renvoyer vers la scolarité tout étudiant qui me demanderait des comptes, car ce n'est pas mon rôle de leur expliquer qu'ils n'auront sans doute jamais leur diplôme et ce quel que soit leur niveau.

5. Bref, faites comme vous voulez mais au moins ne faites pas semblant de nous demander notre avis ni des "argumentaires" (qui sont toujours les mêmes de semaine en semaine). Ni de devoir réagir en 1h30. Je le fais cette fois sous le coup de l'émotion, mais c'est la dernière fois. "Je m'en lave les mains".

Cordialement

"

 

Au bout d'un moment, ça suffit, de devoir "supplier" pour pouvoir faire ce pour quoi on est, finalement, payé et pour lequel on a quand même à la base été recruté de façon assez compétitive.

Il faudra aussi qu'on m'explique, une fois que tout sera fermé et que, puisqu'en tout cas aujourd'hui les licenciements "économiques" dans la fonction publique ne sont pas à l'ordre du jour, on sera payé à ne rien faire (pour la partie enseignement), où seront les dites économies. Dit autrement, la notion de rentabilité financière dans le cadre d'un service public me laisse songeur, mais je dois être bête et/ou très naïf.

 

 

Ah, et on m'a quand même répondu: "Une analyse associée à la pérennité du diplôme dans son état actuel devrait être peut-être envisagée."

Sur Twitter, j'aurais rajouté le hashtag NoShitSherlock. Mais ça reflète bien, je pense, la "vision" de la sphère dirigeante. Qu'on ne vienne donc pas me pipoter à la "let the police do the job, la prospective on maîtrise".

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 14:04

J'ai très vaguement suivi hier, grâce aux tweets de @titechofie et @TotoroInParis et au lien radio de @b_abk6, les débats du comité national de la recherche scientifique (CoNRS) réuni en plénière pour discuter de la crise de l'emploi scientifique et de moyens d'actions éventuels (initiative qui me semblait aussi nécessaire que bien venue).

 

J'ai lu (via @lazette) le texte adopté par le comité et transmis au ministère.

 

C'est toujours une gageure de faire une synthèse rigoureuse et consensuelle d'une situation extrêmement complexe et de solutions potentiellement multiples. 

 

Donc, first and foremost, je précise que je suis globalement d'accord sur le constat, sur la nécessité d'essayer de faire quelque chose (même si ma posture personnelle est plutôt celle d'un nihiliste).

 

Quant aux propositions, mon coeur balance*, voici rapidement pourquoi:

- le CoNRS demande la création de "plusieurs milliers de postes" dans la recherche publique. Le texte fait bien soin de mentionner ingénieurs et techniciens, mais bon, je crois qu'on pensait plus aux chercheurs et enseignants-chercheurs (c'est quand même principalement d'eux dont on parle quand on mentionne la pression de sélection et l'envol de l'âge des recrutés). 

Plusieurs milliers de postes est un peu vague. Dans la suite, on lit "1% du CIR = 1000 postes". Je ne sais pas s'il y a eu un calcul un peu sérieux effectué, m'est avis que ça ressemble à du bon gros coin de table.

Démonstration: 1% du CIR ~ 50M€. 1 poste ~ 50k€ brut chargé/an.

Ca m'interpelle dans la mesure où cela suppose quand même que le montant actuel du CIR est "éternel" (parce qu'un poste permanent, c'est pas qu'un an, c'est 40). Même s'il est actuellement "sanctuarisé", cela me semble malgré tout une hypothèse forte. Mais soit.

Il faut quand même donner quelques chiffres: on diplôme en gros 10000 docteurs/an, toutes disciplines confondues.

Cette année, entre les postes MCF et CNRS, on est à 1700 recrutements de chercheurs et enseignants-chercheurs. Il faut rajouter les autres EPST (~100 à l'INSERM, 40 à l'INRA, ~20 à l'INRIA...) et on pourrait discuter de la pertinence de rajouter des EPIC, Pasteur etc. Il faudrait aussi probablement rajouter les postes d'ingénieurs de recherche qui ne concernent guère plus que des docteurs aujourd'hui.

Bon, en gros, on doit être à 2000 postes de docteurs dans la recherche publique**.

Comme je l'avais souligné, on devait être à pas loin de 2500 il y a moins de 5 ans (localisation du pic des départs en retraite des baby-boomers), ce qui confirme bien la préoccupation du CoNRS.

Cela dit, je ne suis pas complètement convaincu que le malfonctionnement de l'ESR ne soit que le fruit d'une pénurie de postes, finalement assez récente. Je suis par contre complètement persuadé qu'il y a des efforts importants de restructuration à faire: le CoNRS en parle, même si son exemple concernant les investissements d'avenir me semble très mineur vis-à-vis de ce qui devrait être fait dans le cadre d'un choc de simplification.

De plus, il n'est pas clair pour moi que le public doit absorber beaucoup plus de 25% des docteurs "produits"***.

Quelle est cette proportion à l'étranger, par exemple? Sous-entendre que le public doit absorber une très large partie des docteurs ne viendrait-il, dans un effet de balancier mal évalué, pas renforcer les "préjugés" du privé vis-à-vis de ces diplômés? 

 

- Ce qui m'amène à mon deuxième point: un pote encore plus cynique (et probablement encore plus de mauvaise foi consciente) que moi, qui bosse dans une grosse boîte faisant pas mal de R&D (et d'aussi loin que je puisse juger, plutôt de la bonne), défendait un soir assez fortement le CIR. 

Il m'expliquait notamment que si le CIR cessait, probablement qu'une bonne partie de l'activité recherche de sa boîte cesserait aussi, en tout cas en France. 

On buvait des bières alors, même s'il suffit que l'un dise blanc pour que l'autre dise noir, on n'est pas allé très loin dans la discussion. Quoi qu'il en soit il me semble étonnant (je suis soit trop coco, soit trop libéral, je ne sais plus) qu'un groupe mondial ait besoin de subventions de l'Etat pour faire ce qu'elle devrait faire anyway. D'autant plus que, de ce que je m'étais laissé dire, le chercheur R&D français bossant en France était plutôt moins cher que dans pas mal d'autres pays développés (ce qui n'est pas le cas des ouvriers/techniciens: si les usines ferment, le "high tech" ne se porte pas si mal).

Alors, tous les "défauts" du CIR sont largement énumérés dans la communauté des chercheurs du public: son coût qui a fait quelque chose comme x30 en 10 ou 15 ans si je ne m'abuse, l'absence de contrôle sur l'utilisation des crédits ayant induit tout un business parallèle d'optimisation fiscale, de boîtes de conseils etc****, la relative complexité des mécanismes faisant qu'il finance largement plus les "gros groupes monopoles ronronnants qui n'ont pas besoin de ça" que les "petites start-ups qui font la vraie innovation", corrélation avec les indicateurs de l'innovation peu clairs...

Il y a néanmoins une contribution du CIR que je trouve intéressante et qui rejoint ce dont je parle plus haut: celle qui incite les entreprises à embaucher en CDI des jeunes docteurs (par jeune, on entend 1er CDI: ainsi, Priscilla a pu en bénéficier malgré quelques années de contrats post-doctoraux divers après sa thèse) en les finançant intégralement pendant 2 ans

La encore, probablement que Total, Saint-Gobain, Michelin, et consorts, devraient pouvoir faire sans, mais ça me semble un très bon mécanisme pour les start-ups et PME.

Bref, le CIR mériterait probablement une remise en cause assez profonde, mais on y trouve des choses pas mal qui me semblent oeuvrer pour une revalorisation du doctorat en France et plus pertinentes que doubler les postes de MCF.

 

 

 

* Le texte manque de détails, donc je ne sais pas si je suis en désaccord ou en accord "masqué". Et puis, je suis en pleine réflexion avec moi-même, d'où l'écriture de ce billet, ça m'aide toujours.

** Il faut noter que pour les postes de MCF, 15% des recrutés sont étrangers. C'est plutôt autour d'1/3 au CNRS si ma mémoire est bonne.

*** Même si je simplifie en ne tenant pas compte de flux pluriannuels, mais bon, on fait ce qu'on peut.

**** "faire réparer la photocopieuse par le cir" est un cliché dont j'ignore la véracité, ne serait-ce que partielle, mais qui revient souvent.

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 17:24

L'une des principales raisons du reconduction de Fioraso à la tête du secrétariat d'Etat à l'Enseignement Supérieur et la Recherche, serait, selon des propos que l'on prête à Hollande, d'avoir mené quelques réformes tout en réussissant à "ne pas mettre pas les chercheurs dans la rue".

 

Certes, après 2 ans de mandat Hollande, c'est presqu'un exploit, mais je m'étonne que cela suffise à symboliser une réussite, tant il me semble que la population des chercheurs, peu syndiquée (les principaux efforts des syndicats universitaires concernent surtout les personnels des catégories B et C), n'est pas particulièrement adepte de ce genre de moyens de revendications.

 

Il n'y a guère eu, si je me souviens bien, que le mouvement assez spontané de 2004 (ayant contribué à placer l'organisation Sauvons la Recherche sur le devant de la scène, organisation peu politisée au départ avant de quasi-disparaître médiatiquement tout en devenant un beau moyen de promotion sociale pour ses meneurs).

 

Il y a eu quelques actions en 2007, mais surtout en 2009, d'assez forts et longs (quasiment un semestre, je crois, mais je n'étais pas sur le territoire à ce moment) blocages dans beaucoup d'universités au sujet de la loi Pécresse.

 

Bref, pas de quoi vraiment avoir peur de nous, et ce d'autant plus quand on voit les résultats, par exemple de la ronde infinie des obstinés.

 

Les universitaires sont des gens qui s'expriment (tribunes régulières personnelles ou de groupes plus ou moins organisés), souvent ai-je l'impression de façon relativement réfléchie (un biais professionnel assez général est d'au moins apprécier le factuel), mais on ne peut pas dire que les "rapports de force" soient leur point fort.

Finalement, en réunissant 12000 noms dans la pétition contre sa reconduction, Fioraso a quand même largement plus "fédéré" contre elle que d'autres grands noms du ministère, comme par exemple Wauquiez...

 

Alors, d'où nous vient cette réputation d'"agitateurs", que je vois ressurgir périodiquement même chez certains collègues? Y a-t-il quelque chose qui m'échappe?

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 08:05

Ce déjeuner à l'Arpège (84 rue de Varenne, 75007 Paris, à côté du musée Rodin, métro Varenne, site web) a eu lieu lors de l'un des sympathiques ponts du mois de mai, dont Priscilla et moi profitâmes pour fêter mon anniversaire.

 

Alain Passard n'est pas un perdreau de la veille, puisque cela fait près de 30 ans qu'il dirige l'Arpège et près de 20 que celui-ci à 3 étoiles au guide Michelin.

Toutefois, le mouvement locavore et la mouvance parisienne des néo-bistrots de chefs hipsters, à base de menu du marché au fil des saisons et de légumes oubliés cuits à basse température, lui ont donné un large supplément de visibilité au cours des dernières années, tant il apparait comme le précurseur, le pape, ou le mentor de cette plus si nouvelle vague. En effet, cela fait presque 15 ans que Passard propose une cuisine quasi-végétarienne, basé sur les légumes de ses propres jardins.

Bref, aujourd'hui, pour ouvrir son bistrot chic à Paris, il vaut certainement mieux sur son CV avoir épluché les patates chez Passard qu'avoir été chef de partie chez Bocuse. Consensus qui est en fait un amusant retournement, car au milieu des années 2000, aux débuts de sa "reconversion thématique", le maintien des 3 macarons était plutôt controversé.

 

A 12h pile, nous sommes la 2ème table à nous installer, 2 touristes chinois sont visiblement là depuis un petit moment. Plusieurs personnes nous suivent dans la foulée, le restaurant sera définitivement plein vers 13h. Clientèle assez éclectique, pas mal de couples jeunes ou moins jeunes, quelques familles, touristes, et assez peu de "déjeuners d'affaire", globalement plus de jeans chemisettes que de costards cravates.

Première chose à remarquer, la salle, d'une petite cinquantaine de couverts (plus une salle ou un salon en sous-sol, visiblement) est franchement banale. Clairement, par rapport aux 4 ou 5 autres 3 étoiles testés, ça "casse les codes" (même l'Astrance, qui ne pousse pas loin le décorum, me semble substantiellement plus chic). La moquette beige mériterait d'être changée, l'éclairage n'est pas optimal (j'ai eu le soleil dans la gueule une bonne partie du repas), et l'espace est très optimisé pour ce genre d'endroit.

 

Le menu déjeuner est à 140€, en proie à une augmentation assez régulière (120 en 2010, 130 en 2011...). A la carte et pour les menus du soir/dégustation, on est bien entendu comme dans tous les 3 étoiles parisiens autour de 300, c'est encore hors de question en ce qui me concerne.

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas regardé la carte des vins, épaisse, je n'en dirai donc rien, et me suis contenté d'un verre. Les choix au verre sont minimalistes (3 blancs, 3 rouges), et piquent un peu les yeux: mon verre de Savennières Domaine aux Moines 2011 était à 17 ou 18€, le prix caviste pour la bouteille étant autour de 15, et le verre pas spécialement généreusement rempli. Par rapport au prix propriété, on doit taper dans le coefficient 8-10. Il y aurait des progrès à faire de ce côté là.

 

Le menu déjeuner annonce sobrement 4 "entrées" végétariennes, 4 "plats" dont 1 poisson, 2 végétariens et 1 viande, et 2 desserts. Il y aura en fait 5 assiettes supplémentaires, sortes de "créations spontanées du jour" du chef, servies à toutes les tables en interrompant le déroulement "classique" du repas.  

 

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Après des petites tartelettes aux légumes, on commence par un sushi de betterave (plat qui ne sera pas servi aux tables arrivées après nous m'a-t-il semblé, remplacé au cours du repas par un vol au vent de légumes du jour).

 

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Ravioles potagères multicolores, consommé de petits pois: hyper parfumées, ayant chacune un goût différent, excellent.

 

Suit l'asperge blanche parfumée au laurier, oseille, que j'ai oubliée de photographier.

 

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Epinards palco fanés au beurre noisette, carotte à l'orange, citron confit. Mélange étonnant, subtil, et bien maîtrisé, manque un peu de "consistance" peut-être (le fameux fondant-croquant).

 

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Premier extra: potage foin/ail, mousse au speck (si je me souviens bien). Ca ne fait pas rêver dit comme ça, mais c'est une tuerie.

 

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Deuxième extra: un petit taboulé revisité bien sympa.

 

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Pommes de terre nouvelles au Côtes du Jura, pois gourmands (la version "chic" de ce plat, dans les autres menus, est au vin jaune). Comme quoi, il y a de la noblesse dans les patates.

 

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Troisième extra qui est visiblement un classique: tartare de betteraves au raifort/frites. Ca rappelle beaucoup un plat russe, le hareng en fourrure, sans hareng bien sûr. Ca fait beaucoup de betterave pour moi qui ne suis pas fan, mais c'est quand même pas mal.

 

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Quatrième extra: pizza de légumes (plutôt une sorte de brioche en fait) et tapenade, présentée entière à toutes les tables avant d'être ramenée en cuisine et découpée. Après les premiers plats "asiatisants" (les ravioles), le détour par la russie, on migre en Provence, encore une fois avec beaucoup de personnalité et de goût.

 

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Filet de sole de Lorient à la verveine, chou de printemps. Beau mariage un peu terre-mer, rustique et subtil, petite touche de verveine bien pensée.

 

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Cinquième extra: minestrone de légumes. On part en Italie, c'est frais, croquant, goûteux, probablement plus convenu, malgré les petits dés de chorizo pour la coloration internationale.

 

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Un autre plat signature, la jardinière arlequin et merguez végétale. Un couscous revisité, quoi. Très léger, en fait, et comme toujours beaucoup de saveurs bien intégrées.

 

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Parce qu'on a pas assez mangé, on termine par un cochon de lait farci et rôti, parfumé à la sauge, avec une mousse de brocoli. La aussi, peut-être plus convenu, mais très bon.

 

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Le dessert, millefeuille à la rhubarbe, est massif mais beaucoup plus léger que prévu. A cela, on ajoute un petit pot de crème aux pousses de pin, et plusieurs mignardises dont la fameuse tarte aux pommes, un chou à la crème etc.

 

Bilan, tout de même, 4h passées à table: comme d'autres, j'ai trouvé les desserts plutôt moins intéressants. Le reste est assez incroyable: il n'y a pas de plats qui ressortent spécifiquement, mais c'est surtout parce que le "niveau moyen" est assez exceptionnel.

C'est hyper créatif, et bien qu'on puisse éventuellement sentir la filiation, il n'y a je trouve rien de comparable avec ces assiettes devenues en peu d'années très convenues et aujourd'hui dupliquées de Paris à Copenhague (vous me direz à raison que ce n'est pas le même prix non plus: addition à 160€ avec eau minérale et café/infusion, environ 180-200€ avec un ou deux verres de vin ou peut-être une bouteille "premier prix" pour deux).

Revenons à notre repas: il y a des moments où ça s'enchaîne vite, des respirations bienvenues d'une demi-heure (on n'a pas beaucoup mangé le soir, mais finalement la quantité impressionnante passe plutôt bien). Le repas est déstructuré par rapport à ce qui est annoncé sur la carte, probablement pour faire sortir des assiettes similaires en même temps: chaque table a donc son ordre et son timing propre, ce qui ne doit pas être toujours facile à gérer pour la brigade.

Quelques mots sur le service: il maîtrise bien son sujet, peut-être un peu laconique (peu de communication au-delà de l'annonce des plats), mais l'exiguïté de la salle fait qu'ils ont tendance à se marcher un peu sur les pieds. 

Enfin, Alain Passard, qui porte beau, fait son petit tour de salle vers 15h, avec un gentil mot un peu barré pour tout le monde. J'avais entendu quelques réserves sur son comportement, parfois, mais rien de ça ici, la classe.

 

 

Petite conclusion "philosophique": 

Je reviens à mon expression "casser les codes". L'Arpège s'affranchit de presque tout ce que j'ai pu voir dans les autres 2 ou 3 étoiles. En fait, on n'est quasiment plus dans le cadre d'un repas, il s'agit d'une expérience. 

Du coup, si j'étais très riche ou faisais des affaires, et étais disposé à peser 150 kilos, autant je pourrais m'imaginer déjeuner chez Savoy ou au Ritz régulièrement (on est dans le luxe, mais avec un cadre et une structure bien connus), autant je ne pense pas que je pourrais aller à l'Arpège ne serait-ce qu'une fois par saison. On nous a demandé au début du repas si nous avions des contraintes horaires, mais au vu du déroulement du repas je ne vois vraiment pas l'intérêt d'y aller pour becqueter en 1h30.

Il y a un côté un peu "hystérique", dans cette "création" permanente (ça joue beaucoup sur le côté "atelier d'artiste"), dans ce ballet frénétique de serveurs au sein d'un espace serré pour tenter de garder le contact avec ce que produit le chef, dans ce "désordre maîtrisé sur le fil", qui fait qu'on ressort ravi mais quelque part un peu lessivé, dans un état beaucoup moins voluptueux que dans les autres grands restaurants que j'ai pu fréquenter.

Par contre, n'étant pas riche au point d'aller plus d'une fois par saison dans un gastronomique, c'est paradoxalement l'Arpège qui me ferait le plus hésiter entre y retourner (à une autre saison, pour voir ce que Passard peut faire en été, en automne, voire en hiver) ou découvrir une nouvelle maison. Un tour de force, car mon logiciel personnel me pousse plutôt vers la nouveauté que vers la répétition.

Bref, d'ici un an ou deux, le temps de se remettre, il est probable, si Dieu veut, qu'I'll be back.

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 09:09

Aujourd'hui, c'est la deadline des remplissages de dossier  PEDR, PES , PEDR (prime d'encadrement doctoral et de recherche, anciennement prime d'excellence scientifique mais le terme excellence était pour certains trop connoté droite méchante, plus sérieusement avait, en terme de communication, ce petit côté déplaisant très copéiste que le monde se divise en quelques excellents et une très large majorité de nullos. La réalité est souvent, heureusement ou malheureusement, un peu plus complexe).

 

Comme l'a dit Rachel, le dossier était une fois n'est pas coutume plutôt simple, très calqué sur celui de la PES d'ailleurs. Le document CV modèle a un peu changé sur la forme, quasiment pas sur le fond, bref, tout change mais rien ne change. 

 

Là n'est pas la question (même si j'ai enfin pris la décision de le remplir de façon exhaustive, afin qu'en cas d'échec - dont la probabilité est d'environ 100%*- cela aille au moins vite la prochaine fois).

 

Ce qui m'étonne, c'est que dans les 4 grandes cases (production, encadrement, rayonnement, responsabilités) telles que ma section CNU veut que je les remplisse, les activités d'"encadrement" ou de "direction scientifique" des chercheurs post-doctorants n'apparaissent nulle part. 

 

On m'explique que, le chercheur contractuel étant Docteur, il ne s'agit plus de "formation à la recherche" et donc que cela ne rentre pas dans la case "encadrement". 

Ok, why not, à vrai dire je serais plutôt d'accord. 

Mais je trouve quand même étrange qu'il n'y ait aucune "case" dans le dossier prévue à cet effet. Si "encadrement" ne convient pas, on peut appeler ça "direction" ou "management" ou que sais-je, il n'empêche qu'il s'agit, je trouve, d'un critère important d'évaluation. 

Ainsi, trouver 2.5k€ et parfois un bout d'idée pour recruter un M2 Recherche est comptabilisé dans l'excellence**, alors que réussir à financer un projet à hauteur de 100k€ pour recruter un chercheur en CDD pendant 2 ans ne compte pas. Ou plutôt si (on peut mettre dans les responsabilités le fait d'être partenaire responsable ANR, coordinateur d'un projet européen, etc), mais on considère alors que le seul mérite est d'avoir dégoté le fric.

Ensuite, avec le pèze, probablement qu'on recrute un type qui fait sa vie comme il veut, sans aucune interaction avec celui qui le paye?

 

Cela m'étonne d'autant plus qu'on m'explique que la thèse est un "vrai travail", donc que l'"encadrant" n'est après tout qu'un collègue/supérieur hiérarchique dont le rôle de formateur n'est pas différent de celui de tout salarié dans le privé vis-à-vis d'un nouvel arrivant. 

Du coup, je vois encore moins bien la différence dans l'"encadrement" d'un post-doctorant par rapport à celui d'un doctorant: on est le "supérieur hiérarchique", le "chef de projet" qui amène la thune, la gère, et est chargé de mener le projet à bien ou tout au moins de le faire avancer.

Bref, si l'un est symbole d'excellence, j'ai du mal à comprendre en quoi l'autre ne l'est pas. 

 

Et puis, pour revenir à mon exemple d'encadrement de Master Recherche: il est assez rare de voir sa "carrière scientifique" brisée parce qu'on a fait un stage de M2 dont le sujet était mal pensé et qui n'a pas conduit à des résultats transcendants ou une publication. Le pire, souvent, c'est d'avoir 13 au lieu de 16 en note de stage.

Un projet foireux pour un post-doctorant, eg 2 ans où il n'y a pas de résultats, pas de publications, c'est généralement la fin dans l'optique d'un poste dans le public (qui est aujourd'hui, à part l'envie de découvrir le monde et l'alternative au chômage, la seule bonne raison de faire un post-doc).

Donc, en tant que "responsable hiérarchique", on a quand même une obligation de résultats: celle de publier ou faire publier, d'envoyer le post-doc en conférence pour qu'il puisse réseauter, de le recommander aux collègues, d'essayer de l'aider à trouver un emploi, pour ses candidatures etc. Et puis, scientifiquement, de lui apprendre des trucs nouveaux qui pourront lui servir et qu'il pourra valoriser: bien sûr, on peut recruter un post-doctorant pour ce qu'il a déjà fait, mais l'idée que j'avais, moi, en tant que post-doc, et qui est je pense la plus raisonnable, c'était de faire une post-formation (on appelle ça "reconversion thématique"), pas de refaire mon sujet de thèse pour un autre boss.

 

Je trouve donc étrange, ou plutôt paradoxal, que dans un système où on promeut l'excellence individuelle et où on cherche donc à valoriser des "chefs de groupe à l'américaine" et pour prendre un exemple bête, il soit mieux considéré d'encadrer 1 thésard et 3 stagiaires de M2 que d'avoir dans son groupe 1 thésard et 3 post-docs.

 

 

 

* la couleur est annoncée: dans la case encadrement, ne comptent que les thèses soutenues. Les thèses non encore soutenues sont un facteur d'appréciation. Les M2 comptent avec un ratio 0.3 par rapport à une thèse. A priori, pour ne pas avoir C, il faut au moins 1 thèse soutenue dans les 4 ans encadrée à 100% ou tout autre combinaison équivalente (4 stages de M2 à 100%, 2 stages de M2 à 100% et 1 thèse soutenue encadrée à 50%). Bref, pour les non-HDR qui ne peuvent pas encadrer de thèse à plus de 80% dans certaines écoles doctorales, 70% dans la mienne, ou 50% dans d'autres, autant dire que le C est vite arrivé (et est quasiment inévitable pendant les 4 ou 5 premières années de fonction), et devrait me concerner.

 

** il faut expliquer que quand on est dans un labo dont les enseignants gèrent tout ou partie un master recherche, on recrute facilement, même parfois sans le vouloir ("j'ai trois étudiants qui galèrent pour un stage, vous en voulez pas un?" "j'ai pas de sujet, pas de temps" "mais on s'en fout!" "j'ai pas d'argent" "c'est bon, je te le paye sur un reliquat" - je caricature mais pas tant que ça).

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 17:29

D'un côté, mon établissement nous (les enseignants-chercheurs) explique que l'activité minimale, pour obtenir des postes, en enseignement est de 192hed devant élèves. Autrement dit, toutes les activités d'enseignement autres, rebaptisées sous le vocable référentiel (jurys, responsabilités de diplômes, tutorat, direction de laboratoire, création de cours ou de formations...) n'est prise en compte qu'une fois les 192hed devant élèves effectuées.

Ainsi  on vient de sucrer dans notre équipe pédagogique 1.5 ETP en 3 ans (sur un total d'environ 10) alors que nous sommes en moyenne à plus de 250HED/an/EC MAIS environ 180 HED devant élèves et le reste en responsabilités diverses (nous sommes très impliqués dans diverses formations par apprentissage, dont un master, qui génère pas mal d'"activités de référentiel") pour lesquelles nous ne faisons strictement qu'appliquer les barêmes qui nous été soumis. On nous le justifie en nous disant que "nous ne faisons pas notre service".* 

 

Dans le même temps, on nous explique qu'il est normal que les services gestionnaires de nos conventions de recherche soient fermés 3 mois dans l'année, qu'on ait     besoin de 3 mois pour signer une convention de stage ou faire un contrat pour un post-doctorant, ou encore qu'on ait absolument besoin d'un RIB pour passer une commande à l'étranger ou qu'il soit impossible de faire un bon de commande prévisionnel chez Sigma ou VWR pour pallier les 3 mois de fermeture. J'en passe et des meilleures, comme le fait qu'aucun nouvel arrivant MCF n'ait droit à une quelconque décharge d'enseignement, par exemple.

 

Et pourtant, en parallèle, nous recevons des messages enflammés nous expliquant à quel point la recherche est prioritaire aux yeux de la direction, nous poussant à demander des primes d'excellence (ou dite "d'encadrement doctoral" aujourd'hui), s'insurgeant de l'auto-censure des personnels, mais aussi du faible taux de réussite des rares déposants**, ce qui impacte les évaluations de l'établissement par les instances. On nous explique aussi que des personnalités très importantes montent au créneau pour faire bouger des critères d'évaluation peu adaptés aux spécificités de notre bel établissement.

 

Alors, je me demande: est-ce qu'on se fout de notre gueule, ou est-ce que les directions protéiformes sont inconscientes du merdier dans lequel elles nous mettent?

 

 

* il y a d'ailleurs une autre contradiction ici puisqu'on nous demande de "rationaliser" notre enseignement (supprimer les UE doublons assurées par des départements différents, mutualiser le plus possible, fermer les formations n'attirant plus assez de monde, minimiser les doublements de tds etc). Or, on se rend compte que ceux qui "jouent le jeu" se voient reprocher l'année d'après de ne pas faire assez d'heures et se voient donc refusées leurs demandes de poste, pendant que ceux qui expliquent dès le départ que leur enseignement est génial et pensé de façon optimisée, et qu'ils ne changeront rien, récupèrent les postes.

 

** de mémoire, il y a quelques années, il y avait une dizaine de PES pour plus de 300 EC dans l'établissement. Je ne pense pas que ça ait grandement changé depuis.

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 16:23

Attention, billet tendance réac.

 

J'avais déjà évoqué cette idée dans un précédent article, mais je me demande si l'une des difficultés principales dans l'enseignement des sciences dures dans le supérieur n'est pas tout simplement la pratique, ou plutôt la maîtrise, de la langue française.

 

Mon hypothèse, c'est que les difficultés que l'on rencontre à faire passer des concepts scientifiques parfois basiques (je ne fais rien de très compliqué d'un point de vue physique ou mathématique) sont souvent liées à une "incompréhension" linguistique. Partiellement ou exclusivement, c'est une autre question...

 

Mais quand 15% environ d'une promotion (niveau M1) confond "statique" et "statistique", que cela se répète bon an mal an d'une promotion à l'autre, c'est je pense assez significatif: les deux mots se "ressemblent", mais leurs sens n'ont absolument rien en commun.

C'est un exemple parmi d'autres, j'avais mentionné dans mon article précédent la difficulté pour certains à comprendre ce qu'est une "masse volumique" alors que le nom qu'on lui donne est on ne peut plus clair.

De façon plus générale, j'ai beaucoup de mal à faire passer des notions de modèle physique, d'interpolation, d'extrapolation, de limite, d'homogénéité etc.

Je m'aperçois également que souvent, mes énoncés, en TD ou en examen, ne sont pas compris, pour des questions de syntaxe ou parfois de vocabulaire (ça vient peut-être de moi, mais généralement mes textes, sur le blog ou ailleurs, ne suscitent pas l'incompréhension de ceux de Kant). 

Je me souviens par exemple d'un examen où j'avais demandé une démonstration "rigoureuse", le mot étant souligné, d'un résultat du cours. Visiblement, moins de 10% de la promo a saisi que cela voulait dire que je ne souhaitais pas la version raccourcie.

Ok, je n'enseigne ni à Ulm ni à Polytechnique, mais tout de même dans des établissements relativement reconnus à un stade où les étudiants ont déjà été un peu sélectionnés.

 

Alors je ne vais pas faire d'interprétation. Je ne vais ni faire mon Finkielkraut et dire que c'est la faute de l'immigration de masse. Une bonne partie de mes élèves est aussi terroir qu'on peut l'être. Je ne vais pas non plus faire mon Brighelli et dire que c'est la faute du pédagogisme, de l'appauvrissement de la Culture et du rap (il parait que les rappeurs américains ont plus de vocabulaire que Shakespeare, alors...). Enfin, je ne vais pas faire L. Bonod et mettre en cause Wikipédia.

 

A vrai dire, je ne sais même pas si mon constat est justifié ou si c'est juste une manifestation du syndrome du vieux con associé à celui du prof blasé. 

D'autres collègues ont-il constaté cela? Y a-t-il eu des "études" plus quantitatives sur le sujet? Si c'est avéré, y a-t-il des interprétations qui vont un peu plus loin que le café du commerce? Dois-je me mettre à faire lire Notre-Dame de Paris à mes étudiants?

 

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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 14:05

Vous n'avez peut-être pas suivi, mais il y a eu il y a quelques mois une semi-polémique entre blogueurs, journalistes-blogueurs et scientifiques-blogueurs, suite à un article de P. Barthélémy se réjouissant que le Monde étoffe son offre scientifique.

 

Tom Roud avait notamment répondu sur Twitter, avant d'en faire un article plus détaillé: "Plus de blogs sur les sciences sur lemonde.fr. Mais toujours pas (vraiment) plus de blogs de scientifiques". 

En effet, la plupart des nouveaux blogs "sponsorisés" par le Monde sont tenus par des journalistes scientifiques.

 

Marc Robinson-Réchavi (MRR) a développé l'idée sur son blog et notamment "divisé" la blogosphère scientifique en deux grandes catégories*, qui je trouve posent bien le problème:

- les blogs de science, qui généralement "vulgarisent" les résultats scientifiques, à un niveau plus ou moins complexe, et peuvent être tenus par des scientifiques, mais aussi des journalistes, des amateurs etc. Je crois que, dans l'imaginaire commun, c'est à cette catégorie que l'on pense en premier.

- les blogs de scientifiques (ou de chercheurs), qui parlent avant tout de science avec un oeil de spécialiste, mais aussi occasionnellement du monde de la science (ou de la "communauté scientifique")**.

 

Mais il me semble que cela néglige quelque peu le symétrique de la 2ème catégorie, une espèce de catégorie 2 bis: "les blogs de scientiques qui parlent avant tout de ce qu'on peut appeler, au sens large, le monde de la science (mais pas, ou rarement, de questions ou résultats scientifiques stricto sensu)"

 

Or, biais personnel, ces blogs existent et il se trouve qu'il s'agit généralement des blogs que je suis, alors que je ne lis que très peu de blogs qui vulgarisent, qu'il s'agisse de "résultats classiques" ou de présenter des travaux récents, et quel que soit le "niveau scientfiique". Je pense d'ailleurs qu'il n'y a pas forcément de plus-value quand ces blogs, qui peuvent être très bien même s'ils ne sont pas ma came, sont tenus par des scientifiques plutôt que des journalistes ou "amateurs" (sauf s'ils restent majoritairemnt très focalisés sur la spécialité du scientifique qui les écrit, comme à l'époque le blog de Ice). Les rares exceptions qui peuvent me passionner sont les articles s'intéressant aux "controverses" liées à certains résultats scientifiques (OGM, climat) car elles impliquent souvent des réflexions politiques, éducationnelles etc.

 

Ainsi, je compte dans mes lectures régulières Gaia Universitas, qui a beaucoup de similarités avec FSP que je lisais également souvent à une époque (moins depuis mon retour des USA). Etrangement, ce blog a été très peu mentionné dans ce débat sur la blogosphère scientifique, alors qu'il aborde des sujets selon moi très souvent pertinents sur le monde de l'enseignement supérieur, principalement français mais pas que, et donne surtout lieu à des riches discussions entre scientifiques sur la façon dont la science et l'enseignement se mènent et devraient se mener (la majeure partie des articles affiche régulièrement 50 à 100 commentaires, souvent de grande qualité). Je ne suis pas sûr que tout le monde soit convaincu, mais il ne fait pas de doute pour moi que c'est un blog de sciences.

 

Je mentionnerais aussi le blog de D. Monniaux. Il arrive à ce dernier de publier des billets "techniques", mais ils sont loin d'être majoritaires (et j'avoue humblement que, généralement, n'y comprenant rien, je les lis avec moins d'attention que le reste). Tom Roud, depuis qu'il blogue moins, rentrerait aussi dans cette catégorie là en faisant de moins en moins de billets "scientifiques" mais plutôt en réagissant sur l'actualité autour de la science (le pseudonymat des blogueurs scientifiques par exemple), de la politique scientifique, ou en évoquant des interrogations suite à des lectures d'ouvrages scientifiques.

Il y en a bien sûr d'autres que je consulte plus ou moins régulièrement et au fil de liens sur twitter (par exemple et de façon non exhaustive le blog d'Arthur Charpentier et ses célèbres Somewhere Else, Histoires d'universités, récemment chassé d'EducPros et qui va parfois trop loin pour moi dans les considérations de gouvernance des universités et tout simplement en termes de densité, la Vraie Vie de Laboratoire, nouveau venu spécialisé dans les anecdotes me permettant de mieux appréhender le délicieux monde des SHS, Academia Hypothèses lorsqu'il parle recrutement, Kalai Elpides il y a quelques années...).

 

Et puis il faut bien que je parle de mon blog. Est-il ou n'est-il pas un blog de science? 

Je suis scientifique (enseignant-chercheur), mais, probablement en lien avec mes biais de lecture plus haut et donc ma personnalité, je ne commente jamais de résultats scientifiques sur mon blog.

J'ai pondu 750 articles en un peu plus de 8 ans, dont au moins un tiers n'a absolument rien à voir avec la science, ni de près ni de loin (la bouffe, le ciné, les lectures, le rock, mes voyages, ma vie..., voir note **).

Dans le reste, le lien est parfois ténu, mais il y a au moins un autre tiers (et peut-être plus) des articles, donc 250, ce qui n'est pas tout à fait rien, qui parlent de sujets ayant trait à la vie scientifique, qu'il s'agisse de pédagogie, de dualité du système français d'enseignement supérieur, d'administration de la recherche, de recrutements, de financements, de budgets des universités, de fraude et de communication scientifique, de bibliométrie, de relations humaines dans les laboratoires etc.

Il est suivi régulièrement par un nombre faible mais non nul de scientifiques qui ont parfois daigné faire un peu de publicité à certaines réflexions***.

Alors, quid? Comme le dit Martin Grandjean en commentaire dans l'article de MRR: je me demande si la définition d’un « blog scientifique » existe vraiment, tant la porosité de certains de ces blogs (le mien le premier) est grande avec d’autres « types » (journalisme, militantisme, commentaire d’actualité, etc…)."

 

Quoi qu'il en soit, c'est un fait, je consulte beaucoup plus de blogs de scientifiques qui ne parlent pas de science (au sens "discussion/présentation de résultats") que de "blogs de science" tels que définis plus haut. Et il me semble qu'il y a une demande (de la communauté scientifique, mais pas que****...) pour discuter de ce genre de sujets qui a été largement ignorée dans la petite polémique de l'époque. 

Pour preuve, certains de ces sujets de discussion sont parfois repris par les médias ou donnent lieu à des tribunes de scientifiques trouvant un assez large écho. Même mon blog a été "mis en avant" lors des débats parlementaires sur la qualification, c'est dire...

 

 

 

PS: Et cet article alors (le 750ème d'ailleurs)? Est-ce un "article de science" au sein d'un blog dont on ne sait toujours pas s'il est un "blog de science"?

 

 

* Il note également qu'il y a une porosité importante entre blogs des deux catégories chez les anglo-saxon (ce qu'il appelle la blogosphère), et trouve que cette "communauté" a moins pris chez les francophones malgré le rôle du Café des Sciences, de l'Agence Sciences-Presse et quelques autres.

** On "négligera" le cas extrême d'un blog de scientifique qui ne parlerait jamais de résultats scientifiques, ni de vie de la communauté. Par exemple, un blog de recettes tenu par un chercheur reste un blog de recettes et aurait du mal à rentrer dans la catégorie "blog de sciences"... les questions peuvent se poser lorsqu'un blog n'a pas de "ligne éditoriale" bien établie, comme le mien...

*** Et parfois même à celles qui n'ont rien à voir, que ce soit mon repas chez G. Savoy ou l'évolution de la voix de I. Gillian au fil des âges de Deep Purple

**** Il y a toujours beaucoup de pédagogie à faire ne serait-ce que pour expliquer le travail d'un maître de conférences, par exemple. Et je pense qu'une certaine frange de la population un minimum ouverte d'esprit est intéressée à essayer de comprendre "concrètement" ce que nous faisons, et quels sont les problèmes institutionnels ou autres que nous pouvons rencontrer.

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 18:30

Pour l'épisode 1, voir ici.

 

J'ai donc reçu il y a quelques jours (le service de courrier interne n'est pas des plus vifs) une lettre m'informant qu'en vertu d'articles mentionnés susditement et du certificat médical produit, le directeur d'établissement décidait que je pouvais bien prendre mon congé maladie du 29 janvier au 19 février 2014.

Signé par la direction des ressources humaines, en date du 8 avril 2014.

 

Eh ouais.

 

Alors bon, on m'expliquera encore que c'est la procédure, que c'est comme ça, qu'il n'y a pas lieu de faire autrement etc etc.

Mais je continuerai encore à croire, petit poujadiste que je suis, qu'il devrait y avoir des façons plus pertinentes d'employer le temps des personnels et in fine de dépenser l'argent du contribuable.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 14:44

Depuis que j'ai émigré rive droite dans un quartier Fooding (r) (voir mes articles "où manger à Faidherbe-Chaligny", 1, 2, 3, 4, série en court), il m'est arrivé environ autant de fois en six mois qu'au cours des 5 dernières années ce phénomène étrange qui consiste à avoir le sentiment d'être dans l'impossibilité de quitter un restaurant.

Vous savez? Vous avez mangé, tout s'est (plus ou moins) bien passé, vous avez fini et vous souhaitez partir, vous demandez l'addition et là, plus rien. Vous devenez invisible. Cela peut prendre plusieurs formes. Soit les serveurs s'agitent autour de vous sans plus vous voir, soit ils semblent disparaître complètement de votre champ de vision. Ca peut d'ailleurs se passer avant ou après qu'on vous ait donné l'addition, mais quoi qu'il en soit, impossible de payer, impossible de se barrer. On reste là comme des cons, parfois presque aussi longtemps que ce qu'a pris le temps du repas.

Je vous assure que je ne suis pas un client casse-couilles (je suis même plutôt le style à se faire marcher sur les pieds), mais j'aime bien me barrer quand j'ai décidé de me barrer, et pas quand le restaurateur décide qu'il est temps pour moi. Or, finalement, il m'arrive plus souvent de ne pas réussir à partir que d'avoir l'impression d'être foutu dehors.

J'avais déjà fait un article un peu sur le sujet, mais ne me taxez pas tout à fait de manque d'inspiration. Cela m'est vraiment arrivé très souvent ces derniers temps, et la compréhension de ce phénomène m'échappe toujours autant. Visiblement (ou alors je n'ai pas du tout été chanceux ces derniers temps), il y a un lien avec le quartier, donc probablement avec une ambiance particulière. Il me semble aussi que c'est un phénomène parisien: comme discuté dans mon article précédent, il y a beaucoup de choses à dire sur le service en province, en tout cas dans les endroits que je connais, mais je n'ai pas souvenir d'avoir remarqué ce problème là (ou alors, je suis parisien depuis trop longtemps). Pourtant, ce ne sont pas toujours exactement les mêmes situations (je vais détailler). Donc si quelqu'un a une explication rationnelle (hormis celle qui consisterait à mettre en cause notre absence totale de charisme, à Priscilla et moi), je suis preneur.

Parce qu'autant je peux comprendre l'intérêt à foutre un client dehors (ça permet d'avoir ça de moins à s'occuper, de relancer éventuellement un nouveau service à la table occupée), autant garder un client qui a fini de consommer, je ne pige pas. A moins que ce ne soit pour les serveurs un moyen de se décharger d'un peu de boulot sans se faire trop démasquer par le patron? Ou alors, le client lambda parisien aime bien rester 1h à discuter après la fin de son repas et je suis donc de ce point de vue atypique pour les serveurs?

 

La pire expérience récente de ce genre a bien sûr eu lieu au Tintilou, mais on peut évoquer la thèse de l'accident industriel. La brigade était tellement dépassée ce soir là, qu'on peut finir par penser qu'il était inévitable qu'ils ne ramènent jamais l'addition, et pire encore, alors qu'on avait fini par se lever pour aller payer au bar, qu'ils mettent 10 minutes à nous demander ce qu'on voulait (que peut-on bien vouloir au comptoir à 23h dans un restaurant dans lequel on vient de finir de manger?) puis qu'ils se montrent incapables de faire marcher la machine à carte bleue.

 

Toutefois, nous avons aussi été confrontés à une situation similaire aux Amis de Messina (italien de qualité mais au rapport qualité-prix pas super que je n'ai pas encore chroniqué, 204 rue du Faubourg Saint-Antoine). La encore, le service n'avait, pendant toute la durée du repas, pas été complètement au top, mais m'avait semblé plutôt victime d'une difficulté en cuisine à sortir les assiettes. Nous avions été victimes, en parallèle d'un autre phénomène un peu agaçant, celui d'être, pour une raison ou une autre, visiblement catalogués "clients de seconde zone" et donc d'être servis un peu après tout le monde en dépit des ordres d'arrivée, de commande, etc.

 

Autre déconvenue chez Da Totto e Peppino (4 rue Alexandre Dumas, 75011, pas encore chroniquée), honnête pizzeria au business model assez étrange, puisque le patron nous annonce ce samedi soir, que les cuisines sont fermées, et qu'on ne peut donc commander que des pizzas. Ok, soit. Mais visiblement, les serveurs sont en congés aussi et le patron, qui se tape toutes les pizzas à faire (une bonne trentaine de couverts, donc une bonne trentaine de pizzas), n'est aidé que par une jeune femme qui ne parle pas français et qui n'a visiblement jamais assuré de service de sa vie. "Cuisine fermée" signifie aussi qu'ils ne sont pas non plus capables de couper quelques tranches de charcuterie pour patienter pendant que le mec enchaîne ses 30 pizzas... du coup, tout le monde a un peu le couteau entre les dents.

Heureusement nous sommes arrivés tôt, donc on arrive à manger dans un temps raisonnable. Par contre, on a beau demander 2 ou 3 fois l'addition à l'handicapée de service, pas de réaction. Encore une fois, au bout de 20 minutes sans qu'il ne se passe rien (ou plutôt que la "serveuse" ne gaspille une énergie folle à ne rien faire comme une poule sans tête), on finit, encore, par aller au bar où, après une petite attente, elle aussi nous demandera ce qu'on veut (la réponse n'a donc pas l'air de couler de source). Avant d'aller chercher le patron parce qu'elle ne sait pas encaisser... Celui-ci, brave homme qui a perdu 3 ans d'espérance de vie depuis le début du service, veut nous offrir le digeo pour se faire pardonner de l'arrache totale, mais on n'est à ce stade plus vraiment d'humeur (je suis déjà presque dehors, en fait).

 

Un autre service globalement longuet et à l'organisation discutable (même si très largement moins catastrophique que le cas précédent) nous a été proposé au Jodhpur Palace.

 

Mais il y a aussi des choses plus bizarres, comme à En attendant l'Or (6 rue Faidherbe), brasserie aveyronnaise à l'authenticité je pense douteuse, mais plutôt sympathique avec beaucoup d'ambiance et une carte "produits de terroir de masse" au rapport qualité-prix sans surprise. Nous y sommes allés plusieurs fois, le service est globalement efficace comme il l'est souvent dans les brasseries. Une fois néanmoins, alors que tout s'était jusque là passé dans un tempo convenable, et qu'on nous avait apporté l'addition, nous avons pu assister à une disparition totale et instantanée du service. Pour une raison qui m'échappe, plus personne ne passait à proximité de nos tables. Et quand cela se produisait, on ne nous voyait pas malgré nos gestes de plus en plus désespérés. Encore une fois, on a fini par aller payer au bar.

 

Un scénario similaire s'est produit récemment à Waly Fay (restaurant d'Afrique de l'Ouest globalement pas mal du tout, pas encore chroniqué, 6 rue Godefroy Cavaignac, 75011).

La encore, le service a été plutôt bon jusqu'à ce que l'on nous retire nos plats principaux. Certes, c'était ensuite un peu le coup de feu (visiblement, dans le quartier, le samedi soir, on bouffe vers 21h30, parce qu'on est jeunes et cools). Il a donc d'abord fallu que j'arrête un serveur pour lui subtiliser les cartes pour regarder les desserts, puis devant le peu de choix et l'attente qui commençait déjà à peser, que je fasse signe à un autre à l'autre bout de la salle pour demander l'addition, avant qu'il ne disparaisse, autant que je puisse juger, pour de bon. Un troisième nous l'a finalement apportée mais n'est pas resté pour qu'on règle (ce serait trop simple). Il a fallu réussir à entrer en contact avec un quatrième pour pouvoir régler. Du coup, nous n'avons pas, je l'avoue, signalé l'erreur en notre faveur sur la note (ils ont oublié de nous compter le pichet de pinard).

 

 

Et puis, je conclurai sur cette tentative avortée de manger un burger et boire une bière chez Patrick's, le ballon vert, 33 rue de Montreuil (75011), pub irlandais dans son jus. Nous y avons été une bonne demi-douzaine, peut-être même une petite dizaine de fois en à peine six mois: sans faire de nous des habitués, cela nous vaudrait un statut de "regulars" dans certains établissements (le patron du Negus nous a reconnu dès la deuxième fois, par exemple), mais pas ici. Pourtant, ce sont toujours les 3-4 mêmes serveurs (le patron, un vieil irlandais, n'est pas toujours là mais je pense que lui me remet, au moins vaguement). Bon, ok, c'est un grand bar, avec une clientèle de passage qui vient regarder des matchs. 

Mais la dernière fois, nous sommes devenus invisibles avant même de pouvoir commander. Pourtant, une serveuse nous a salué en rentrant. Nous ne nous sommes pas installés dans son spot, donc elle ne nous a plus calculé ensuite, et n'est apparemment pas allée jusqu'à signaler notre existence à ses colègues. Pendant quelques minutes, personne n'est passé à proximité. Puis, finalement, un serveur est venu s'enquérir d'une table proche. Il ne nous a visiblement pas vus. Il est ensuite revenu, a regardé Priscilla dans les yeux. Le jeu s'est répété une fois ou deux supplémentaire. Au bout de quinze minutes, sans signe de vie, sans bière sur la table, et sans cartes à consulter, on a donc décidé de remettre nos manteaux et de nous barrer. Personne n'a semblé s'en émouvoir.

 

Voila, ça fait quand même beaucoup, en à peine six mois.

La solution, c'est peut-être de directement aller payer au bar/comptoir (quand il y en a un)?

 

 


 
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